Il y a eu de nombreux crossovers dans l’Histoire du jeu vidéo. Certains pour le meilleur et d’autres pour le pire… Parmi les meilleurs, il en est un qui a su se faire une grande place dans le milieu du jeu de combat (et dans la mémoire des joueurs) : Marvel vs. Capcom. Le dernier épisode sort en ce mois de septembre, nous avons pu longuement le tester, voici donc nos impressions.
Test réalisé sur PS4 à partir d’une version numérique fournie par l’éditeur
Depuis plus de 20 ans, les personnages phares de l’éditeur de jeux Capcom et ceux de la maison des idées Marvel se rejoignent pour se coller de nombreuses mandales. Assez similaire à la saga Street Fighter dans ses bases (versus fighting en 2D, attaques à base de quarts de cercles), la licence a su développer ses propres mécaniques (combat en 2v2/3v3, surcharge d’effets spéciaux) afin d’exister en-dehors de SF et générer de l’engouement à chaque sortie d’épisode. Malheureusement il semblerait que le dernier de la famille, Infinite, n’arrive pas à entretenir la grande hype entourant habituellement ces jeux.
Mis à part tout ce qui concerne le jeu en lui-même, plusieurs éléments sont à l’origine de ce fait : le contexte de sortie du titre et la politique de son éditeur. Le contexte de sortie de cet épisode Infinite est en effet compliqué puisque, depuis l’E3 dernier, le monde a les yeux rivés sur Dragon Ball FighterZ, le nouveau jeu de combat en 3v3 très convaincant des maîtres Arc System Works. Inspiré graphiquement, accessible aux néophytes mais assez technique pour les mordus du genre, ce jeu marche exactement sur les mêmes plate-bandes que le jeu de Capcom. Enfin, concernant la politique de l’éditeur vis-à-vis de son titre… Disons juste que ce n’est même plus surprenant. Mais développons ces points ensemble.
Infiniment fun
Parmi les 30 personnages du roster (oui, il y en a moins que dans le 3, dont le roster était déjà plus petit que celui du 2), 24 proviennent déjà de MvC3, et leur movelist n’a quasiment pas été changée. Pour les nouveaux, ils sont eux au nombre de 6 et sont en majorité des personnages Marvel (Captain Marvel, Jedah, Ultron, X, Gamora, Thanos). Concernant le design global des personnages, autant être honnête : il est complètement raté. Dante a tout perdu de la classe qui le caractérisait, tandis que Captain America n’a tout simplement plus de cou. Deux exemples parmi tant d’autres de ce massacre artistique.
Heureusement, ce ne sont pas les graphismes qui font un bon jeu de combat, mais bel et bien son gameplay. Heureusement, puisqu’il pourrait bien être le seul gros point positif de ce MvCi. Exit le 3v3 donc, Infinite revient au 2v2, pour un ensemble un peu plus lisible et dynamique. Véritable déluge d’effets spéciaux dopé aux comics, Ultimate Marvel vs Capcom 3 avait malheureusement quelques problèmes de lisibilité. Le retour au 2v2 est donc l’occasion de gommer ces petits défauts, et de refondre en majorité le système de combat.
Désormais, les combos tournent autour de 4 touches pour taper : carré et triangle pour les poings, croix et rond pour les pieds. Comme le veut la tradition, il est possible de combiner ces touches avec des quarts de cercle afin de lancer des coups plus puissants. À cette base de gameplay viennent s’ajouter deux mécaniques : l’active switch et les gemmes de l’infini.
L’active switch c’est la capacité, d’une simple pression sur R1, de passer d’un personnage à l’autre afin d’effectuer des combos dévastateurs. Beaucoup plus immédiate que dans les précédents opus, cette mécanique apporte un peu de dynamisme à l’action, et rend plus accessibles les longs combos.
Les gemmes de l’infini, quant à elles, sont au nombre de 6 : power, soul, reality, time, mind et space. Chacune possède deux capacités qui diffèrent selon la gemme choisie en début de combat : l’infinity surge (L1) et l’infinity storm (L1+R1). La première est une petite compétence (vol de vie, attaque à distance, déplacement rapide) utilisable à n’importe quel moment du combat. La seconde est un grand pouvoir (qui implique naturellement de grandes responsabilités), activable uniquement après avoir rempli une jauge dédiée et qui peut renverser de nombreux combats. Une fois le pouvoir lancé, vos deux combattants profiteront de sérieux bonus durant une durée limitée. Il est également possible de dépenser toute notre jauge d’un seul coup afin d’activer notre plus grosse « super » et ainsi effectuer de très lourds dégâts.
