Super-héros des générations passées, actuelles et futures, Spider-Man nous a tous plus ou moins marqué dans notre vie. Que ce soit sur les vieilles pages de comics depuis son apparition en 62, dans la série TV animée de 94 ou alors à son mythique début sur le grand écran derrière la caméra de Sam Raimi en 2002, l’homme-araignée fictif est aujourd’hui mondialement connu. Du côté du jeu vidéo aussi, beaucoup d’entre vous ont sans doute côtoyé au moins l’une de ses adaptations sur les diverses consoles de salon et portables. Les éditeurs et développeurs se sont succédé, pour des genres et qualités différentes, et aujourd’hui – lassé de ne pas assez convaincre – Marvel est décidé à adopter une nouvelle feuille de route. Le géant américain veut désormais faire appel à des studios déjà très expérimentés, et leur laisser davantage de liberté pour espérer obtenir un succès auprès de la critique. Quelques projets intéressants sont ainsi prévus, avec pour démarrage le Marvel’s Spider-Man de Insomniac Games. Exclusivité PS4, Sony profitant de ses droits sur le Tisseur, le jeu des créateurs de Spyro, Ratchet & Clank et Resistance nous est parvenu plusieurs jours en avance afin que nous puissions vous en livrer un verdict complet. Est-ce que le pari est tenu sur cette production tant attendue ?
Test tissé sur PS4 Pro à l’aide d’une version numérique fournie par l’éditeur
Un héros plus que spectaculaire
Depuis sa création, Spider-Man a connu un nombre incalculable d’histoires, d’alliés et d’ennemis. Si vous connaissez sans doute tous le nom de Peter Parker, il faut savoir qu’il existe de multiples histoires parallèles contenant même, dans certains cas, des Spider-Man avec une identité différente. Ce concept de multivers s’appelle le « Spider-Verse » (bientôt relaté au cinéma avec Spider-Man: New Generation) et si nous en parlons ici, c’est parce que l’histoire du jeu est bel et bien reconnue par Marvel. Avant même sa sortie, le Peter Parker de Marvel’s Spider-Man s’est en effet glissé dans les comics au travers d’une préquelle et d’un featuring dans Spidergeddon #0, un « honneur » pour Insomniac Games.
Au sein de cet univers, Peter est un super-héros depuis huit bonnes années. Marvel a bien compris avec Spider-Man: Homecoming que les origines n’intéressaient plus personne tant elles sont déjà connues, ce pourquoi il n’y a pas une seconde à perdre : après une cinématique dans son appartement – mettant en valeur sa panoplie de gadgets, journaux et post-its – le jeune homme se réveille sur une alerte de police, enfile son costume classique, puis s’élance depuis sa fenêtre en plein New York. Au tour du joueur de prendre alors immédiatement la relève, une pression sur la touche R2 dans les airs et la toile se lance, s’accroche sur les surfaces environnantes. Votre rêve d’enfance est là, vous êtes Spider-Man. D’une facilité déconcertante, le système de déplacement intrigue au départ mais vous inspire confiance au bout d’une poignée de minutes, sous des mélodies semblables à celles de Danny Elfman. Nous en revenons aux interviews et autres articles, relatant le fait que les développeurs ont beaucoup misé sur la crédibilité de ces mécanismes, puisqu’il faut obligatoirement un support à proximité afin de se balancer avec sa toile (fini la vieille époque où seul le ciel suffisait !). Mais Peter a de l’expérience, il est plus qu’un simple acrobate, il peut courir/se suspendre sur les murs, viser avec L2 un endroit pour s’y accrocher, voire même se propulser pour ensuite se catapulter avec L2 + R2. Dès l’instant où un petit curseur blanc apparaît, vous pouvez vous amuser à reproduire la dynamique introduction de The Amazing Spider-Man 2, en se faufilant entre les structures comme s’il s’agissait de votre propre maison, n’en déplaise à J. Jonah Jameson.
Une fois sur place, sous l’appel du capitaine de police Yuri Watanabe, vous vous retrouvez face à des délinquants… l’occasion rêvée d’apprendre à vous combattre n’est-ce pas ? Après tout, l’un des autres aspects majeurs qui caractérise l’homme-araignée reste sa force surhumaine, en plus de son agilité. D’une simple pression sur la touche triangle, Spidey se propulse sur le premier ennemi en visuel afin de lui donner la petite correction. Basé sur le système de combat populaire des Batman Arkham, Marvel’s Spider-Man profite du contexte afin d’aller beaucoup plus loin qu’une simple inspiration, avec d’ailleurs le célèbre « spider-sense ». Lorsqu’un ennemi s’apprête à vous agresser, une aura s’affiche autour de la tête du héros afin de le prévenir du danger imminent, vous permettant d’esquiver correctement les coups mais aussi les balles. Au détriment d’un quelconque moyen de se défendre, et même l’absence étonnante d’un mécanisme de verrouillage, cette rapidité d’exécution permet d’enchaîner avec un bon timing la horde de vilains. Avec vos poings, il n’y a pas beaucoup d’attaques possibles, si ce n’est le combo à l’aide de la touche carrée. Ceci étant dit, il y a plusieurs combinaisons à votre disposition pour vous avantager, comme des enchaînements dans les airs, l’utilisation de vos pouvoirs et de vos gadgets (nous en reparlerons plus bas). La touche finale, c’est la présence d’une jauge spéciale pour – au choix – se soigner ou alors terrasser instantanément quelqu’un. Avec la difficulté par défaut, les ennemis ne sont pas des plus violents ce qui, en plus de toutes les chorégraphies réussies, fourni au joueur l’illusion de sur-puissance. L’idée d’être un héros expérimenté est d’autant plus marquée lorsque vous vous mettez à enchaîner plus de 50 combos, en achevant un ennemi dans les airs, esquivant une balle en faisant un salto arrière, pour finir sur une prise fatale.
