Les fans n’y croyaient pas et pourtant, plusieurs années après sa parution sur Nintendo DS, The World Ends with You a le droit à sa suite sur PlayStation 4 et Nintendo Switch. NEO: The World Ends with You est bel et bien le second épisode de la licence proposée par Square Enix, nous faisant découvrir de nouveaux personnages qui participent au cruel Jeu des Reapers. Reste à voir si le jeu derrière le jeu en vaut la chandelle.
Test réalisé sur Nintendo Switch grâce à un code numérique envoyé par l’éditeur
La fin d’un monde et la naissance d’un nouveau
Après un premier opus sur Nintendo DS ainsi que des versions améliorées sur appareils mobiles et Nintendo Switch, NEO: The World Ends with You débarque sur cette dernière ainsi que sur PS4, pour le plus grand bonheur des admirateurs de la première heure. Il faut dire que l’Action-RPG de Square Enix et Jupiter/h.a.n.d. a su se démarquer grâce à un son univers atypique, tout en ayant un gameplay des plus originaux. Parlons d’abord de l’histoire, surtout que les joueurs ont été surpris par la fin de la version Final Mix du jeu qui a tout lancé. Ainsi, NEO: The World Ends with You se déroule 3 ans après l’aventure de Neku et on incarne principalement un nouveau héros, Rindo Kanade, qui traine avec son meilleur ami au surnom de Fret dans les rues de Shibuya, l’un des plus connus arrondissements de Tokyo. Après être tombés sur 2 mystérieux badges, les 2 compères se rendent vite compte que les choses ne sont plus comme avant et ils doivent participer au Jeu des Reapers, un événement qui dure 7 jours et qui force les Joueurs à relever divers défis tout affrontant des Echos – des monstres aux allures d’animaux – afin d’espérer finir premiers, accordant alors le souhait de leur choix. Cependant, les règles du Jeu ne sont plus les mêmes et tout semble favoriser une équipe, les Ruinbringers. Heureusement, Rindo et Fret vont avoir d’autres alliés dans leurs rangs, dont le fameux Sho Minamimoto, ainsi que des pouvoirs particuliers qui ne seront pas de trop afin de sortir vivants de ce jeu sadique.
L’ambiance et le scénario de The World Ends with You font partie de ses points forts, indubitablement. En ce qui concerne NEO: The World Ends with You, on vous rassure, c’est également le cas et peut-être même plus encore (sauf pour le côté dramatique, moins prononcé). Du début jusqu’à la fin, on est tenus en haleine avec ce jeu rempli de suspense et de retournements de situations en tous genres. Même si l’intrigue tourne autour d’un « simple » jeu, on vit de multiples situations tantôt drôles, tantôt émouvantes et on s’attache rapidement à tous les personnages que l’on croise. On suit surtout Rindo et sa bande, des adolescents aux comportements et répliques des plus naturels. C’est probablement l’un des aspects qui nous a le plus ravis, les dialogues font tout sauf clichés la majeure partie du temps et les différentes interactions entre chaque membre sont crédibles. Il y a de l’entraide mais aussi des tensions, des vannes à tout-va, des réflexions différentes selon les moments… Un régal. Les autres personnages ne sont pas en reste, dont les Reapers qui s’amusent à malmener les joueurs.
Cependant, il y a des passages moins indispensables que d’autres qui font trainer un peu le jeu en longueur. De plus, même si la série passe à la 3D, il y a beaucoup de dialogues uniquement à base de portraits, on aurait apprécié davantage de cinématiques en 3D, tant elles sont bien tournées. Au final, ce n’est cependant pas un grand mal, surtout que les illustrations sont loin d’être ratées, au contraire (on reviendra plus tard sur l’aspect visuel du jeu). En dehors de cela, le scénario de NEO: The World Ends with You nous a comblés et il est certain que les fans l’apprécieront à sa juste valeur pour les nombreux thèmes qu’il traite avec finesse, sans être trop complexe.
Les nouveaux venus peuvent-ils y jouer ? La réponse est oui et non : oui car il y a un tas de personnages inédits et les faits se déroulent quelques années après ceux du premier volet, non car il y a tout de même de multiples références ainsi que le retour de certains personnages. On en dira pas plus à ce sujet mais satisfaction garantie, NEO: The World Ends with You évitant l’erreur du fan service bête et méchant. Si vous n’avez pas joué au titre d’origine, pas de panique, il y a également un anime récent disponible sur Wakanim pour combler les trous. Au final, NEO: The World Ends with You est une chouette réussite côté histoire et on vous le dit tout de suite, il en est de même pour son gameplay.
