À l’évocation du nom de Wales Interactive, la première chose qui peut venir à l’esprit est le goût de ce studio pour la production d’expériences en prises de vues réelles. Mais parfois, ce dernier se plaît aussi à créer de véritables expériences vidéoludiques. Leur nouveau survival-horror, Maid of Sker, en est justement la preuve. Attirés par un mystérieux mais terriblement envoûtant chant provenant de l’Hôtel Sker, nous n’avons pas hésité une seconde avant de réserver notre chambre dans ce lieu pas comme les autres. Le temps est maintenant venu de dresser le bilan de notre séjour.
Test réalisé sur PlayStation 4 à partir d’une version numérique fournie par l’éditeur
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Des histoires à raconter
Après avoir retrouvé la trace de la propriétaire d’un téléphone perdu dans Simulacra puis affronté les dangers de la science dans The Complex, nous avons estimé qu’il était temps de prendre des vacances bien méritées. C’est pourquoi nous avons jeté notre dévolu sur un bel hôtel situé dans le Pays de Galle. Dans Maid of Sker, nous incarnons Thomas Evans, un musicien se rendant à l’Hôtel Sker à la demande de sa bien-aimée Elisabeth Williams, dont la famille est propriétaire. Dans un message assez alarmant, cette dernière l’informe qu’elle y est retenue contre son gré par son père, qui veut la forcer à contribuer au business familial. Plus étrange encore, avant qu’il ne vienne à son secours, elle lui demande de composer une mélodie censée « contenir les ténèbres à l’œuvre » au sein des lieux. C’est ainsi que l’on se retrouve plongé dans cette aventure horrifique puisant ses influences dans le folklore britannique.
C’est désormais un fait, Wales Interactive est particulièrement réputé pour sa volonté de raconter de véritables histoires à travers ses œuvres. Et cette dernière en date n’échappe pas à la règle. Si beaucoup de jeux d’horreur indépendants ont tendance à négliger la partie scénaristique au profit de l’ambiance, ce n’est pas le cas de Maid of Sker qui affiche rapidement sa volonté de nous conter une histoire captivante. D’ailleurs, on peut le dire, il le fait plutôt bien. Malheureusement, tout n’est pas parfait pour autant. On peut par exemple lui reprocher un jeu d’acteur pas toujours convaincant, le mutisme incompréhensible du personnage que l’on incarne ou encore la simplicité et le côté expéditif de ses deux fins. Néanmoins, on progresse tout au long des 5-6h d’aventure avec l’envie de connaître le fin mot de l’histoire, et c’est suffisamment rare pour être souligné.
Un silence de mort
Contrairement aux précédents jeux développés par le studio, celui-ci prend donc la forme d’un vrai survival-horror à la première personne. De ce fait, afin de survivre entre les murs de cet hôtel, il va falloir faire un peu plus que de se contenter d’appuyer sur une touche à un moment défini. En effet, vous vous en doutez, vous n’êtes jamais seul à déambuler dans l’Hôtel Sker. Vous croiserez régulièrement ceux que l’on appelle les Quiet Mans, des ennemis aveugles se repérant uniquement par rapport au son. Ainsi, pour échapper à leur vigilance, il va falloir faire le moins de bruit possible. Pour se faire, il n’existe qu’une seule solution : retenir sa respiration. Mais attention à ne pas le faire trop longtemps non plus car reprendre son souffle ensuite peut faire encore plus de bruit que le simple fait de respirer. D’ailleurs, veillez également à ne pas vous cogner dans les éléments du décor ni même à inhaler des particules vous faisant tousser car cela peut aussi attirer l’attention de l’ennemi.
Vous l’aurez compris, comme beaucoup de jeux d’horreur, Maid of Sker nous place aux commandes d’un héros qui est incapable de se défendre face à ses adversaires. En cas d’erreur, la seule solution est donc la fuite. Mais à certains moments du jeu, une alternative s’offre à vous : celle d’utiliser un modulateur phonique qui émet un son surpuissant étourdissant temporairement les ennemis. Étant donné qu’il peut être difficile de leur échapper, son utilisation est conseillée dans les moments critiques. Cependant, les munitions étant très rares et facilement manquables du fait de leur petite taille, il vaut mieux les utiliser avec parcimonie. Précisons également qu’à l’image des premiers Resident Evil, il n’existe pas de sauvegarde automatique. Pour sauver votre partie, il va falloir trouver des phonographes dans des pièces sécurisées, que vous identifierez facilement grâce à leur porte bleue et à leur musique apaisante une fois à l’intérieur. Notez qu’à l’exception du mode Difficile, le nombre de sauvegardes est illimité.
