Largement teasé par 2K à l’aide d’innombrables vidéos de gameplay – ou non – et une campagne marketing à en faire pâlir les plus gros blockbusters de ces dernières années, Mafia III fait partie des rares jeux à ne pas avoir subi de report. Pourtant, on s’est très vite aperçu que le jeu aurait gagné à être décalé de quelques semaines, voire même quelques mois. Tel Icare, Hangar 13 s’est brulé les ailes, et aurait probablement dû laisser les médias approcher son titre via des sessions de hands-on qui auraient pu éviter le désastre.
La vengeance est un plat qui se mange froid
Parmi les jeux les plus attendus de cette fin d’année, figure le titre de Hangar 13 et 2K : MAFIA III. Comme vous l’aurez deviné, il s’agit bel et bien du 3ème opus de la licence lancée en 2002 sur PC, PS2 et Xbox, et de la suite plus ou moins directe de Mafia II. Entendez par là que si l’environnement a changé, on y retrouvera certains protagonistes bien connus comme Vito Scaletta. Continuant sur la lignée de ses prédécesseurs, Mafia III semblait avoir tout pour lui, ou presque : Un open-world dans une ville fictive qui hume bon les 60’s, une histoire de vengeance somme toute basique au premier abord mais prenant place dans un contexte intéressant (Le racisme étant très présent dans le jeu), une bande-son extrêmement riche et de qualité… Les apparences sont malheureusement trompeuses.
Concrètement, on trouve bien plus d’arguments qui permettent d’expliquer ce qui ne va pas dans Mafia III que le contraire. Et très honnêtement, même avec la meilleure volonté du monde, on aurait bien du mal à trouver plus de qualités que de défauts au titre de 2K. Pourtant, les premières minutes de jeu ne laissaient pas présager un destin aussi funeste, avec une entrée en la matière plutôt réussie, et des cinématiques de qualité, faisant la part belle à un doublage d’exception. En effet, que vous choisissiez les voix originales ou françaises, le résultat sera tout aussi impressionnant et d’un soin rare dans l’univers du jeu vidéo. Et bien que nous privilégions d’habitude les doublages originaux, pour préserver le cachet de l’œuvre dont il est question, dans le cas présent nous vous recommandons vivement d’opter pour les voix françaises qui vous permettront de ne pas avoir à subir des sous-titres difficiles à percevoir pour peu que vous soyez un peu loin de votre écran.
Et c’est d’ailleurs un problème ancré dans Mafia III, comme si le jeu avait été développé en ignorant totalement que des joueurs iraient se procurer le produit fini. D’ailleurs, il nous est assez difficile de parler de produit fini, puisqu’il nous a laissé une impression d’inachevé résonnant comme un arrière-goût amer dont on aurait bien du mal à se débarrasser.Ce ressenti est d’autant plus frustrant quand on sait que les premières heures de jeu sont tout juste sympathiques, et que l’on espère naïvement que l’ensemble va ensuite s’améliorer. Il est évidemment des points sur lesquels Mafia III n’aurait pas pu s’améliorer au fil des heures, comme les graphismes. Si ces derniers avaient été tout juste satisfaisants, cela aurait encore pu passer. Mais le fait est que l’on a plus l’impression de se retrouver face à un titre sorti sur PlayStation 3, sans vouloir la dénigrer.
Hormis quelques textures convaincantes, le jeu n’est jamais à la hauteur et parvient tout juste à offrir une distance d’affichage convenable, avec en prime une sorte de brouillard blanchâtre omniprésent de jour. S’il est absent de nuit, le constat reste cependant le même, avec des environnements relativement vides. Pire encore, le jeu manque terriblement de vie et on se retrouve généralement avec des PNJ amorphes, qui ornent les trottoirs et errent simplement pour tenter de donner de la consistance au jeu. À croire qu’ils ne sont ici que pour avertir les forces de l’ordre dès que vous aurez le malheur d’enfreindre la loi. Le monde ouvert sert donc uniquement les intérêts du scénario, et éventuellement de quelques missions annexes pas tellement passionnantes mais qui viendront au moins gonfler la durée de vie du jeu, pour peu que l’on puisse avoir vraiment envie de passer plus de temps que nécessaire dans les quartiers de New Bordeaux. Globalement, on ne retrouve rien de ce qui fait le charme des jeux en monde ouvert et proposant diverses activités, ainsi que des univers riches et très denses. Pas d’activités annexes, peu de réelle liberté… Mafia III effectue un vrai retour dans le passé, puisque même GTA III à son époque faisait mieux en la matière. C’est d’autant plus dommage quand on sait que le jeu souffre d’un scénario ultra dirigiste, soutenu par une narration en dents de scie et un rythme complètement déconstruit qui a largement peiné à nous accrocher durant la période de test.
