Dans les jeux Monster Hunter, on incarne habituellement des chasseurs qui combattent férocement de multiples monstres tous plus dangereux les uns que les autres (si l’on excepte le drôle Kulu-Ya-Ku ainsi que d’autres énergumènes du genre). Dans Monster Hunter Stories, c’est quelque peu différent : outre un gameplay RPG au tour par tour, on joue le rôle d’un Rider qui préfère plutôt se lier d’amitié avec une ou plusieurs bêtes. Capcom a pris le pari de changer les habitudes de la série avec le premier opus sur 3DS et cette année, on a Monster Hunter Stories 2: Wings of Ruin sur PC et Nintendo Switch. Voyons si la firme japonaise a su voler avec grâce ou si elle s’est plutôt brûlé les ailes.
Test réalisé sur Nintendo Switch grâce à un code numérique envoyé par l’éditeur
Capcom donne des ailes
L’aventure de Monster Hunter Stories 2: Wings of Ruin prend place quelques années après celle du premier épisode. On incarne le petit-fils/la petite-fille (on a le choix mais votre humble serviteur a choisi un garçon, question d’immersion) de Red, héros du tout premier Monster Hunter Stories. Ce dernier n’est plus de ce monde mais il laisse derrière lui de multiples récits de bravoure ainsi que son Monstie – Monster plus Bestie, les monstres amicaux en somme – le Ratha Gardien. Tout semble aller pour le mieux sur l’île Hakolo mais lors d’une cérémonie, les habitants de l’archipel voient avec étonnement le départ de nombreux Rathalos, signe d’un mauvais présage. Lors de son initiation en tant que Rider, personne pouvant dresser et monter un monstre, le personnage principal tombe sur la mystérieuse Ena, une Wyverienne qui a connu le fameux Red. Elle lui confie alors un étrange œuf, provenant du Ratha Gardien. Cet œuf pourrait donner naissance à un Rathalos des plus terribles, capable de détruire le monde à lui seul. Des débuts bien difficiles pour notre Rider.
Dans les Monster Hunter classiques, il faut avouer que l’histoire est plutôt secondaire, même si les derniers opus, Monster Hunter World et Monster Hunter Rise, ont fait quelques efforts de ce côté. Dans un RPG, il faut toutefois passer la vitesse supérieure et heureusement, Monster Hunter Stories 2: Wings of Ruin poursuit la belle transition inaugurée par son prédécesseur. Attention, ne vous attendez pas non plus à une histoire des plus palpitantes, cela reste somme toute classique et les thèmes abordés ne sont guère profonds (vous en entendrez parler de l’amitié). Néanmoins, il est intéressant de voir l’univers de Monster Hunter davantage étoffé sur certains aspects, notamment quand on voit les points de vue des habituels chasseurs face à ceux des Rider, qui s’attachent à certains monstres au point de les nommer Monsties et de vivre en harmonie avec eux.
En outre, l’écriture de Monster Hunter Stories 2: Wings of Ruin se veut efficace et ne manque pas d’humour, avec des personnages et situations loufoques quand la situation le permet. Quant à ceux qui veulent des moments poignants, le jeu possède quelques passages qui devraient plaire, surtout que la mise en scène du titre est exemplaire. En dehors d’un certain manque de suspense et quelques facilités scénaristiques (le héros muet, cela commence à être quelque peu agaçant), l’histoire proposée par Capcom se laisse suivre avec joie du début jusqu’à la fin. À noter qu’il n’est pas absolument nécessaire d’avoir fini le premier opus pour jouer à la suite, malgré quelques références et le retour de certains personnages comme Navirou.
Vol au-dessus d’un nid de Qurupeco
Pour ce qui est du gameplay, Monster Hunter Stories 2: Wings of Ruin suit dans les grandes lignes ce qu’a débuté le premier opus, à savoir un savant mélange entre la formule Monster Hunter et le RPG avec des combats au tour par tour. En dehors des combats, on retrouve quasiment trait par trait ce qui fait le charme de la série de base : personnalisation d’apparence, exploration, quêtes à accomplir, équipement à gérer, etc. Pour ce qui est du voyage, si on n’a pas de déplacements aussi poussés que dans Monster Hunter World et Monster Hunter Rise, on a tout de même la possibilité de monter les Monsties qui possèdent tous leurs spécificités. Par exemple, certains vous permettent de sauter loin tandis que d’autres peuvent vous rendre invisible, de quoi mieux surprendre les monstres à chasser. S’il est vrai que les cartes de Monster Hunter Stories 2: Wings of Ruin sont plutôt linéaires et pas toujours bien grandes, le fait de bouger à dos de monstre est attrayant et bien exploité. Il y a de quoi faire lors des multiples périples grâce à de nombreux objets à collecter, des trésors à découvrir, des petits objectifs à accomplir et, bien sûr, les affrontements.