La somme de toutes ces mécaniques donne à Marvel vs Capcom Infinite un système de combat efficace qui se distingue de ces prédécesseurs et de la concurrence (Dragon Ball FighterZ, notamment). Le tout est bien plus accessible qu’à l’accoutumée, les échanges de coups sont hyper dynamiques et le spectacle est constant. Note aux néophytes : à l’instar d’un King of Fighters XIV, un auto-combo est disponible en appuyant à plusieurs reprises sur le bouton carré. Malheureusement, l’on est en droit de se demander : est-ce qu’un système de combat suffit finalement à faire un bon jeu ? Et bien… pas vraiment, et nous vous expliquons pourquoi de suite en abordant l’enrobage de cet opus.
Infiniment peu inspiré
Nous sommes déjà rapidement passés sur la partie visuelle du titre avec sa direction artistique calamiteuse. Ce mot est également de rigueur concernant la technique pure du titre, qui fait beaucoup plus PS3 que PS4. On sent qu’il manque parfois quelques textures sur les personnages ou même dans les décors, très peu inspirés eux aussi. Quelques animations supplémentaires (Hulk, on te voit) n’auraient pas été de trop non plus pour donner un coup de boost à l’action dynamique de cet épisode.
Alors que les blockbusters de Netherrealm (Mortal Kombat 9 et X, Injustice 1 et 2) ont apporté un peu de fraîcheur au contenu solo des jeux de combat en mettant en avant des vrais modes Histoire, Capcom a décidé de faire la même chose avec MvCi. N’y allons pas par quatre chemins, le résultat est catastrophique. Sorte de fan-fiction sans queue ni tête dans laquelle Ultron et Sigma fusionnent pour asservir la population d’un monde qui voit se croiser Marvel et Capcom, ce mode est en plus très court. À peine trois heures vous seront demandées afin d’en venir à bout, à moins que vous n’ayez lâché la manette avant. Les dialogues sont vraiment nuls, la difficulté des combats est illogique, et en plus Capcom s’en sert pour teaser un peu ses persos vendus en sus (DLC), présents dans l’histoire mais non jouables.
Complètement abusive à l’instar de celle déjà mise en oeuvre sur Street Fighter V, la politique de DLC de MvCi est malsaine. À croire que le studio a fait exprès de mettre moins de personnages dans le roster afin de garder les surprises pour le season pass. D’autant que ceux-ci sont étrangement bien plus originaux que ceux présents dans le jeu de base : Monster Hunter, Black Panther ou Venom auraient pu apporter un peu de fraîcheur.
Pour le reste du contenu, le jeu propose évidemment du online (difficilement accessible, probablement à cause des faibles ventes du titre), un mode entraînement, un mode arcade, du versus hors-ligne et des défis qui consistent en une série de combos de plus en plus compliqués à effectuer. Rien de réellement excitant au final. Nous aurions apprécié que Capcom propose un peu de personnalisation de tenues à l’instar du récent Injustice 2.
Verdict : 6/10
« Sans âme », ce sont les seuls mots qui nous viennent à l’esprit lorsque nous pensons à ce Marvel vs. Capcom Infinite. Si son système de combat est suffisamment qualitatif pour assurer aux gamers quelques heures de plaisir, l’enrobage du titre ne l’est malheureusement pas assez. Entre un roster en grosse partie recyclé et insipide, un mode solo mauvais, une direction artistique qui l’est tout autant et une politique de DLC abusive, nous nous demandons clairement ce qui a pu se passer durant le développement du jeu, assurément précipité. Avec un Dragon Ball FighterZ qui pointera bientôt le bout de son nez et qui récolte des avis plus que favorables de néophytes comme de professionnels du versus fighting, MvCi a là un concurrent de poids qui lui fait déjà beaucoup d’ombre avant même d’être sorti. Capcom doit définitivement reprendre sa licence en main, à moins qu’il ne soit trop tard…
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