Si la PS4 ne dispose pas actuellement d’un catalogue impressionnant, force est de reconnaître que ce dernier reste plutôt éclectique. En moins d’un an d’existence, la petite dernière de Sony aura pu proposer de nombreuses expériences aux joueurs, du FPS au survival-horror en passant par les habituels jeux de sport. Et dans le tas, même les amateurs de productions japonaises y trouvent leur compte, comme nous le prouve la sortie de Natural Doctrine, un T-RPG exclusif aux consoles Sony et qui ne paye pas de mine au premier abord.
I’M NATURAAAAL, I’M WIIIIILD
[dropcap]I[/dropcap]l serait bien difficile de résumer l’histoire de Natural Doctrine tant cette dernière se fait discrète tout le long du jeu. Pour vous donner les grandes lignes, on pourrait vous dire que le scénario met en scène quatre personnages qui sont sans cesse en quête de ressources naturelles dans un monde qui a vu la nature reprendre ses droits. Les ressources sont une denrée précieuses qui permet à l’humanité de survivre mais les créatures qui peuplent les environs ne l’entendront pas de cette oreille et ne vous laisseront guère de répit. Le scénario de base n’a donc rien de très excitant, mais il a au moins le mérite de se démarquer de ce qui se fait habituellement dans le J-RPG et ses dérivés. Dans Natural Doctrine, vous n’aurez donc pas de princesse tout droit tombée des étoiles à sauver, il ne s’agira pas de prendre le contrôle d’écolières trop jeunes pour porter des mini jupes et vous y croiserez encore moins des créatures « kawaii ». Ce qui ne signifie pas que ce titre s’adresse à un large public, bien au contraire.
Natural Doctrine est typiquement ce que l’on appelle un jeu de niche. Il faut avant tout savoir que le jeu est entièrement traduit en anglais et ne dispose pas de localisation française. Une certaine maitrise de la langue de Shakespeare sera requise pour profiter pleinement du jeu, mais les habitués ne seront pas perdus, et hormis quelques termes propres au genre, un anglais scolaire fera globalement l’affaire. D’autre part, avec son esthétique typée manga et son gameplay peu accessible le jeu vise un public qui sait très clairement ce qu’il achète et qui n’a pas de désirs démesurés. Non seulement le T-RPG n’est clairement pas le genre de jeux qui s’arrache en France, mais en plus de cela, le jeu se veut punitif et d’une difficulté assez élevée, ce qui ne laisse pas sans rappeler un certain Dark Souls.
Die & retry. And die again.
[dropcap]L[/dropcap]e jeu se présente plutôt simplement dans les faits puisqu’aucune exploration ne vous sera possible en dehors des combats. Vous sélectionnez donc les endroits où vous souhaitez vous rendre via la map, sans réelle narration, vous tentez de réaliser l’objectif indiqué (et surtout, vous essayez de ne pas mourir) et… Vous recommencez. Mais attendez un peu avant de partir. Car si le jeu peine à se renouveler et n’offre finalement pas de véritable mise en scène, c’est bel et bien au niveau du gameplay que ce dernier prend tout son sens. Les affrontements se présentent de façon assez simple : L’ordre des tours des personnages – qu’ils soient jouables, alliés ou ennemis – sera défini par une ligne chronologique. Durant son tour, chaque personnage peut effectuer un déplacement et attaquer ou se protéger ou utiliser un objet/une capacité spéciale. Jusque là, rien de bien spécial, on reste dans les codes du T-RPG au tour par tour.
Cependant il suffit de jouer quelques minutes au jeu pour percevoir toute la profondeur du gameplay. Ainsi il vous faudra vite apprendre à maîtriser le système de tactical link qui vous permettra de faire attaquer à la suite deux personnages ou plus. Cette action est possible dès lors qu’un autre de vos protagonistes à la possibilité de se rendre sur la case occupée par le personnage dont c’est actuellement le tour. Il vous faudra les positionner de façon à ce qu’ils soient le plus éloignés possible, tout en restant dans la zone délimitée par la case (à l’exception des utilisateurs d’armes à feu) afin de maximiser les effets du tactical link : Multiplication des dégâts ou encore augmentation des chances de coup critique pour ne citer qu’eux. Néanmoins le tactical link aura pour effet d’utiliser le tour de tous les personnages qui attaqueront grâce à cette fonction. De ce fait, il faudra l’utiliser de façon ingénieuse car les ennemis sont souvent en nombre supérieurs et il suffit de consommer le tour de plusieurs personnages en une attaque pour faire mourir un personnage. Ce qui aura pour effet de mettre fin à la partie.
