C’est après une année de pause que l’une des licences automobiles les plus célèbres du jeu vidéo fait son retour sur nos consoles de salon. Sobrement intitulée « Need for Speed », la nouvelle entrée du blockbuster d’Electronic Arts signe le reboot complet d’une série qui cherche toujours à se renouveler. Entièrement développé par Ghost Games (Criterion ayant bel et bien passé le flambeau depuis son soutien apporté sur Rivals), ce Need for Speed veut raviver la flamme des fans de l’époque en s’inspirant de la période très appréciée des Underground. Un pari pas aussi réussi qu’il n’y paraît.
VENTURA LIVE BAY
Après Fairhaven City ou encore Redview County, Need for Speed nous emmène dans Ventura Bay, une ville devenant le terrain de jeu des pilotes à la tombée de la nuit. Cette dernière, deux fois plus grande que son prédécesseur d’après les concepteurs, se voit composée de six districts aussi différents les uns que les autres. Nous y trouvons par exemple Burnwood, le centre-ville surmonté par de nombreux buildings, le quartier résidentiel de Royal Park ou la petite zone industrielle de South Port avec des rues plus longues et espacées. L’environnement est adapté à tous styles de conduite, et prône les courses urbaines à l’ancienne. Ainsi, lorsque les mordus de vitesse exploseront leur compteur en parcourant l’ensemble de la carte sur l’autoroute, les amoureux de drift seront entrain de s’exercer sur les virages de la chaîne de montagnes Crescent Mountains qui rappelle l’épisode Carbon de 2006.
Dans la peau d’un conducteur rebelle anonyme en devenir, Need for Speed plonge le joueur dans une mise en scène avec de véritables acteurs, qu’on pourrait assimiler au récent Guitar Hero Live. Plutôt qu’adopter un format cinématique ou une simple voix-off, le scénario se tisse à l’aide de séquences filmées sur lesquelles sont rajoutés les véhicules en 3D. Un résultat très sympathique et bien original pour la franchise, même si le but reste au final le même : devenir le meilleur. Si certains apprécieront ce rendu inédit, il faut avouer qu’entre répliques clichées, voire embarrassantes, et placement de produit pour la boisson énergisante Monster®, le tout n’est pas constamment convaincant.
L’un des points que Ghost Games a appuyé concernant leur nouvel opus, est la présence de cinq guest stars de l’automobile visibles sur la jaquette du jeu et dans le site officiel. Chacune de ces personnes, qui sont en fait les idoles de vos meilleurs amis, représentent cinq manières différentes de conduire. Nous avons donc Nakai-san (customisation), Magnus Walker (vitesse), Ken Block (style), Morohoshi-san (hors-la-loi) et Risky Devil (crew). Autant d’icônes dont il faudra réaliser une multitude de défis au cours de l’histoire pour avoir la chance de concourir à leurs côtés. Une « aventure » où vous serez coachés par vos camarades Spike, Manu, Robin, Travis et Amy qui ne cesseront de vous agresser à coups d’appels téléphoniques en pleine partie pour vous pousser à les rejoindre.
GOTTA GO FAST
Comme nous le disions plus haut, il existe plusieurs sortes d’épreuves – huit exactement – parmi lesquelles se trouvent notamment les courses à tours, en sprint, du contre-la-montre, du drift seul ou à plusieurs et du gymkhana (étape d’adresse mêlant scoring et chrono). Autant d’événements qui seront se montrer divertissants grâce à une pure conduite arcade, à l’instar de la majorité des autres titres de la série. Le soft n’est, à vrai dire, pas difficile à dompter en lui-même. Ce qui ne sera pas nécessairement négatif selon votre aisance avec les jeux du genre. Seules quelques minutes suffisent pour maîtriser le gameplay, où les sensations sont de plus en plus fortes selon la puissance du véhicule sélectionné. La clé de la réussite réside en soi dans la réalisation de dérapages, qui n’obligeront pas à utiliser le frein à main. Une facilité qui n’est pas des plus déplaisantes, même si les puristes regretteront tout de même l’impossibilité de choisir une boite de vitesse manuelle (expliquant l’absence de courses drag). Que ceux qui pestaient contre la caméra rapprochée de l’E3 se rassurent au passage, il ne s’agit que d’une option parmi les autres angles disponibles. Aucune vue cockpit n’est en revanche présente.