Les bases du déplacement et du combat désormais maîtrisées, vous allez rapidement vous rendre compte que vos vieux ennemis ne sont décidément pas prêts à rester en prison. En témoigne la présence du Caïd (alias Wilson Fisk, vu à la télévision dans la série Netflix Daredevil) et pleins d’autres iconiques vilains dans des phases de boss jouissives, que nous nous réservons de vous dévoiler pour la surprise. En tout cas, huit années plus tard, Peter se voit toujours embarqué entre les affrontements contre la vermine de New York et sa vie personnelle. L’intrigue principale est en effet ficelée en trois actes, où sont éparpillés plusieurs chapitres sans costume. Peter veille sur sa tante May qui s’occupe du refuge pour démunis F.E.A.S.T., essaye de gérer ses problèmes de cœur, et mène aussi son travail de scientifique/chercheur avec son mentor le Dr. Octavius. L’homme est souvent débordé, en témoigne les nombreux retards mentionnés au téléphone, mais fait de son mieux afin d’être présent auprès de ses proches. Les fans du Tisseur seront ravis de retrouver énormément de personnages connus des comics, dont certains que vous avez déjà dû apercevoir dans les trailers comme Norman Osborn et Mary Jane. Si certains d’entre eux ont une situation différente dans cet univers, quelques surprises – jusqu’au générique de fin – ont de quoi nous rendre impatients sur les plans futurs de Marvel. Mention spéciale aux excellents doublages VO mais aussi VF (Donald Reignoux !), notamment avec le lot de blagues et monologues du Tisseur des familles, bien qu’il soit dommage de devoir changer la langue de la console afin de pouvoir sélectionner le casting souhaité.
La ville qui ne dort jamais
Originaire de Brooklyn, notre cher Peter Parker a toujours défendu sa ville natale : New York. Pour Insomniac Games, suite aux précédents jeux de la franchise et avec l’évolution graphique des consoles actuelles, il était évident que la meilleure option possible était un monde ouvert, afin de profiter au maximum des capacités de Spider-Man. Le titre reproduit ainsi une partie de la mégalopole, ou plus précisément l’intégralité de Manhattan, modifiée pour l’occasion. Si les véritables quartiers et la majorité des monuments historiques sont là, la touche Marvel ne se fait pas attendre avec des rajouts comme la tour Oscorp Industries, le QG des Avengers, le sanctuaire de Dr. Strange et beaucoup d’autres clins d’oeil aux autres super-héros du géant américain (signe d’un prochain univers partagé ?). Visuellement, le rendu se veut très joli sans pour autant se placer comme la plus grosse claque graphique de l’année. Tout dépend de la météo du moment en fait, qui n’est d’ailleurs pas dynamique mais plutôt en fonction de l’aventure. A l’instar de plusieurs autres grosses productions, le titre paraît assez terne en pleine journée, tandis qu’au coucher de soleil ou de nuit le résultat captive l’oeil. Ceci étant dit, le jeu se démarquera plutôt finalement, au-delà de son gameplay, grâce à des performances des plus réussies avec un framerate très constant (30fps) et de loin le monde ouvert le plus vivant qu’a connu Spider-Man à ce jour. Les précédents développeurs ont déjà pu nous proposer un New York modélisé, mais il est ici question de rues remplies de voitures et de passants. Le studio offre un pari réussi, même s’il a encore du travail à faire sur les grossières textures au loin qui ne sont pas censées être bien visibles, avec une crédibilité aux petits oignons. Tout y est pour impliquer le joueur dans ses responsabilités, avec la possibilité – bienvenue – de pouvoir interagir avec les habitants. D’un simple bouton, il est possible de saluer les citoyens voire même prendre des selfies avec eux, quand ils ne crient pas déjà votre nom. Des petits détails renforçant votre image rêvée du super-héros, et qui confirment l’expérience de Insomniac Games sur les open-worlds depuis Sunset Overdrive.
