Gareth Noyce est un homme motivé, en plus d’être fortement doué dans son domaine. En effet, après avoir travaillé sur des licences telles que Fable, Project Gotham Racing, Crackdown ou encore Kinect Star Wars, ce développeur britannique a finalement tout plaqué en 2013 pour aller s’exiler en Finlande. Devenu professeur de game design à Helsinki, le bonhomme en a profité pour y créer son studio de développement, sobrement baptisé « Triple Eh? » (les plus anglophones d’entre vous auront saisi la référence). Son tout premier bébé sort aujourd’hui et se nomme Lumo. Voici notre verdict.
D’ores et déjà disponible sur PlayStation 4, Lumo est selon nous un titre à faire absolument. Pour autant, il nous semble utile de préciser que Gareth Noyce n’a développé « que » les versions PC, Mac, et Linux. Les versions consoles (PS4 donc, mais également les itérations à venir en juin que sont les versions PS Vita et Xbox One) ont pour leur part été développées par le studio Just Add Water, connu pour l’excellent Oddworld New n’ Tasty et le non moins déluré I Am Bread. Un gage de qualité certain, donc. La seule différence entre la version testée par nos soins et celle disponible sur Steam concerne le framerate. En effet, le jeu tourne à 30 images par seconde sans faiblir sur PlayStation 4, là où il ne descend jamais en-dessous de 60 images par seconde sur PC.
C’est donc tout fier que Noyce apparaît sur Twitter depuis quelques mois, se félicitant de voir enfin son bébé sortir au grand jour, et ce après 3 longues années de travail. A l’instar de l’incontournable Axiom Verge sorti l’an dernier (ou encore du très fun Retro City Rampage DX), Lumo fait donc partie de ces raretés développées par une seule et même personne. A vrai dire, seule la musique a ici demandé l’aide d’une tierce personne (plutôt ironique lorsque l’on sait que Gareth Noyce est également DJ/compositeur). C’est donc l’artiste britannique connu sous le nom de Dopedemand qui s’en est chargé. Au final, on a donc droit à 19 pistes d’une rare originalité, arrivant à la fois à soutenir l’action du jeu, mais également à ne pas déconcentrer le joueur dans sa tâche parfois clairement ardue.
Car Lumo ne conviendra pas à tout le monde, soyez-en sûrs ! Et si les premières heures de jeu défileront rapidement du fait de l’absence de challenge, vos nerfs finiront bien par être mis à rude épreuve une fois la moitié du jeu atteinte. Mais au fait, en quoi consiste ce jeu si original ? Eh bien pour faire simple, disons que vous incarnez un petit mage (non ce n’est pas un nain mais un enfant !) dont vous choisirez au préalable le sexe ainsi que la couleur des vêtements portés (rose, bleu, blanc, vert, noir… Choisissez bien car il vous sera impossible d’en changer une fois la partie démarrée). Ce personnage sans nom se retrouve comme par magie propulsé à l’intérieur d’un jeu vidéo des années 1980. A partir de là, vous allez devoir progresser à travers ce qui semble être un labyrinthe géant, composé d’un peu plus de 400 salles. L’objectif ? Trouver comment sortir de là, pardi ! Et si quelques dizaines de salles peuvent sembler « inutiles », car n’étant finalement que des couloirs, ou parfois des sas, rassurez-vous, la grande majorité d’entre elles ne vous laissera aucun répit. Pics électriques, flammes, fantômes, guêpes tueuses, araignées géantes, dalles qui s’effondrent sous vos pieds, toupies cloutées… On pourrait parfois croire que l’endroit est vivant, et ce n’est pas pour nous déplaire !
En effet, nous avons trouvé l’ambiance de Lumo tout simplement extraordinaire. Que ce soit par le biais des musiques donc, mais aussi et surtout via son aspect visuel léché et maîtrisé de bout en bout. Des cavernes glacées dans lesquelles la neige viendra parsemer le sol de flocons (en plus de vous faire glisser sur un verglas des plus énervants), aux grottes sombres et humides, décorées à coups de toiles d’araignées, en passant par des salles ultra-modernes façon kitchenettes et toilettes de stations-service, l’ensemble ne faiblit jamais et on ne cesse de s’émerveiller devant tant de détails. Bien sûr, les textures ne sont pas toujours aussi fines qu’on aurait pu l’espérer, et le design de notre personnage est, par exemple, tout ce qu’il y a de plus sommaire (le visage sera identique, que vous optiez pour le petit garçon ou la petite fille). Mais les différentes ambiances traversées se font tellement sublimer par les effets de lumière à tomber que propose Lumo… Impossible d’y résister bien longtemps.
