Si les fans du genre Die & Retry et Souls-Like ont pu s’en donner à coeur joie en 2019 avec la sortie de Sekiro: Shadows Die Twice, le dernier soft en date de From Software, 2020 n’est absolument pas en reste. Le studio de développement Cold Symmetry s’est également prêté à l’exercice et vient tout juste de sortir Mortal Shell. Si pour beaucoup, les Souls restent les Souls (bien que la plupart aime aussi Bloodborne), c’est donc un pari risqué que se lance le studio avec ce titre. Alors, Mortal Shell parviendra t-il à convaincre les mordus du genre ? Se hissera t-il parmi les grands ou restera t-il dans leur ombre ? Après plusieurs heures de jeu à côtoyer la Mort selon toutes ses enveloppes charnelles, et avec quelques cheveux en moins, la rédaction vous dit tout sur cette aventure conjuguant Die & Retry et Action-RPG.
Test réalisé sur PlayStation 4 Pro grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur
Que dit-on au Dieu de la Mort ? Pas aujourd’hui.
Une histoire de Souls, une histoire de Blood…
Dès sa toute première annonce et les premières informations le concernant, alors que le projet vidéoludique était encore nommé Dungeon Haven, on percevait déjà nettement cette ambiance Dark Souls/Bloodborne. D’ailleurs, les développeurs de chez Cold Symmetry ne s’en cachent absolument pas et avouent franchement s’être inspirés des titres de From Software. Un aveu qui est le bienvenu et qui pose le ton. Mais on verra que Mortal Shell ne se résume pas à la simple phrase « C’est une copie de Dark Souls ». Notez que bien que la comparaison entre les deux licences soit certes assez facile, nous ne relèverons pas nécessairement point par point les ressemblances. Après plusieurs heures de jeu à notre actif, on voit nettement que Mortal Shell se veut davantage être un titre qui s’est inspiré qu’il n’a copié quelque chose de pré-existant. Vous allez comprendre pourquoi.
Oui, en mettant les mains sur Mortal Shell, les aficionados du genre se retrouveront bien évidemment en terrain connu. On retrouve notamment cet aspect Die & Retry du gameplay des Souls puisqu’en mourant, nous perdons toutes nos monnaies (Goudron et Lueur) et les ennemis réapparaissent aussi vite dans la zone. L’ambiance se dégageant des différentes zones n’est également pas s’en rappeler certains corridors, places et microcosmes glauques et terrifiants représentés dans les jeux de From Software. À ce sujet, d’ailleurs, certains espaces explorés dans Mortal Shell sont relativement communs dans ce type de jeu : on pense notamment au grand château fait de rochers couleur de jais et à Fallgrim, un marécage peu chaleureux peuplé d’ennemis. Bien évidemment, nous pouvons aussi bien tomber nez à nez, à tout moment, avec des ennemis relativement simples comme des mini-boss et boss qui nous donnent du fil à retordre.
Côté gameplay pur, Mortal Shell ne déroge pas non plus à la règle : les joueurs et joueuses devront affronter les multiples menaces à coup d’attaques faibles et attaques puissantes (R1 et R2 sur PlayStation 4) avec des armes diverses. Il est tout aussi possible d’esquiver les frappes ennemies en utilisant la touche adéquate. Chaque action demandant évidemment de l’endurance, réduisant ainsi la barre de stamina accordée au personnage joué. La mécanique de parade, quant à elle, demande de passer une étape spécifique et requiert ensuite un très bon timing pour enclencher L1 et ainsi riposter. Sur ce point, on a parfois eu du mal à réellement percevoir la fenêtre de riposte tant le timing est quelque peu approximatif encore dans le jeu. Pour le reste, vous l’aurez compris, on se fait très vite au gameplay de Mortal Shell. Et si l’on pouvait penser que le soft se résume à ces quelques lignes, et ne serait donc qu’une pâle copie des Souls, il n’en est rien en réalité tant Cold Symmetry a tout de même bien travaillé d’autres aspects et mécaniques pour s’affranchir du maître du genre et ainsi proposer sa propre vision d’un Souls-Like.