Cela étant dit, quel est le but de Maid of Sker exactement ? Une fois arrivé dans l’hôtel, vous allez devoir explorer l’ensemble de la bâtisse, pièce par pièce et étage par étage, afin de mettre la main sur des cylindres et des partitions qui représentent votre billet de sortie. Rien de bien original en termes de structure donc mais l’utilisation de cette formule continue de faire ses preuves, bien qu’elle soit plus linéaire que dans d’autres œuvres. Le jeu parvient même à proposer de bonnes idées de gameplay qui, malheureusement, n’arrivent que trop tardivement dans l’aventure et nécessitent au préalable de passer par des séquences assez longuettes et trop peu dynamiques. En effet, la première partie de l’expérience se limite à circuler en toute furtivité là où la deuxième a davantage tendance à multiplier les énigmes, les pièges et les séquences sous pression, ce qui rend le tout beaucoup plus exaltant. Dommage que le tout soit assez souvent terni par une IA au fonctionnement très aléatoire. Parfois très difficiles à éviter, les ennemis semblent à de multiples occasions parvenir à nous repérer comme par magie, même quand des portes fermées et des murs nous séparent.
Une immersion imparfaite
Nous l’avons indiqué à plusieurs reprises, le titre de Wales Interactive accorde une place très particulière au son. La musique est par exemple à l’origine même du scénario et nous donne à de nombreuses reprises la possibilité de profiter de la superbe voix de Tia Kalmaru, qui réinterprète notamment l’hymne folklorique gallois « Y Ferch o’r Sger ». Et si les ennemis peuvent se repérer au bruit, nous pouvons en toute logique faire de même avec eux pour identifier leur position. Malheureusement, c’est là que le bât blesse. La gestion 3D du son de Maid of Sker est si ratée qu’il est extrêmement difficile, voire même impossible, de parvenir à déterminer la localisation précise des Quiet Mans. Autant dire que la déception est assez grande à ce niveau-là, surtout quand on sait que cette mécanique est censée être au cœur du gameplay. Pour illustrer le problème, sachez qu’il n’est pas rare d’entendre un ennemi comme s’il était à côté de vous alors qu’il se trouve en réalité de l’autre côté du mur, voire même à un étage différent du vôtre.
Mais malgré ce défaut de taille, le jeu a tout de même le mérite de proposer une ambiance assez sympathique. S’il ne faut pas s’attendre à avoir réellement peur ou même à frissonner au cours de l’aventure, on peut lui accorder le fait qu’il nous plonge dans une atmosphère angoissante portée par un moteur graphique qui, sans faire de merveilles non plus, s’en sort bien. Comme beaucoup de jeux indépendants, il n’échappe pas aux habituelles pertes de fluidité, aux temps de chargement aussi longs que nombreux et à la présence de clipping par endroit, mais rien qui ne ternisse fondamentalement l’expérience de jeu. On ne peut pas forcément en dire autant de la manière dont apparaît la santé du personnage à l’écran, qui est quant à elle beaucoup trop intrusive et étouffante. Pour cause, chaque coup reçu provoque l’apparition d’un cadre rouge clignotant de plus en plus imposant tout autour de l’écran. Tellement qu’on a presque envie de soigner notre personnage, quand bien même il n’en aurait pas vraiment besoin, juste pour le faire disparaître.
Verdict : 6/10
À l’image du chant des sirènes, Maid of Sker est un titre charmant à bien des égards. Sa volonté de nous plonger dans un vrai récit folklorique, son utilisation de la musique, son ambiance et ses quelques bonnes idées de gameplay sont de véritables atouts. Malheureusement, ses problèmes de rythme, d’IA ou encore de gestion du son viennent quelque peu ternir le tableau. On en ressort ainsi avec un léger goût amer dans la bouche, déçu de passer à côté d’une expérience qui avait toutes les cartes en main pour réussir. À privilégier pour les gros amateurs du genre seulement.
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