Avec les jeux de super-héros, nous sommes surtout habitués à des aventures remplies d’action mais il y a des exceptions ici et là. Marvel’s Midnight Suns en fait partie : développé par Firaxis, responsable des derniers XCOM, le soft met en avant de la stratégie et des mécaniques RPG, tout en utilisant un pan de l’univers Marvel rarement exploité dans les adaptations vidéoludiques. Marvel’s Midnight Suns a-t-il de quoi éblouir les joueurs ? Sortez vos lunettes de soleil car la réponse est oui.
Test réalisé sur PlayStation 5 grâce à une version numérique fournie par l’éditeur
Chasse à Lilith
Qui dit œuvre Marvel dit souvent grande menace à l’horizon et dans le jeu de Firaxis, ça ne rigole aucunement. En effet, après avoir un peu trop joué avec les forces obscures, les membres d’Hydra ont réussi à ressusciter Lilith, démone des enfers qui n’est guère contente d’avoir été battue par son propre enfant il y a quelques siècles. Cet enfant, c’est vous, à savoir Hunter, une femme/un homme – on peut personnaliser Hunter à souhait – qui doit également revenir d’entre les morts afin d’aider les Midnight Suns, équipe de super-héros spécialisée dans l’occulte et les monstres démoniaques. Les Avengers sont également de la partie afin d’aider les Midnight Suns et Hunter dans leur combat contre Lilith, qui a sous son commandement Hydra ainsi que divers super-héros et super-vilains corrompus comme Venom ou bien la Sorcière rouge. La coopération sera de mise afin de sauver le monde mais avec une troupe composée de têtes brûlées comme Iron Man, Blade, Wolverine et Magik, ce n’est pas gagné.
Lilith aime les arrivées marquantes.
L’histoire de Marvel’s Midnight Suns ne se veut pas spécialement complexe, puisqu’il s’agit encore d’un super-villain à vaincre avec plusieurs aléas en chemin mais ce n’est pas un mal si l’exécution est correcte voire plus. Heureusement, c’est bien le cas ici car les dialogues et interactions des personnages sont un délice, en particulier si vous êtes fans de Marvel. L’univers de Midnight Suns est original, rattaché à aucune autre œuvre et les scénaristes de Firaxis ont su se faire plaisir avec les différentes origines et personnalités des nombreux personnages que l’on croise. Niveau fan service, on est largement servis avec Peter Parker et Robbie Reyes qui aiment jouer aux jeux vidéo, Tony Stark et Stephen Strange qui se chamaillent pour rien, Blade qui en pince pour Captain Marvel… C’est souvent drôle et aussi touchant par moments, les super-héros sachant être sérieux quand il faut. De plus, la menace de Lilith et d’Hydra est plaisante à suivre grâce à la corruption de plusieurs têtes connues, ce qui ne laisse pas indifférents les Midnight Suns.
En outre, Hunter est un tout nouveau personnage et on peut choisir ce qu’il dit, ce qui influence quelque peu certains dialogues. Si cela ne modifie pas énormément l’histoire voire pas du tout, ça nous immerge davantage dans la peau d’Hunter, un héros/une héroïne torturée. Après tout, avoir pour mère Lilith, ce n’est pas réjouissant tous les jours. Grâce aux choix, on peut avoir un Hunter droit dans ses bottes, digne d’un ange, sombre ou plaisantin sur les bords, même lorsqu’il ou elle s’adresse à des légendes. Si on pouvait redouter un personnage fade et basique, il n’en est rien et c’est une addition des plus réussies à ce monde Marvel quelque peu différent des autres. Il y a bien quelques dialogues inutiles ou moins bien écrits que d’autres mais ils ne sont rien face à l’acabit de l’ensemble.
Le jeu ne manque clairement pas d’humour.
