Depuis peu, Sony se rapproche beaucoup du marché chinois, autant du côté du public que de celui des développeurs. Pour ces derniers, l’éditeur a même lancé un programme portant le doux nom de China Hero Project afin de mettre en lumière certains jeux orientaux via des partenariats. L’un des projets phares, c’est Monkey King: Hero is Back, adaptation d’un film d’animation à succès en Orient développé par Oasis Games. Annoncé il y a deux ans avec une cinématique fort prometteuse, le jeu s’est fait plutôt discret durant sa promotion et aujourd’hui, chez nous, ce n’est même pas Sony qui l’édite mais THQ Nordic. Est-ce un mauvais signe (chi… non, je ne ferai pas cette blague) ou une simple banalité ? Prenez votre bâton et votre nuage magique, on va débuter un long voyage vers l’Ouest.
Test réalisé sur PlayStation 4 grâce à une version numérique fournie par l’éditeur
Le grand le vaillant Sun Wukong
Faut-il avoir vu le film pour se lancer dans le jeu Monkey King: Hero is Back ? Non car le début de ce dernier y ressemble beaucoup : tout commence par de forts jolies illustrations montrant le passé de Sun Wukong, aussi nommé Dasheng, le Roi des Singes. Imbu de sa personne et surpuissant, il défie les nombreux dieux afin d’être au dessus de tous. Mais lorsqu’il confronta un jour le grand Buddha, il se fit emprisonner en moins de deux durant 500 ans. Ça, c’est ce qu’on appelle une belle punition. Par chance, il se fait libérer par un jeune garçon, Liuer, et va chercher à se défaire de sa chaîne liée à son bras droit limitant en grande partie ses pouvoirs. Les vestiges de Buddha lui indiquent que pour y arriver, il doit faire le bien, ce qui ne plaît pas trop à Dasheng. Mais il n’a pas trop le choix. Ainsi commence une nouvelle aventure opposant le bien au mal.
Si tout cela sonne plutôt bien, hélas, Monkey King: Hero is Back ne captive pas autant qu’on l’espérait. S’il possède quelques bons passages, bien que clichés, le jeu manque souvent d’impact dans sa mise en scène et dans son scénario. C’est simple, dans la plupart des scènes, on a juste des interactions entre les protagonistes sur la manière d’avancer, le tout avec des animations au rabais et un manque cruel de conviction de la part des acteurs. Aussi, au lieu de jolies illustrations comme au tout début du jeu, on a de temps en temps des passages de l’histoire racontées via des modèles 3D plus ou moins fixes, afin d’imiter un style dessin-animé mais c’est plutôt raté. Côté histoire, ça reste une bête quête de pouvoir et du triomphe du bien sur le mal, le tout sans le charme du film d’animation d’origine à cause de personnages qui manquent de profondeur dans cette adaptation, sauf à de rares occasions. Mais cela ne suffit pas. On est loin en tout cas de ce que promettait le trailer initial de 2017 côté mise en scène. Qu’importe, le plus important dans un jeu, c’est bien le gameplay et de ce côté, Monkey King: Hero is Back s’en sort mieux. Mais pas tellement.
Ce n’est pas à un vieux singe qu’on apprend à faire des grimaces
Vous vous souvenez des jeux des premières années de la 3D avec une simple succession de niveaux, des ennemis à la pelle et quelques objets à collecter ? Monkey King: Hero is Back fait partie de cette école pour le meilleur et, surtout, pour le pire. Ainsi, on explore plusieurs niveaux en avançant simplement à travers des lieux qui proposent une exploration assez sommaire où les seuls secrets à découvrir, ce sont des dieux de la terre permettant d’améliorer ses capacités et des parchemins permettant d’en apprendre plus sur l’univers du jeu, pour peu que cela puisse vous intéresser. Si l’exploration n’est pas très intéressante, c’est surtout à cause de la lenteur du héros : Dasheng est lent, vraiment lent, même avec sa capacité à courir vite qu’on peut débloquer par la suite. Bien que les niveaux ne soient pas très grands, ce n’est pas une excuse pour fournir des déplacements et sauts manquant autant de fluidité. On a vu bien mieux dès les débuts des jeux 3D dans les années 1990. Ainsi, on n’éprouve aucune joie à parcourir les niveaux, surtout que les quelques phases de plates-formes ne procurent aucun challenge. En outre, de nombreux objets tels que différentes plantes et insectes peuvent être collectés mais cela sert uniquement de « monnaie » pour la marchande vendant soins, élixirs, etc. Simple, efficace mais déjà vu.
Cependant, le point principal de Monkey King: Hero is Back, c’est sa partie combat et là, c’est déjà un peu mieux mais une fois de plus, c’est hélas loin d’être dénué de défauts. Ainsi, Dasheng peut effectuer des coups rapides en combo, frapper fort, esquiver, utiliser différents sorts, faire exploser sa rage afin de gagner en puissance ou bien utiliser certains objets de l’environnement pour affronter ses ennemis. Tout se fait plutôt simplement, surtout les sorts qu’il faut simplement activer en bloquant le temps avec R1. Une fois lancés, Dasheng ne peut être arrêté pour la plupart. Pratique mais pour la difficulté, on repassera. S’il y a un bon feeling lors de certains coups, la sensation d’impact et la multitude d’attaques spéciales offrant un peu de fun, les combats manquent de précision à cause, une fois encore, de la lenteur et de la lourdeur du héros. Il y a une certaine latence entre les pressions de touches et la réalisation des actions, donnant une impression de jouer au ralenti ou avec du lag.
