Lords of the Fallen est un action RPG développé par le studio polonais CI Games. Reboot complet du jeu éponyme, il a comme dure mission de passer juste après Lies of P qui a su prouver que, malgré un genre très marqué par certaines œuvres, il est encore possible d’être original. Ainsi, Lords of the Fallen réussit-il un beau doublé ou s’agenouille-t-il devant la concurrence ?
Après une réception mitigée de Lords of the Fallen en 2014, CI Games souhaite revenir sur son Souls-like en faisant table rase du passé. Deux choses subsistent : ils sont toujours au développement et le nom du jeu reste inchangé. Exit le gameplay lourd et l’écriture légère et bienvenue dans un univers plus sombre aux attaques sanguinolentes. Lords of the Fallen fait donc complètement peau neuve et nous transpose dans le corps du nouveau porte-lanterne qui devra vaincre les ténèbres. La lanterne est alors un élément de gameplay sur lequel le studio polonais mise beaucoup pour se démarquer. Cette dernière nous permet de passer du monde classique, l’Axiom, à un monde plus horrifique et spectrale, l’Umbral.
À la croisée des destinées
L’histoire de Lords of the Fallen prend place après le retour du dieu démon Adyr. Alors que ce dernier avait été défait, il renaquit encore plus fort, rendant impuissantes l’ordre des Saintes Sentinelles. C’est alors qu’un homme remplit de noirceur apparu, le Croisé Obscur. Les Sentinelles comprirent alors que seules les ténèbres pourront repousser les ténèbres. Ce ne fut pas suffisant, le Croisé Obscur, aussi vaillant soit-il, fut vaincu par Adyr une première fois. Mais le pouvoir de la lanterne lui permis de fuir par un autre univers. De retour dans le monde des vivants, le Croisé se retrouva traqué par le dieu démon. Ainsi, il abandonna la lanterne afin que celle-ci trouve le prochain porte-lanterne et le guide jusqu’à l’ultime duel contre Adyr.
Voici comment débute Lords of the Fallen, et même si cela paraît simple, ce scénario à le mérite d’être compréhensible. Nous sommes donc l’être choisit par la lanterne. Quel était notre destin avant cela ? Nous étions probablement déjà mort et en train de moisir dans ces ruines dans lesquelles nous reprenons nos esprits. Une fois notre personnage créé, un homme nous invite à le rejoindre. Ce pèlerin porte un tabard aux couleurs du Croisé Obscur et nous parle de notre destinée. Ainsi alors commence notre aventure, le fameux croisé n’est plus et c’est désormais à nous de terrasser le dieu démon afin que le monde reprenne la forme qu’on lui connaît. Et bien, soit, lançons nous donc à corps, mais surtout âme, perdue dans Lords of the Fallen.
Pour comprendre toute la subtilité de ce lore, il faudra développer ses connaissances (notamment à travers les caractéristiques Radiance et Brasier) afin de pouvoir lire les descriptions entières d’objets et de lever le voile sur de nombreux secrets. Des indices dont les fans des jeux From Software sont habitués et dont ils raffolent puisque l’idée d’introduire du scénario dans les descriptions du jeu existe depuis le premier Dark Souls. Cependant, il ne s’agira pas du seul moyen de voir la richesse d’écriture de ce reboot puisque des souvenirs sont à trouver en explorant les différentes régions. En utilisant le pouvoir de la lanterne, ces souvenirs vous révéleront une scène des temps passés. Une introduction importante, des indices dans les descriptions, des souvenirs dissimulés, vous l’aurez compris, ce Lords of the Fallen édition 2023 soigne son univers pour nous livrer une histoire captivante avec une lecture sur plusieurs niveaux.
