Sur la génération actuelle, on a eu le 3ème opus de la série Mafia mais on ne peut pas dire qu’il est autant apprécié que ses ainés par les fans, malgré une histoire et une ambiance bien ficelées. Les 2 autres, en revanche, ont conquis les admirateurs d’aventures de gangsters et le premier était l’un des pionniers du genre à son époque. Cette année, il fait son retour via Mafia: Definitive Edition, une édition qui porte bien son nom car on a affaire à un remake flambant neuf. Il conserve l’attrait principal du jeu, à savoir ses personnages et ses situations rocambolesques mais on a de nouveaux graphismes, un gameplay revu, des voix inédites, etc. A-t-il ce qu’il faut pour faire plaisir aux joueurs de toujours ainsi qu’aux nouveaux ? Un sacré défi pour Hangar 13, développeur de Mafia 3, qui se doit de redorer quelque peu le blason.
Test réalisé sur PlayStation 4 grâce à une copie numérique fournie par l’éditeur
L’histoire revisitée d’un ange
Mafia: Definitive Edition vous place dans la peau de Tommy Angelo, simple chauffeur de taxi en 1930. Il parcourt les rues de Lost Heaven et gagne humblement sa vie. Une vie sans luxe, certes mais c’est toujours mieux que rien, surtout que la Grande dépression (crise économique précédant la Seconde Guerre mondiale) frappe l’Amérique du Nord de plein fouet, comme bien d’autres pays à travers le Globe. Cependant, la vie de Tommy va drastiquement changer lors de sa rencontre avec Sam et Paulie, deux membres d’une mafia qui ont besoin de lui suite à une rixe avec une bande rivale, celle de Don Morello. Par la suite, Tommy se montre intéressé par la via de truand et après quelques mésaventures, il intègre la famille de Don Salieri, lui garantissant richesse, pouvoir, possible amour… mais pas sans sacrifices.
Mafia, ou Mafia: The City of Lost Heaven de son nom complet, proposait en 2002 une histoire assez poussée et, surtout, captivante, une excellente base pour un remake donc. Soyez rassurés, Mafia: Definitive Edition rend parfaitement hommage au scénario d’origine, mieux même, il le sublime. Bien qu’il reprenne les même intrigues, il y a tout de même eu un travail de réécriture qui offre des dialogues et personnages encore plus savoureux. Sans trop entrer dans les détails, il y a des changements plus ou moins importants, notamment une scène entre Tommy et Sarah qui est bien différente de l’originale mais sans doute pour le mieux, rendant leur relation davantage naturelle et émouvante, moins clichée. L’histoire de Mafia: Definitive Edition est complète, engageante, choquante aussi parfois (le jeu n’est pas interdit aux moins de 18 ans pour rien, les morts y sont courantes et sans pitié), de quoi passer un bon moment en compagnie de Tommy Angelo.
Plus que la péripétie elle-même, c’est l’ambiance s’en dégageant qui fascine. On a vraiment l’impression de vivre les mésaventures d’un gangster des années 1930 : fusillades, complots, règlements de compte, trafics et coups politiques, tout est là. De plus, Tommy est loin d’être un personnage machiavélique, il y a une certaine nuance dans ses actions et il nous fait bien comprendre que le monde n’est ni entièrement blanc, ni entièrement noir. Un héros qu’on retenait déjà en 2002 et encore plus en 2020 via Mafia: Definitive Edition. De ce côté, c’est un quasi sans faute de la part de Hangar 13, bien que la matériel d’origine y est pour beaucoup mais cela ne suffit pas à proposer un remake digne de ce nom, surtout en cette fin de génération où bon nombre de jeux remis au goût du jour ont réussi à s’imposer même parmi de tout nouveaux titres, comme Resident Evil 2, Final Fantasy VII Remake, etc.
