Malgré son allure, Need for Speed Unbound, dernier volet de la saga qui a toujours besoin de vitesse, s’est fait relativement discret jusqu’à sa sortie. Dévoilement seulement quelques semaines avant le top départ, peu de vidéos et images, maigres détails, de quoi inspirer la crainte chez les conducteurs virtuels mais il suffit de quelques tours de piste sur le nouvel épisode concocté par Criterion – davantage connu pour la série Burnout – pour se rendre compte que Need for Speed Unbound en a largement sous le capot.
Test réalisé sur PlayStation 5 grâce à une copie numérique fournie par l’éditeur
Pour le Rydell’s Rydes
Contrairement à du Forza Horizon, pour rester sur les jeux de course arcade, Need for Speed a souvent tenté de justifier sa progression de jeu via un mode histoire plus ou moins travaillé, et Need for Speed Unbound ne fait pas exception à la règle. Après avoir choisi et personnalisé un personnage principal, ce dernier répare une voiture en compagnie d’une amie de longue date, Yaz, pour le compte du garage où ils travaillent ensemble, le Rydell’s Rydes. Le but est de faire la fierté et le succès de Rydell, propriétaire du garage, qui a aidé notre héros par le passé à maintes reprises. Hélas, suite à un certain événement, le Rydell’s Rydes se voit cambriolé et le personnage que l’on joue se retrouve sans sa caisse d’amour. Après un certain temps, il a l’opportunité de la récupérer et de définitivement marquer les esprits de Lakeshore City avec ses talents de pilote via une grande compétition où se mélange passion, trahison, tuning, adrénaline et rivalité.
Oui, une fois de plus, ça ne vole pas bien haut côté scénario. Même si Need for Speed Unbound peut se targuer d’en avoir un et que le souhait de se rapprocher des films Fast & Furious n’est pas forcément une mauvaise chose en soi, l’exécution reste à revoir. En dehors de quelques dialogues qui arrivent à faire décrocher un sourire, on a surtout affaire à une ribambelle de lignes et situations clichées, à la limite du gêne par moments. En voulant se la jouer « jeune » via des références et l’utilisation d’outils modernes comme les réseaux sociaux, Electronic Arts et Criterion ont quelque peu raté le coup. Au final, on s’intéresse peu aux motivations du héros et ses échanges avec les alliés comme les rivaux ne sont guère marquants, sauf si vous êtes amateurs de mauvais nanars. Dommage mais cela reste relativement mineur dans l’expérience proposée par Need for Speed Unboud, qui tient largement mieux la route sur d’autres sentiers.
Lakeshore City vous ouvre ses portes
Depuis le Need for Speed: Most Wanted sorti en 2012, la série utilise souvent la même formule, à savoir celle du monde ouvert avec bien sûr des courses à foison distillées un peu partout. Need for Speed Unbound reprend lui aussi le même principe avec la ville de Lakeshore, que l’on parcourt à toute vitesse afin d’aller d’un défi à l’autre. Les habitués ne seront pas dépaysés avec cet opus et même si l’absence de grosse nouveauté de gameplay pourrait déplaire à ceux qui recherchent du sang neuf, Need for Speed Unboud n’a pas pour prétention de révolutionner la licence mais plutôt de la parfaire. En ce sens, la mission est réussie, et ce, sur différents tableaux. Tout d’abord, pour l’exploration de Lakeshore, Criterion et son level design de qualité sont toujours au rendez-vous car on se plaît grandement à parcourir la ville de long en large. Il y a de nombreux tracés différents, des rampes de saut, des objets à collecter, des policiers à fuir ou à éviter, des livraisons à effectuer, des challenges à effectuer… C’est plutôt varié, de quoi éviter un minimum le sentiment de monotonie et les sensations de course y sont grandement pour quelque chose.
Qui dit Criterion aux commandes dit précision et adrénaline. De ce côté, Need for Speed Unbound fait des merveilles avec une conduite fun et diablement efficace. On retrouve les habituels drifts, nitro, grands sauts, le tout avec une vitesse extrême d’emblée de jeu et qui ne cesse de monter crescendo. De plus, même si on détaillera davantage l’aspect technique du jeu par la suite, il faut saluer d’emblée le confort nouvelle génération avec 60 images par seconde, rendant la conduite meilleure que dans les précédents titres limités à 30 FPS. En outre, sur PS5, il y a des petits effets de vibrations et de gâchettes assez sympathiques, nous immergeant davantage lorsqu’on dérape et qu’on ressent comme il faut les roues qui tournent à fond suite à un boost. Il y a juste quelques moments où les dérapages ne fonctionnent pas de manière adéquate, arrivant soit trop tôt, soit trop tard mais dans l’ensemble, on a le sentiment de ne faire plus qu’un avec sa machine et dans un jeu de course arcade, c’est tout ce que l’on demande.