Ce qui est assez amusant, c’est de constater au bout de longues heures que Marvel’s Spider-Man est un plaisir à jouer avant tout pour… ne rien faire de concret. Ce que nous voulons dire, c’est que la jouabilité est tellement maîtrisée avec le système de toiles et de parkour que l’envie de se balader surpasse celle de faire l’histoire, intéressante mais trop prévisible pour les connaisseurs. Il faut dire que Manhattan regorge d’activités annexes et d’objets à collecter pour les adorateurs du 100%/platine. Nous pouvons, par exemple, citer les sacs à dos accrochés aux quatre coins de la carte contenant des souvenirs des précédentes aventures de Peter. En grosse référence à ses années de lycée, où l’adolescent était obligé de s’enfuir discrètement afin de combattre le mal, les objets permettent entre autres de constater que les origines restent presque intactes. Les fans pourront par exemple retrouver plusieurs références aux anciens costumes des méchants, des restes du métier de livreur de pizza ou bien entendu du photographe pour le Daily Bugle. D’ailleurs, pour rester dans le sujet, il est aussi proposé de photographier plus de 50 bâtiments mythiques de la ville avec l’appareil photo que Spidey porte tout le temps sur lui. Un moyen sympathique de faire hommage au temps où il travaillait encore pour le grincheux J. Jonah Jameson, toujours présent dans cet univers sous la forme de chroniques radio aussi bien absurdes qu’hilarantes. Ceci étant dit, il y a aussi des quêtes parallèles qui sont dénuées d’intérêt (attraper des pigeons ?!), et une partie des missions annexes même dispensables, ce qui nous tend – peut-être – à plutôt viser en priorité les futurs DLC pour des ajouts alléchants après le final en apothéose de l’aventure.
Pour rallonger la durée de vie d’une vingtaine d’heures environ par défaut, notre cœur s’est au final plutôt penché vers les nombreux challenges, destinés aux amoureux du scoring. Au début de cet écrit, nous relations les mérites de notre Spider-Man des familles, mais il faut noter tout de même que l’alter-ego masqué de Peter n’est pas tout de suite amené à rentrer dans l’action ou à désactiver des bombes plus vite que Quicksilver. Il peut être en effet amené à la jouer davantage stratégique, avec des affrontements discrets au travers d’infiltrations et investigations. Là encore, petite pensée à Batman Arkham en observant tous les moyens mis à disposition afin de mettre à terre les ennemis grâce aux toiles : en suspension sur un poteau, collé à un mur ou au sol… Tous les moyens sont bons afin de ne pas se faire alerter, notamment dans tous les camps et champs de construction pris d’assaut par les criminels. À ce sujet, sachez que notre ami Spider-Man peut monter de niveau (jusqu’à 50) afin de développer de nouvelles compétences dans un arbre dédié dans le menu. En trois parties distinctes, les aptitudes se divisent entre l’attaque, la défense et le déplacement. Nous y retrouvons – pour ne citer qu’eux – le moyen de désarmer les ennemis à distance, d’enchaîner deux attaques fatales ou la possibilité d’augmenter drastiquement des sauts en parkour. De même, Peter Parker se la joue scientifique avec une petite palette de gadgets satisfaisants à sa disposition, où certains peuvent se relever véritablement pratiques en combat. Etant donné qu’il existe différents types de malfrats, une spider-bombe pourra vous sauver la vie pour bloquer les colosses. Ou, pour une approche plus sûre, un piège à toile saura éliminer les gêneurs. A tout ceci, s’ajoute tous les costumes à fabriquer en utilisant les ressources gagnées avec les missions annexes : s’ils paraissent cosmétiques au premier abord, chaque costume vous permettra de débloquer des attaques spéciales spécifiques, que vous pourrez ensuite combiner à volonté avec des améliorations. Être un super-héros, ce n’est pas donné.
Verdict : 9/10
Difficile de le réaliser et le dire après tous les jeux qu’a pu connaître Spider-Man et pourtant, Insomniac Games signe sa toile de maître pour un départ des plus rassurants sur le prochain avenir de Marvel dans le monde vidéoludique. Des premières minutes jusqu’au générique de fin, le rendu ne peut qu’émerveiller les fans pour la multitude de références et la fidélité admirable faite aux aventures papiers et visuelles du super-héros. En toute simplicité, Marvel’s Spider-Man est un jeu fait par des passionnés, signé comme le plus grand des cadeaux pour les passionnés. S’agit-il du fameux « jeu de l’année » pour autant ? L’affirmer serait exagéré, tant il est indéniable que l’expérience comporte des défauts notables entre des limitations graphiques, quelques choix douteux dans le contenu et un scénario fidèle mais prévisible. Reste que le studio nous livre ici un opus vraiment divertissant, qui tire parti du meilleur connu pour le justicier avec des déplacements et un système de combat aux petits oignons, donnant envie de s’y replonger à tout moment. Espérons qu’une suite sera prévue dans les années à venir !
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