Dope Game
Avec NEO: The World Ends with You, la série passe à la 3D et la transition est des plus adéquates. On garde toutefois une approche similaire : il y a toujours le système de jours séparés, l’exploration des différents quartiers de Shibuya, des affrontements à mener, des enquêtes à résoudre, des achats à faire, la collection des badges… Les fans ne seront pas dépaysés. En ce qui concerne l’exploration, c’est relativement basique mais pas déplaisant pour autant, chaque quartier proposant son lot de choses à voir et à faire. Il y a des boutiques proposant vêtements et badges, des restaurants qui permettent de booster les personnages sur le long terme, des petites quêtes secondaires rapides à faire et plutôt sympathiques, etc. De plus, on peut scanner les passants afin d’écouter leurs pensées, les influencer et il y d’autres pouvoirs participant directement aux puzzles. NEO: The World Ends with You étonne d’ailleurs par son côté jeu d’aventure pas toujours présent dans les productions du genre, du moins pas autant. En effet, on a plusieurs énigmes, des quiz à faire, trouver des éléments dans les décors… Ce n’est pas très compliqué en dehors de petites exceptions et cela apporte de la variété tout au long de la partie, évitant de s’ennuyer en dehors des combats. Il y a un tas d’allers-retours à faire dans certaines missions mais ce n’est pas spécialement dérangeant vu que Shibuya est un petit arrondissement, on en fait assez vite le tour.
Passons aux combats, l’une des composantes principales de NEO: The World Ends with You, Action-RPG oblige. Comme dans le premier opus, les badges font leur retour et ce qui fait une fois de plus la différence : chaque personnage peut être équipé d’un badge et il y en a des dizaines et des dizaines. Bien entendu, dans le tas il y a des clones avec de légers changements mais la quantité d’actions possibles est vraiment hallucinante. Pour les attaques, on a des bombes, des épées et projectiles énergétiques, des missiles, des charges et on en passe, le tout avec des éléments comme le feu, le gel, le poison, etc. Il y aussi des badges de soutien, pratique pour soigner ou changer une altération d’état. Comment ça marche ? En fait, lors d’un affrontement, il y a une touche par badge et joueur, lorsqu’on appuie par exemple sur X, on peut demander à Rindo d’attaquer au corps-à-corps un Echo ou un Joueur concurrent, ce qui nous en donne le contrôle. On peut alors le déplacer dans une arène en 3D et effectuer des esquives, utile lorsqu’on ne peut plus utiliser de badge et pour passer à un autre allié, il suffit d’appuyer sur sa touche attribuée.
Ce système est accessible mais non dénué de profondeur, puisqu’il faut également synchroniser les attaques afin de monter un pourcentage à 100, débloquant l’attaque ultime d’un badge. Aussi, les ennemis ne font pas de cadeaux et pour débloquer davantage de bonus après les bastons, il est conseillé d’activer une plus grande difficulté et même de baisser son niveau, chose qu’on peut faire à volonté. Une idée audacieuse et plaisante en pratique, puisqu’on peut créer l’expérience de notre choix. Les boss sont également intéressants, même si on regrette qu’il n’y en ait pas légèrement plus. En tout cas, grâce aux différents badges à notre disposition, on découvre sans cesse de nouvelles possibilités et le sentiment de répétition se fait plutôt rare, de quoi pleinement en profiter jusqu’à la fin, surtout que les combats sont dynamiques et apportent de bonnes sensations (combos aériens véloces, les combinaisons possibles, effets visuels prenant tout l’écran…). Juste dommage que certains Echos n’ont pas énormément de coups variés et ne représentent pas une réelle menace tandis qu’il y a quelques gros pics de difficulté à certains passages précis. Plus d’équilibrage n’aurait pas été de refus.
Quant à la dimension RPG, comme mentionné plus tôt, on a des vêtements à acheter et des restaurants à visiter. C’est loin d’être anodin dans NEO: The World Ends with You car en plus de niveaux à faire augmenter, il est essentiel de souvent manger car cela permet d’augmenter certaines statistiques de manière permanente comme les points de vie ou la défense. Pour ce qui est des fringues, même si on ne les voit pas directement sur les personnages (un poil regrettable d’ailleurs), elles augmentent elles aussi certains attributs et plus c’est cher, mieux c’est. L’argent gagné lors des combats ou à la revente des badges en doublons est alors essentiel, le sentiment de progression et de montée en puissance est bien là, donnant envie de tout faire et de tout voir.
En outre, on a un système social dans les options et en dépensant des points spécifiques, on acquiert des bonus variés et intéressants qui ont de quoi captiver le joueur durant un bon paquet d’heures. Cela va de la possibilité à équiper des badges supérieurs au déblocage de difficultés, tout en passant par le fait de pouvoir revendre les badges en dehors des boutiques ou accéder à l’équipement automatique. Enfin, pour les férus de complétion, il y a de multiples choses à collecter et il faut s’atteler aux quêtes secondaires si on espère débloquer des détails supplémentaires sur le scénario. De ce fait, la durée de vie est conséquente, demandant facilement plus de 50 heures pour espérer tout voir. Cela pourrait en effrayer plus d’un mais NEO: The World Ends with You est addictif, en dehors de quelques journées proposant des missions moins passionnantes, on a du mal à lâcher la console. L’ambiance n’y est d’ailleurs pas pour rien.