Une technique à la hauteur de l’histoire
Pour accompagner ce scénario, CI Games a clairement travaillé dans les détails. Lords of the Fallen saura extirper ce petit « waouh » des joueurs saisis par la beauté des décors et surtout la finesse des lumières. Contemplatif, chaque respiration dans cet univers sans merci nous permettra d’apprécier les nombreux panoramas impressionnants du jeu. Effectué sur un PC très récent (RTX 4070 et i7 13th gen) , le jeu tourne en 120 fps constant avec tous les paramètres au maximum. Proposant de nombreuses options pour convenir aux configs les plus modestes, le DLSS 3.5 ainsi que le tout dernier FSR 3 sont présents pour stabiliser la fréquence d’image.
La direction artistique est aussi parfaitement maîtrisée. L’Axiom, bien que riche en panoramas et de ses fameux jeux de lumière, propose finalement un cadre de dark-fantasy des plus communs. Mais, c’est seulement pour souligner davantage l’unicité de l’Umbral, l’autre monde fantomatique. Cette dimension est peuplée d’âmes errantes et tout ce qui nous entoure semble issu de corps humains. Une construction qui n’est pas sans rappeler le travail H.R.Giger, aussi bien sur les films Alien qui a inspiré le plus récent jeu Scorn. Observer les différences entre les deux mondes devient rapidement une curiosité à laquelle bon nombre de joueurs s’adonneront.
Pour ce qui est de la musique, nous retrouvons les excellentes compositions de Knut Avenstroup Haugen (Conan Exiles et Age of Conan). Afin de rester cohérent avec son ambiance oppressante, Lords of the Fallen met surtout en avant un sound design soigné. Les bruits de pas sont claquants et le fracas des lames strident. CI Games aligne alors tous les arguments pour nous plonger dans son univers.
Nervosité, coulée de sang et exigence
Ce reboot de Lords of the Fallen est bien plus convaincant que son prédécesseur avec plus ou moins une dizaine de classes pour débuter l’aventure (la version de 2014 n’en proposait que 3) et plus ou moins 30 heures de gameplay selon l’aisance du joueur sur ce genre (le double de son prédécesseur). Comme dit précédemment, bien qu’il porte le même nom Lords of the Fallen (2023), celui-ci ne se base en rien sur son aîné. Nous avons le droit à un gameplay nerveux notamment grâce à une grande fluidité dans les attaques. Le jeu récompense la prise de risque par la présence des systèmes de gestion de la posture et de parades parfaites dont nous sommes désormais habitués. Un choix qui est vraiment appréciable Les sorts seront cependant plus complexes d’utilisation et demandent une bonne connaissance du genre pour être viable en jeu. Les types d’armes sont nombreux, des sorts, des arcs et armes de jet sont à disposition pour satisfaire tout style de gameplay.
De nombreuses possibilités en somme, bien que la multitude de combinaisons de touches rendent parfois un peu délicate la prise en main du soft. Ce dernier propose de bonnes idées comme prendre son arme à deux mains, des armes de jet (dont on choisit les munitions), la lanterne (nous vous en parlons en détail dans la partie suivante), un coup de pied poussant plus loin nos ennemis, des parades, des pas de côtés, des roulades et nous en passons. La zone servant de tutoriel est longue et dure près d’une heure voir plus et l’on comprend pourquoi à la vue de toutes ces mécaniques.
Afin d’accompagner un bon système de combat, CI Games nous propose un bestiaire profond s’étalant sur plusieurs zones. Les ennemis sont d’ailleurs assez différents de ce que nous avons pu affronter dans d’autres jeux du genre. Nous retrouvons des classiques du genre comme le passage suspendu, où chaque chute jouera avec nos nerfs, et la zone marécageuse dont les monstres ne manqueront pas de nous empoisonner. Lords of the Fallen mettra sur nos chemins des ennemis puissants capables de réduire à néant notre barre de vie en quelques coups seulement. Il faudra être rigoureux, car le jeu est intolérant et la moindre erreur sera punitive.