Aussi, comme c’est souvent le cas dans les Need for Speed, la personnalisation des véhicules est présente et si vous êtes un tantinet fan de tuning, Need for Speed Unbound vous fera passer pas mal de temps sur les véhicules de vos rêves afin qu’ils soient à votre image. En plus de possibilités visuelles fortement poussées (diverses peintures et motifs, choix des formes, roues différentes et bien d’autres encore), on peut régler différents paramètres comme la tenue de route, le type de moteur, etc. Tout comme pour les courses, cela reste accessible et loin d’une vraie simulation comme dans un Gran Turismo mais il y a assez de possibilités pour plaire au plus grand nombre.
Hélas, il faudra batailler ferme pour avoir un véritable bolide digne de ce nom car la progression de Need for Speed Unbound est assez lente. On ne gagne pas beaucoup d’argent durant les premières heures, il en faut quand même énormément pour améliorer les voitures, en acquérir de nouvelles – plus de 140 au total – et même pour participer à la majorité des courses. D’ailleurs, même en mode facile, l’IA des adversaires ne fait guère de cadeaux et obtenir la première place demande de la persévérance et de la dextérité, la moindre erreur pouvant être fatale. On se retrouve donc par moments avec de gros pics de difficulté. Les flics ne sont pas en reste pour gâcher les festivités car plus vous progressez dans une journée – il y a un système de jours et de semaines – et plus le niveau de recherche augmente. Quand on a 5 étoiles, cela ressemble presque à du GTA avec des hélicoptères qui nous pourchassent, divers véhicules qui nous suivent même en dehors du bitume et pour réussir à s’échapper, cela peut demander plusieurs minutes. Grisant au début mais assez frustrant à la longue. Malgré tout, la conduite de Need for Speed Unbound est si bonne que l’on oublie vite les rares moments d’insatisfaction et pour arriver au bout de la compétition, il faut au moins une dizaine d’heures, surtout que l’on arrive facilement à perdre du temps lors de simples balades ou essais de tuning au garage. N’oublions pas également le multijoueur qui propose d’affronter des pilotes réels mais on n’a pas toujours réussi à avoir des parties efficaces, faute du manque d’adversaires.
Fast & Delicious
Là où Need for Speed Unbound se démarque de ses prédécesseurs, c’est via sa direction artistique cartoon inattendue et réussie. En effet, les personnages ont un visuel semblant sortir tout droit d’un anime et il y a divers effets graphiques dessinés lors des courses, comme par exemple des ailes qui apparaissent lors de grands sauts, des traînées de poussière colorées et stylisées, etc. À côté, les voitures et décors se veulent réalistes mais le contraste est tout sauf déplaisant, au contraire même. Lakeshore City est une ville agréable à l’œil grâce à son rendu propre et une certaine variété via des quartiers d’affaire luxueux, des banlieues américaines typiques, des autoroutes qui donnent sur la mer, quelques routes de campagne ou de montagne… L’inspiration de Chicago est évidente et même si l’exotisme est moins au rendez-vous que dans les derniers volets, Need for Speed Unbound compense largement avec ses personnages hauts en couleur, au design assez réussi au passage ainsi qu’une ambiance street de bon goût, sans verser dans les clichés (sauf dans le scénario).
Comme précisé plus haut, Need for Speed Unbound profite des bienfaits de la nouvelle génération et c’est un bonheur d’avoir un titre qui exploite un minimum les dernières machines. 60 FPS donc mais aussi 4K, HDR de qualité, temps de chargement quasiment inexistants, graphismes de bonne facture avec des modélisations (les voitures en tête), textures et effets de reflets performants, pas mal d’éléments destructibles, de la vie avec des passants qui ne peuvent être écrasés, fort heureusement … Il y a bien un peu de pop-in mais pas toujours perceptible et les bugs sont quasiment inexistants, on sent que Criterion a passé un temps considérable au garage.
Enfin, Need for Speed Unbound profite d’une bande-son à l’image du reste, mettant en avant beaucoup de hip-hop, de trap, etc. et le résultat est éclectique. On note surtout la présence du rappeur A$AP Rocky, présent d’ailleurs directement dans le titre lors de certaines courses afin de motiver les troupes et une fois n’est pas coutume, Criterion et Electronic Arts ont fait des recherches poussées afin que l’on retrouve des morceaux pas toujours très connus mais souvent séduisants. S’il y a bien une majorité de sons anglophones, on retrouve avec joie quelques musiques françaises comme Autobahn de SCH ainsi que des œuvres venant d’Allemagne, Pologne et on en passe. De quoi voyager, en somme. Les effets sonores ne sont pas en reste, surtout les bruits de moteurs surpuissants qui donnent du peps au moindre vrombissement. Quant aux voix, elles vont de pair avec l’écriture de l’histoire et en dehors de quelques exceptions, vous aurez surtout envie de couper les dialogues afin de ne pas êtes irrités.
Verdict : 8/10
Nouvelle réussite pour Criterion avec ce Need for Speed Unbound qui marque comme il se doit les débuts de la licence sur la nouvelle génération. Si l’on oublie son histoire au mieux anecdotique ainsi que quelques menus défauts, on retrouve un jeu de course arcade aux sensations grisantes et au look inspiré, donnant toujours le sourire dès qu’on lance une partie. Lakeshore City est donc une destination que l’on recommande sans problème à tous les afficionados de courses de rue virtuelles endiablées.
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