Depuis son annonce, Lies of P intrigue de nombreux joueurs. Développé par Neowiz, le jeu se présente comme un Souls-like reprenant le célèbre conte de Pinocchio. Ambiance lugubre, époque victorienne et marionnettes sont au rendez-vous dans ce titre énigmatique. Mais alors que vaut-il réellement ? Désilusion ou chanterons-nous ses louanges ? Découvrez-le dans notre test de Lies of P.
Test réalisé à l’aide d’une version numérique PS5 fournie par l’éditeur
LA comparaison
Nous sommes dans un monde où de nombreux jeux reprennent les plus grands chefs-d’œuvre des FromSoftware. Les Souls-like pleuvent et pourtant, Bloodborne n’a encore trouvé aucun successeur digne de ce nom. Alors lorsque Lies of P se présente comme une réécriture très sombre du conte de Pinocchio, on veut y croire. Le jeu de Neowiz nous transporte pendant un peu plus d’une trentaine d’heures de jeu avec un scénario qui est assez clair à comprendre sans manquer de rebondissement. Une formule bien loin des indices capricieux et nébuleux d’un jeu FromSotware dans lesquelles nous devons chercher corps et âme dans la moindre description d’objets pour trouver ne serait-ce qu’un morceau d’histoire. De plus, dans le genre récit sombre et énigmatique Lies of P fait clairement partie des meilleures. Il faut concéder qu’il ne s’agit pas l’histoire la plus finement écrite, mais elle reste très bonne en plus d’être clairement plus accessible que le tant adoré Bloodborne. Ainsi Lies of P nous propose des rebondissements et des personnages mémorables dont les noms comme Gemini ou Geppetto arracheront un sourire à n’importe quel joueur.
Pour réellement en venir à cette comparaison avec les jeux FromSoftware, Lies of P est un parfait petit garçon qui a retenu ses leçons, et ce, par cœur. Pour le meilleur et le moins bon, le jeu de Neowiz suit les traces de ses parents spirituels tout en faisant quelques digressions qui sont les bienvenues. Les similitudes sont évidentes avec un Souls qu’il s’agisse du menu, du fonctionnement des statistiques, le système de stargazer qui reprend les traditionnels feux de camps, tout y est. Pour l’esthétique, on ne niera aucune ressemblance avec Bloodborne, le système de combat est aussi similaire sur de nombreux facteurs bien que ce dernier arrive aussi à s’émanciper sur quelques détails. Exit aussi la saveur mitigée d’un Steelrising qui tentait aussi cette idée d’un Souls dans un style européen avec des marionnettes. On se retrouve alors souvent à réfléchir dans Lies of P comme s’il s’agissait d’un Souls et pourtant, il est temps d’expliquer que ce dernier, bien qu’il les reprenne en grande partie, s’en détourne assez pour qu’on puisse penser que, Lies of P est un bon successeur de l’esprit Bloodborne plutôt qu’une mauvaise copie.
Lies of P nous propose un ensemble de statistiques qui ne perdra aucun fan du genre. Tout y est comme à l’accoutumer.
L’histoire unique d’un vrai petit garçon
Krat est une ville fictive à l’ambiance victorienne. Des bâtiments aux allures gothiques, une pluie battante et il y fait tout le temps nuit. On vous l’accorde, ce n’est pas sans rappeler la sublime Yharnam, mais malgré ce clin d’œil clair, on ne peut s’empêcher d’être admiratif devant cette ville au ton austère. La cité fictive est en proie à la folie de pantins tuant tout être qu’ils trouvent. Tandis que certains habitants sombres dans la folie, d’autres se barricadent chez eux alors qu’une poignée, à l’image de cet homme avec un masque d’âne, cède à la folie et s’insurge. Vous vous réveillez dans ce climat de folie et de terreur générale dans un wagon. Vous n’êtes personne d’autre que Pinocchio, la plus belle création de Gepetto, l’inventeur des marionnettes automatiques. Bien évidemment que dans ce chaos et cette pénombre, il vous faut un guide. Votre lanterne mécanique sera alors votre fidèle compagne de mésaventure, votre lueur dans l’ombre de Krat et il ne s’agit pas de n’importe quelle lanterne, mais bien de Gemini, une autre invention de Gepetto. Et bien que votre lanterne soit précieuse pour vous guider dans la noirceur de Krat, vous n’aurez clairement pas besoin de carte lors de cette aventure.