Une boucle de gameplay rayonnante
Avant de s’intéresser aux affrontements de Marvel’s Midnight Suns, il faut tout d’abord parler de l’Abbaye, quartier général d’Hunter et de ses collègues spéciaux, car on y passe un temps considérable, ce qui ne surprendra guère les amateurs de jeux de stratégie. C’est ici que l’on discute avec les collègues avec de renforcer les liens d’amitié, ce qui confère plusieurs bonus mais ce n’est pas tout, loin de là. Outre des matériaux à ramasser, on y retrouve une forge magique où l’on crée de nouvelles capacités et autres joyeusetés, une cour d’entraînement afin de renforcer les personnages, des opérations à planifier, des réunions à organiser… Faire partie des Midnight Suns, ça demande du boulot mais l’Abbaye permet aussi de se détendre dans une piscine, boire un verre avec Captain America, décorer sa chambre et on en passe. Passer du temps dans l’Abbaye avant et après chaque combat procure véritablement de la joie, tant il y a de choses à faire sans que cela nous ennuie une seule seconde. On a vraiment le sentiment de vivre avec les Midnight Suns et les Avengers, pour le meilleur et (plus rarement) pour le pire.
Même si la fin du monde plane à l’horizon, jouer aux jeux vidéo, c’est important.
Une fois trois héros choisis pour telle ou telle mission, on fait face aux forces d’Hydra et aux démons de Lilith à travers plusieurs petites zones de combat. Ne vous attendez pas à des gros niveaux avec de nombreux déplacements complexes à faire, Marvel’s Midnight Suns joue la carte de l’accessibilité sans toutefois mettre la profondeur de côté car malgré les petites zones, il y a pas mal de choses à prendre en compte. En parlant de carte, on a un système de capacités représentées par des cartes distribuées aléatoirement à chaque tour mais on peut repiocher plusieurs fois si l’on est pas satisfait de telle ou telle carte. Chaque héros a un deck de 8 cartes maximum et on a de nombreuses attitudes à disposition, avec des personnages qui ont des spécialités dans l’attaque, le soutien, la défense etc. Après, le terrain est à prendre également car grâce aux déplacements, on peut attaquer plusieurs ennemis d’un coup, les envoyer sur un élément explosif, les jeter dans le vide ou même sur un autre méchant. Simple mais efficace.
Avec 12 personnages jouables – et 4 de plus en DLC par la suite – il y a de quoi faire et les possibilités sont presque innombrables : Captain Marvel peut envoyer un rayon laser surpuissant, Iron Man confère un bouclier à un allié ou à soi-même, Hunter peut soigner quelqu’un grâce à son pouvoir de lumière, Ghost Rider peut littéralement rouler sur quiconque se trouve sur son passage grâce à sa voiture enflammée, Spider-Man peut entraver un démon ou un soldat de l’Hydre avec sa toile… Les super-héros Marvel semblent pratiquement avoir été créés pour être utilisés dans un jeu de stratégie, Firaxis a su les exploiter de manière intelligente afin que chaque affrontement soit fun et varié. De plus, on peut améliorer les cartes afin qu’elles gagnent des bonus comme ajout de défense, propulsion, etc. Attention cela dit car certaines cartes ont des malus, à utiliser à bon escient. Les ennemis aussi ont plusieurs atouts dans leurs manches, notamment les boss qui donnent du fil à retordre avec des attaques à effet redoutables.
Comment faire d’une pierre quatre coups.
Avec tout ça, vous vous dites que Marvel’s Midnight Suns a toutes les cartes en main pour être l’un des meilleurs jeux de stratégie du moment et il est vrai qu’on a peu de choses à lui reprocher. Malgré tout, il faut avouer qu’une certaine lourdeur se dégage dans la progression. Déjà, les tours des ennemis sont assez longs et les renforts arrivent très souvent, ce qui fait que certains combats peuvent vous demander plus d’une dizaine de minutes. Aussi, pour avancer dans le jeu, certaines missions principales demandent obligatoirement de faire des quêtes annexes ou de remplir des objectifs pouvant demander une ou plusieurs journées dans le jeu, donc pour voir le fin de mot de l’histoire, ça demande un temps considérable. Enfin, la difficulté peut parfois monter d’un coup à cause des renforts ennemis exagérés et des ennemis qui peuvent décider de s’acharner sur un seul héros au lieu d’en attaquer plusieurs, le tuant en un tour. Certes, ça fait partie des règles mais il arrive d’avoir quelques passages un poil injustes sur les bords. Malgré tout, alterner entre l’Abbaye et les batailles dans Marvel’s Midnight Suns procure bien plus d’extase que de frustration, si vous êtes fan de stratégie, de gestion et de Marvel, l’expérience est clairement à vivre.