Ça va saigner
Déstabilisant est probablement le terme qui convient le mieux lorsque l’on souhaite évoquer le gameplay du jeu de Hangar 13. En effet, les commandes ne sont pas très intuitives et ne sont malheureusement pas paramétrables selon le bon vouloir du joueur, ce qui demande un léger temps d’adaptation. Cela n’aurait pas été un souci en soi, si en plus de cela les contrôles n’étaient pas aussi raides. Ce qui pose surtout problème lorsque l’on tente de jouer la carte de l’infiltration et que l’on se retrouve face à un système de couverture peu convaincant, notamment lorsque l’on a connu celui de Deus Ex: Mankind Divided, efficace au possible. Cela se confirme également lorsqu’il nous prend l’envie d’utiliser une voiture pour nous déplacer. Car malgré la présence d’un soi-disant « mode simulation », la conduite est tout sauf agréable. Il serait bien déplacé de demander à un tel jeu d’avoir le degré de réactivité d’un jeu de course, mais la physique des véhicules rend la conduite tellement irritante que même un Watch Dogs n’aurait pas à rougir de son système de conduite.
Tout n’est cependant pas à jeter dans le gameplay, puisque le jeu offre malgré tout un excellent feeling avec les armes proposées. S’il n’est possible que d’en porter un petit nombre, leur usage reste probablement la plus grande qualité du jeu, offrant des gunfights presque intenses et intéressants. Oui, presque, car il ne faut pas oublier que Mafia III possède une I.A complètement datée, dont les actions sont, certes, imprévisibles, mais n’offrant aucun réel challenge. Retranchés derrière leur couverture, les ennemis se contenteront de vous canarder autant qu’ils le peuvent, à moins qu’il leur prenne l’envie de venir vous débusquer, auquel cas ils feront des cibles extrêmement faciles, puisqu’ils n’hésiteront pas à prendre le chemin le plus direct pour arriver jusqu’au joueur.
Nous pourrions aussi évoquer les ennemis qui, durant leur ronde, passeront juste à côté du joueur accroupi sans même y prêter attention, ou de ceux qui, lorsque vous pointerez votre arme sur eux, ne réagiront tout simplement pas. À ce niveau-là, privilégier l’infiltration ou l’action ne changera malheureusement pas grand-chose. En effet, il aurait été grisant d’avoir à se la jouer discret au possible pour ne pas courir le risque de se retrouver avec un trop grand nombre d’opposants à notre recherche. Ou au contraire, quel n’aurait pas été le plaisir de se retrouver face à des affrontements épiques dignes des films d’action mafieux des années 80, plutôt que de se retrouver face à de vrais manchots que l’on alignera en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.
Le fait est que si cette partie du jeu avait été réussie, cela aurait peut-être été plus motivant de vivre la vendetta de Lincoln Clay, bien que la répétitivité s’installe trop vite à notre goût. En effet, le scénario nous amènera à nous allier à plusieurs figures de New Bordeaux qui gèrent divers business lucratifs comme celui de la drogue. Et puisqu’il s’agit pour notre personnage d’éliminer l’un des piliers de la mafia de la ville, il faudra avant tout éliminer tous ses lieutenants qui gèrent également diverses affaires, entre substances illicites et prostitution. À partir de là, le même schéma se répète inlassablement : On commence par ébranler le business d’un des hommes de main de Sal Marcano, pour finalement le faire sortir de sa planque et l’éliminer. Malheureusement les missions ont toutes, ou presque, le même objectif. Si encore le jeu ne trainait pas tant ses défauts comme un boulet attaché au pied d’un prisonnier, cela rendrait sans nul doute la chose plus intéressante. Mais le fait est que l’on finit vite par faire les mêmes choses et c’est là que le manque d’activités annexes se fait grandement sentir.
