Développé par les esprits torturés (et norvégiens) de chez Perfectly Paranormal, et édité par Curve Digital, Manual Samuel n’est pas à mettre entre toutes les mains. En effet, si vous n’êtes pas à l’aise avec les jeux basés sur un concept des plus absurdes, ou avec les fluides corporels d’une manière générale, ce jeu complètement barré n’est pas fait pour vous. En revanche, si vous cherchez un jeu qui vous fasse rigoler à ne plus pouvoir vous arrêter, vous seriez bien avisés de jeter un oeil à ce test.
Manual Samuel est sans nul doute possible un nom parfait pour décrire le concept-même du jeu en question. Celui-ci démarre alors que le narrateur, par le biais d’une voix-off que l’on prendra plaisir à entendre tout au long de l’aventure, pose les bases de l’intrigue. Dans cette dernière nous incarnons Samuel, riche fils à papa imbu de sa personne, et forcément insupportable au possible. Samuel est un blondinet qui présente très bien, il a une petite amie, et même une superbe voiture de sport toute neuve. Notre « héros » est né dans la soie et n’a même jamais eu à travailler une seule minute de toute sa vie. Quoi qu’il en soit, c’est donc dans un café que tout débute, car la dulcinée de Samuel ne peut plus le voir en peinture. Quoi de mieux, alors, pour faire comprendre son mécontentement, que de fracturer la mâchoire de son homme à coup de bouteille ? Désemparé, Samuel tentera, après s’être remis du choc, de rattraper sa petite amie partie s’isoler de l’autre côté de la rue… C’était évidemment sans compter le camion-benne qui déboule à toute vitesse sur notre ami Sam, le percutant ainsi 8 fois de suite !
Mort sur le coup (ou en tout cas, l’un des huit), Samuel atterrit tout droit en Enfer, sans même passer par la case Départ, et sans toucher 20 000 Francs. Cela dit, financièrement le bougre n’a pas trop à se plaindre, vous en conviendrez. Le seul souci, c’est qu’il est mort maintenant. Et c’est justement en errant dans les limbes de la souffrance éternelle que Sam tombe sur le deuxième plus grand rôle du jeu, à savoir la Mort elle-même. Et autant vous le dire tout de suite, c’est à partir de ce moment que les fous-rires vont s’enchaîner, vous pouvez nous faire confiance ! Ne serait-ce que le « Yo ! Yo ! Yo ! » lancé de sa voix nasillarde et incroyablement jeune vaut tout l’or du monde.
Mais ne vous fiez pas à son look de skater décérébré ! La Mort n’est pas là pour rigoler, elle. Ainsi, elle va, comme vous vous en doutez, proposer une offre à Sam que ce dernier ne pourra pas refuser. Soit notre blondinet plein aux as reste en Enfer pour l’éternité mais doit se trouver un petit boulot pour continuer à « vivre » sur place (oui oui, tout est logique, ne vous posez donc pas tant de questions !), soit il remonte à la surface parmi les vivants… À condition de relever le défi imposé par la Mort : survivre 24 heures durant, et ce, « manuellement ». Si le concept peut paraître abstrait durant quelques secondes, rassurez-vous, on comprend très vite à quel type de jeu nous allons avoir affaire. Mix un peu gore entre un Octodad: Dadliest Catch, un Happy Wheels, ou encore un QWOP (jeu flash aussi addictif qu’irritant que nous vous conseillons fortement), Manual Samuel utilise quasiment toutes les touches de votre manette. L2 vous fera avancer la jambe gauche et R2 la jambe droite, tandis que L1 correspond au bras gauche, et R1 au bras droit. Jusqu’ici, si vous aviez déjà joué à Octodad, vous ne serez (presque) pas perdus…
