Wales Interactive est un éditeur en provenance, comme son nom l’indique, du Pays de Galles. Toujours à l’affût de jeux qui sortent de l’ordinaire, on peut dire que l’on a vu éclore de chez eux un peu de tout, mais aussi beaucoup de n’importe quoi. Et si l’excellent The Bunker (notre test), développé par Plenty Games, a su tirer son épingle du jeu, il est difficile d’en dire autant concernant le reste du catalogue, comme par exemple Infinity Runner ou encore… Knee Deep, le titre que nous vous présentons aujourd’hui. Explications.
Pour la petite histoire, sachez que Knee Deep est d’ores et déjà disponible depuis 2015 sur PC (via Steam). À l’origine, il était découpé en 3 épisodes, sortis séparément entre 2015 et 2016. Le tout arrive cette fois-ci complet, à la fois sur PlayStation 4, mais aussi sur Xbox One. Il est à noter tout de même que cette dernière version sortira le 3 février prochain, contre le 31 janvier pour la machine de Sony. Hélas, cent fois hélas, vous allez vite comprendre que, même au tarif constaté de 14,99 €, Knee Deep est selon nous un cauchemar de tous les instants. Premièrement, et c’est sans nul doute l’un des points les plus importants à noter ici, le jeu est, de la même manière que chaque jeu édité par Wales Interactive, intégralement en anglais. Ou plutôt… Intégralement en franglais !
Est-ce que you speak anglais ?
Oui car, voyez-vous, ce n’est pas pour rien que l’on a coutume de dire qu’il vaut mieux un jeu non-traduit qu’un jeu mal traduit. Knee Deep propose donc des milliers de phrases incompréhensibles dont seul Google Traduction a le secret. Le souci étant que le jeu est ce que l’on pourrait appeler un jeu d’aventure… Autrement dit, vous passez l’intégralité du soft (à savoir 3 ou 4 heures, à tout casser) à lire et à choisir parmi des propositions textuelles (relisez bien ces deux derniers mots si besoin). Concrètement, tout le jeu se passe sur les planches d’une pièce de théâtre. Une pièce dont vous êtes à la fois le metteur en scène, le producteur, et trois acteurs. En découle donc un « jeu » complètement abracadabrantesque, très rapidement à l’origine de nombreuses migraines, et ce en plus d’être coincé entre la langue de Shakespeare et celle de Molière.
Dommage, serions-nous tentés de dire, car le concept nous avait paru au demeurant fort sympathique. Original en tout cas. Hélas, il faut bien avouer que nous avons eu un mal fou à comprendre l’intérêt d’une telle expérience. Car il faut dire que Knee Deep ne fait rien pour cacher ses multiples tares. Pourvu d’un aspect graphique des plus pauvres, le bougre se permet même d’afficher du tearing sans vergogne, ainsi que quelques ralentissements occasionnels. Avouez que c’est plutôt fort de café pour un soft qui se déroule dans un seul et même décor ! Côté intrigue pourtant, nous avions hâte de voir ce que Knee Deep avait à proposer. Sur ce plan, le synopsis de départ nous a bien plu. En effet, le jeu se passe en Floride, dans la ville de Cypress Knee, entourée par un immense bayou. Un acteur vient de se suicider par pendaison, et vous êtes appelé pour enquêter sur cette mort des plus étranges. Ainsi, vous incarnerez tour à tour Romana Teague (blogueuse un brin déjantée), Jack Bellet (journaliste local un peu has-been), et K.C. Gaddis (le fameux détective privé à l’humour cynique que l’on retrouve toujours dans ce genre d’histoires).
Un jeu en (planches de) bois !
Le seul point fort du jeu, selon nous, est sa bande-son. En effet, tous les protagonistes du jeu/de la pièce de théâtre ont été doublés par des comédiens professionnels, et cela se ressent. Nous avons même droit aux bruits d’ambiance, tels que les cris de stupeur du public assis dans la salle, ou encore à l’effet de réverbération si caractéristique d’un théâtre. Un réel travail a donc été fourni à ce niveau-là, c’est indéniable. Les plus observateurs remarqueront d’ailleurs sans doute que le mixage sonore n’est pas sans rappeler celui de l’excellent Puppeteer. La différence étant que lui était en français.
Mais alors, que peut-il bien rester à un jeu qui ne se base que sur ses textes si l’ensemble est incompréhensible, que ce soit à cause de son immonde traduction ou de son gameplay complètement farfelu ? La réponse est simple : rien ! Et croyez-nous, ayant eu le jeu avec 3 semaines d’avance sur sa date de sortie, nous avons eu largement eu le temps de tester la bête, et de retourner la problématique dans tous les sens, rien n’y a fait, sincèrement. Pour l’anecdote, nous avons même tenu à pousser le vice jusqu’à passer notre console en anglais, histoire que le jeu soit intégralement jouable in english, plutôt que dans un français des plus approximatifs. Il faut bien l’avouer, nous y avons cru. Que nous étions naïfs ! Car en effet, si les dialogues sont au moins beaucoup plus compréhensibles de cette manière (pour qui n’a toutefois aucune lacune en anglais, cela va de soi), il n’en est rien du déroulement du jeu en lui-même. C’est poussif, c’est étrangement amené, et c’est surtout incroyablement prise de tête !
Après quelques recherches concernant l’équipe de développement du jeu, nous avons néanmoins compris une chose essentielle : le résultat final n’est pas si surprenant que cela. Non car, voyez-vous, Prologue Games, le studio qui se cache derrière cette « expérience théâtrale » qu’est Knee Deep, est avant tout spécialisé dans le marketing et le conseil d’entreprise. Il est assez étrange de voir que certains programmeurs de cette structure n’ont tout simplement jamais travaillé sur des jeux vidéo. Toutefois, certains employés viennent bien de l’industrie du Gaming. Seulement voilà, seuls des MMORPG à petit budget apparaissent sur leurs CV. Nous vous laissons méditer là-dessus, car pour notre part nous préférons faire comme si Knee Deep n’avait jamais existé.
VERDICT
Knee Deep est une expérience des plus étranges. Si le concept de base est somme toute intéressant, à savoir incarner 3 acteurs de théâtre au cours d’une enquête intrigante en Floride, force est de constater que le jeu s’en sort beaucoup mieux sur le papier que manette en mains. Doté d’une réalisation à faire peur et d’une durée de vie ridicule, le jeu édité par Wales Interactive se paye en outre le luxe d’être disponible uniquement en franglais. Un choix osé lorsque l’on sait que toute l’aventure est finalement textuelle… Ainsi, et ce malgré une bande-son de très bonne facture, le titre de chez Prologue Games n’attirera sans doute pas grand monde sur le territoire français, et encore moins les joueurs qui n’ont pas de boîte de Doliprane à portée de main. Next !
Test réalisé sur PS4 à partir d’une version fournie par l’éditeur
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