Les idées c’est un début, l’exécution un milieu, et le résultat sont la somme des deux. Mélangeant infiltration et survie, sur un fond de conflit géopolitique, tout été là pour plaire à votre rédacteur Gorgutz. En plus, cerise sur le gâteau ou pompon sur la Garonne (choisissez en fonction de votre région), des méchas sont de la partie. Le tout réalisé et édité par Square Enix, sur la grande licence Front Mission qui va souffler prochainement ses 25 bougies, les gages débonnaires sont présents. Malheureusement pour ce Left Alive, c’est l’effet « un développeur peut en cacher un autre », qui vient singulariser l’aventure. Retard graphique, bugs, soucis et/ou exécution programmés, attelons nous à observer les entrailles d’une chose encore chaude, mais sans véritablement de vie.
Test réalisé sur PlayStation 4 à partir d’une clef envoyé par l’éditeur.
La Guerre des Voisins
Left Alive vous proposera une aventure spin-off dans l’univers de Front Mission, qui prend place sur notre bonne vieille terre. Nous sommes donc propulsés en 2127, à côté de la Mer Noire en Ukraine très précisément, où deux pays frontaliers vont en arriver aux mains. Effectivement, la République de Garmoniya qui est voisine de la République de Ruthénie, vient brusquement déclarer la guerre à cette dernière. Pour ce faire, les forces armées germonienne décident d’engager l’invasion par Novo Slava, une ville coincée entre l’attaquant et le défenseur. De ce contexte, trois protagonistes viendront à survivre dans cette ville. Le Sergent-chef Mikhail Alexandrovich Shuvalov, pilote de Wanzer (mecha) de la Ruthénie, Olga Sergeyevna Kalinina, une officière de police en fonction à Novo Slava, et enfin Leonid Fedorovich Osterman chef du groupe du mouvement de libération de Novo Slava. Malheureusement, très rapidement nos héros remarqueront que cette invasion, aussi soudaine soit-elle, cache des motivations particulières.
Alors vous l’aurez deviné, mais en plus de devoir survivre vous devrez découvrir les raisons de cette foudroyante et violente attaque de la Germoniya. Pour ce faire, vous incarnerez alternativement les trois héros. Les trois ayant une vision du conflit propre, permettant ainsi de diviser les points de vue afin d’offrir une globalité partagée sur un thème, bien que très souvent traité, lourd. En plus de cela, chacun suivra des motivations propres, à titre d’exemple Olga est au moment de l’attaque, sur une enquête de disparitions répétées inquiétantes. Vous trouverez du côté de Leonid ou Mikhail des documents qui analyseront cette enquête, offrant en finalité aux joueurs les plus curieux, un réseau d’informations, conjointement lié, qui pousse à la recherche. Le soft ajoutera à cela un organigramme, qui se rempliera avec le temps, en fonction des rencontres que les héros feront, aidant à se retrouver. Alors oui, le contexte de l’histoire est intéressant, la façon dont les données sont distillées est un concept très bien pensé et bien exécuté.
Des idées et encore idées..
Mélanger les styles, c’est comme mélanger les alcools, dans l’idée ça va rendre génial, dans les faits vous serez malade. Et il faut le dire, Left Alive est ce pote qui s’improvise Barman le temps de vos soirées : vous serez son buffet à idées et le fruit d’une réalisation douteuse. Le soft de Square Enix vient à mélanger survie et infiltration, deux genres qui partagent les mêmes racines : l’observation, la précision, l’instant, l’improvisation, etc.. Comme expliqué plus tôt, nous sommes dans une ville sous le joug d’une occupation, les forces de défense de la Ruthénie sont dévastées, et vous devrez vous faire discret. Mais pas que, nous avons l’obligation d’être aussi malin en récoltant les déchets environnants pour en faire des armes ou pièges. À nous donc de tendre des embuscades, trouver et sécuriser des passages, préparer notre attaque et notre retraite sans rameuter toute la ville. Idée séduisante sur le papier hein ? Ne vous emballez pas trop vite.
