Édité par Meridiem Games et Astrolabe Games, Neon Blood est un RPG à l’ambiance de jeu d’enquête qui plonge les joueurs dans un univers cyberpunk, à la sauce rétro des années 90. Dans la peau d’un ex-inspecteur de police, le joueur devra démanteler un gigantesque réseau de corruption pour préserver paix instable de Viridis. Neon Blood est développé par ChaoticBrain Studios, une jeune équipe dont c’est le premier titre : cybersuccès ou copie à revoir ?
Test réalisé sur Nintendo Switch grâce à une version numérique fournie par l’éditeur.
Une proposition originale
Neon Blood arrive sur la scène des jeux indépendants avec une proposition intéressante. Annoncée en 2022 avec un trailer impactant artistiquement et sortie le 26 novembre 2024 sur PC, PS4/PS5, Xbox One, Xbox Series X/S et Nintendo Switch. Le premier titre de ChaoticBrain Studios semble tirer ses inspirations de The Last Night, un jeu en cours de développement annoncé en 2014 par Odd Tales. Nous y découvrons un univers cyberpunk dans lequel on évolue dans la peau de l’inspecteur de police Axel McCoin dans la ville de Viridis, une ville avec tant d’inégalités qu’elle est séparée en 2 parties distinctes : la luxueuse Bright City et la dangereuse Blind City. En tant qu’idéaliste, vous allez devoir vous battre pour renverser l’ordre établi et démolir les fondations de la corruption qui gangrène votre ville. En proie à une amnésie chronique vous donnant de sacrés maux de tête, vous allez également vous appliquer à essayer de comprendre ce qu’il vous arrive, qui vous êtes et d’où vous venez. Pour combattre la douleur, Axel McCoin s’est noyé dans la drogue, le « spark », et alors qu’il était le meilleur inspecteur de la ville, il n’est plus que l’ombre de lui-même, bafoué et rabaissé par ses pairs qui ne voient en lui qu’un junkie en manque avec une mémoire qui lui fait défaut. Au détour d’une enquête plutôt banale à première vue, son passé va le rattraper et l’emmener à devoir démêler un complot à l’échelle de la ville que lui seul pourra résoudre. Tout au long du jeu, on fera face à la dichotomie entre l’homme et la machine, vaut-il mieux un libre arbitre douloureux ou échanger sa liberté contre la sécurité.
Du sang et des néons
Neon Blood marque les esprits par sa direction artistique très originale, celles de personnages en pixel art 2D évoluant dans un monde en 3D. Un parti pris très réussi qui s’ancre parfaitement dans l’univers cyberpunk qu’on a connu dans les années 90. En parallèle, la musique, principalement de la synthwave, appuie encore plus l’aspect rétrofuturiste que le jeu essaie de nous imposer. D’autant plus que la BO est bien travaillée afin que chaque musique s’adapte parfaitement à la zone du jeu sur laquelle elle est posée, donnant naissance à un univers cohérent et visuellement riche. Malheureusement, le sound design, quant à lui, ne fonctionne pas, surtout dans les combats en tour par tour où toutes les attaques ennemies, peu importe l’arme, nous tirent dessus avec une balle de revolver. Il en va de même pour les animations en combat, une par ennemie, le strict minimum pour des combats qui peuvent durer plusieurs tours.
Évidemment, qui dit cyberpunk dit néon, le travail sur la lumière dans le jeu est impressionnant. À chaque instant, que ce soit les néons dans les ruelles sombres de Blind City ou bien, les rayons du soleil couchant à Dust County en périphérie de la ville, la lumière à elle seule nous offre l’immersion nécessaire pour pouvoir vivre le jeu à 100%. De plus, la diversité des environnements nous montre la pluralité des inégalités qui pèsent sur la ville. On commencera dans un appartement luxueux à Bright City, pour après aller arpenter les ruelles à la dangerosité palpable de Blind City. On explorera les égouts remplis de toxicomanes en pleine mutation, ainsi que la frontière extérieure de la ville, désertique et abandonné par les autorités. Au final, le seul point commun entre tous ces lieux est la présence de la mort à chaque instant, symbole de la violence de la société sur la population.