Bien qu’amusant, Need for Speed n’apporte tout de même pas beaucoup de challenge, causant un effet de répétition au bout d’un certain moment. Peu d’épreuves se révèlent corsées, l’IA n’étant pas des plus intelligentes. Nous avons ainsi du mal à comprendre pourquoi un coéquipier se met à tamponner violemment notre voiture par exemple, annulant le score du drift, alors que les consignes demandent d’effectuer des prouesses en équipe. Autre fait étonnant, un adversaire accidenté se met curieusement à vous rattraper alors que vous êtes censé être à pleine vitesse. Nous ne pouvons vous cacher que certains cas de ce genre ont pu nous énerver, et heureusement les développeurs ont déjà prévus d’équilibrer le tout à travers une prochaine mise à jour. Une écoute des joueurs honorable.
PIMP MY RIDE
Outre l’aspect « courses de nuit », qu’est-ce que le nouvel opus de Ghost Games a réellement de similaire par rapport aux fameux Underground et Underground 2 ? La customisation. C’est vrai, après tout, bon nombre de joueurs n’ont cessé de réclamer le retour de cette fonctionnalité pour les véhicules. Un choix compréhensible si on se souvient de cette époque où une simple Peugeot 206 pouvait devenir un monstre à l’aileron, aux jantes et néons les plus extravagants. Quelle que soit la beauté de la voiture concernée, c’était cette impression d’avoir une carrosserie à son image qui faisait rêver il y a maintenant plus de dix ans. EA a entendu ces prières.
Plongé dans son garage, comme au bon vieux temps, il est possible d’apporter sa propre touche de personnalisation grâce à une panoplie très satisfaisante d’équipements, peintures et autocollants. Bien que l’interface ne soit pas entièrement intuitive, c’est un réel plaisir de pouvoir modifier l’aspect visuel de son véhicule, en réalisant des créations amusantes. Des kits complets de carrosserie permettent d’offrir sans prise de tête, moyennant plusieurs milliers de dollars virtuels, un ensemble d’ajouts pour les plus débutants dans la matière. Tout comme l’IA, une mise à jour ajoutera plus d’éléments dans les jours à venir avec la capacité de dupliquer des stickers d’une portière à l’autre.
Mais ce n’est pas tout. Le tuning est également de retour, pour notre plus grand plaisir, avec un paramétrage de la conduite qui va au-delà du simple changement de pièce. Selon votre configuration manuelle, accessoires et pneus, votre véhicule sera plus adapté au drifting ou obtiendra une adhérence plus importante. Espérez ainsi arriver à plus de 1000 chevaux, et aller au delà de 370 km/h, en boostant les bolides les plus chers. Notez par ailleurs que votre repère peut contenir jusqu’à 5 voitures, sachant qu’une cinquantaine sont disponibles à l’achat. Un acte qui a été critiqué alors que ce nombre se révèle suffisant (combien de voitures sont réellement utilisés à long terme ?).