Lies of P a eu probablement la bonne idée de ne pas se lancer dans un énième monde ouvert qui serait bien trop vide ou au contraire, remplie de choses inintéressantes. Notre histoire demande à ce que nous avancions et c’est tout. Les allers-retours ne se font qu’à travers l’utilisation des stargazer et ce entre notre point actuel et l’hôtel de Krat. Cet hôtel sert alors de hub où se retrouvent tous les alliés de notre protagoniste afin de l’aider, d’améliorer son armement ou ses statistiques. Cela permettra aussi de faire avancer l’histoire au fur et à mesure de vos découvertes. Il faudra cependant avouer que le jeu n’a qu’une poignée de quêtes secondaires. Ainsi, Lies of P est un long chemin rectiligne que vous aurez probablement exploré de fond en comble après votre première aventure. Le mode New Game + est donc l’un des seuls intérêts pour relancer le jeu.
Venons en à cette histoire. Lies of P est une réécriture macabre du conte de Carlo Collodi, Pinocchio. Une histoire dont tout le monde connaît les bases, parlant d’une marionnette menteuse qui souhaite devenir un vrai petit garçon. Lies of P prend bien évidemment bon nombre de libertés sur le conte de Carlo Collodi, mais reste remplie de références à ce dernier et surtout réussit à un tour de force grâce à cette inspiration, en y trouvant son unicité. Lors de votre aventure, il sera possible, de temps à autre, de faire un choix qui sera entre la vérité intangible et mécanique ou la vérité de la compassion et de l’humanité. Ces choix auront une répercussion sur la fin de votre aventure (un second intérêt à recommencer le jeu) mais aussi sur certaines interactions bien amusantes (avec le chat de l’hôtel notamment). Comme dit précédemment, exit le scénario lunaire nécessitant un double doctorat en décryptage et en archéologie et bienvenue à de nombreuses cinématiques, des dialogues qui nous expliquent la situation.
Lies of P reste malgré tout très mystérieux, mais nous avons des réponses claires à ces mystères. Bien que la formule FromSoftware reste parfaite, il est parfois bon de finir un jeu avec plus de réponses que de questions par moment. Ainsi, on apprécie les nombreuses notes que l’on trouve, l’exploration à un tout autre goût lorsque l’on cherche des indices précis comme des lettres alors que le monde qui nous entoure est des plus hostiles.
Les combats, un long conte
Dans un monde de dark-fantasy, ce n’est clairement pas une partie de plaisir de se balader dans les rues. Nombreux sont les êtres obscurs souhaitant atteindre à votre si belle et si paisible vie de petit garçon. Mais comme tout bambin bien élevé, vous sortez vos armes et votre bras mécanique pour détruire les nombreux jouets de vos camarades. C’est donc dans cette ambiance que notre protagoniste articulé va se battre face à de nombreux pantins, mais aussi, face aux humains qui n’auront clairement pas envie de devenir votre ami. Ainsi vient donc les mécaniques de combats et là, Lies of P à de nombreuses choses à dire. Pour commencer, le jeu de Neowiz vous propose un système de combat avec des contrôles on ne peut plus commun. Il utilise un système d’esquive, mais aussi de parade qui permettra d’absorber une part des dégâts et de récupérer l’autre part des dégâts grâce à vos attaques. Il s’agit là aussi bien d’une ressemblance que d’une différence avec ce que l’on avait pu déjà voir des Souls. Comme ces derniers, Lies of P emploie cette méthode dans l’objectif de récompenser un gameplay agressif qui n’est clairement pas pour nous déplaire. Cependant, FromSoftware avait utilisé un autre moyen en faisant que vos attaques vous rendent des points de vie. Pour répondre à ce gameplay agressif, les développeurs proposent dès le début du jeu trois styles de combats. Un équilibré où vous débuterez avec une épée, un autre plus brut vous offrant une claymore pour vous lancer dans votre quête et un dernier plus souple où une rapière sera votre arme de départ. Des possibilités intéressantes, mais qui ne sont clairement pas tout égales, car Lies of P est un jeu dont la difficulté est trop fluctuante.
Pour être plus précis, les ennemis les plus basiques ne poseront clairement aucune difficulté à être vaincu. Il est rare de frôler la mort en dehors des combats de boss même si certains nouveaux adversaires vous surprendront et que Neowiz est parfois fourbe sur le placement des ennemis. Pour ce qui est des boss, on appréciera leurs designs variés et parfois bien immondes comme on les aime. Cependant, ces derniers sont toujours en deux phases, ce qui est un bon point, mais peuvent être très inégales. Alors que vous arriverez parfois à battre la première phase du premier coup, la seconde vous bloquera pendant une bonne heure ou deux de par sa difficulté. Un gain de difficulté plutôt bienvenu dans le jeu qui est loin d’une complexité habituée par ses camarades du genre et pourtant, cette seconde phase difficile ne sera pas si souvent présente que ça. Et même si sa présence est bien là, la stratégie se résumera souvent à passer sous le monstre en question ou derrière lui pour lui infliger de gros dégâts et lui imposer un coup critique dans la foulée.