Pour introduire quelques-uns de ces lieux et de ces personnages, on peut noter la présence de quelques courtes cinématiques animées rappelant la série Netflix, Cyberpunk : Edgerunners dans le dessin, et qui se déroule dans le même genre d’univers. Ces cinématiques servent donc de présentation et elles réussissent bien en quelques secondes à résumer l’ambiance des lieux ou la personnalité des personnages que notre protagoniste voit pour la première fois.
Si vous nous piquez, ne saignons-nous pas ?
Avec un scénario en trois actes, le jeu nous pose sur des rails qu’il est très difficile, pour ne pas dire impossible, de sortir. Une aventure linéaire donc, qui dénote avec l’aspect RPG du jeu puisqu’il est finalement difficile d’incarner le personnage comme on le souhaite. Et même si l’histoire nous réserve quelques retournements de cerveau qui la rend agréable à suivre, le scénario tombe aussi dans les morales niaises qui n’ont pas vraiment leur place dans un univers moralement gris comme le cyberpunk à base de : « la drogue, c’est mal », « le pardon, ça existe » ou encore « les amis, c’est bien ». Hormis cela, le jeu propose une histoire, certes simpliste, mais pas inintéressante, qui va nous tenir en haleine pendant les 4 petites heures de jeu qui nous sont offertes. Le jeu se targue également d’une tonne de références à d’autres œuvres qui s’imbrique bien dans la période dont s’inspire la DA (années 80/90) ou l’univers (cyberpunk). Elles sont généralement bien placées et pas trop forcées. On peut aussi y retrouver des références à : Stray, Le marchand de Venise ou bien Fight Club.
Enfin, on arrive sur le plus gros défaut du jeu, une boucle de gameplay trop faible. Alternant entre des phases d’investigations et des phases de combats une vingtaine de fois pendant toute la durée du jeu, les deux ont de grosses défaillances de game design. D’un côté, les phases d’investigations se déroulent sur des cartes de taille raisonnable, mais qui se résument à faire beaucoup d’allers-retours entre quelques PNJs pour leur parler et nous demander où aller ensuite sans trop de réflexion. De l’autre côté, les combats, du tour par tour classique, sont extrêmement faciles et peuvent se résumer à spammer l’attaque principale en espérant que les dés soient avec vous. Un défaut encore plus dommageable, du fait qu’il est normalement possible d’utiliser des objets et des compétences, mais sur lesquels on ne s’attarde pas tant le jeu est simple. Axel McCoin possède des implants cybernétiques qui peuvent littéralement le transformer en machine de guerre et le jeu ne permet ni de vraiment de les utiliser en combat ni de les personnaliser. Bien que parfois, le jeu nous offre des phases d’actions en temps réel utilisant le système de QTE pour le rendre interactif. Un gameplay vraiment désuet, d’autant plus qu’il dessert le contenu puisqu’on se concentre davantage sur la prochaine touche à appuyer que sur l’action elle-même. Dans ces scènes, on voit notre protagoniste utiliser ses implants qui ont défiguré son corps et pouvant faire de grandes choses, dommage qu’on n’ait pas le temps de les observer.
Finalement, on a surtout l’impression que le jeu n’est pas fini et qu’il reste encore plusieurs fonctionnalités à implémenter ou a peaufiner comme, par exemple, un écran de personnage ou même une option de sauvegarde, ce qui est quand même la base pour ce genre de RPG. On peut également remarquer la présence de plusieurs bugs gênants, bloquant totalement la progression du jeu, et obligeant à redémarrer le jeu pour revenir à la dernière sauvegarde automatique. À ces bugs viennent s’ajouter de gros problèmes de traduction approximative sur la version française du jeu qui peuvent parfois rendre la compréhension des dialogues difficiles.
Verdict : 5/10
Neon Blood s’appuie sur une magnifique DA très bien travaillée et cohérente pour vendre un jeu qui passe complètement à côté du principe de RPG et dont la durée de vie est très limitée : 4 heures. Il possède néanmoins une histoire qui tient la route. Ce n’est certainement pas le jeu indépendant de l’année et son tarif reste élevé pour sa durée de vie et ses défauts, mais cela reste un premier jeu intéressant pour ce nouveau studio indépendant qui nous réserve sûrement d’autres surprises à l’avenir.
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