Notre exemplaire presse de Mass Effect: Andromeda s’étant égaré dans un coin de la galaxie, nous vous proposons ce test du jeu avec un certain retard. Heureusement, cela nous a aussi permis de profiter des derniers patchs mis en ligne par Bioware. Ce quatrième opus a été la cible de nombreuses critiques depuis son lancement, mais est-ce vraiment mérité ? Voici notre opinion, après avoir parcouru cet univers vaste… mais aussi un peu vide.
Avec sa communication assez bancale et sa date de sortie qui est arrivée de nulle part, le quatrième opus de la célèbre franchise développée par Bioware a connu des mois bien difficiles, non seulement aux yeux de tous, mais aussi en coulisses. Des départs importants ont provoqué pas mal de remue ménage chez le studio canadien mais au final, la galaxie d’Andromède nous a finalement ouvert ses portes fin mars. Ce test a été long (notre jeu ayant décidé de rester en orbite un moment) et c’est donc aujourd’hui que nous vous proposons notre ressenti plus que mitigé. Comme cela a été annoncé, plusieurs correctifs seront mis en ligne dans les deux prochains mois afin d’améliorer la qualité globale du titre. Hélas, des défauts majeurs viennent entacher nos retrouvailles avec cet univers pourtant si immersif, que nous ne demandions qu’à explorer… Cette fois, nouveau casting, nouvelle intrigue et décors inédits rythment notre aventure qui se détache clairement, autant dans sa forme que dans son fond, des aventures du commandant Shepard.
« Je dois y aller… »
Cette fois, c’est Ryder qui est le protagoniste principal du jeu. En début de partie, nous avons la possibilité de débuter avec un personnage féminin ou masculin, personnalisé ou déjà généré. Il y a plusieurs option de customisation que les fans apprécieront. Puis, l’intrigue se met en place lorsque notre héros sort de sa capsule cryogénique après un voyage de 600 ans en direction de la galaxie d’Andromède. Là bas, les espèces de la voie lactée, dont les humains, espèrent pouvoir coloniser de nouvelles planètes et donc se trouver de nouveaux foyers. Hélas, comme vous pouvez vous en douter, rien ne va se passer comme prévu et quelque chose va entrer en collision avec le vaisseau. Il s’agit du Fléau, une sorte de nuage qui se balade dans l’espace en détruisant tout sur son passage. Cette « chose » a aussi une influence directe sur le climat des planètes. Ainsi, celles qui pouvaient être habitables deviennent très hostiles et c’est au joueur de régler le problème. C’est dans ces conditions que notre avatar est officiellement nommé pionnier de l’expédition (suite à des événements que nous n’évoquerons pas), ce qui signifie qu’il prend les rennes de l’équipage. C’est à nous de trouver un foyer pour les humains, de déployer des avant-postes ou encore d’éliminer la terrible menace Kert, des aliens qui réduisent d’autres espèces en esclavage et qui veulent asseoir leur domination.
Le contexte de Mass Effect: Andromeda est très intéressant puisqu’il place le joueur dans la peau de « l’étranger » dans cette galaxie encore inexplorée. Tout reste à faire sur ces terres qu’il faudra « coloniser » pour bâtir un futur sûr pour nos enfants. Cependant, Bioware n’a pas réussi à transformer cette ambition en quelque chose de véritable crédible à l’écran. Si les choix moraux sont de retour durant les dialogues avec les personnages, les situations restent assez convenues, avec le stéréotype de l’humain qui vient en paix et qui est ensuite forcé de sortir les armes pour se défendre. C’est très simple, les développeurs ne vont pas au fond des choses et l’écriture, qui était une qualité indéniable de la première trilogie, reste trop superficielle et ne réussit jamais à convaincre. Le postulat de départ est ambitieux mais il est vite relégué au second plan par une multitude d’imperfections que même les plus gros patchs auront bien du mal à corriger. Car après les The Witcher 3, The Legend of Zelda: Breath of the Wild et autres Horizon: Zero Dawn, ce nouveau Mass Effect devait élever le niveau comme jamais pour parvenir à sortir son épingle du jeu. Malheureusement, la construction de ce quatrième épisode finit par nuire plus qu’elle ne satisfait.
Le verre à moitié plein
Mass Effect: Andromeda est beaucoup plus ouvert que ses prédécesseurs. Les planètes explorables (qui se comptent sur les doigts d’une main) offrent de vastes étendues avec des ennemis, des quêtes secondaires et quelques grottes à explorer. Dans l’ensemble, cet « open-world » n’est qu’un prétexte à balader le joueur, tant les décors sont vides et les quêtes secondaires disponibles très superficielles. Il faut généralement aller chercher tel objet, tuer tels groupe d’ennemi à l’autre bout de la planète et il faut même parfois changer carrément de système solaire pour gagner des récompenses souvent très classiques. Le jeu abuse aussi d’un nouvel outils : le scanner. Il faut constamment utiliser la croix directionnelle pour scanner à tout va un objet ou des corps, ce qui permet aussi de gagner des points pour développer son arsenal. Tout est prétexte à sortir ce fichu scanner ! En réalité, la plupart de ces missions annexes sont là pour faire du remplissage, comme si elles avaient été ajoutées au dernier moment. La narration est totalement mise de côté pour laisser place à des objectifs lambda du genre : « Il faut récupérer le marteau dans le volcan à 10 kilomètres et le rapporter sur la planète à l’autre bout de la galaxie ». De plus, cet épisode renoue avec les systèmes solaires qui ne servent à rien et qui sont seulement là pour décorer, comme dans les précédents opus. La saga vaut mieux que ça surtout que la quête principale ne se montre pas non plus des plus passionnantes. L’écriture y est classique et les moments de bravoure très surfaits.
