Au pays des jeux de course automobile, il n’est pas rare de croiser les sempiternelles mêmes licences. Beaucoup de joueurs ne jurent que par les Forza (Horizon et Motorsport), les Gran Turismo, les Need For Speed, ou encore les simulations dites réalistes (Project CARS, Assetto Corsa…). Et si même les jeux de rallye ont le vent en poupe en ce moment, grâce aux DiRT et autres WRC, force est de constater que la NASCAR, elle, n’est plus aussi à la mode que dans les années 1990. Aujourd’hui nous vous proposons le test complet de NASCAR Heat 2 (que nous avons eu le plaisir de recevoir il y a quelques jours et qui est disponible depuis le 12 septembre dernier), qui n’est autre que la suite du très controversé NASCAR Heat Evolution sorti il y a à peine un an. Explications.
Test réalisé sur PS4 Pro à partir d’une version fournie par l’éditeur
Nous n’avions pas prévu de vous faire l’affront de vous expliquer les tenants et aboutissants de la discipline dont il est question aujourd’hui. Mais si vous n’avez jamais vu Jours de Tonnerre, la saison 14 de South Park, le génial Ricky Bobby Roi du Circuit ou encore Cars, sachez que le but est de réunir une quarantaine de pilotes sur un circuit ovale. Ces grands gaillards (et cette gaillarde de Danica Patrick) ont en effet pour mission de boucler des centaines de tours de la cuvette en question, au terme desquels la victoire sera attribuée au pilote le plus doué. En effet, passer la ligne d’arrivée en premier est une chose. Mais étant donné que les voitures sont quasiment toutes identiques, il va de soi que c’est ici la qualité du pilotage, et l’endurance, qui priment. Arrêts au stand, drapeaux jaunes en cas d’accident, gestion du carburant, des pneus et de la température (intérieure comme extérieure, on vous laisse d’ailleurs imaginer à quoi peut bien ressembler au bout de 300 tours une cuvette géante qui se remplit crescendo de gaz d’échappement)… Rien n’est laissé au hasard et cette discipline fortement appréciée par les américains n’en est pas moins stratégique.
Gentlemen, start your engines !
Loin de l’aspect ultra-décomplexé du cultissime Daytona USA (et/ou de sa suite Daytona USA 2), NASCAR Heat 2 nous est vendu comme la nouvelle référence en terme de simulation propre à la NASCAR. Un pari osé qui a tout de même le mérite de voir débarquer le jeu chez nous, pauvres européens habituellement laissés de côté, et ce pour la modique somme de 49,99€ (le titre n’est d’ailleurs trouvable qu’au format digital en Europe). Disponible à la fois sur PC, mais également sur PlayStation 4 et Xbox One, le nouveau bébé du studio 704Games nous vient de loin. En effet, le dernier opus en date n’était autre que le très moyen NASCAR Heat Evolution (des mêmes créateurs donc), un jeu sorti en septembre 2016 qui faisait suite, lui, à une longue série d’itérations produites par le studio britannique Eutechnyx. Pour résumer un peu la chose, EA Sports ayant arrêté en 2008 de développer les jeux sobrement appelés NASCAR (dont le dernier à avoir vu le jour était le très sympathique NASCAR 09), Eutechnyx avait tenté le pari de leur racheter les licences adéquates pour montrer aux joueurs fans d’ovale que leur discipline ne mourrait pas avec la décision d’Electronic Arts. Ainsi naquirent les NASCAR The Game façon Eutechnyx, sortis en 2011, 2012, 2013, 2014 et 2015. D’excellents jeux qui s’amélioraient d’ailleurs chaque année et qui proposaient à la fois du Online, du multijoueur local, un mode Carrière sympathique et une très bonne gestion des drapeaux jaunes. Pour autant, quand les américains de chez 704Games décidèrent de leur racheter tous leurs droits pour passer, eux, sur la génération actuelle de consoles, le constat aurait pu être encore meilleur. Car, oui, ce dernier studio n’est autre que le créateur de la licence NASCAR Heat, ayant vu le jour, elle, en 2000, 2001 et 2002.