Pour vous situer, Left Alive se divise en une vingtaine de niveaux, chaque level répond à un schéma plus ou moins identique. Nous devrons aller d’un point A vers un point B, en usant de la force ou en jouant la subtilité. Un choix qui est très orienté par Square, qui nous rappellera à la moindre occasion que nous ne sommes pas Goliath, mais bien un David de la loose sans force, fronde et pierres. Ce qui vient souligner l’un des problèmes majeurs du soft, la difficulté exorbitante. Nous vous conseillons de préparer à l’avance, quelques pochettes sanguines, afin d’éviter l’anémie due aux relents de sang que vous fera cracher Left Alive. Les soldats sont d’une résistance surnaturelle, il faudra dénombrer un peu moins d’un chargeur dans la tête, pour espérer tuer un garde. Les véhicules quant à eux sont destructibles à coup de barre de fer. Si vous y voyez un illogisme, plaignez-vous aux directeurs de projet. Du côté de l’armement, vous pourrez compter sur des armes à feu, ainsi que des objets contondants et des pièges à divers effets. Forcément, les armes à feu n’ont généralement que très peu de munitions, les armes de corps à corps sont elles relativement rares et s’abiment sur la durée, et les pièges sont à crafter. À vous donc de faire jonction des trois types pour réaliser un maximum de dégâts. Cela marche, partiellement, cela dû à l’équilibrage aux fraises. Prenons l’exemple d’une mine. Une fois posée cette dernière n’infligera des dommages qu’à un adversaire qui posera le pied dessus, pas à son voisin en cas de groupe. Vous vous en doutez, ils seront comme les McNUGGETS, toujours en pack et cuissardes en béton. Au final, vous devrez poser un nombre conséquent de mines et préparer quelques bidons explosifs pour venir à bout d’un groupe. Subtilité.
C’est donc par une délicate clef de bras que Square Enix vous imposera de jouer discrètement. Et force est de constater, que non ce n’est pas si catastrophique que cela. Le tout manque encore une fois d’équilibrage et d’indications. Le soft propose un système d’infiltration basique ; les gardes ont une zone de repérage, sont relativement sensibles aux bruits et à la lumière. Il faudra donc se glisser comme une ombre, mais cela ne suffira pas, comme dit plus haut l’ajustement n’est pas le fort de Left Alive. Se faire détecter derrière un mur, ou encore donner un coup de barre de fer dans le vide peut vous faire localiser par les forces rivales. Alors qu’à l’inverse, vous pourrez passer sous le nez d’un garde sans que ce dernier ne vous voit. Encore une fois, équilibrage. Cela peut se corriger très rapidement via quelques patchs. Cependant si vous êtes repéré, vous pourrez, comme à l’accoutumée, vous cacher dans des toilettes, des poubelles, etc.
Mais le laisser en vie garde un atout dans sa manche. Comme nous le disions plus haut, les missions sont cartes ouvertes et ont des objectifs bonus, dans ces cartes vous découvrirez les zones où se trouvent vos adversaires. Ces derniers auront des emplacements qu’ils surveilleront avec plus ou moins de vigueur, un endroit avec une sécurisation faible n’aura que très peu de gardes, alors qu’une zone rouge sera remplie de garde sous une inspection intense. La subtilité est que plus vous ferez du grabuge dans un secteur, plus ce dernier sera guetté au détriment des autres lieux de surveillance. À nous donc d’utiliser cela à bon escient, en fonction des objectifs que vous souhaitez réaliser. Car oui, en bonus (BONUS), des civils seront à sauver à divers endroits de la carte. Pour les préserver, vous devrez les raccompagner à l’abri souterrain le plus proche. Vous aimez l’idée ? Attendez. Ces derniers ne sont pas contrôlables directement, ils suivront seulement deux ordres : « En avant » et « Stop ». Pratique n’est-ce pas ? Attendez. Vous ne pourrez donner ces ordres uniquement par le menu. Vous avez bien compris. Pour guider les civils, vous devrez faire Pause ; en avant, pause ; stop ! Ergonomie où es-tu ? Bon nous sommes mauvaises langues, la pause est active, fiou !
Malaise de l’ASMR
Alors tout n’est pas à retirer dans ce Left Alive. Graphiquement le soft accuse un retard certain. Les textures sont d’un âge révolu, les effets d’explosion sont à pouffer de rire, seule la lumière essaye de nous rappeler que nous ne sommes pas sur Xbox 360, mais le gif utilisé pour les flammes vient lui mettre un taquet à la nuque. De plus, l’animation générale (en cinématiques et en jeu) est d’une rigidité qui frise le ridicule. Heureusement pour lui, les cut-scenes, si nous retirons les animations, sont souvent agréables à regarder. D’un autre côté, tranchant littéralement, l’ambiance sonore ainsi que la bande-son sont réussies dans l’ensemble. Nous regretterons cependant les bruits de tir, qui s’approchent plus du NERF sur-compressé, que d’une véritable arme. Petit point sur le framerate. Sur la version console testée, ça n’a été qu’à de très rares occasions que le jeu s’est montré fluide. Si les trente images par seconde sont une norme, les vingt-cinq sont une faute, les vingt sont impardonnables.
Mettre les choses à plat. Left Alive ne semble pas savoir assimiler cette expression.
Verdict 3/10
Une histoire riche, profonde et intéressente. Un gameplay plein de bonnes idées. Une bande sonore très agréable à l’écoute. Mais un gameplay qui dans son exécution est raté, d’un autre âge et lourd. Graphiquement, faire un retour de plusieurs années en arrière n’offre pas à coup sûr la nostalgie. Une expérience unique, effectivement, mais que nous préférerons oublier.
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