De plus, il sera possible, à l’aide d’objets récoltés, d’invoquer des sortes de compagnons pour vous aider à vaincre les boss. Comme vous l’aurez compris, il est donc possible, à force d’infliger d’importantes attaques à votre cible, de réaliser un coup très puissant une fois sa barre de vie devenue blanche. Ce système n’est pas mauvais dans l’idée, mais Lies of P a établi cela comme pénalisant pour les personnages partant sur un build orienté technique (dextérité) qui devra énormément attaquer pour avoir la possibilité de faire une attaque critique. Les mouvements des armes de cette spécialisation sont pourtant très grisants notamment lors de duels nous donnant de très belles chorégraphies.
Cependant, ce mécanisme bien huilé accueille 3 nouveautés pour Lies of P. La première est un système d’arbre d’évolutions. Notre cœur mécanique est améliorable grâce à une ressource rare nommée le quartz. Lorsqu’un quartz est trouvé, vous pourrez aller dans le bureau de Gepetto pour améliorer par exemple le nombre de vos soins, la capacité de votre inventaire, etc. Lorsque vous ferez cette amélioration, il sera possible de lui choisir un effet en plus. Dans la même veine, il est possible de faire en sorte que vous preniez moins de dégâts lorsqu’un ennemi vous touche alors que vous essayez d’esquiver ou que le temps pour effectuer un coup critique soit plus long. Ce système vient donc en plus d’un système de statistique plus conventionnel, où l’on achète un niveau avec l’ego (l’équivalent des âmes) qui est un peu effrayant au début mais permet finalement un peu de fraîcheur en plus de combler certaines lacunes de votre personnage.
La seconde nouveauté est l’arme légion. Alors que ce dernier est à la fois un principe déjà vu, mais aussi modifié, un clin d’œil à son père spirituel cité en première partie, qui lui proposait une arme main gauche pour attaquer à distance. Ici, Pinocchio peut s’équiper de différentes armes au fur et à mesure de l’aventure qui vous seront d’une grande aide selon la situation. Une première pourra servir de grappin attirant les ennemis à vous, une autre fera de votre bras un canon permettant de littéralement exploser vos ennemis à distances ou encore un autre qui sera un bouclier qui fera des dégâts d’explosion pour peu que votre adversaire vous attaque lorsque vous le déployez. Ainsi, il est possible d’adapter son bras selon les boss, mais aussi selon les besoins de la zone, une mécanique encore inédite et fort intéressante. Le dernier point, mais pas des moindres, est finalement le système le plus intéressant, le plus surprenant et le plus amusant de Lies of P : la possibilité de créer ses propres armes.
Pinocchio fan de tunning
Lies of P nous propose un surprenant système de personnalisation d’arme. En avançant dans le jeu, vous récupérerez des armes composées d’un manche et d’une lame. Il est possible de séparer ces deux et d’assembler le manche d’une rapière avec le bout d’une scie pour en faire une toute nouvelle arme. Ainsi, il vous sera possible de faire un coup d’escrime tout en ayant une énorme lame en dents de scie. Les possibilités sont nombreuses et permettent vraiment de trouver l’arme qui nous amusera le plus. On en arrive rapidement à théoriser donc les meilleures possibilités et surtout à se demander ce que l’on pourrait trouver qui puisse encore améliorer notre arme actuelle. Plaisant et à la fois curieux, ce système qui aurait rapidement pu être bancal, est finalement bien réussi. En fin de compte, même les armes que l’on ne trouvait pas si forte que ça nous amusent par la stupidité de la situation.
Cette fabrication d’armes permet clairement à Lies of P de se démarquer dans la mer de Souls-like qui peuvent rapidement être redondant et nous donner cette impression de déjà-vu. Cependant, ce système aurait pu devenir extrêmement plaisant avec la possibilité d’un duel en multijoueur. Il aurait été amusant de défier un ami avec les armes que nous avons créé pour savoir qui a eu la meilleure idée. Pour autant, le système est en soi déjà une excellente trouvaille nous permettant de longs tests bien amusant.
Verdict : 8/10
Lies of P s’impose alors comme un excellent Souls-like. Malgré la volonté de comparer ce dernier avec Bloodborne, il propose de nouvelles mécaniques permettant de prouver sa singularité et de dépasser clairement le stade de simple copie. Neowiz a réussi à innover dans un genre très codifié et dont la nouveauté est de plus en plus rare. Bien qu’il souffre d’une difficulté très variable et d’une rejouabilité bien plus limitée en raison de son aspect linéaire, Lies of P nous présente ici une très bonne histoire dont l’inspiration d’un conte est une complète réussite. Lies of P trouve parfaitement sa place dans la liste des Souls-like et devient même un incontournable du genre.
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