… mais pas que !
Mortal Shell parvient très bien à s’affranchir de ses aînés grâce à de nouvelles mécaniques de jeu et un pitch un tantinet différent. À commencer par la mise en place même de l’aventure : on se réveille dans des eaux troubles et dans une zone ténébreuse en tant qu’enveloppe charnelle se rapprochant davantage d’un squelette fait de membranes blanches que d’un corps humain à proprement parler. Après un court didacticiel dans lequel on affronte un boss pour comprendre les mécaniques rudimentaires du combat, nous nous retrouvons englouti par un poisson-ver nous emmenant ainsi dans une nouvelle région, soit Fallgrim, où nous retrouvons notre premier personnage. Et à partir de là, c’est à nous de jouer et dans quel but ? On ne sait guère au début, puis on rencontre des PNJ nous affublant de certaines quêtes. Mais c’est principalement au joueur de dessiner ses propres missions, telles que faire une session de farm, aller récupérer tel équipement ou enveloppe etc. Cette liberté accordée aux joueurs est relativement déstabilisante au premier abord mais le soft ne manque pas de contenus à débloquer. Dans ce sens, il nous est arrivé à plusieurs reprises de partir sur le jeu avec un objectif bien défini et s’essayer encore et encore à le réaliser. L’auto-motivation, que voulez vous !
Car oui vous l’aurez peut être déjà compris, Mortal Shell ne propose donc pas de personnalisation de personnage à l’ouverture du jeu, il faut trouver les corps des guerriers tombés au combat pour ensuite les incarner et profiter de leurs capacités. On en compte 4 au total : Harros le Vassal, Tiel l’Acolyte, Solomon l’Erudit et Eredrim le Vénérable. Chacun dispose de son propre arbre d’aptitudes à débloquer grâce aux monnaies du jeu et surtout de ses propres statistiques (barre de vie, d’endurance et de détermination). On se plaît ainsi à découvrir différents styles de combat au fur et à mesure de l’aventure, bien que l’on soit loin d’approcher des classes typiques des RPG (du genre magicien, voleur etc) réellement différentes. Cette mécanique de jeu tout à fait originale fait donc de Mortal Shell un Souls-like tout à fait intéressant et apporte ainsi une dynamique autre qui n’est pas pour nous déplaire. C’est là que réside l’aspect action-RPG du titre : c’est bien pensé, il y en a ni trop, ni trop peu. L’ensemble étant plutôt bien équilibré et permet de casser ce sentiment de répétitivité que l’on peut avoir très rapidement en farmant sans cesse et sans cesse une même zone, mort après mort. D’autant plus que le bestiaire ne se veut être variée que selon les régions explorées. Au début, vous allez en tuer des bandits squelettiques et peu charmants, avant de passer à d’autres !
Mais ce n’est pas tout. L’une des mécaniques les plus mises en avant depuis le début de leur communication est l’endurcissement. Il s’agit d’une technique, que l’on peut activer avec L2, permettant à notre protagoniste de durcir son corps et ainsi bloquer les dégâts ennemis. Elle est d’ailleurs tout à fait fluide car nous pouvons très bien démarrer une attaque puis enclencher L2 tout aussi rapidement et ainsi se protéger. Par contre, elle n’est pas disponible tout le temps au cours du combat car elle respecte la loi du cooldown, à savoir cette règle imposant d’attendre un certain temps avant que la capacité soit réutilisable. Autant vous dire que cette mécanique est vraiment la bienvenue et permet de se sortir assez efficacement du pétrin. Sans compter sur le fait que le soft se veuille moins punitif en un sens car le premier KO subit n’est pas rédhibitoire. Si l’ennemi fait tomber votre barre de vie à zéro une première fois, il vous éjecte de l’enveloppe charnelle. À ce moment là, nous possédons une courte fenêtre permettant de récupérer le corps du guerrier et retrouver ses PV au max. Encore une petite astuce qui fait bien plaisir et autorise le soft à être bien plus qu’un jeu difficile, voire inabordable. Dans ce sens, Mortal Shell se veut beaucoup plus accessible et devrait plaire aux nouveaux venus, désirant s’essayer à ce genre.