YOU’RE BEAUTIFUL
À force de détailler et expliquer les fonctionnalités de ce Need for Speed, nous oublions un aspect qui s’est montré marquant dès son annonce : le rendu graphique. Visuellement, le jeu est très impressionnant grâce au Frostbite Engine (Star Wars Battlefront, Mirror’s Edge Catalyst, le prochain Mass Effect…) et offre une direction artistique soignée. Bien sur, le titre est aidé par des filtres et surtout l’absence d’un quelconque cycle jour/nuit. Justifiant sans doute l’idée que les épreuves sont exclusivement clandestines, Ventura Bay n’ira jamais plus loin que l’aube. Plus curieux, il n’y a que certaines zones qui proposent visiblement un ciel plus clair ou une météo pluvieuse. Need for Speed n’en reste pas moins très beau (avec 30fps constants), une réussite qui cache un lourd problème qu’est la faible circulation. C’est… terriblement vide, la ville n’a qu’une poignée de véhicules sur les routes, quand ceux-ci ne viennent pas devant vous en pleine épreuve. Pour la première fois, c’est à vous de chercher la police et non l’inverse, donnant l’impression de parcourir un lieu post-apocalyptique. Quel dommage !
La bande-son et les bruitages des moteurs sont, quant à eux, une nouvelle fois de qualité avec des titres plutôt hip-hop/électro qui assurent l’ambiance bien qu’un choix manuel de la playlist n’a pas été ajouté dans les options. Il est tout de même indéniable que le studio a fait un travail de qualité dans ce domaine.
Tout comme Rivals, Need for Speed adopte un format 100% online. Comprenez qu’il est impossible de pouvoir y jouer sans être connecté à internet, de quoi en irriter plus d’un. Ghost Games justifie ce choix dans l’idée que l’opus reçoit des mises à jour régulières gratuites, des challenges quotidiens et permet le partage de photos ainsi qu’à 8 joueurs de rouler sur une même carte simultanément. À vous de voir si cette modalité vous gêne ou non, étant donné qu’il n’y a pas de pause en contrepartie. Le multijoueur est donc sous le même format : en invitant vos amis, vous allez pouvoir rouler ensemble librement ou durant une course. De quoi rallonger la durée de vie qui n’offre plus grand chose après l’histoire si ce n’est quelques objets à collecter. En guise d’exemple, nous avons terminé le soft en 20h30 environ en prenant notre temps (notamment dans le garage pour la customisation) et 2h de plus pour décrocher le platine avec 93% de progression totale.
VERDICT : 6/10
Loin d’être un mauvais jeu, Need for Speed est un reboot divertissant dotée d’une jouabilité toujours aussi axée arcade, une bande-son de qualité et un rendu graphique très impressionnant. Dans l’esprit des Underground, le jeu de Ghost Games prône les courses urbaines et le retour tant attendu du tuning que nous ne pouvons qu’apprécier. En guise de petite originalité, l’histoire de cet opus est mise en scène avec de réelles séquences filmées, mêlées à des voitures modélisées en 3D. On pourra néanmoins regretter une écriture loin d’être marquante. Mais qu’est-ce qui gêne réellement alors dans ce Need for Speed ? Et bien cette impression de vide. En contrepartie d’un bon rendu visuel, la circulation dans la ville de Ventura Bay est extrêmement faible, obligeant le joueur à chercher lui même les forces de l’ordre qui ne servent d’ailleurs à rien. Aucun réel challenge n’y est, sauf pour quelques épreuves spécifiques vers la fin, là où le soft perd presque tout intérêt après avoir terminé le scénario. Nous avons également du mal à accepter l’aspect tout connecté du titre, qui s’avère finalement injouable en cas d’absence de connexion internet. Résultat, le retour de Need for Speed fait figure de déception, mais restera tout de même intéressant pour un public précis.
Lucian Blight
21 novembre 2015 at 17 h 36 minje suis d’accord avec toi sur l’ensemble de tes propos, excepté sur le graphisme, je ne le trouve pas impressionnant. Question de point de vue j’imagine 🙂
alexizaki
21 novembre 2015 at 17 h 46 minJ’ai entendu l’un et l’autre personnellement, donc je pense en effet que ça dépend de chacun comme tu dis. Dans tout les cas, c’est joli je trouve 🙂
Lucian Blight
21 novembre 2015 at 17 h 51 minoui ce n’est pas laid c’est clair mais perso j’attendais mieux du frostbite, mais ce n’est pas l’essentiel.