Gangster au volant, mort au tournant
Du côté du gameplay, Mafia: Definitive Edition reprend la formule du jeu d’origine, à savoir proposer des missions linéaires tout en incorporant un monde ouvert, de quoi justifier de multiples trajets durant les missions. Chauffeur de taxi oblige, Tommy Angelo conduit beaucoup et quand il devient gangster, son passé ainsi que son talent servent de prétextes à ce qu’il soit presque toujours le conducteur, quelle que soit la situation. Ca ne le dérange pas vraiment et fort heureusement, nous non plus. Bien entendu, qui dit remake dit possibles améliorations de gameplay et Hangar 13 n’a pas laissé la copie intouchée à ce niveau. Ainsi, la conduite a été revue et manette en main, le résultat est agréable grâce à un certain réalisme, encore plus en mode Classique qui imite la difficulté du jeu d’origine avec le besoin de changer les vitesses manuellement, respecter le code de la route, etc., sous peine de provoquer l’arrivée de la police. Si certains véhicules ne sont pas aussi bons à conduire que d’autres, notamment les motos, les sensations et le plaisir sont là, ce qui fait qu’on ne peste pas dans les multiples chapitres où il faut conduire, quasiment tous en fait. D’ailleurs, au sujet de la fameuse mission de course, il est vrai qu’elle reste parfois injuste faute à des adversaires redoutables, surtout en Classique mais on ne peut pas dire qu’elle manque de piment.
Quant au level design, Lost Heaven est une ville agréable à parcourir grâce à de multiples quartiers variés ainsi qu’une zone rurale offrant d’autres types de routes mais en dehors des missions, il n’y a hélas pas grand chose à y faire une fois le plaisir de conduite passé. S’il y a également un Mode libre où l’on peut user divers moyens de transport et collecter davantage de voitures/magazines/cartes (ça ne sert pas à grand chose mais cela fera plaisir aux afficionados du genre), on en atteint vite les limites mais il faut retenir que Mafia: Definitive Edition reste avant tout fidèle au jeu d’origine, avec une aventure linéaire mettant l’accent sur son histoire. Le monde ouvert ne sert qu’à immerger davantage le joueur dans le récit et de ce côté, c’est réussi, surtout qu’on a moins d’allers-retours fastidieux (on peut même en enlever davantage si on le souhaite dans les options mais ce serait dommage de ne pas profiter des dialogues des personnages durant les voyages). On aurait tout de même aimé quelques missions annexes supplémentaires plus intéressantes ou davantage d’interactions possibles dans Lost Heaven, même Mafia 2 propose davantage de ce côté.
Autre point important dans les Mafia, les phases de tir et missions où il faut souvent jouer de la ruse ou des poings, ce qui est normal puisque l’on joue un gangster. Ainsi, à travers divers niveaux, on doit accomplir des objectifs assez variés tout au long de l’aventure : transport d’alcool, infiltration d’un manoir, assassinats, rixes avec des bandes rivales… Le programme est plutôt chargé et grâce à la jouabilité modernisée, Mafia: Definitive Edition propose une expérience tout à fait charmante, bien qu’imparfaite. Désormais, on a un Tommy qui se contrôle plus ou moins de la même manière que les héros des derniers Mafia, là où le tout premier opus proposant un jeu de tir plus basique. Ici, on peut se mettre à couvert, changer rapidement de matériel via une roue d’arme, se battre au corps-à-corps avec un système de contre, utiliser divers projectiles tels que des cocktails molotov… Côté tir, c’est du classique mais efficace grâce à de bonnes sensations ainsi que des ennemis assez réactifs, il arrive souvent de mourir quand on ne fait pas assez attention ou quand on fonce dans le tas. Cependant, l’IA n’est pas toujours au point et on peut faire face à des malfrats/policiers qui ne savent pas trop quoi faire face à Tommy, sortant même de leurs cachettes pour rien ou le perdant de vue trop facilement/rapidement, entre autres mais cela n’impacte guère le fun sur le long terme, de quoi bien s’amuser durant les 10-15 heures nécessaires pour venir à bout de l’histoire. Cela peu paraître peu mais l’expérience en vaut le coup, de plus, le prix de départ de ce remake est plutôt attractif (maximum 40€ normalement et il est compris dans la version incluant toute la trilogie).
