Nous y sommes ! Mortal Kombat 1 est enfin disponible pour les possesseurs de l’édition Ultimate, tandis que les autres devront encore patienter quelques heures, jusqu’à ce mardi 19 septembre pour délivrer leurs plus belles Fatalities. Annoncé à peine trois petits mois auparavant, que vaut ce nouveau volet du jeu de combat ultraviolent de NetherRealm Studios ?
Test réalisé sur PS5 grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur.
Nouvelle Chronologie, Ancienne Menace
Mortal Kombat. Cette magnifique licence de jeu de combat basé sur une ultra violence assumée, où des litres de javel et autres produits nettoyants sont demandés afin de remettre les stages à neuf après passage des combattants les plus sanguinaires. A l’inverse de la concurrence, NetherRealm Studios effectue un suivi plus court de ses jeux de combats. En l’espace de dix ans, nous avons eu le droit à cinq jeux, dont trois Mortal Kombat ! Un studio efficient donc, mais cet excès de productivité ne deviendrait-il pas le revers de la médaille pour la firme américaine, à l’œuvre sur Mortal Kombat depuis 1992. Malgré les qualités évidentes des titres développés par NetherRealm Studios, les dernières productions commencent à afficher certaines lacunes, parfois récurrentes, visibles comme l’éléphant au milieu du salon au fur et à mesure du temps qui passe.
L’une des forces de Mortal Kombat, et plus largement des jeux NetherRealm Studios, c’est son mode histoire. D’un volet à l’autre, les développeurs parviennent à nous proposer une trame distrayante, qui saura vous tenir en haleine. Ici aussi, le résultat fait mouche. Mortal Kombat 1 nous propose, une fois encore, un scénario bien ficelé dans lequel, et suite aux événements de Mortal Kombat 11, Liu Kang, devenu le nouveau protecteur du Royaume de la Terre, a créé une nouvelle timeline grâce au pouvoir acquis après la défaite de Kronika. Dans cette nouvelle chronologie, Liu Kang a tenté de créer un monde équilibré, où les pires antagonistes de jadis sont bien moins puissants. Malheureusement, cet équilibre se voit chamboulé avec l’intrusion d’un élément perturbateur issue d’une timeline parallèle, non désirée par Liu Kang. Demandant environ cinq à six heures de temps de jeu pour être complété, le mode histoire vous permettra de vous familiariser avec une partie du roster et des Kaméos, dont certains ne sont pas jouables en dehors de ce mode. Si l’aventure s’avère divertissante, on pourra tout de même regretter son côté trop « linéaire », vous forçant à jouer des personnages bien précis tout du long des quinze chapitres proposés. Mortal Kombat 11 avait, parfois, la subtilité de nous proposer qui incarner entre deux personnages pour quelques combats clés. Saluons toutefois, la réalisation et la mise en scène soignée, ce qui rend les modes histoires de NetherRealm Studios toujours aussi appréciable à parcourir.
Mortal Kombat 1 introduit également un tout nouveau mode de jeu : le monde Invasions. Prenant la forme d’un jeu de plateau avec des mécaniques de RPG, le mode Invasions vous offre une histoire parallèle à celle du mode Story, dans laquelle vous, le joueur, tentez d’arrêter un Scorpion aveuglé par la rage après avoir perdu sa femme, Harumi. Voyageant de timeline en timeline, Hanzo Hasashi ne semble pas être en mesure de récupérer sa bien-aimée. Pire, elle devient l’épouse de Kuai Liang dans l’une d’elles. Ce mode de jeu vous laissera incarner le héros et le kaméo de votre choix. Vous pourrez, d’ailleurs, changer d’équipe à n’importe quel moment. Après une phase de tutoriel dans le manoir de Johnny Cage, ce seront huit environnements à explorer, dans lesquels s’enchaîneront les confrontations, parfois sous conditions, est où vous pourrez faire progresser votre binôme grâce à un système de leveling. Comptez environ 5 heures pour en venir à bout, la conclusion faisant le teasing d’une potentielle saison 2. Le mode Invasions sera aussi l’occasion de débloquer des skins et autres éléments cosmétiques ainsi que de la monnaie virtuelle. En parlant de monnaie virtuelle, Mortal Kombat 1 en compte trois sortes : Pièces, Krédits Saisonniers et Kristaux du Dragon. Toutes obtenables via le gameplay, seuls les Kristaux du Dragon peuvent aussi être récupérés via le store de votre plateforme de jeu.