Le cours d’Histoire étant maintenant terminé, n’y allons pas par quatre chemins : oui, ce NASCAR Heat 2 est cent fois meilleur que NASCAR Heat Evolution. Certes, il eut été difficile de faire pire, mais force est de constater que les efforts réalisés par la team 704 sont flagrants, et ce pour le plus grand bonheur des joueurs. Tout d’abord, les programmeurs ont visiblement mis les petits plats dans les grands cette année, puisque ce ne sont pas moins de 3 disciplines qui sont représentées dans le jeu. En effet, 99% des autres jeux estampillés NASCAR se « contentent » habituellement de couvrir la discipline reine (la NASCAR Sprint Cup Series, devenue d’ailleurs récemment la Monster Energy NASCAR Cup Series). Eh bien sachez, messieurs dames, que ce NASCAR Heat 2 voit plus loin en proposant en sus les Xfinity Series, et les Camping World Truck Series, rien que ça ! Non seulement le roster du jeu s’en trouve donc multiplié par trois, mais surtout le tout donne un aspect nettement plus varié au jeu, et notamment en mode Carrière. En effet, c’est dans ce segment du titre que vous commencerez tout petit, tâterez des trois disciplines, et finirez en beauté parmi les plus grands (si tant est que vous ayez la patience requise, cela va sans dire !). Cette dite carrière pourra sembler frustrante durant les premières heures, et pourtant… Car figurez-vous que les développeurs ont eu le bon goût de vous faire démarrer en tant que pilote Hot Seat (intérimaire, si vous préférez). Ainsi, quand on vous dit que vous démarrerez tout en bas de l’échelle, ce n’est clairement pas une exagération.
Si t’es pas le premier, t’es le dernier !
Libre à vous, toutefois, de bifurquer vers l’un des nombreux autres modes présents dans le jeu. Vous êtes pressé et n’avez pas des dizaines d’heures à investir dans un tel jeu ? Pas de panique, les sempiternels modes Quick Race et Championship sont là pour ça ! Il est d’ailleurs à noter que le jeu est vendu intégralement en anglais, même sur le PlayStation Store français. Rien de bien gênant en soi (rappelons que nous sommes ici face un jeu de course), mais sachez que les nombreuses, et très sympathiques, cinématiques tournées en live avec les vrais pilotes, ne sont en aucun cas sous-titrées. Ni en français, ni même en anglais. Vous voilà prévenu(e)s ! Quoiqu’il en soit, outre le fait que vous puissiez customiser le mode Quick Race (difficulté de l’IA, longueur de la course, gestion des dégâts/pneus/carburant, drapeaux…), nous imaginons sans mal que beaucoup d’entre vous passeront un temps incalculable dans les deux modes multijoueur de ce NASCAR Heat 2. En effet, vous pourrez sans problème vous tirer la bourre à distance via le menu Online. Jusqu’à 40 joueurs peuvent participer (non non, ce n’est pas une plaisanterie !) et, puisqu’un bonheur n’arrive jamais seul, il est même possible d’ajouter des IA sur la piste au cas où trop peu de joueurs aient rejoint la session en cours. Enfin, en parallèle à ça, il est évident que ceci constituera une plus-value certaine aux yeux de nombreux joueurs : le mode multijoueur en écran splitté (jusqu’à 2) fait son grand retour et propose lui aussi de courir aux côtés de bots, en plus de votre adversaire direct.
En terme de contenu, le jeu a donc beaucoup à offrir. Pour résumer, vous aurez donc droit dans ce NASCAR Heat 2 à pas moins d’une centaine de véhicules/pilotes, et 6 modes de jeu (dont le mode Challenges, qui vous demandera de réussir 29 petits défis scénarisés assez difficiles, histoire de voir si vous êtes capables avec votre manette de reproduire les exploits des stars de la NASCAR). Mais il faudra également compter sur la présence de 29 circuits, dont 6 nouvelles pistes. En effet, outre les trois mythiques circuits routiers qui ont été ajoutés, 704Games a également tenu à incorporer deux nouveaux ovales et une piste sur terre. Eldora Speedway, c’est son nom, est un circuit réservé aux Camping World Truck Series, et vous comprendrez vite pourquoi. Hélas, si tout ça est bien joli, ce n’est clairement pas le cas de l’enrobage du jeu. Malheureusement, et même si nous n’espérions pas un miracle non plus compte tenu de l’état assez catastrophique de l’opus précédent, force est de constater que ce nouveau jeu estampillé NASCAR en repoussera probablement plus d’un. La faute à des graphismes d’un autre âge (même les jeux d’Eutechnyx sortis sur la génération précédente étaient parfois plus jolis). En effet, outre les véhicules qui sont dans l’ensemble fidèlement reproduits, peintures y compris, on ne peut pas du tout en dire autant de l’aspect visuel global du titre. Les décors sont risibles, l’aliasing est omniprésent, le clipping également, et pire que tout le jeu n’est même pas fluide (on atteint à peine les 30 images/seconde, c’est dire). À l’heure où la PS4 Pro et la Xbox One X ont largement de quoi nous décoller la rétine via des F1 2017 ou des Forza Motorsport 7, le constat fait ici très mal. On sent bien que le budget n’est pas à la hauteur des ambitions du studio, sans compter le fait qu’ils n’arrivent tout simplement pas à développer correctement sur les machines actuelles. Auraient-ils besoin d’un arrêt aux stands pour vérifier les niveaux d’huile ? Sans doute, oui.