C’est la suite qui pêche un peu : les (rares, heureusement) moments où l’on se bat à mains nues, par exemple, ne sont pas des plus passionnants car le système est trop limité. On peut juste taper et esquiver/bloquer au bon moment en appuyant sur une simple touche, le tout avec des animations et un feeling indigne de 2020. On est loin d’un The Last of Us Part II, pour comparer avec un jeu récent. De même pour les phases d’infiltration, se mettre à couvert est loin d’être naturel et à part se déplacer accroupi ainsi que se cacher derrière des murs/objets, on ne peut rien faire d’autre. Non, pas de possibilité d’attirer un ennemi près de soi, rien à faire pour les distraire, il faut simplement suivre leurs routines et les mettre KO au bon moment, le tout dans des lieux au level design qui se prête davantage à du shooting plus bourrin et quand on se fait repérer, c’est la fin de partie. On a vu mieux dans le genre depuis. Il est dommage qu’Hangar 13 n’ait pas davantage revu ces aspects car le reste se montre assez réussi, bien que vu et revu. On salue toutefois l’effort du développeur de proposer un gameplay plus moderne et de ne pas s’être seulement contenté de reprendre l’ancien en embellissant le tout. D’ailleurs, à ce sujet, c’est là où Mafia: Definitive Edition brille vraiment.
Retour vers les années 1930
Le visuel de Mafia: Definitive Edition était attendu au tournant, chose qu’un remake se doit de parfaire. Le résultat final est sans appel, Mafia Definitive Edition est un beau jeu qui n’a pas à pâlir face aux dernières sorties : certes, il n’est pas le meilleur du lot, surtout quand on constate que les yeux et certaines animations (faciales, notamment) sont par moments un peu datés, sans oublier un peu de clipping et autres petits défauts mais en général, on s’y croit presque. Les cinématiques précalculées sont splendides, la mise en scène digne des meilleurs films du genre (même quand les personnages ne font que parler, c’est intéressant à observer grâce à leurs mimiques, leurs regards…), les détails, les textures, la lumière, les reflets et autres effets sont agréables à l’œil, tout comme les modélisations. Il suffit de voir le résultat en action lorsqu’on conduit de nuit avec la pluie, avec des flaques qui reflètent de manière assez réaliste les néons et autres éléments du décor, ça vaut le détour. La direction artistique se veut elle aussi davantage proche des derniers Mafia, ce qui fait que les personnages ont des visages et carrures différents, notamment Tommy mais vu le temps passé entre le jeu d’origine et le remake, c’est normal et on ne va pas s’en plaindre. Les rues de Lost Heaven sont davantage peuplées et vivantes, donc crédibles, renforçant notre immersion dans ce monde de crime, surtout quand on esquive des passants au dernier moment lors d’une course-poursuite ou autre (même s’il est parfois étrange de constater que les rues sont totalement vides lors de certaines missions, pour plus de facilité sûrement mais ça gâche un peu l’illusion). L’interface, elle, est minimaliste, avec même de bonnes idées comme le fait que la direction à emprunter est indiquée par de faux panneaux de signalisation. Enfin, la fluidité est au rendez-vous et il y a rarement des baisses de framerate, même sur PlayStation 4.