Nous retrouvons les iconiques Tours. Malheureusement, ces dernières s’avèrent moins attrayantes que dans l’itération précédente, la faute à un manque de récompense significatif. Avec le gros des gratifications transvasés vers le nouveau mode Invasions, le mode Tours devient, ni plus ni moins, qu’un traditionnel mode arcade pour se faire la main avant, d’éventuellement, aller tâter le mode online pour les plus téméraires. En parlant de ce dernier, il comporte, dans la grande tradition, un mode classé ainsi qu’un mode casual, mais aussi un mode Tournois, parfait pour affronter le monde entier dans des conditions compétitives. Soulignons que le mode online intègre le rollback netcode, corrigeant ainsi les problèmes de latence pouvant être rencontrés sur l’itération précédente avec des joueurs trop éloignés de vous. Pour les autres, du versus local est aussi au programme. Il est à noter également que chaque personnage possède une sorte de Battle Pass gratuit, allant jusqu’au niveau 35. Plus vous jouerez un personnage, plus vous passerez les niveaux et débloquerez des éléments pour ce dernier. Reste à savoir si Warner Bros. Games et NetherRealm Studios prévoient un renouvellement payant de ces Battle Pass via un système de saison, ce qui ne serait pas surprenant.
Parlons enfin gameplay. Dans sa grande tradition, le titre conserve son feeling iconique, un peu lourdeau, dans lequel un combo s’effectue en appuyant sur l’intégralité des touches avant même que l’action n’apparaisse à l’écran. On aime ou on déteste. Pour cet opus, Mortal Kombat 1 présente un système de jeu basé sur l’utilisation de Kaméo, soit un concept où votre personnage principal pourra être assisté brièvement par un autre, en effectuant un coup spécial qui pourra être utilisé en combo ou bien indépendamment, le coup variant selon la position choisie au moment où vous appuyez sur R1, à savoir arrière, neutral ou vers l’avant. Au total, ce sont 23 personnages jouables et 15 kaméos. Il est à souligner que le roster de départ est amoindri de deux personnages en moins comparé à Mortal Kombat 11. De même, et pour la première fois depuis le soft reboot de 2011, le casting de lancement ne propose aucun nouveau combattant créé pour l’occasion. Voilà qui en dit long. Il est aussi curieux de voir des personnages comme Scorpion, Sub-Zero ou Kung Lao être à la fois proposés dans le roster principal, mais aussi dans celui dédié aux Kaméos. N’aurait-il pas été plus judicieux de réserver ces places à d’autres personnages ? Mortal Kombat 1 signe aussi le retour des combos aériens, idée de gameplay introduite dans Mortal Kombat: Armageddon, et disparu depuis lors. Sans nul doute, l’ajout des Kaméos combiné à la présence de combos aériens devrait ouvrir de nouvelles possibilités et réjouir les fans des phases à rallonge, chose ayant été diminuée dans MK11, ce qui n’aura pas été du goût de tous.
Une remise à zero, mais pas sur tout
Malgré la promesse d’un soft reboot de la série, et l’ajout des Kaméo à faire intervenir en combat, Mortal Kombat 1 ne diffère que de peu de son prédécesseur. A certains égards, Mortal Kombat 1 fait même office de régression. Si les critiques vis-à-vis du système de combat de Mortal Kombat 11 pouvaient faire grincer des dents les puristes à juste titre, on peut difficilement le tacler sur le contenu apporté par ce dernier. Mortal Kombat 1 peine à satisfaire, surtout concernant l’aspect customisation des personnages. Là où Mortal Kombat 11 proposait une multitude d’éléments cosmétiques, de taunts et fatalities à débloquer, le contenu apparaît bien plus chiche en comparaison. A titre de comparaison, MK11 nous proposait trois pièces customisables pour chaque personnage contre une seulement dans Mortal Kombat 1. L’opus précédent offrait aussi plusieurs introductions et outros, il faudra faire une croix dessus ici aussi. Si vous appréciez le système de move list personnalisable introduite dans MK11, nous sommes au regret de vous dire que cette feature n’a pas été retenue. Il faudra composer avec les coups spéciaux définis par NetherRealm Studios. Autre absence majeure : La Krypte. Incontournable dans Mortal Kombat depuis des années, la Krypte est la grande absente de ce Mortal Kombat 1. A la place, il faudra faire avec un autel où vous pourrez dépenser 1000 pièces contre un objet aléatoire, allant de l’artwork à l’élément cosmétique. Difficile d’être critique sur ce point néanmoins. La Krypte de Mortal Kombat 11 étant la version la plus dantesque créée, nous pouvons comprendre la complexité à se renouveler pour proposer quelque chose d’aussi abouti.
