Marvel’s Spider-Man 2, suite très attendue du hit de 2018, sera disponible le 20 octobre prochain en exclusivité sur PS5. Le titre promet du très lourd avec la possibilité d’incarner Peter Parker et Miles Morales dans un même jeu, mais aussi avec la présence de Venom, personnage iconique, comme l’un des antagonistes majeurs du jeu. Entre nos mains depuis quelques semaines déjà, il est maintenant temps de voir si ce volet est à la hauteur des espérances.
Test réalisé sur PS5 grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur.
Hello New York !
Cinq ans se sont écoulés depuis que Marvel’s Spider-Man a crevé l’écran, redorant le blason d’un héros dont les dernières adaptations étaient loin d’être des plus réussies. Pour certains, il faut remonter au Spider-Man 2 de 2004, adapté du film de Sam Raimi, quand pour d’autres, le Spider-Man de la PS1 reste le seul et unique indétrônable. C’est ainsi qu’un certain jour de juin 2016, en plein E3, Insomniac Games créa l’événement en présentant son premier trailer d’un jeu Spider-Man à gros budget, dans la lignée de ce que Rocksteady avait engendré avec sa trilogie des Batman Arkham, toujours considérée comme la série en haut du podium des adaptations de Comics en jeu vidéo. Marvel’s Spider-Man fut un incontestable succès et accoucha bien vite de trois DLC pour rallonger le plaisir, ainsi que d’une aventure standalone pour introduire Miles Morales dans ses premiers pas sous le masque de l’homme araignée : Marvel’s Spider-Man: Miles Morales. Avec l’officialisation d’un deuxième jeu lors du PlayStation Showcase de 2021 qui mettrait au cœur de l’intrigue Peter et Miles, ensemble, face à l’antagoniste le plus iconique qu’il soit, Venom, la hype était à son maximum. Marvel’s Spider-Man 2 serait-il le jeu Spider-Man ultime ? C’est ce que nous espérions tous.
Marvel’s Spider-Man 2 prend place quelques années suivants les événements du premier jeu, ainsi que du standalone dédié au jeune Miles Morales dans ses premiers jours en tant que Spider-Man. Peter s’apprête à faire des débuts comme professeur, tandis que Miles doit penser aux études supérieures et à intégrer une fac de musique, pour faire de son principal hobby son art de vivre. Tout pourrait aller bien dans le meilleur des mondes, si seulement de nouvelles menaces ne pointaient pas le bout de leur nez. Un chasseur aux méthodes d’un autre âge, Kraven, débarque à New-York City, menant une véritable traque dans le but de trouver celui ou celle qui parviendra à le terrasser, tandis que le symbiote utilisé dans le traitement de la maladie de Harry commence à montrer des premiers signes alarmant, ce qui, vous l’aurez compris, engendrera l’avènement de Venom, mais aussi d’un Peter Parker en Spider-Man noir dont le caractère habituellement jovial et farceur se verra quelque peu chamboulé.
Cantonné à Manhattan dans Marvel’s Spider-Man, cette suite s’ouvre sur de nouvelles zones. Ainsi, une partie de Brooklyn et du Queens sont explorables, en plus de l’intégralité de Manhattan à l’image du jeu précédent. Là-dessus, nous pouvons saluer les équipes d’Insomniac Games qui nous livrent ici un New-York City plus vivant que jamais. Grâce à la puissance de la PS5, la Big Apple fourmille de vie et de petits détails. On se perd à écouter les conversations entre les passants, les voir jouer au frisbee ou au basket, ou encore à participer à un concert en plein air à Central Park. Il est également possible d’observer les citoyens vivre à travers les vitres de leurs appartements. Bien que l’utilisation de copier/coller dans les assets soit évident, cela renforce tout de même l’immersion. New-York est une ville qui ne dort jamais. De jour comme de nuit, vous serez amenés à devoir mettre un terme aux activités néfastes des différentes factions et des pègres qui gangrènent la cité. On retrouve les malfrats de base comme dans l’opus précédent, et viennent se greffer à ça les vilains chasseurs et leurs affreux animaux robotisés, ainsi qu’un mystérieux culte anarchiste, dirigée d’une main de fer par un certain LaFlamme.
Ça balance pas mal !