Il faut dire aussi que le level design atrocement labyrinthique du jeu nous fera voir du paysage. En effet, malgré la présence d’une map visible dans les options via le pavé tactile, le titre de « Triple Eh? » aimera vous voir lutter pour trouver votre chemin. Ainsi, il sera donc très fréquent de passer plusieurs fois par les mêmes salles, ne serait-ce que pour activer un mécanisme qui était jusqu’ici bloqué par un levier que vous venez lui-même d’activer à des kilomètres de là. Le tout en 3D isométrique, sans possibilité de bouger la caméra (si ce n’est un léger pivotement à gauche ou à droite grâce à L1 et R1). Croyez-le ou non, vous mourrez extrêmement souvent dans Lumo. Pas à cause de sa difficulté, non. Le jeu est loin d’être une promenade de santé mais l’on a connu bien pire ces dernières années. Le véritable challenge proposé par le jeu (et c’est également son plus gros défaut) réside dans le fait qu’on ne voit finalement pas grand-chose. Oui, car la 3D isométrique est un chouette créateur de souvenirs pour quiconque a déjà touché aux plus grands classiques du genre. Hélas, dans la pratique (et à fortiori en 2016), recommencer des centaines de fois la même pièce sous prétexte que nous ne sommes pas correctement aligné avec la corde que l’on essaie d’atteindre depuis 30 minutes, ça a tendance à énerver.
Le concept est donc tout à fait légitime pour Gareth Noyce, fan absolu de jeux dont est inspiré ce Lumo, tels que Head Over Heels (développé par Ocean Software en 1987), ou encore Equinox (développé par Software Creation en 1993). Hélas, et les plus anciens pourront le confirmer, la vue 3D isométrique n’a pas été abandonnée par les différents studios par hasard… Souvenez-vous de Sonic 3D par exemple. Un excellent jeu, mais aussi et surtout un vrai calvaire pour se localiser dans l’espace ! Seule l’ombre du hérisson bleu pouvait nous aider à nous repérer clairement au sein des levels. C’est d’ailleurs encore le cas dans Lumo (et nous avons trouvé ça extrêmement pratique, au vu de la situation un brin hasardeuse imposée par le jeu).
Un gros point noir, donc, qui n’enlève pourtant rien, vous l’aurez compris, au charme du jeu en lui-même. Difficile en effet de ne pas s’émerveiller devant tant de fraîcheur, à l’heure où les jeux AAA font la course aux effets spectaculaires et aux modes multijoueur en ligne. Lumo, lui, vous propose une aventure comme seuls les programmeurs des années 1980 savaient en faire. Teintée de nostalgie à n’en plus finir, c’est finalement son gameplay simpliste (mais accrocheur) qui finira de vous convaincre. Mais alors, quid de la durée de vie ? Eh bien, tout d’abord, sachez que Lumo propose 3 slots de sauvegarde. Une bien belle initiative pour qui veut faire jouer ses amis dans le cadre d’un tout nouveau run. Dans le même ordre d’idée, le jeu est faisable de deux manières bien distinctes : Aventure ou Old School. Si le premier, déjà suffisamment complexe, bénéficie de vies infinies et d’un chrono illimité (après tout, vous mourez en un seul coup dans Lumo, il ne faudrait pas pousser le bouchon trop loin), le deuxième impose un rythme bien différent. Oui, le mode Old School porte bien son nom, et vous octroie un compteur de vies (limitées, donc) ainsi qu’un timer à respecter pour tenter les records les plus fous. Avis aux amateurs de speedrun ! Enfin, sachez que le bébé de Noyce bénéficie, en plus de tout ça, de 32 canards en plastique à trouver (le plus dur sera encore de les ramasser), d’une palanquée de cassettes audio à dénicher (bon courage!), mais également de 6 mini-jeux déblocables in-games tels que la descente sur pente glissante, le jeu de shoot en vaisseau spatial, mais aussi du air hockey un brin « différent » de ce que l’on connaît habituellement. D’une manière générale, comptez 10 heures pour terminer le jeu sans tenter les 100%. Doublez ce temps si vous êtes un chasseur de trophées, auquel cas vous pourrez désormais considérer les Souls-like comme des jeux pour débutants. On vous aura prévenu !
Verdict : 9/10
N’y allons pas par quatre chemins : Lumo est la nouvelle perle que le PlayStation Store attendait depuis quelques mois. Aussi impressionnant que le quasi-parfait Axiom Verge, le titre de « Triple Eh? » a lui aussi été développé par un seul homme. La différence réside principalement dans l’aspect visuel du titre, Lumo étant vraiment bluffant pour un « petit jeu » (notamment grâce à ses effets de lumière d’une rare beauté). Ajoutez à cela un gameplay simpliste mais exigeant, un contenu conséquent et une bande-son des plus cohérentes, et vous obtenez un score maximal. Mais puisque rien n’est parfait, il nous paraissait primordial de souligner la vue isométrique à l’origine de (trop) nombreuses morts, sans doute due à une gestion de la caméra, il faut bien le dire, peu pratique in-game. Reste à savoir si cela pourra freiner votre soif de challenge, ou si vous serez plutôt bloqués par son tarif un poil élevé de 17,99 € imposé par l’éditeur Rising Star Games… C’est peut-être le prix à payer pour connaître l’enchantement (littéralement Lumo, en finnois).
Ca a l’air excellent, ca me fait penser a Captain Toad: Treasure Tracker en version hardcore, j’adore, y a pas assez de jeu dans le genre ! Je prend direct et si je gagne un code, c’est que du bonheur ! Merci Mr. Toc et bisou #toclumo
Merci pour ce commentaire 🙂
Quand je vois Lumo, la larme me vient à l’oeil tant cela me rappelle un jeu comme head over heels ! Le jeu d’aventure renait ! 🙂
C’est exactement ça, oui 🙂 Toujours agréable de voir des connaisseurs !