D’autres points noirs subsistent, et ces derniers concernent les méthodes de NetherRealm Studios. Tout d’abord, en termes de gameplay pur et dur. Encore une fois, Mortal Kombat n’est absolument pas pensé pour un usage hors manette. Comprenez par-là que si vous êtes un joueur inconditionnel du stick arcade, préparez-vous à faire de la contorsion avec vos doigts. Tout le gameplay est pensé autour du support manette. C’est d’autant plus vrai dans le mode Invasion, où le stick droit est mis à contribution, dont l’usage est récurrent depuis quelques productions déjà. A l’heure où l’accessibilité est sur toutes les lèvres, il est dommage que NetherRealm Studios loupe ce coche, préférant axer sur un autre versant uniquement, l’ajout de sous-titres supplémentaires et d’une description audio de certaines actions, dont les Fatalities, pour les personnes sourdes et malentendantes. Un effort à saluer, mais si peu satisfaisant, là ou un Street Fighter 6 a vraiment mis le paquet à tout niveaux.
Puisque nous parlons de l’accessibilité, le mode Apprentissage fourni est l’un des plus paresseux qu’il soit. Si Mortal Kombat 1 fait le boulot pour vous aider à appréhender le gameplay d’une manière générale, on rigole pour ce qui est des Challenges pour découvrir les possibilités de combos par personnage. La moyenne des combos proposés se limite à six exemples, et ce dans le meilleur des cas. Pour d’autres, il faudra faire qu’avec un combo uniquement, et très souvent pas du tout représentatif des possibilités d’un combattant, à l’image de Kitana n’ayant qu’un combo trois hits, et sans utilisation d’un personnage Kaméo. Comble de l’humour, certains challenges sont tout simplement buggés, et ce jusque dans le mode Démo censé vous montrer la marche à suivre pour exécuter l’enchaînement, grâce à un CPU. Mention spéciale au pauvre Havik. Il faudra espérer que ce couac soit corrigé au plus vite, si possible pour la sortie officielle du jeu le 19 septembre pour ceux n’ayant pas acheté l’édition Ultimate.
Peut-être plus tatillon de notre part, il est regrettable de voir qu’en 2023, NetherRealm Studios ne propose toujours pas la possibilité de choisir la langue du jeu dans les Options. Si le geste de Warner Bros. de proposer une VF à l’intention du public francophone est appréciable et bienvenu, qu’il est pénible de devoir changer la langue de sa console s’il on souhaite profiter de la VO. De plus, qui dit changement de langue audio, dit aussi changement des sous-titres obligatoire. Ainsi, vous ne pouvez pas, par exemple, passer le doublage en anglais mais conserver les textes en français. Nous finirons par préciser que Mortal Kombat 1 feature deux stars au casting, avec la présence de Jean-Claude Van Damme en tant que Johnny Cage, mais aussi Megan Fox qui y incarne le personnage de Nitara. Pour bénéficier des traits de notre bon et Aware JCVD, il faudra néanmoins disposer de l’Edition Ultimate du jeu.
Verdict : 7/10
A force de sortir ses jeux tous les quatre ans en moyenne, on finit par se demander si cela ne joue pas des tours à NetherRealm Studios et Warner Bros. Games. Malgré ses qualités et les quelques bons moments éprouvés sur ce nouvel opus, Mortal Kombat 1 fait office de régression à certains égards. Peu d’évolution dans le gameplay, prise en main exécrable sorti du support manette, roster de base et contenu déblocable en retrait par rapport à l’opus précédent, système d’apprentissage mal fichu et pauvre pour découvrir le plein potentiel des personnages, on aurait aimé que les développeurs prennent quelques années supplémentaires pour nous revenir avec un Mortal Kombat efficace en tout point. Certains diront que le système de Kaméo apporte à la série une certaine fraîcheur, mais il s’agit ni plus ni moins que d’une version aboutie du travail entamé dans les itérations précédentes lors des combats sous conditions impliquant la présence d’un personnage en assist. Heureusement, Mortal Kombat 1 a pour lui sa réalisation soignée et son contenu solo, plus précisément, histoire et Invasions sympathiques et divertissants. Bien sûr, le online fait office de figure de proue et saura contenter les fans de la franchise, notamment avec le retour des combos à rallonge et aériens, concept disparu depuis Mortal Kombat: Armageddon.
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