De plus, le bestiaire et les boss sont tout simplement une honte pour une production moderne : on abat souvent les mêmes trolls, singes maléfiques, armures spectrales, etc., avec très peu de variété (sans rire, la plupart des changements sont surtout des couleurs et une ou deux subtilités). Il en est de même pour les boss, avec lesquels il y a beaucoup de recyclage. Seule une petite poignée reste sympathique à affronter, sans qu’ils ne soient renversants pour autant. La lenteur et le manque de difficulté freinent grandement le plaisir de Monkey King: Hero is Back, de nombreux coups partant nulle part et les ennemis étant faciles à affronter, puisqu’il suffit d’esquiver quelques fois et d’abuser des attaques fortes/sorts tout en se soignant de temps en temps via le menu pause (on vous le dit, c’est vraiment facile). Au niveau des sorts, on peut créer une danse de flammes, utiliser ses poils de singe comme des épées volantes, invoquer un bâton, un petit banc, etc. Les résultats sont parfois amusants et plaisants à regarder, surtout quand une série de QTE s’enclenche pour donner lieu à des animations aussi violentes qu’exagérées, procurant ainsi un peu d’amusement malgré tout. On peut également améliorer Dasheng en collectant assez d’orbes et dieux de la terre en explorant les niveaux, afin que les sorts soient meilleurs tout comme la santé, la magie, l’attaque, la défense, etc. Cependant, tout cela reste assez basique et 1000 fois revu, en faisant une aventure vite redondante. Pour résumer le gameplay de Monkey King: Hero is Back, c’est comme si on avait un jeu vieux de plus de 10 ans avec quelques bonnes idées ici et là mais sans la qualité de productions comme Jak, Spyro, Crash, Sly et bien d’autres titres du genre. On sent grandement que les développeurs font face à leur premier jeu du genre mais pour une production qui se veut ambitieuse, le produit final est bien éloigné des standards d’aujourd’hui. Même ceux d’avant.
Le singe, lui aussi, tombe de l’arbre
Monkey King: Hero is Back peut au moins se défendre un minimum du côté de la présentation visuelle et sonore. Sans être le plus beau jeu de l’année, le titre d’Oasis Games sait offrir la plupart du temps des décors charmants (bien que manquant de vie, même si c’est en partie expliqué par le scénario) avec de beaux effets de lumière, des modélisations tout à fait correctes et des textures efficaces, bien qu’il y ait quelques zones faisant davantage penser à un jeu de l’ancienne génération au niveau de la complexité géométrique. Les personnages, eux, ont eu droit au plus gros soin, notamment Dasheng qui est animé et modélisé comme un charme. Le voir s’exprimer d’ennui, de colère ou autre reste plaisant tout au long du jeu. Bref, visuellement, ce n’est pas non plus une prestation qui va graver les mémoires (pour rester dans le genre cartoon, le jeu Ratchet & Clank de 2016 est bien au-delà et c’est un gros remake d’un jeu PlayStation 2) mais cela fait le travail, tout simplement, avec quelques hauts et bas. En parlant de bas, gros point noir à signaler malgré tout : les temps de chargement, beaucoup trop nombreux et participant grandement au cassage de rythme lors de l’exploration. Pour tous les bâtiments, il en faut obligatoirement un et même lorsqu’il suffit parfois d’avancer simplement, les zones sont coupées par des petites boules de lumière blanche. Déjà, ça brise l’immersion et en 2019, voir cela dans un titre avec de si petits niveaux, c’est limite scandaleux.
Cependant, on ne peut nier qu’un certain charme se dégage du jeu grâce à ses musiques. Utilisant de nombreux instruments chinois, Monkey King: Hero is Back offre une bande-sonore digne de son univers visuel, à savoir charmante. Bien qu’il y ait peu de chances qu’un thème vous marque à jamais, les musiques offrent une belle immersion et aident à supporter les aléas du gameplay. Un poil dommage que certaines compositions de boss manquent de peps. Pour ce qui est des voix, on a essayé la version française et si Dasheng est joué de manière convenable, la plupart du temps, c’est plutôt moyen voir carrément insupportable. La palme revient au petit garçon accompagnant le héros, Liuer, qui crie souvent « Monstres ! » de manière irritante en poussant des cris et se permettant de faire constamment des remarques inutiles. Certes, le jeu se destine avant tout à un jeune public mais il ne faut point exagérer. Bref, un des nombreux points négatifs qui ne fait qu’alourdir le bilan pour ce pauvre Monkey King: Hero is Back qui aurait mérité de bien plus de temps de développement qu’il n’en faut pour le finir (car oui, le jeu est également assez court, moins de 10 heures étant nécessaires pour en venir à bout).
Verdict : 4/10
Sur le papier, Monkey King: Hero is Back avait tout pour plaire : un univers drôle, épique et onirique, des personnages pouvant autant plaire aux enfants qu’aux adultes, des combats et de l’exploration prenant pour source les légendes chinoises… Hélas, un tas de défauts viennent grandement gâcher le plaisir. Bien qu’il ne soit pas totalement à jeter, pouvant même offrir quelques sourires et moments de plaisir sincère, il y a beaucoup trop de choses qui semblent provenir d’un autre temps, pas en bon qui plus est. On comprend mieux pourquoi Sony a évité de promouvoir davantage le titre chez nous, au point de refiler l’édition à un autre. À moins de vraiment aimer le film d’origine ou d’avoir un faible pour les jeux cartoon, nous ne vous conseillons pas ce Monkey King: Hero is Back, tant il y a de nombreux jeux meilleurs dans son genre.
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