Houston ? On a un problème !
La vue cockpit du jeu est par ailleurs très laide d’une manière générale, et le titre s’entête à ne pas proposer l’une des features les plus basiques de tous les temps (que même Gran Turismo a longtemps refusé d’inclure, cela dit) : la possibilité de bouger la caméra autour de notre véhicule. Non, vous ne rêvez pas, il nous est impossible de regarder autour de nous… Avouez qu’en 2017, ça fait bizarre ! Enfin, dernier gros point noir du jeu : la médiocre qualité de sa tracklist. Comprenez-nous bien, le jeu propose, au-delà des divers bruits de moteurs tout à fait réussis, une bande-son des plus entraînantes au sein des menus. Les chansons choisies sont pour la plupart excellentes et se rassemblent presque toutes sous la bannière du « bon gros rock américain »… Hélas, il semblerait que ces morceaux aient été mal compressés ou mal encodés, car leur qualité sonore rappellera aux plus anciens les K7 audio qu’on emportait en vacances, ou pire : le tout début du format mp3. Un constat qui nous a clairement surpris, et ce dans le mauvais sens, car cela nous pousse à rapidement couper ces fameuses musiques (alors mêmes qu’elles sont excellentes !).
Enfin, niveau gameplay, nous avons pour notre part trouvé le jeu très réussi, à plus forte raison en ce qui concerne les sensations éprouvées en course (Watkins Glen est un véritable régal !). En vue cockpit justement, ou même en vue capot, le constat est très positif et si vous désactivez les diverses aides vous risquez de pester très souvent contre l’usure de vos pneus. Un bon point donc. Seul point où nous avons eu du mal à réellement cerner le jeu, concernant les fameux drapeaux jaunes il nous a semblé que les commissaires de course ne les sortaient pas toujours lorsqu’il le fallait. À l’inverse, nous avons été quelque peu surpris de les voir sortis lorsque les collisions en question n’en avaient guère besoin… À voir si le tout se voit patché dans les mois qui vont suivre, car clairement le jeu le mérite, et nous ne nous attendions pas à un tel revirement de situation après la catastrophe de l’opus 2016. Sachez que pour finir sur une note un peu plus « technique », le jeu pèse tout de même 20 Go sur PlayStation 4 (certes, nous voilà bien loin des 52 Go demandés par Project CARS 2, m’enfin…), et propose aux amateurs pas moins de 54 trophées PSN (dont 1 Platine). Messieurs, démarrez vos moteurs !
VERDICT : 7/10
Que de chemin parcouru par 704Games le temps d’une année ! Nous avons beau être fans de NASCAR, force est de constater que le dernier opus en date nous avait fait très peur. 12 mois plus tard la licence NASCAR Heat est de retour et elle ne fait pas semblant. Au menu, que des ajouts demandés par la communauté : un vrai mode Carrière, du multijoueur en écran splitté, la possibilité d’insérer des pilotes IA lors des courses en ligne… Clairement le jeu a été travaillé et cela nous a beaucoup plu. Hélas, l’aspect visuel et technique de l’ensemble fait vraiment tâche et en repoussera forcément plus d’un. Le jeu reste à conseiller quoiqu’il arrive à tous les curieux et aux fans de la discipline. Mais nous serons sans doute beaucoup plus exigeants si suite il y a l’an prochain.
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