Un soft qui ne manque pas de coquilles
Bien que dans ce type de jeu, cet élément semble probablement moins important pour la majorité tant le gameplay attire davantage l’attention, il convient de revenir un petit moment sur l’aspect visuel du soft. Au niveau de sa direction artistique, Mortal Shell est tout à fait convaincant et parvient à retranscrire une ambiance pesante, terrifiante par moment, et un univers où le risque peut surgir de nul part. Oui, un ennemi n’hésitera pas à retirer les épées plantées dans son propre corps et même décrocher sa tête pour vous la balancer dessus alors que vous êtes déjà dans une zone angoissante, soit des catacombes jonchées d’ossements. Charmant, non ? On retrouve également une palette de couleurs rendant le tout incroyablement sombre, avec de beaux panoramas et des jeux de lumière sympathiques. On a parfois eu l’impression de se retrouver dans des décors tirés d’Hellblade: Senua’s Sacrifice et ça nous a bien plu.
En revanche, certains points négatifs entachent tout de même le tableau et il convient de les relever. On note un downgrade graphique assez important. Plus besoin de le dire, on sait très bien que plusieurs trailers sont souvent de toute beauté et vendent du rêve aux joueurs et aux joueuses. Parfois, la réalité est plus triste et en deçà. Malheureusement, et ce même sur PlayStation 4 Pro, le soft souffre de clipping, d’aliasing et de défauts visuels. Par exemple, empoisonné, un filtre vert envahit les recoins de l’écran. A un moment, nous avons eu une barre verte fluo en bas de l’écran, signalant alors un petit problème d’équilibrage et surtout un bug. Cela n’impacte pas nécessairement le gameplay en lui-même et vous autorise à continuer mais ça a eu tendance à nous extirper du jeu pendant quelques secondes. D’ailleurs, en regardant certains aspects de plus près, on se rend très vite compte que le rendu graphique manque d’un lissage et aurait clairement pu être peaufiné. On ne doute pas que les développeurs retravailleront cet aspect à coups de mises à jour et ce avant la sortie officielle du titre en version physique, fixée au 2 octobre prochain. En revanche, la machine de chez Sony ne ventile pas de façon déraisonnée et ce même sur de longues sessions de jeu.
Néanmoins, chapeau bas pour la bande sonore. Elle est tout à fait réaliste rendant le tout immersif et elle renforce cette sensation de « Je ne sais pas vraiment où je suis, j’ai peur ». Les voix anglaises sont tout bonnement de qualité et favorisent agréablement la découverte du lore de Mortal Shell. Dans ce sens, mention spéciale à la voix de sœur Genesse et celle du Prisonnier à Fallgril.
Verdict : 7 /10
Autant dire que Mortal Shell n’a pas à rougir du travail effectué par From Software sur ses jeux phares tant il parvient à se reposer sur des bases qui fonctionnent déjà très bien tout en apportant de nouvelles mécaniques franchement intéressantes. D’autant plus qu’il se veut être un AA. Il réussit ainsi à s’affranchir des codes très stricts du genre et se veut probablement plus accessible pour la majorité des joueurs et des joueuses. Les aficionados y trouveront également du plaisir. Mortal Shell n’est pas un Dark Souls, et même s’il n’en a pas totalement l’aura (quel jeu pourrait l’avoir après tout ?), il saura se faire une place dans la bibliothèque de chacun. Et si entamer une partie sur les Souls vous fait peur, Mortal Shell semble une bonne entrée pour le genre et un bon compromis, surtout au prix de 29.99 euros.
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