Une lueur bleue
La lanterne est un élément central de notre aventure, elle est l’élément d’originalité sur lequel se base tout Lords of the Fallen. Une lourde tâche pour un si petit objet qui restera l’ombre sur le tableau. Cette lanterne nous permet d’avoir une seconde chance lorsque l’on meurt dans l’Axiom. Cependant, le monde Umbral a beau être très réussi sur sa direction artistique, son utilité n’est que très limité. Plus nous restons dans celui-ci et plus des ennemis coriaces viendront nous faire face et tant que nous sommes dans cet univers, nous n’avons pas de seconde chance à disposition. Ainsi, nous avons plus facilement tendance à vouloir rapidement en sortir plutôt que l’explorer.
Il est aussi dommage que le monde Umbral évolue à peine comparé à l’Axiom, où les régions sont très distinctes. Il en va de même pour les ennemis propres à ce monde spectral, qui n’évoluent que très rarement. L’on aurait alors apprécié un élément de gameplay propre à ce monde qui nous invite à parcourir plus souvent ce monde unique et mystérieux. Le joueur ne parcourra alors ce monde que par la seule contrainte du level design qui l’oblige à plonger dans ce dernier pour progresser. Une autre nouveauté que la lanterne apporte avec elle est la possibilité d’extraire une âme. Pour les monstres plus faibles, cela marque un véritable au joueur qui pourra frapper l’âme de son ennemi et lui infliger de lourdes blessures alors que celui-ci cherchera simplement à retrouver son âme. Pour les adversaires plus tenaces, cela diminuera leur barre de posture et reste alors un bel avantage. Une mécanique intéressante, mais trop mince pour y trouver une réelle extravagance
Le point de bascule en réseau
Finalement, si nous devons surtout noter une mécanique inédite sur Lords of the Fallen le différenciant de cet océan insondable de copie de Dark Souls, il s’agirait sans contexte de son mode multijoueur. Ce dernier permettra deux choses : le PvP mais surtout une co-op. Comme à l’accoutumée, il sera possible d’envahir ou de se faire envahir si l’option multijoueur est activée. Il sera possible de se protéger des envahisseurs grâce à un miroir disponible auprès de certains PNJ. Pour ce qui est de la co-op, nous n’avons pas pu la tester directement lors de notre test mais CI Games nous a fournit tous les détails sur le fonctionnement de cette dernière.
Par le biais d’un vestige (point de sauvegarde et d’amélioration), il sera possible gérer le mode multijoueur. Il sera possible aussi bien de rejoindre la partie d’un inconnu que d’inviter un ami sur sa partie à l’aide d’un mot de passe. Le partage des ressources a été détaillé. La vigueur (expérience et monnaie du jeu) est gagnée par les deux joueurs. Les objets trouvables sont seulement pour l’hôte, seulement un tiers des récompenses offertes par les ennemis et boss défunts seront proposées à l’invité. L’invité pourra acheter et vendre de l’équipement, pourra augmenter de niveau dans le monde de l’hôte et cela semble à peu près tout. Pour ce qui est de la mort, lorsque l’hôte meurt, l’invité sera envoyé lui aussi dans le monde Umbral. Si au contraire, l’invité meurt en premier, il passera en mode spectateur. Il est alors clairement plus simple d’avoir un ami ou encore un fier inconnu au grand cœur à nos côtés pour nous aider à terrasser les monstrueux boss nous faisant face.
Verdict : 8/10
Bien que l’on aurait apprécié une proposition plus poussée sur le monde Umbral et la lanterne, Lords of the Fallen enchaîne les bons arguments et se place comme un excellent jeu dans le genre. On aime explorer, découvrir les secrets qui résident dans ce monde singulier et affronter une myriade d’ennemis se dressant sur notre chemin. Propre techniquement, avec un gameplay agressif et une difficulté au rendez-vous, CI Games nous procure un défi que l’on apprécie relever. Et, quelle meilleure solution que d’avoir un ami pour nous épauler dans cet univers où tout nous est hostile ?
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