Marvel’s Spider-Man 2 conserve le gros de son gameplay instauré dans l’épisode précédent, lui-même partiellement inspiré par le travail de Rocksteady sur la série des Batman Arkham. Le gameplay se caractérise par des déplacements fluides et acrobatiques à travers la ville de New York, grâce aux toiles que Spider-Man peut lancer pour se balancer et se déplacer rapidement. Grosse nouveauté dans Marvel’s Spider-Man 2, l’apparition de la Wing Suit. Déblocable très rapidement en début d’aventure, elle vous permet de parcourir une grande distance à une vitesse sans égale. Avouons-le, la sensation est assez grisante. Très vite, les toiles ne servent plus qu’à reprendre de l’élan lorsque la vitesse faiblit, avant de passer à nouveau en mode Wing Suit. De plus, la ville de New-York dispose de plusieurs courants d’air qui permettent de traverser certaines portions de map à une vitesse fulgurante, ou bien à reprendre de l’altitude si vous commencez à piquer du nez. Plusieurs toits des gratte-ciel accueillent aussi des Lance-Pierre, des plateformes que les Spider-Men peuvent utiliser pour s’éjecter encore plus loin et plus rapidement dans les airs.
Les combats, quant à eux, gardent les bases introduites dans les précédentes itérations, qui offrent une variété de mouvements et de techniques, mettant en avant l’agilité et la force surhumaine des hommes araignées. Nouveauté : en plus de pouvoir esquiver certaines attaques comme auparavant, la notion de Parade a également été introduite dans ce Marvel’s Spider-Man 2. Certains ennemis seront susceptibles de produire des attaques évitables uniquement en repoussant cette dernière grâce à l’utilisation de la touche L1 pour passer votre personnage en position de garde. Si vous actionnez la commande au bon moment, vous effectuerez alors une parade déstabilisant l’adversaire, et éviterez donc les éventuels dégâts. Insomniac Games a aussi quelque peu simplifié l’interface d’accès aux gadgets. Les Spider-Men pourront utiliser, à la fois, des capacités spéciales, mais aussi différents gadgets. Jusqu’à quatre capacités et gadgets peuvent être assignés sur les différentes touches du pad : Carré, Triangle, Rond et Croix. Comment s’y retrouver si les gadgets et techniques propres à chaque héros partagent les mêmes inputs ? Il faudra utiliser les gâchettes L1 et R1 en même temps qu’une touche, selon la feature que vous souhaitez utiliser, L1 étant attribuée aux capacités spéciales, tandis que R1 concerne tout l’arsenal. Nous retrouvons aussi le système de jauge à améliorer et à remplir pour pouvoir effectuer des takedown, se soigner ou bien faire appel à une capacité dévastatrice : un mode rage pour Peter et une surcharge électrique pour Miles. Cette dernière est exécutable par une pression simultanée des joysticks L3 et R3. Petite déception néanmoins, s’il est possible d’effectuer des takedowns en duo lors de certains combats où les deux héros sont impliqués, il est impossible de passer d’un Spider-Man à l’autre à l’image d’un Batman Arkham Knight, lors des phases en bînome avec Nightwing, Robin ou Catwoman, mais c’est un détail.
Bien sûr, la grosse feature de ce Marvel’s Spider-Man 2 c’est, évidemment, la possibilité d’incarner les deux Spider-Men dans un seul et même jeu. Très vite accessible à volonté une fois le prologue terminé, l’application de Ganke Lee issue du standalone Miles Morales fait son retour ici. Consultable en glissant son doigt vers la gauche de son pavé tactile, c’est là que vous pourrez consulter les missions environnantes, mais aussi switcher entre Peter et Miles par une pression prolongée de la touche Carré. Chaque Spider-Man possède son propre style. Peter possède des techniques basées sur l’utilisation de la robotique, tandis que Miles conserve ses pouvoirs à base d’énergie électrique. Chaque homme araignée possède son propre arbre de compétences qui lui permettra d’aiguiser son jeu, ainsi qu’un arbre dédié aux capacités communes de Peter et Miles. Comme dans l’épisode précédent, nous serons amenés à jouer, aussi, d’autres personnages. Si, sans surprise, l’un d’eux s’avère être Mary Jane Watson, nous tairons l’identité de l’autre protagoniste, ce qui constitue une brève mais plaisante friandise et l’un des petits moments de bravoure du titre.
Une suite digne de l’événement ?