Le jeu se veut donc punitif et vos adversaires n’auront absolument aucune pitié. Utiliser l’environnement à son avantage sera également un élément clé pour remporter la victoire. Se cacher derrière un coin de mur ou derrière un arbre pourra vous sauver des attaques à distance, ce qui ne sera pas un luxe. L’un des avantages du jeu étant justement de proposer de nombreuses maps relativement variées ce qui réduira le côté très répétitif du jeu car vous on passe son temps à naviguer entre la carte, les affrontements et à modifier son équipement/son arbre de compétences. Mention spéciale à ce dernier qui offre la possibilité de le reroll à l’infini. Entendez par là que vous pourrez le modifier à votre convenance et le retravailler autant que vous le souhaiterez. Il sera même parfois nécessaire d’adapter vos compétences selon les combats que vous allez mener.
L’aspect technique ou le point noir du jeu
[dropcap]L[/dropcap]orsque vient le moment de se pencher sur l’aspect technique du jeu, on se rend bien vite compte que Natural Doctrine est loin de ce qui peut se faire actuellement. Le jeu étant sorti au même moment sur PS3 et PSVITA on ne lui demande pas de rivaliser avec un Infamous Second Son. Mais on constate vite qu’un jeu PS3 sorti il y a quelques années n’a aucune difficulté à faire mieux et c’est là où le bât blesse. En effet, les décors sont assez pauvres, voire même fades, les textures manquent clairement de précision et viennent d’un autre âge. Quant aux personnages, leur modélisation est assez ridicule quand on les compare avec leurs modèles dans la cinématique d’introduction du jeu. Natural Doctrine a un sacré paquet d’années de retard graphiquement parlant et même si ce n’est pas le point sur lequel nous sommes le plus regardants, difficile de passer à côté de ce point noir. L’ambiance sonore elle, n’est guère plus réussie. Certes les musiques du jeu contiennent certains thèmes plutôt sympathiques, mais on a la désagréable impression d’avoir à faire à des samples de quelques dizaines de secondes qui sont joués en boucle. Dommage, car une belle atmosphère musicale aurait été bénéfique pour le jeu et les affrontements n’auraient été que plus dynamiques. Cependant tout n’est pas à jeter puisque les doublages japonais ont été conservés et sont disponibles aux côtés des voix anglaises. Les puristes feront évidemment le choix des voix originales pour rester dans l’ambiance.
Avant de refermer ce test, il convient de signaler la présence d’un mode multijoueur en ligne. La présence d’un tel mode pourrait étonner, et pourtant il s’intègre avec brio au reste du jeu. On dispose d’un deck contenant des cartes représentant des unités qu’il sera possible d’échanger contre d’autres cartes achetées avec des points que l’on remportera au fur et à mesure de nos victoires en ligne. Mais le plus intéressant reste que ce mode peut-être pratiqué en co-op ou en compétition ! Vous pourrez donc affronter avec un ami d’autres joueurs en ligne, tout en sachant que le jeu supporte la fonction Cross-play, ce qui fait que vous pourrez jouer avec, et contre, des joueurs sur PS3 et/ou PSVITA. À savoir que le Cross-save est également présent, mais honnêtement, sans la présence du Cross-buy qui aurait été le bienvenu, on a bien du mal à imaginer qui pourrait acheter le jeu sur deux supports différents, quand on sait que celui ci vise un public déjà bien défini…
Verdict : 6/10
[dropcap]L[/dropcap]’arrivée du T-RPG sur PS4 ne se fait pas sans heurts. Avec une réalisation technique littéralement dépassée par tous les supports actuels, un scénario bien pensé au premier abord mais qui s’efface aussi vite qu’il est arrivé et une bande son peu convaincante, Natural Doctrine ne semble définitivement pas avoir les qualités requises pour plaire. Et pourtant, son gameplay bien plus poussé qu’il n’y paraît et sa difficulté feront de lui un choix plutôt évident pour les joueurs en mal de jeux de rôle tactiques. Punitif au possible, mais terriblement gratifiant quand la victoire pointe le bout de son nez, il a l’avantage de posséder un mode multijoueur bien pensé quoi qu’un peu archaïque dans sa présentation. Dans tous les cas, Natural Doctrine fait partie de ces jeux de niche qui s’adressent à un public bien particulier et qui seul pourra trouver un véritable plaisir dans ce jeu. Les autres pourront toujours essayer de s’initier au genre avec ce dernier, mais sa traduction anglaise et son manque d’accessibilité en décourageront plus d’un. Reste qu’en attendant Disgaea 5, on est face au seul représentant du genre sur next-gen.
Kero
21 octobre 2014 at 23 h 51 minil est finalement sortie oO et d’un coup sec sans prévenir !