Composante majeure de Monster Hunter Stories 2: Wings of Ruin, les combats ne fourniront pas de surprises aux amateurs du premier opus tant ils reprennent les mêmes mécaniques dans l’ensemble mais pas de panique, c’est toujours un régal. Pour ceux qui découvrent, on a affaire à du tour par tour avec plusieurs options : actions en selle, attaques de base, talents spéciaux, coups des Monsties, objets à utiliser et, s’il le faut vraiment, fuir. En ce qui concerne les attaques classiques, cela repose sur un système de pierre-feuille-ciseaux, à savoir que la force bat la technique, la technique bat la vitesse et la vitesse bat la force. Simple mais amusant, surtout que les monstres que l’on combat ne reposent pas toujours sur les mêmes tactiques, il faut constamment garder un œil sur leurs attitudes. De plus, Monster Hunter Stories 2: Wings of Ruin utilise avec brio certains codes de la licence comme le fait de devoir briser certaines parties des monstres afin de les mettre à terre ou bien les différentes armes à notre disposition, certaines étant plus adaptées à tel ou tel monstre, tel ou tel membre à enlever, etc.
Outre les aptitudes propres au Rider (utiliser la corne pour améliorer une statistique, changer d’arme pour s’adapter à une situation et on en passe), on peut commander les Monsties et même monter sur eux pour réaliser des attaques spéciales une fois la jauge d’amitié remplie, toutes sont classes et fidèles, de quoi faire sourire les fans. Enfin, avec le bon timing, on peut effectuer des attaques en équipe et il y a de temps en temps des petites séquences de QTE dynamisant le tout. Un système assez solide donc mais qui n’échappe pas malheureusement au sentiment de répétition à la longue, le manque de grandes nouveautés sur la durée n’y étant pas pour rien. Aussi, pour ce qui est de la difficulté, le jeu se veut plutôt simple en général et pardonne vos erreurs grâce à un système de cœurs qui évite la mort d’un coup. Certaines batailles sont tout de même plus difficiles que d’autres et on peut augmenter la vitesse des animations, de quoi perdre moins de temps lorsqu’on rencontre pour la énième fois certains monstres. Vous pouvez également soufflez d’avance, on ne met pas des dizaines de minutes à affronter un Tigrex ou un Anjanath, c’est largement raccourci.
Autre système prenant de Monster Hunter Stories 2: Wings of Ruin, la collecte et la gestion de Monsties bien sûr : tel un dresseur Pokémon, il vous faut collecter des dizaines de bêtes – Capcom a puisé dans tous les jeux principaux, même le tout dernier, ce qui donne un bestiaire conséquent et varié – et pour y arriver, c’est simple, il faut réussir à prendre des œufs dans les tanières. Si c’est cruel pour les parents du monstre, pour vous, c’est un plus non négligeable au vu de ce qu’un Monstie peut faire une fois en votre possession. La plupart du temps, un monstre se repose près des œufs à collecter dans les nids, il ne faut donc pas trop trainer et abuser de la situation. Après avoir pris l’œuf de votre choix, quand il y en a plusieurs, il faut retourner à un village afin de le faire éclore et l’inclure dans votre équipe si le résultat vous plait. Si vous avez des montres en trop, il est possible de vous en débarrasser d’une manière originale, le rite de transmission. En choisissant un Monstie qui va partir, il est possible de prendre un de ses gènes et de le fournir à un autre Monstie de votre choix, lui donnant accès à des compétences inaccessibles autrement. Ce n’est certes pas complexe mais c’est bien vu.