Un World qui a du bon beat
Tout comme pour son gameplay, le passage à la 3D avait de quoi changer l’allure de la saga et NEO: The World Ends with You s’en sort comme un petit chef : la direction artistique conserve son savant mélange entre personnages avec une allure anime/manga (pas étonnant vu que l’on doit la majorité des designs à Tetsuya Nomura) et des décors fortement stylisés, façon comics, tout en ayant une allure psychédélique. La 3D est parfaite pour cela, certains bâtiments se détériorant lorsqu’on avance (un effet aussi perturbant qu’amusant), entre autres, rappelant que Rindo et les autres sont dans une version différente de leur monde. Les modèles en cel shading sont efficaces, personnages principaux ainsi qu’Echos en tête (pour ces derniers, leur allure entre véritable animal et monstre numérique semblant sortir d’un graffiti est charmante) et les textures se veulent simples, collant parfaitement avec le reste. NEO: The World Ends with You, c’est aussi beaucoup de dialogues en 2D via des portraits, tout comme son ainé et là encore, c’est fait avec soin grâce à des dessins aussi expressifs que variés. Le côté urbain et moderne propre à la licence fait toujours mouche, que ce soit via les habits, les coupes de cheveux ou les différents éléments des décors ainsi que de l’interface. Pour peu, on se croirait vraiment à Shibuya. Enfin, les effets des badges régalent les pupilles lors des combats.
Tout est beau et parfait à Shibuya ? Hélas, pas constamment, notamment sur Nintendo Switch. Attention, pas d’énormes défauts en vue mais plus des petites contraintes. On relève surtout un aliasing présent lorsqu’on joue en mode portable et qui empire parfois lors des plus grosses attaques, de même pour le framerate, instable. Aussi, il y a pas mal de temps de chargement un tantinet longuets, chose pénible à la longue vu qu’il y en a toujours un lorsqu’on change de zone. Ceci étant dit, le framerate souvent un peu au dessus de 30 images par seconde et quant au rendu global, on reste assez proche de la version PS4. Dans le feu de l’action, c’est souvent plus que satisfaisant, c’est tout ce qui compte. Quant aux bugs, on a eu 2-3 crashs ainsi qu’un monstre qui a réussi à sortir de la zone de combat mais rien d’autre à signaler de ce côté.
Mais l’un des véritables points forts de NEO: The World Ends with You, c’est sa bande-son. Comme le disent les jeunes, les musiques du jeu sont des bangers : Square Enix et h.a.n.d. ont fait appel à des artistes de différents milieux, ce qui fait qu’on a des morceaux aux sonorités rock, métal, hip-hop, electro et bien d’autres encore qui sont un enchantement pour les oreilles. Il y a plus de 50 morceaux et il est rare qu’il y en ait un qui soit anodin ou qui ne colle pas avec les autres, c’est vous dire la qualité. Le tout se veut dynamique, dans un esprit « Street » et rebelle, avec des rythmiques et des chants – en majorité anglais mais il y a aussi du japonais – entrainants. De quoi s’ambiancer lors de l’exploration et combattre avec une bonne dose d’adrénaline. Il y aussi des musiques plus calmes et « classiques » lors des passages les plus dramatiques mais là aussi, c’est finement joué, une habitude avec Square Enix. On a hâte que l’album soit rapidement disponible. Quant aux voix, on a fait le choix des japonaises et les acteurs s’en sortent avec brio, n’en faisant ni trop, ni pas assez. Ils participent grandement à la qualité des dialogues, chacun correspondant parfaitement à son personnage. On a 1 ou 2 exagérations ici et là (« Psychic Powaaa ! » en tête de la part de ce farfelu de Fret avant le début de certains combats) mais rien de foncièrement méchant.
Verdict : 8/10
L’attente de NEO: The World Ends with You en valait la peine et pas qu’un peu : l’aventure de la bande à Rindo est exquise, bourrée de contenu et de délicieuses idées de gameplay tout en possédant une bande-son qui va, on l’espère, rester dans les annales. Des défauts, il en a oui mais ils sont tellement mineurs qu’on les oublie rapidement, tant le reste transpire la classe et la passion. Un Action-RPG à retenir, assurément, les fans peuvent foncer les yeux fermés. Quant aux nouveaux, il est conseillé de se renseigner un minimum sur les événements précédents mais il serait dommage de passer à côté de NEO: The World Ends with You.
Laisser un commentaire