Le terme « presque » a ici toute son importance, car voyez-vous, quand la Mort impose à Samuel de survivre, elle l’entend au sens propre du terme. Ainsi, si vous n’appuyez pas sur la flèche du haut pour redresser votre colonne vertebrale, sur la touche Croix pour cligner des yeux, sur Carré pour inspirer, et sur Rond pour expirer… C’est le décès assuré (le vrai, cette fois) ! Vous l’aurez compris, le jeu ne se prend absolument pas au sérieux, et ses mécaniques de gameplay provoqueront fou-rire sur fou-rire aux joueurs qui tenteront l’expérience. Mention spéciale pour l’un des tout premiers chapitres, dans lequel la Mort se la joue moniteur d’auto-école, apprenant ainsi à Sam à conduire de façon, là encore, entièrement manuelle. Embrayage, accélérateur, frein, levier de vitesse, volant, tout y passe. Nous devons même éviter les mamies qui traversent sans prévenir, et respecter la vitesse (élevée) indiquée par notre ami skatos. Souvenez-vous simplement que vos fonctions vitales ne vont pas se déclencher toutes seules… Eh oui ! Allier toutes ses touches devient vite très perturbant, croyez-nous. Nous vous laissons, en revanche, la surprise quant à ce qui vous attend dans la salle de bains de Sam…
En terme de rendu visuel, Manual Samuel joue à merveille son rôle de cartoon pour adultes. Cette 2D entièrement dessinée à la main fait plaisir à voir, et on se croirait volontiers plongé dans un épisode d’American Dad, ou de Beavis & Butt-Head. Les fans d’animation très mature s’en donneront forcément à coeur joie. Leurs oreilles ne seront d’ailleurs pas en reste puisque, outre l’excellent doublage anglais des protagonistes principaux (les 600 lignes de dialogues sont sous-titrées en français, pas de panique !), le titre de Curve Digital propose une bande-son qui sied à merveille à l’univers du jeu. Les compositions orchestrées par Sondre Jensen et Ozan Drosdal ont donc toutes les chances de plaire aux amateurs du genre. Enfin, en ce qui concerne la durée de vie, sachez qu’il ne vous faudra pas plus de 3 heures pour venir à bout de cette aventure manuelle. Cela peut paraître court, mais il faut bien avouer que le concept pourrait s’avérer bien trop frustrant et/ou répétitif au-delà de ce délai. De plus, il est impératif de noter qu’un mode Contre-la-Montre est disponible pour quiconque voudrait tenter d’améliorer son chrono initial, et ce, peu importe le chapitre choisi. Enfin, nous ne pouvions pas ne pas évoquer la présence du mode multijoueur. À l’instar de ce qu’on avait déjà dans Octodad et Surgeon Simulator, cette coopération locale saura sans nul doute vous faire passer de très bons moments, à condition que votre ami(e) et vous soyez synchrones. Dans le cas contraire, des amitiés pourraient voler en éclats en un rien de temps. On vous aura prévenus !
Verdict
Disponible dès aujourd’hui sur PC, PlayStation 4 et Xbox One, Manual Samuel nous a beaucoup fait rire. Son concept complètement décalé pourra s’avérer frustrant, certes, surtout si vous n’êtes pas du genre à persévérer. Dans le cas contraire, vous trouverez dans le titre de Perfectly Paranormal une source infinie (ou presque) de moments jubilatoires. On veut y arriver, on veut faire survivre Sam par tous les moyens, et l’on aimerait finalement que la tranche de rire dure un poil plus longtemps. Mais toutes les bonnes choses ont une fin, et puisque Manual Samuel est vendu moins de 8 €, nous ne pouvons que vous conseiller cet achat des plus loufoques. Bande-son, direction artistique, gameplay, tout y est ! Toutefois, comme dans le cas de Jazzpunk: Director’s Cut, veillez à bien vérifier si Manuel Samuel tape dans votre style d’humour. Après tout, bien que ce soit l’un de nos coups de coeur, nous vous le disions en introduction : ce jeu n’est pas à mettre entre toutes les mains.
Test effectué avec une version éditeur sur PS4
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