La version PC de Mafia: Definitive Edition loupe de peu la cuisson Al Dente
Avec un remake aussi charmant, mais un framerate bloqué à 30 FPS sur PS4, certains ne sauraient que trop s’orienter vers la version PC. Si cette dernière semblait plutôt mal partie selon les premiers échos, les premiers patchs suivant la sortie du jeu lui permettent de s’offrir une stabilité certaine. Si l’on se souvient encore de Mafia III et de certains bugs délirants, plusieurs semaines après sa sortie, force est de constater que Mafia: Definitive Edition a fait l’objet d’un travail bien plus méticuleux. On y retrouve toujours quelques légers ralentissements, notamment lorsque le jeu lance une cinématique, et certains environnements provoquent curieusement des chutes de framerate alors que certains passages qui font parler la poudre s’en tirent sans le moindre problème. L’optimisation aurait tout de même mérité un léger coup de polish afin de tourner en 60 FPS sur des configurations plus modestes que celle que nous avons utilisée. Testé sur un combo RTX 2060 Super/Ryzen 5 3600, le jeu n’est jamais parvenu à atteindre les 60 images par seconde avec les paramètres graphiques au maximum et flirtait la plupart du temps entre 45 et 55 FPS. Diminuer la résolution (3440*1440 d’origine) n’a guère permis d’améliorer les performances, tout comme réduire la qualité de l’affichage. La possibilité d’adapter le champ de vision (FOV) permet de profiter plus en détail du travail réalisé par Hangar 13 ainsi que de l’ambiance si particulière chère à cette époque. Notons d’ailleurs que le titre est compatible avec les écrans Ultrawide sans qu’il y ait besoin de passer par un quelconque mod. Si cela peut sembler anodin, on dénombre encore trop de titres qui ne proposent pas cette prise en charge. Nous ne saurions toutefois que trop vous conseiller la version PC, pour peu que votre configuration ne soit pas trop vieillissante, afin de profiter comme il se doit de ce remaster fort attendu.
Notons tout de même que le gameplay reste toutefois un poil rigide au combo souris/clavier, bien que ce dernier se révèlera plutôt utile lors des phases de shoot, on ne saurait donc que trop vous conseiller votre meilleur pad compatible PC (dans le meilleur des cas, la manette Xbox One pour son confort et sa précision).
Pour finir, on ne peut parler de Mafia: Definitive Edition sans mentionner la bande-son : voilà bien un point où le remake est incontestablement bon. Les musiques orchestrales originales ont été enregistrées à nouveau et il y en a des inédites, toutes collent à ce qu’on voit à l’écran. Que ce soit lors de moments de tension, de détente (oui, Mafia: Definitive Edition se permet d’avoir des passages calmes, un gangster se doit de profiter un peu lui aussi), de situations explosives, la musique orchestrale nous aide à ressentir davantage chaque émotion. Il y a également plusieurs chansons et musiques cultes provenant d’artistes comme Duke Ellington, Django Reinhardt, The Mills Brothers et autres, surtout du jazz donc, genre qui s’est imposé dans les années mises en avant par le jeu. On les entend surtout à la radio lorsqu’on conduit, ce qui procure davantage de plaisir lorsqu’on a un volant en mains. En fermant les yeux, on croirait presque voyager dans le temps, les développeurs d’origine (de ce côté, Hangar 13 n’a rien fait) ont su sélectionner les morceaux adéquats. Quant aux voix, il faut savoir que les acteurs du jeu de base ont été remplacés, ce qui pouvait faire peur aux puristes mais ceux qui ont prêté leurs voix à Mafia: Definitive Edition ont su réaliser des performances dignes de leurs personnages, notamment Tommy, le tout avec des accents italiens respectés et un jeu d’acteur plus réaliste. L’histoire est alors mieux mise en valeur, ce que ce remake fait avec soin malgré quelques aléas. C’est tout ce qu’on lui demandait.
Verdict : 8/10
Mafia: Definitive Edition est donc un remake de haute qualité. Bien qu’imparfait sur certains aspects (assez mineurs qui plus est), on ne peut pas dire qu’Hangar 13 a manqué de respect au jeu d’origine. Le développeur aurait pu se contenter de seulement mettre les graphismes au goût du jour mais le travail effectué sur cette refonte va bien au-delà de cela. Pratiquement tout a été revu afin d’améliorer l’expérience et nous immerger davantage dans une histoire qui reste captivante, encore plus avec les ajouts et retouches effectuées sur ce remake. Les vieux fans se plairont sûrement à revivre de la meilleure manière certaines années de la vie de Tommy Angelo tandis que les autres découvriront ce qui fait le charme de cet opus. De quoi relancer la série Mafia sur le droit chemin.
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