Composer les decks fait partie des plaisirs de Marvel’s Midnight Suns.
Beau comme le soleil ?
Habitué aux jeux où l’on voit beaucoup l’action de loin, Firaxis a dû quelque peu revoir ses habitudes avec Marvel’s Midnight Suns et cela se ressent un peu. Même si le développeur sait bien utiliser l’Unreal Engine 4 sur certains plans qui seront traités un peu plus tard, il faut reconnaitre que sur d’autres, le résultat laisse un peu dubitatif, notamment le rendu des personnages. Si la plupart d’entre eux sont acceptables, certains ne bénéficient ni d’un bon character design, ni d’un bon rendu. Mention spéciale à Tony Stark et Peter Parker, semblant davantage sortir des Sims. Les dialogues ont aussi beaucoup d’animations basiques – vu leur nombre, c’est normal – mais un effort supplémentaire pour les rendre plus vivants et crédibles n’aurait pas été de refus. Enfin, on relève la présence de plusieurs bugs visuels et crashs même après plusieurs mises à jour. Il y a encore du travail à faire de ce côté-là.
Captain Marvel est une grande fan de Dragon Ball.
En dehors de cela, Marvel’s Midnight Suns reste assez joli dans l’ensemble et bénéficie d’une direction artistique appréciable, en plus d’effets et d’animations de combat stylés. Voir davantage le côté mystique et démoniaque de l’univers Marvel est un régal et on a pas mal de lieux différents aux décors soignés. Les affrontements sont le clou du spectacle, avec des mouvements et attaques/aptitudes aux effets visuels de toute beauté, donnant un beau sentiment de puissance, notamment avec les coups ultimes en mettant plein la vue. Fait assez rare, mais les dégâts restent visibles jusqu’au bout, transformant les champs de bataille de manière impressionnante sur le long terme avec plein de débris partout. Sur PS5, on bénéficie de temps de chargement raccourcis et de quelques effets de DualSense réussis, ce qui est toujours un plus mais Marvel’s Midnight Suns n’est pas pour autant un titre exploitant à fond les machines de la génération actuelle. Dommage mais le résultat est amplement suffisant, de quoi s’amuser un minimum avec le mode photo rigolo.
Quant à la bande originale, on ne s’attendait pas à des musiques mémorables mais Marvel’s Midnight Suns a su créer la surprise sur le plan musical grâce à son mélange de musiques orchestrales et rock épique collant parfaitement au thème de l’aventure. De nombreux morceaux restent facilement en tête et leur diversité nous plonge dans diverses émotions selon les moments, comme par exemple le sentiment de bien-être quand on est à l’Abbaye ou l’adrénaline qui entre en jeu lors des combats. Quant à la VF, souvent de qualité dans les jeux Marvel, c’est également une réussite avec des comédiens de doublage qui savent s’investir comme il faut dans leurs rôles. D’ailleurs, on note que certaines voix connues reprennent leurs rôles d’autres œuvres comme le fameux Donald Reignoux qui joue un Spider-Man se lâchant comme jamais, un bon point. On n’échappe pas à quelques petits ratés ici et là mais ils sont mineurs, ce qui correspond assez bien à l’expérience globale de Marvel’s Midnight Suns.
Les attaques spéciales sont de vrais feux d’artifice.
Verdict : 8/10
Belle surprise que ce Marvel’s Midnight Suns, prouvant que Marvel et tactique se marient avec grâce. Firaxis a su utiliser intelligemment l’univers des super-héros afin de livrer une histoire remplie de fan service et d’interactions qui ont de quoi ravir les admirateurs d’Iron Man, Captain Marvel, Spider-Man et compagnie. Si son rythme peut parfois poser problème et que certains plans n’ont pas de quoi ravir les pupilles, son accessibilité, son fun et ses autres qualités compensent largement. Même ceux qui n’apprécient guère les jeux de stratégie peuvent facilement tomber sous le charme de Marvel’s Midnight Suns, définitivement un titre à retenir en cette année 2022.
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