Aussi vaste qu’imprévisible, la scène indépendante a su nous prouver, depuis la sortie de la PS4, qu’elle était capable d’accoucher de titres accrocheurs. Si le public a encore du mal à se faire à l’idée que le but de Sony est aussi de proposer un véritable catalogue de productions indépendantes, les développeurs eux font tout leur possible pour offrir des titres de qualité. Ainsi, il est parfois difficile de faire comprendre à un certain public que l’expérience de jeu prime avant tout sur l’aspect technique. N++ en est le plus bel exemple, comme nous allons vous le prouver au cours de ce test.
Way of the Ninja
[dropcap]C[/dropcap]omment parler de N++ sans évoquer le passé du titre de Metanet Software ? Les digital natives que bon nombre d’entre vous sont, ont peut-être joué à l’ancêtre de ce titre sans même le savoir, tandis que d’autres doivent reconnaître ce style artistique hyper dépouillé servant un gameplay tout aussi épuré mais très pointu. En effet, au début, il y avait N. Derrière ce nom tout en sobriété, se cache un titre sorti en Mai 2005 qui se jouait via navigateur web. Celui-ci a posé les bases de N++, et si à l’époque on nous aurait dit qu’un tel jeu sortirait sur des machines de guerre telles que la PS4, capable d’afficher de sublimes graphismes, on y aurait difficilement cru. Pourtant avant de s’aventurer sur la petite dernière de Sony dans une version « définitive » (pour l’instant), le jeu flash s’est offert une seconde vie sur Nintendo DS, PSP et Xbox 360 en 2008. L’accueil chaleureux des joueurs et de la presse a permis au jeu de remporter récompenses et critiques élogieuses. Et lorsque l’on prend N++ en main sans avoir eu la présence d’esprit de toucher à ses prédécesseurs, on comprend aisément cet engouement.
Quand on parle de jeux indépendants, on pense très vite au pixel-art, ces graphismes dignes d’une Master System ou d’une SNES et qui, selon l’avis de certains, finit par envahir cette scène underground. Il faut admettre que le succès que rencontrent ces productions là engendre forcément une sorte de boucle dans laquelle se jettent bon nombre de développeurs. Si l’on reste dans l’idée du jeu retro avec N++, on distingue clairement qu’il se détache du reste. Non pas qu’il soit « mieux » que ce qui peut se faire à côté ou forcément plus original, mais cet aspect graphique dépouillé permet au jeu de se démarquer irrémédiablement du lot. De prime abord, on serait presque choqués de voir un jeu aussi peu recherché artistiquement parlant et pourtant, c’est ce qui permettra au joueur de se focaliser sur l’essentiel tout au long de ses parties endiablées de N++.
Endiablées, croyez-nous, vos parties le seront. Car quand on incarne un Ninja, on se doute que l’expérience ne sera pas de tout repos. Du fait de leur rapidité sans égal, de leur grande dextérité et de leurs réflexes sans égaux, les ninjas ont, dans N++, une durée de vie de une minute et demie. Cela tombe plutôt bien, car 90 secondes, c’est peu ou prou le temps qui vous sera accordé pour compléter les séries de 5 salles que le jeu vous proposera. Heureusement, des pièces d’or ornent chaque tableau, chacune d’entre elle permettant de rallonger la vie de notre personnage éphémère de 2 petites secondes. Il faudra alors jongler entre rapidité, afin de boucler l’ensemble des 5 salles dans les temps, et audace, pour ramasser assez de ces dernières afin d’obtenir un score qui puisse tenir la route face à la rude concurrence que vous offriront vos amis (du moins, c’est tout le mal que l’on peut vous souhaiter). De ce fait, plus un niveau est terminé rapidement, plus votre score sera élevé. Alors il faudra parfois choisir entre prendre le risque de ramasser des pièces d’or permettant de sensiblement augmenter la barre de temps et éventuellement booster notre score, ou bien être prudent et foncer vers la sortie, dont la porte s’ouvrira seulement après avoir actionné l’interrupteur présent dans chaque niveau.
