Alors que la saison spéciale de Koh-Lanta bat actuellement son plein sur TF1, Microids nous propose une adaptation du jeu télévisé sur consoles et PC. Spécialiste dans les jeux à licence et déjà éditeur de trois opus de Fort Boyard, l’éditeur français continue sur sa lancée avec ce jeu de survie. Attention tout de même, il se pourrait bien que notre aventurier ne passe même pas la première semaine de jeu et devienne la risée des réseaux sociaux, la faute à une adaptation bancale et assez peu travaillée.
Test réalisé sur la version PS4 (via une PS5 et la rétrocompatibilité) grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur
Le ventre vide
La marque Koh-Lanta n’est pas à son premier essai vidéoludique. Après avoir essayé à plusieurs reprises de s’implanter sur les consoles Nintendo – Nintendo DS, Nintendo Wii et Nintendo 3DS – avec la sortie de plusieurs jeux (qui ne furent pas de franches réussites), la franchise revient cette année sur toutes les consoles actuelles et PC pour permettre à nos aventuriers du dimanche de vivre l’expérience idéale. Et vous l’aurez compris dès notre introduction, ce n’est toujours pas le cas. S’il faut admettre un point positif au titre, c’est le déroulement d’une partie qui correspond au système instauré dans le jeu de base. On enchaîne donc rapidement et de façon répétée épreuve de confort, d’immunité, chasse aux ressources, conseil pour déterminer l’aventurier éliminé (ou non si vous remportez l’épreuve d’immunité)… jusqu’à la fameuse réunification des équipes. Un processus qui respecte le jeu initial certes mais qui est plus que répétitif ; un phénomène amplifié par un contenu avare. Sachez que le jeu possède donc un mode solo composé de plusieurs saisons (comme le jeu télévisé) similaires dans le déroulé des événements et d’un mode multijoueur où vous pourrez affronter vos amis jusqu’à 4 joueurs sur les divers mini-jeux. Malheureusement, aucun mode Tournoi n’est présent et il faudra s’attendre à un simple retour au menu principal à la fin de l’épreuve. On est également déçu de l’absence de Denis Brogniart, présentateur vedette de l’émission depuis sa création.
Koh-Lanta : Les aventuriers s’appuie donc sur une mécanique qui se répète inlassablement jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un aventurier, mais faut-il déjà avoir le courage (et la chance) d’y arriver… Avec seulement 14 mini-jeux présents (oui, vous avez bien lu 14…) répartis de façon égal entre les jeux en équipe et en solo, vous retomberez très rapidement sur les mêmes épreuves qui s’appuient souvent sur le principe des QTE. Vous enchainerez donc de manière répétitive le remplissage de trois tonneaux ou encore la course des radeaux, des épreuves « inoubliables ». On enchaîne donc les disciplines avec un sourire jaune lorsqu’au cours d’une même saison nous jouons à deux, voire trois fois, le même mini-jeu. Activité également très répétitive, le gain de ressources est pourtant primordial pour progresser dans l’aventure. En effet, votre équipe ou votre camp possède un nombre de ressources disponibles et vous possédez votre propre barre d’énergie mais si cette dernière atteint zéro, c’est Game Over. Il faudra donc choisir entre chasser des ressources et profiter d’un bon repas quitte à diminuer votre énergie ou se reposer mais se mettre à dos plusieurs de vos camarades. Une bonne idée sur le fond mais qui est au final très mal exploitée.
Une partie gestion aléatoire
Comme dans l’aventure télévisée, Koh-Lanta : Les aventuriers est également un jeu de gestion. Vous allez donc devoir gérer les relations avec les habitants temporaires de cette île mais malheureusement, cette dernière se dégradera rapidement si vous échouez aux mini-jeux (vous serez très régulièrement accusé d’être le membre le plus faible du groupe) ou que vous ne participez pas à l’effort collectif de chasse des ressources. Vous avez tout de même la possibilité de créer des relations en parlant discrètement avec une personne (ou en proposant des Kinder en catimini), en défendant quelqu’un en public lorsque cela est nécessaire mais nous n’avons toujours pas réussi à cerner le fonctionnement du jeu et de son algorithme de gestion. En effet, alors que nous avions tout fait correctement, il est arrivé que nous nous fassions éjecter de l’aventure, laissant une pointe d’amertume derrière nous. L’autre moyen de se faire éjecter comme mentionné plus tôt et de ne plus avoir d’énergie disponible et cette jauge de vie est d’une complexité indescriptible à gérer la faute à une gestion aléatoire des conflits comme décrit ci-dessus. Ainsi, l’arbitrage entre se reposer et aider nos compagnons dans le gain des ressources rend Koh-Lanta : Les aventurieurs un jeu très difficile à terminer. En sus, l’IA est tout simplement soit aux fraises, soit trop forte et il n’existe qu’un mode de difficulté proposé. Un constat qui renforce notre théorème du hasard.
Concernant la partie technique et sonore du soft, le résultat final est faible, très faible et indigne d’un quelconque support. Si la sortie récente des Schtroumpfs : Mission Malfeuille, du Marsupilami ou la sortie prochaine d’Astérix (tous du même éditeur) remet du baume au cœur, Koh-Lanta : Les aventuriers se dote d’un moteur graphique daté, avec des textures hideuses, des animations très rigides (aussi bien corporelles qu’au niveau des expressions faciales) et un character-design de ces personnages particulier. En parlant de ces derniers, sachez que les noms sont définis aléatoirement et qu’il n’existe aucun moyen de créer sa propre équipe en modifiant les patronymes ou leur apparence. On est donc sur les mêmes bases qu’un jeu comme Instant Sports Paradise, c’est-à-dire à peine potable pour la génération Nintendo Wii. Si la musique du générique est bien présente, les autres thèmes sont plutôt discrets et ne sont pas trop dérangeants sans pour autant qu’ils soient marquants. Quant aux bruitages, ces derniers sont assez immondes et un manque de finesse certain s’est fait ressentir durant notre session de test.
Verdict : 3/10
Soyons honnêtes, Koh-Lanta : Les aventuriers est un mauvais jeu de gestion et un mauvais party-game. Malgré le concept intéressant de proposer diverses saisons, le jeu s’appuie sur des mécaniques défaillantes, notamment cette gestion des relations beaucoup trop approximative et hasardeuse. Techniquement en retard et sans aucune personnalité, le jeu propose un contenu trop restreint, la faute a 14 mini-jeux, seulement. Pour un jeu à licence, nous sommes attristés par l’absence du pilier de l’émission depuis la première édition du jeu en 2001 : Denis Brogniart. Une adaptation largement dispensable, que ce soit pour les fans ou pour les plus jeunes aventuriers qui souhaitent tenter l’aventure depuis leur canapé.
Kounker
18 novembre 2021 at 10 h 57 minAH !