N’oublions pas la présence de prières, octroyant des bonus pour l’exploration et les combats ainsi que la présence de multijoueur, en coopération ou bien en versus. Voilà qui devrait vous garantir plusieurs dizaines d’heures des plus agréables en compagnie de Monsties à votre image, même si l’on regrette l’absence de véritables quêtes secondaires qui auraient pu approfondir certaines relations ou aspects du monde de ce Monster Hunter Stories 2: Wings of Ruin. En effet, pour ce qui est des objectifs secondaires, cela se passe surtout via un tableau de quêtes ainsi que des dialogues anodins et on les réussit même sans y prêter forcément attention. Un poil décevant mais au moins, le contenu de fin de partie est, sans vous spoiler bien sûr, engageant.
Une technique au point ou qui bat de l’aile ?
Monster Hunter Stories premier du nom fait partie des jeux qui ont su se démarquer sur 3DS d’un point de vue visuel, grâce à une direction artistique un peu enfantine sur les bords mais qui ne manque pas de charme. Pour Monster Hunter Stories 2: Wings of Ruin, Capcom a vu les choses en grand : si l’on retrouve un rendu « anime », il est cette fois-ci plus mûr, proposant des décors bien plus fournis et détaillés ainsi que des personnages aux proportions plus réalistes. Le résultat rappelle The Legend of Zelda : Breath of the Wild, un gage de qualité, vous en conviendrez. Pour ce qui est du pur rendu graphique, le résultat est sans appel, c’est d’une toute beauté, même sur Nintendo Switch. Les monstres et les différents peuples que l’on croise sont modélisés avec soin, tout en offrant de multiples expressions et animations que l’on adore observer. Mention spéciale aux techniques « ultimes », réellement impressionnantes, avec plusieurs effets accentuant la puissance de chaque attaque. Pour ce qui est des lieux, Monster Hunter oblige, on a de la variété et contrairement à l’opus 3DS, la vie est bien présente partout et c’est loin d’être vide. Quel plaisir de passer d’une île tropicale à une forêt luxuriante, tout en voyant des villages aux architectures uniques avec des habitants vagués à leurs occupations. Le voyage proposé par Monster Hunter Stories 2: Wings of Ruin est un délice… mais au goût peu amer sur les bords.
Hélas, sur Nintendo Switch, la technique n’est pas toujours optimale. Pour ce qui est de la résolution, c’est net et même en portable, c’est bien ficelé donc nul raison de vous en faire. Par contre, lors de l’exploration, on remarque tout de suite le pop-in agressif avec des herbes qui n’apparaissent qu’à quelques mètres de nous. Aussi, il y a de multiples saccades, surtout lors des affrontements, ce qui gâche un peu la fête mais au moins, ce n’est pas injouable, loin de là (surtout que cela reste un RPG au tour par tour). Il y a également un peu trop de chargements à notre goût, avec plusieurs secondes d’attente entre chaque changement de zone et ça, il y en a tout de même un certain nombre. Dommage car en dehors de ça, Monster Hunter Stories 2: Wings of Ruin offre un ravissement quasi constant pour les yeux.
Finissons avec la bande-son de Monster Hunter Stories 2: Wings of Ruin, reprenant les sonorités typiques de la série avec panache. Les musiques et les bruits causés par les monstres respectent comme il faut les codes de Monster Hunter, garantissant une ambiance exotique, divertissante et épique quand il le faut. Quant aux voix, si certains regretteront peut-être l’absence de VF ou de langue spécifique à la série, on a la présence de voix anglaises et japonaises. Ayant joué avec ces dernières, on peut vous assurer qu’elles sont de bonne facture et que chaque personnage sonne juste, que ce soit dans les moments drôles ou plus sérieux. De quoi s’immerger davantage dans ce RPG qui ne manque décidément pas d’arguments en sa faveur.
Verdict : 8/10
Si Monster Hunter Stories 2: Wings of Ruin ne présente guère de réelles nouveautés, il n’en reste pas moins une suite honorable et qualitative. Perfectionnant la formule de son ainé avec sagesse, il n’échappe pas à certains travers mais au final, on retient surtout une aventure captivante qui a de quoi vous scotcher des heures durant à votre écran. Que vous soyez fan ou non des « vrais » Monster Hunter, Monster Hunter Stories 2: Wings of Ruin s’impose facilement comme l’un des RPG à retenir de 2021. Second essai réussi pour Capcom donc, en espérant un 3ème opus qui ira encore plus loin afin de devenir un incontournable car nous n’en sommes vraiment plus loin.
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