Ce qui fait la force de Mass Effect: Andromeda, c’est son univers et son ambiance globale. La bande originale est réussie et certains panoramas sont bluffants. La sensation d’être perdu en terre hostile est omniprésente. De plus, l’action n’est jamais bien loin puisque les gunfights nécessitent une pointe de tactique. Déjà, il faut choisir ses coéquipiers en fonction des pouvoirs que votre Ryder maîtrise. Avoir une escouade complémentaire est quelque chose d’essentiel. Le joueur peut choisir parmi de nombreuses armes (pistolets, fusils d’assaut, fusils à pompe, fusils à précision…) et plusieurs pouvoirs (technologiques, biotiques…). La personnalisation est au centre du gameplay puisque le joueur peut choisir quelles habiletés débloquer au fur et à mesure qu’il passe les niveaux. La dimension RPG est toujours très fouillée avec la possibilité de récupérer des plans pour fabriquer son propre équipement à l’aide de ressources récoltées ici et là. C’est très simple, il est presque possible de se passer intégralement des boutiques et de tout créer soi-même. Mettre le paquet sur les pouvoirs surnaturels peut même reléguer les armes plus traditionnelles au second plan. Cette liberté laisse vraiment des possibilités intéressantes au joueur.
Personne n’est parfait !
Hélas, tout cela est entaché par de nombreuses lacunes qui seront, espérons le, bientôt corrigées. Que ce soit dans les menus (avec des objectifs de quête qui restent affichés même une fois la mission terminée), au niveau des graphismes (avec beaucoup d’aliasing, de popping et les fameuses animations faciales), de la bande son (qui se coupe parfois) et des chargements relativement nombreux, un problème est vite arrivé pour nous rappeler que nous sommes face à un jeu indigne de qu’il est possible de faire aujourd’hui dans le milieu du jeu vidéo. Les quelques puzzles restent aussi très rudimentaires et se présentent sous forme de Sudoku pour activer certains mécanismes. Sans oublier l’éternel scanner qui ressort absolument tout le temps. Bioware est capable de faire mieux dans ces domaines et l’a prouvé à de nombreuses reprises par le passé. L’accouchement de Mass Effect: Andromeda a été des plus compliqués et tout a été fait pour augmenter artificiellement la durée de vie qui est donc très conséquente. Par exemple, les relations amoureuses qui devaient être plus approfondies dans cet opus demeurent au final bien classiques, en partie à cause du casting beaucoup moins charismatique de notre équipage. L’impression d’être face à un spin-off pris un peu par dessus la jambe est bien réelle.
Soyons clairs, Mass Effect: Andromeda n’est pas un mauvais jeu mais il est indigne de son héritage en bien des points. S’il est facile de s’abandonner dans cet univers pour explorer les étendues de sable, les montagnes enneigées ou encore les forêts denses, le retour à la réalisé se fait rapidement à cause d’imperfections constantes et omniprésentes. La version PS4 souffre en plus de gros ralentissements et même plusieurs freezes apparaissent de temps à autre. Tout est fait pour casser l’ambiance comme par exemple lors des dialogues lorsque l’animation de notre interlocuteur ne se déclenche pas. Mais malgré cela, le jeu garde un certain charme que les fans de la série n’auront aucun mal à sentir. Si des détails peuvent agacer, l’envie de continuer l’aventure est pourtant bien installée. C’est un vrai sentiment contradictoire qui se laisse ressentir lorsque nous parcourons ce quatrième épisode. Si bien que le multijoueur reste dans l’ombre car Mass Effect a toujours brillé par son solo prenant et intense. Si cette ultime histoire peine à convaincre, les qualités sont bien là malgré l’impression de parcourir un jeu en accès anticipé. Nous avons l’exemple vivant d’un jeu sorti trop tôt, malgré de longues années de travail. Espérons que, comme un bon vin, il se bonifiera avec le temps.
Verdict
Mass Effect: Andromeda laisse un goût amer dans la bouche, la faute à de trop nombreux bugs, des quêtes secondaires sans intérêt et un cruel manque de profondeur au niveau du scénario. Heureusement, l’ambiance, l’aspect RPG et la patte « Mass Effect » sauront ravir les fans de la saga. Étrangement, ce quatrième opus donne l’impression de sortir bien trop tard par rapport à l’expérience qu’il propose, alors que techniquement il est sorti bien trop tôt. L’exigence doit être de mise pour ces grosses productions et de tels errements font forcément tâches en 2017. Espérons donc que Bioware améliorera rapidement son titre afin d’offrir une expérience décente à ceux qui sont déjà passés à la caisse.
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