Retour dans le passé
Au final, même si le jeu était plus étoffé en termes de contenu, on en vient à se demander s’il serait parvenu à nous accrocher malgré tout. En effet, il est truffé de bugs tout droit sortis de l’époque de la PS2 et que l’on ne pensait plus revoir de nos jours, encore plus dans un jeu aussi médiatisé et bénéficiant du soutien financier d’un éditeur tel que 2K. Allant des véhicules qui apparaissent comme par magie (vive le clipping), aux textures que notre personnage traverse, ce n’est là qu’un maigre aperçu du florilège de bugs qui sont apparus depuis la sortie du jeu. On pourrait également citer les innombrables problèmes de collision qui ternissent l’expérience et donnent simplement envie de remettre le jeu dans sa boîte sans plus jamais l’en sortir.
C’est terriblement dommage pour un titre qui prend place à une époque trop peu représentée dans le jeu vidéo. L’idée de la ville fictive inspirée par la Nouvelle Orléans des années 60 est accrocheuse et on ressent bien l’ambiance de cette période, en grande partie grâce à la bande-son de qualité qui nous propose plus de 100 titres de l’époque qui couvrent les plus grands styles de l’époque. Les Rolling Stones, Johnny Cash ou encore The Animals, font partie des artistes présents sur les stations de radio qui accompagneront nos déplacements en voiture. Dommage que l’on en compte seulement 3 en tout et pour tout, car avec la grande variété de titres disponibles, il y aurait eu de quoi segmenter tout cela, afin de pouvoir varier les plaisirs plus facilement. À côté de ça, les compositions très bluesy de Jesse Harlin et Jim Bonney sont toujours en accord avec les évènements qui surviennent et dans la lignée de ce que l’on attend d’un jeu prenant place dans l’univers de la mafia. Dommage que tout le reste ne soit pas à la hauteur, car Mafia 3 aurait pu s’élever au rang des jeux de l’année 2016 à ne pas louper. Reste à voir si les développeurs auront la bonté de lui offrir un coup de polish largement nécessaire par le biais de patchs et autres mises à jour, avant de se pencher sur les contenus téléchargeables payants qui arriveront dans les mois à venir.
Verdict
Si le choc est aussi grand, c’est peut-être parce que 2K a eu la mauvaise idée de promouvoir un titre aussi médiocre à outrance. Alors certes, il y a eu quelques éléments qui pouvaient laisser sous-entendre qu’anguille sous roche il y avait. Néanmoins, on a voulu y croire jusqu’au bout, parce que ses prédécesseurs ont su s’avérer convaincants en leur temps. Finalement Mafia III ne parvient pas à faire mieux qu’eux, ni même à les égaler, et s’enlise dans un marécage de défauts qui ne seront probablement jamais gommés. On se demande alors pourquoi l’éditeur a confié la suite de la licence Mafia à un studio aussi jeune que Hangar 13, car même s’il est dirigé par l’ex-directeur créatif de chez Lucas Arts, cela ne l’aura pas empêché de sombrer dans les abysses de la médiocrité. S’il avait couté la moitié de son prix neuf, peut-être que le jugement aurait été un peu plus modéré. Mais en l’état, il est impossible de faire preuve d’une quelconque clémence quand on s’annonce comme un blockbuster, que l’on fait rêver les joueurs avec une campagne marketing imposante et que l’on se permet un tel raté.
Test réalisé sur PS4 à partir d’une version éditeur
Sharingan
26 octobre 2016 at 2 h 29 minTres bon test , Moi qui voulai l’achète car l’ambiance m’attirait , je vais attendre quelque temp pour le prendre d’occasion ou en promo
Crick
26 octobre 2016 at 10 h 35 minJunan MERCIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII, ce test correspond en tout point à mon avis sur cette bouze survendue, mais ca ne te ressemble pas!!!!!! Enfin tu deviens mechant, ca j’adore, continu comme ca Bro
Goulag Goulagsson
26 octobre 2016 at 14 h 41 minL’ambiance reste sympa et effectivement les musiques sont très bien choisies. Mais pour le reste le test résume bien le jeu… pas de profondeur ni de vue ni de fond . Seul acte de bravoure : la mission dans le parc d’attraction désaffecté qui m’a beaucoup plu tant au niveau graphique que sonore !
sylvain tremblay
26 octobre 2016 at 16 h 54 min4 Il faut exagérer quand même ,il mérite 7.5 ou un 8