Lysfanga: The Time Shift Warrior est ce genre de pépite du jeu indépendant qui restera gravé dans notre mémoire, tant il a su reprendre des idées ailleurs et se les approprier comme il se doit, nous donnant alors entre les mains un petit joyau finement taillé. Poussée par l’obtention d’un Pégase en 2022, c’est auprès du studio Quantic Dream que l’équipe d’étudiants développant le jeu se permit de pousser le titre plus loin et plus longtemps. Nous permettant de découvrir Imë, guerrière temporelle, prête à en découdre contre des hordes de monstres dans une cité en ruine. Après une preview qui nous avait enchanté, il est temps de revenir sur ce titre et d’y découvrir la fabuleuse terre d’Antala.
Test réalisé sur PC à l’aide d’une copie numérique fournie par l’éditeur
Le temps résout tous les problèmes… ou presque
Lysfanga: The Time Shift Warrior, que nous renommerons juste Lysfanga pour la suite du test, nous plonge dans un premier temps dans la cité de Mayura, coincée dans une bulle temporelle suite à une attaque de monstres, les Raxes. L’histoire nous est alors contée sur une fresque nous rappelant un bon vieux Zelda Wind Waker mixé au film Princes et Princesse de Michel Ocelot. Nous y découvrons la chute du monde d’Antala avec l’élévation de la reine de la cité, Qhomera, en déesse du temps, ainsi que son sacrifice pour bloquer les Raxes. Par la suite, nous y apprenons la création des Lysfanga, guerriers ou guerrières du peuple survivant héritant des pouvoirs et des forces des dieux.
Après plusieurs générations de guerriers uniques, des jumeaux reçoivent cette bénédiction et tous deux deviennent alors des Lysfanga. Là où notre héroïne Imë prend les traits d’une guerrière pour suivre la tradition, son frère Kehör est quant à lui un mage puissant et respecté. C’est alors que la lumière du dôme temporel censé bloquer les Raxes dans la cité disparait, et c’est à vous, Lysfanga, de comprendre la raison de cette disparition, et ainsi protéger votre peuple.
C’est ainsi que commence l’histoire d’Imë, s’engouffrant dans la cité abandonnée à grand coup de shamshir et de targe. La première chose qui frappe aux yeux est sa grande similitude avec un autre grand jeu de Hack’n Slash, Hades. Ce point n’est pas quelque chose de mauvais, tant Lysfanga arrive à prendre les meilleurs côtés de sa principale inspiration et à l’améliorer avec ses propres mécaniques. Ainsi, nous débutons avec un tutoriel assez sobre à base de slide à la powerpoint, que nous passerons assez rapidement, tant la mécanique est bien huilée à coups d’attaque faible, d’attaque forte ou encore de dash. Parcourant alors une cité figée dans le temps, nous tombons rapidement sur notre premier combat d’arène ainsi que l’introduction de la phase tactique proposée par le titre.
C’est ici que Lysfanga définit son propre style et se différencie de ses pairs. Cette phase permet, en effet, de visualiser l’arène avant de vous lancer à corps perdu contre les Raxes. Une fois le terrain identifié et votre angle d’attaque voulu, vous vous lancez contre ces maudites créatures, mais… vous mourrez. Et cela à cause du temps imposé par les arènes. Pas de panique, la gardienne des lieux, Qhomera, vous accorde une entrevue et vous octroie son pouvoir, celui du temps. Revenue d’entre les morts, la phase stratégique se relance avec une nouvelle mécanique de gameplay, la technique de clonage et celle de remonter dans le temps.
Nous comprenons alors rapidement que l’arène en question ne pourra être terminée qu’en un seul coup, et c’est grâce au pouvoir de la déesse que nous pourrons y arriver. Ainsi, il vous faudra habillement éliminer un nombre de Raxes avant de remonter le temps et de laisser faire votre réminiscence s’occuper de votre première run, laissant alors la possibilité de tuer les monstres restants. Vous l’aurez compris, le pouvoir proposé vous permettra alors de créer votre propre armée de clones se calquant sur vos actions passées. À vous alors de bien choisir les chemins à prendre, vos cibles ou encore votre tactique lors de la phase stratégique, car vos actions seront vite limitées.
Très rapidement, vous prendrez en mains cette mécanique de gameplay, tant les ennemis qui vous feront face demandent davantage de préparation. Bonjour les monstres devant être abattus en même temps, dans le dos ou encore en jongle avec un de vos clones. Lysfanga ne sera alors pas avare du côté de son bestiaire, s’étoffant encore plus au fil de l’aventure et permettant de prendre plaisir à découvrir et redécouvrir vos pouvoirs. Toutefois, les arènes se verront rapidement inégales en termes de difficulté. Il vous arrivera souvent de terminer une arène facilement et d’en enchainer une autre sur laquelle vous passerez plusieurs minutes à comprendre les mécaniques. Cette sensation est d’autant plus marquée lors d’ajouts de modificateurs d’arène, à l’exemple d’un rayon venant de l’autre bout de la carte que nous vous laisserons le plaisir de découvrir. Heureusement, le titre offre pas mal d’équipements pour tenter de compléter au mieux les combats, et cela assez rapidement dans l’aventure.
Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités
C’est donc en continuant votre progression dans les ruines de Mayura que vous tomberez nez à nez avec votre frère, discutant avec un étrange golem de pierre. Après un échange des plus mystérieux et une attaque de Raxes, Imë décide de remettre sur pied le golem tombé au combat. Celui-ci deviendra alors rapidement votre ami et vous guidera dans la bibliothèque de la cité, devenant par la même occasion le hub central du jeu. C’est donc dans l’académie de Mayura que sera établi votre premier camp, véritable hub où vous pourrez retrouver les différents personnages que vous croiserez durant votre aventure.