Art of jump
[dropcap]S[/dropcap]i nous parlons de prendre des risques c’est parce que N++ est un pur die & retry dans l’âme. À un tel point que la touche triangle permet de faire exploser votre ninja pour recommencer le niveau sans avoir à attendre une mort certaine. C’est dire à quel point il va falloir se prendre au jeu, et accepter recommencer encore et encore certains tableaux pour en venir à bout et comprendre ses mécanismes. Sans être un véritable puzzle-game, N++ offre un challenge certain une fois que l’on a dépassé les premiers niveaux. Tout d’abord car il faudra jauger avec précision le moindre de ses déplacements mais également la marche à suivre, car il s’agira de définir un chemin en particulier à emprunter, notamment lorsque des ennemis, des tourelles ou encore des lasers orneront les salles. Pour progresser dans cet environnement hostile, on pourra déplacer notre petit personnage, et le faire sauter. Concrètement, le gameplay se contente d’employer le joystick et le bouton permettant de sauter. Mais il faudra maitriser de belles subtilités de gameplay pour espérer faire face aux stages plus ardus. Petit à petit on apprend à utiliser les murs et autres surfaces pour se projeter, à maitriser la puissance de saut du ninja ainsi que sa vitesse. Mais on apprend aussi très vite que retomber sur ses pattes ne suffit généralement pas.
Comme le dit l’adage « Et plus dure sera la chute ». S’il vous prenait de sauter d’un peu trop haut ou de choir sans veiller à la distance qui vous sépare de votre point d’impact, vous en feriez vite les frais. Dans le faits, cela se traduit par l’explosion de notre héros assez fragile. La façon la plus sûre de se réceptionner sera alors d’atterrir sur une pente ou quelque autre surface tant qu’elle n’est pas plane. La vie d’un ninja est décidément bourrée de contraintes, mais c’est en prenant tous ces réflexes en compte au fur et à mesure que l’on sera capable de réaliser de meilleures performances dans les très nombreux niveaux proposés par N++. Nous espérons d’ailleurs que les développeurs nous excuserons cet euphémisme car le contenu du jeu est absolument exceptionnel. En solo, ce sont plus de 2000 tableaux qui vous attendent, tout en sachant que ces derniers peuvent être réalisés avec des amis, puisque l’on peut jouer jusqu’à 4 joueurs sur le même écran. On trouve également un mode multi, et un mode race qui ont la particularité d’offrir leurs propres niveaux.
Le programme des réjouissances ne s’arrête pas là, puisque l’on trouve également un éditeur de niveaux, permettant aux plus créatifs de monter de véritables casses-tête afin de partager leurs créations avec la communauté. Et il suffit d’aller faire un tour du côté des niveaux créés par les joueurs pour s’apercevoir que N++ dispose d’une durée de vie quasiment illimitée, pour peu que l’imagination des joueurs permette à de nouvelles salles de voir le jour sur le long terme. Si l’on ajoute la possibilité de changer le jeu de couleurs affiché à l’écran (plus de 50 combinaisons sont disponibles au total, dont 7 disponibles dès le début du jeu) et une bande son éléctro minimaliste -mais dans le ton du jeu- disposant de plus de 60 pistes, on a presque du mal à croire qu’un jeu indépendant puisse proposer autant de contenu. Il faut dire qu’avec un tarif de 19,99€, Metanet Software se devait d’assurer afin de ne pas rendre l’addition trop salée, ce qui pourra en empêcher plus d’un de céder à la tentation, pour peu que l’on ne soit pas rebuté par son aspect graphique et un niveau de difficulté parfois mal dosé.
Verdict : 8/10
[dropcap]E[/dropcap]tonnant et audacieux, N++ est clairement l’une des bonnes surprises de cet été. Encore une fois, la scène indépendante frappe là où on ne l’attendait pas forcément et fait mouche à l’aide d’un gameplay efficace et accessible, mais offrant un véritable défi aux joueurs qui sauront apprécier ce mélange entre un platformer et un puzzle-game saupoudré de die & retry. Avec un contenu plus que convaincant, il se positionne comme l’allié idéal en toutes circonstances : Courtes sessions de jeu, soirée entre amis, après-midi vidéoludique… Seul son prix pourrait rebuter les dubitatifs en l’absence de démo disponible sur le store, surtout qu’une version PSVITA supportant le cross-buy serait largement la bienvenue -et justifierait un peu plus le prix- afin de continuer son entraînement de ninja sur la route des vacances. Néanmoins si vous avez apprécié N en tant que jeu flash ou bien N+ sur consoles portables/Xbox 360, vous ne devriez pas vous tromper en faisant l’acquisition de cette version ++.
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