Sur le papier, Marvel’s Spider-Man 2 s’annonce donc comme une suite explosive, à l’image des différents trailers diffusés jusqu’ici, et supérieure en tous points à son prédécesseur. En finalité, est-ce là réellement le cas ? Eh bien, pas vraiment à notre sens. Si Marvel’s Spider-Man 2 possède de nombreuses qualités, il existe aussi de nombreux points noirs qu’il serait malhonnête de balayer d’un revers de main. À commencer par son scénario. Nous étions, pour beaucoup, enthousiasmés par l’annonce de Venom comme l’un des antagonistes principaux du jeu, aux côtés de Kraven, le chasseur survivaliste aux méthodes primitives. Force est de constater que le déroulement de la trame principale est bien moins rythmé que celle proposée dans l’opus de 2018. Pourtant, Insomniac Games ne lésine pas sur un prologue qui nous en met plein la vue d’entrée de jeu, avec une mise en scène aux petits oignons digne des meilleures productions Marvel.
Malheureusement, le soufflé se dégonfle bien vite avec une longue (trop longue) introduction des enjeux personnels gravitants autour des différents protagonistes. Les retrouvailles entre Peter et Harry, les études de Miles et ses contraintes en tant que Spider-Man, l’arrivée des troupes de Kraven sur New York dans leur traque de héros et super vilains qui serviront d’adversaires à l’impitoyable chasseur. Certains rétorqueront, à juste titre, que cela était déjà plus ou moins le cas dans l’opus précédent. À la différence, même si les événements mettaient un certain à s’emballer, Marvel’s Spider-Man avait au moins le bon goût de faire intervenir des antagonistes majeurs à intervalles réguliers, afin de dynamiser l’expérience. Tantôt une rencontre avec le Shocker, tantôt avec Martin Li aka Mister Negative. On avait rarement l’occasion de s’ennuyer. Ici, il aura fallu parcourir plus de 6 heures de temps de jeu entre le prologue et la rencontre du second boss affrontable, soit pratiquement la moitié du temps requis pour terminer la trame principale, que nous estimons entre 14 et 15 heures pour un premier run. D’ailleurs, les rencontres sont moins nombreuses mais affichent aussi le minimum syndical en matière de mise en scène et de gameplay. On passe la plupart de notre temps à bourriner la touche Carré et à esquiver les éventuelles attaques jusqu’à vider la même barre de vie 2 ou 3 fois de suite. Même si cela n’a jamais été le fort de Marvel’s Spider-Man, on aurait espéré quelque chose de plus astucieux et travaillé de la part d’Insomniac Games.
Une autre grosse déception provient du contenu annexe. Déjà pointé du doigt pour être relativement décevant et insipide dans le volet précédent, Marvel’s Spider-Man 2 ne fait guère mieux. Il se contente de copier/coller la formule. Prendre en photo des événements à New-York, collecter une multitude d’araignées mécaniques disséminées à travers la carte, mener à bien des expériences afin de collecter des données scientifiques, neutraliser des bastions ennemis… Bref, si l’enrobage change un tantinet, le fond reste le même. Cerise sur le gâteau, il s’avère même moins généreux d’une manière générale que son prédécesseur. En effet, il nous aura fallu 25 heures en moyenne pour compléter le jeu à 100%, soit environ 10 à 15 heures de moins que le temps estimé sur l’opus de 2018. Au regard de la qualité globale des activités proposées, on se demande s’il ne s’agit pas d’une sage décision au final. Déjà chiche dans Marvel’s Spider-Man, ce deuxième volet vous offre, là encore, la possibilité d’affronter seulement deux personnages issus de l’univers de Spider-Man en dehors de ceux présents dans l’histoire principale. Le résultat s’avère relativement en dents de scie, à l’image des autres Boss présents. Tout au long de l’aventure, et en menant à bien la plupart des quêtes secondaires, vous pourrez débloquer toute une ribambelle de costumes pour Peter et Miles. Une fois la mission liée remplie, vous pourrez acheter lesdits costumes grâce aux points collectés en mettant la main sur certaines ressources bien précises ou bien en mettant fin à certains crimes ayant lieu aléatoirement sur la carte. Si la panoplie compte bel et bien quelques nouveaux designs, on retrouvera aussi une grande quantité des costumes déblocables dans les volets précédents. Point positif cela dit, Insomniac Games propose, cette fois-ci, plusieurs variantes de couleurs pour la majorité des costumes.