Ici, en plus d’un point de téléportation vous permettant de revenir dans les différentes zones du jeu, vous aurez la possibilité de changer de cosmétique, discuter avec les personnages secourus, améliorer votre équipement ou encore recevoir des runes vous facilitant les combats à venir. Même si vous avez la possibilité de changer vos builds en cours d’exploration, il est toujours pratique de revenir dans votre camp pour discuter avec les personnages, que cela soit pour en apprendre davantage sur l’histoire du jeu ou comprendre un peu mieux vos différents sorts. Avec un total de 14 sorts déblocables, 10 runes d’amélioration et quatre grands pouvoirs de la déesse, vous avez de quoi vous armer contre les ordres qui ne cesseront de grandir.
Un point intéressant à noter vis-à-vis des équipements : chacun d’entre eux sera accompagné d’un texte et d’une vidéo explicative, intéressant surtout avant de se lancer dans une arène et dans l’exploration des nombreux lieux présents dans le jeu. Concernant les cosmétiques, ne vous attendez pas à de grandes folies, il s’agira ici de simples color-swap avec 24 propositions différentes. Un ajout sympathique fait par les développeurs, que nous vous conseillons de tester au début pour vous rendre compte que la couleur par défaut restera la meilleure d’entre toutes.
Construite comme une tour à gravir, la cité de Mayura sera composée de trois grands étages avec chacun trois à quatre téléporteurs à découvrir. Comptez 1 h environ pour achever une zone, sachant qu’il sera possible à tout moment d’y revenir pour tenter de battre votre temps d’arène. Une fois la cité de Mayura terminée, deux autres cités vous attendent avec une construction similaire à Mayura, de quoi vous offrir un total d’approximativement 9 à 10h de jeu en fonction de votre habilité stratégique. En partant du principe que les cités furent abandonnées il y a des siècles de cela, les décors proposés par Lysfanga sont magnifiquement conservés du temps, mais traduisent aussi un sentiment de solitude. Un point un peu dommage, sachant que vous passerez cinq petites minutes entre chaque arène, vous obligeant à parcourir les ruelles abandonnées et donc sans vie.
De quoi fouiller un minimum les quartiers pour trouver des orbes d’améliorations, de nouveaux cosmétiques ou encore des éclats de réminiscence, augmentant le nombre de clones à générer. Placer ici et là entre les arènes, ces collectables ne seront pas compliqués à trouver tant ils brillent dans ces décors vides, mais fourmillants de détails. Toutefois, malgré ce petit point négatif qui sera en fonction des goûts de chacun, il faut mettre en avant la qualité de modélisation globale des décors avec de très bons designs rappelant l’ère de Prince of Persia, les sables du temps. Ajoutez à cela des angles de caméra s’offrant le luxe de se déplacer pour vous offrir de beaux panoramas, et vous obtenez une ruine qui n’en est pas une ainsi qu’un véritable sentiment de dépaysement.
Un sentiment d’émerveillement, teinté d’une terrible solitude
Précisé juste auparavant, l’espace entre chaque arène offre des moments de respiration trop longs et redondants, cassant alors le rythme frénétique des combats. Ce cassement de rythme est d’autant plus présent lorsque l’on ajoute la phase tactique à chaque début de combat. Nous jonglons alors avec des phases de tension, jouant avec nos réflexes, et des phases tristement calmes, sans aucun dialogue ou même musique. Même si ce point n’est pas forcément négatif, nous nous sommes retrouvés à jouer en plusieurs fois pour ne pas avoir ce sentiment de lassitude, tant nous souhaitons continuer à enchainer les combats les uns à la suite des autres sans être freinés dans notre lancée. Malgré ce point, cela nous fait penser que le titre s’adapterait parfaitement à la console de chez Nintendo, tant les parties peuvent être assez courtes tout en ayant une réelle sensation de progression.
Malgré son aspect quelque peu brouillon lors de combats, ses phases de solitude et de calme entre deux arènes et ses personnages parfois un peu trop platoniques, le jeu mérite d’être félicité pour sa stabilité et sa nervosité. Nous n’avons rencontré aucun bug lors de notre test, et ce, malgré nos tentatives de contourner les limites du jeu avec des dash périlleux. Avec un aspect reluisant au début, lisse et sans bavures, Lysfanga se permet de retourner son ambiance chatoyante avec des décors différents au fil de l’aventure, traduisant un storytelling maîtrisé et une attention au détail particulièrement appréciable. Mention toute particulière au second monde, cassant radicalement avec notre introduction au monde d’Antala.
Verdict : 8/10
Au final, Lysfanga: The Time Shift Warrior est ce genre de jeu qui fait plaisir à voir, surtout lorsque l’on sait qu’il s’agit à la base d’un projet étudiant. Poussée par Quantic Dream, la petite équipe de Sand Door nous offre ici un très bon jeu reprenant des mécaniques connues des joueurs. Véritable pépite temporelle, le titre vous transportera pendant une dizaine d’heures environ sans jamais vous lâcher, vous donnant l’impression d’être resté dans une faille temporelle. Avec son gameplay rappelant un mastodonte du genre, ses décors isométriques magnifiques, ses personnages simples mais efficaces et son univers regorgeant de détails. Lysfanga offre un jeu généreux pour les mordus de stratégie en temps réel, et de bons moments de réflexion, malgré son aspect parfois brouillon lors de grands et longs combats. Utilisez vos clones avec doigtés, et partez résoudre les mystères d’Antala contre les hordes de Raxes enragés. Un joyau à tester et tester à nouveau qui ne vous fera pas perdre votre temps.
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