Une araignée au plafond
Marvel’s Spider-Man 2 loupe-t-il le coche à tous niveaux ? Bien évidemment que non. Le titre bénéficie des années d’expertise d’Insomniac Games en termes de réalisation et de mise en scène. Si Marvel’s Spider-Man était déjà très bon, le standalone dédié à Miles Morales mettait la barre encore plus haute. Sans surprise, Marvel’s Spider-Man 2 surpasse ses prédécesseurs. Le jeu, quand il décide de se montrer généreux, nous en met plein la vue avec des chorégraphies et des moments d’actions chiadés, qui nous font presque oublier que l’on joue à un jeu vidéo. Les développeurs n’hésitent pas à reprendre quelques bonnes idées appliquées sur leurs autres productions, comme un certain Ratchet & Clank. Comme tout bon jeu PS5, il vous proposera un mode Qualité capé à 30fps et Performance pour ceux prêts à sacrifier l’aspect visuel pour favoriser la fluidité. Un mode VRR est également présent, permettant d’ajuster la résolution du jeu en temps réel afin de ne jamais perdre en fluidité, tout comme la prise en compte du 120Hz pour les écrans pouvant le supporter. Lors de notre test, nous avons eu affaire à quelques petits bugs, comme des ennemis coincés dans le décor ou quelques rares scripts ne s’activant pas au moment escompté. Un patch de lancement devrait, espérons-le, corriger ces petites erreurs.
Sans surprise, la bande son est encore une fois de très bonne facture. Elle conserve le gros des thèmes principaux en provenance de Marvel’s Spider-Man et du standalone Marvel’s Spider-Man: Miles Morales, en plus de quelques nouvelles compositions présentes pour l’occasion. L’OST s’accorde avec le personnage sélectionné à l’instant présent, à savoir des thèmes symphoniques pour Peter, et quelque chose de plus urbain/Hip-Hop dans les sonorités pour l’ami Miles. Mention spéciale au thème de Kraven, déjà entendu à maintes reprises dans les différentes bandes-annonces, dont le son lourd et puissant caractérise parfaitement le côté brutal et impitoyable du personnage.
Le doublage n’est pas en reste avec une VF de qualité. Plutôt décevante dans la majorité des cas, celle de Marvel’s Spider-Man affiche un quasi sans faute. Donald Reignoux, Eilias Changuel et toute la clique ont fourni, une nouvelle fois, une grosse prestation pour chacun de leurs personnages. Bien sûr, les inconditionnels de la VO pourront découvrir un doublage un poil supérieur, plus authentique. Malheureusement, Insomniac Games réitère la même erreur que lors de la sortie de Marvel’s Spider-Man en 2018, il n’est pas possible de choisir la langue du jeu dans les options ! Il faudra, pour cela, modifier la langue de votre console pour profiter de la voix de Yuri Lowenthal dans le rôle de Peter Parker/Spider-Man. Un choix incompréhensible, qui avait pourtant été corrigé dans Marvel’s Spider-Man: Remastered et dans l’extension Miles Morales.
Verdict : 7/10
Si Marvel’s Spider-Man 2 ne manque pas de qualités vis-à-vis de sa réalisation sublimée et de son gameplay agrémenté, le titre d’Insomniac Games peine à convaincre en tant que suite supposée transcender l’original. Ce qui aurait dû être célébré comme un événement fait office de séquelle facile et sans réelles ambitions. Trame principale prévisible et peu captivante pendant près de la moitié de son temps, contenu annexe décevant, combats de boss peu nombreux, on espérait tellement plus ! Le studio californien se contente d’appliquer stricto sensu, une formule déjà discutable mais pardonnable lors de sa première itération en 2018. Clairement, on reste sur sa faim une fois le jeu bouclé à 100% en une petite vingtaine d’heures seulement. À l’heure actuelle, nous ignorons si Insomniac Games prévoit du contenu supplémentaire en guise de DLC à l’image de ce qui a été produit pour le premier volet mais, si contenu il y a, nous ne pourrons nous empêcher de penser qu’il s’agit ici d’ajouts volontairement amputés, qui auraient eu leur place au sein du jeu de base. Marvel’s Spider-Man 2 fait donc figure de petite déception qui nous laissera un goût amer pendant un moment.
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