Richard Franke est un programmeur britannique ayant travaillé sur de très gros jeux ces dernières années. En effet, après avoir officié sur des titres PS2 entre 2004 et 2006 (Black, Burnout 3: Takedown, Burnout Revenge…), puis sur des jeux PS3 et PS Vita (Burnout Paradise, Need For Speed Hot Pursuit, LittleBigPlanet, Tearaway…), le bougre a décidé de fonder son propre studio, Magic Notion, et de laisser libre cours à son imagination. Ce qu’il ne pouvait visiblement pas faire, ni chez EA, ni chez Media Molecule. Bienvenue chez Richard donc, ou plutôt chez Kitty…
Oui car, voyez-vous, Richard est transformiste à ses heures perdues. Autrement dit, il aime se déguiser en femme. Le britannique devient donc Kitty Powers le week-end, drag queen de son état, aimant par-dessus tout le rose bonbon au point de faire saigner des yeux quiconque le/la croiserait dans les rues de Londres. Ainsi, quelques mois après avoir commencé à bosser sur son tout premier jeu en tant qu’indépendant (une sorte de brouillon de ce à quoi l’on a droit aujourd’hui), Richard eut une idée : rendre le titre encore plus déluré qu’il ne l’était durant son stade embryonnaire, en y incorporant le personnage de Kitty Powers lui-même. Mieux : Kitty serait carrément l’héroïne du soft et le joueur devrait même être son employé… Bingo ! C’était en 2014, et Kitty Powers’ Matchmaker était né. Tout du moins sur iOS et Android. Trois ans et une version Steam plus tard, c’est sur Xbox One et PlayStation 4 que débarque cette simulation mélangeant gestion, speed dating et crises d’épilepsie.
♫ S*** ma b*** pour la Saint-Valentin ! ♫
À l’approche du 14 février, on peut clairement dire que la sortie de Kitty Powers’ Matchmaker, tout comme Lee Majors, tombe à pic. Dans ce jeu qui a le bon goût de ne jamais se prendre au sérieux, on incarne donc un conseiller clientèle travaillant au sein d’une agence matrimoniale. Votre nouveau boss ? La reine des entremetteuses évidemment, à savoir Kitty Powers elle-même. Celle-ci (incarnée par Richard, rappelez-vous) vous parlera à de nombreuses reprises durant vos parties, et il est d’ailleurs à noter que ses dialogues ont entièrement été doublés. Un très bon point, donc, car les textes provenant des autres personnages du jeu, eux, ressemblent vocalement à du Simlish. Amis anti-onomatopées, fuyez ! Vous voilà donc fin prêt à démarrer votre mission divine, autrement dit, faire en sorte qu’un maximum de gens trouvent l’âme soeur grâce à vous, afin de faire agrandir l’agence, d’avoir un business prospère, pour finalement conquérir le monde…
Vous commencez par créer votre avatar de toute pièce, que ce soit en terme d’identité (nom, prénom, date de naissance…), de physique (cheveux, yeux, nez, pilosité faciale, vêtements, accessoires…), mais aussi et surtout en terme de psychologie. En effet, on vous demandera d’abord si vous êtes attiré par les hommes, les femmes, ou par les deux (hélas, le jeu ne comporte pas de quatrième choix… Bah quoi ?). Oui, vous avez bien lu et c’est assez rare pour être souligné : Kitty Powers’ Matchmaker inclut la communauté LGBT (Lesbiennes, Gays, Bi, et Trans). Après tout nous sommes en 2017, il était temps ! Quoiqu’il en soit, Kitty vous demandera alors de vous décrire grossièrement, et ce par le biais de quelques questions basiques, réparties sur plusieurs catégories (Activités, Organisation, Social, Tradition, et Piquant). Par exemple : « Préférez-vous regarder la télévision seul ou avec des amis ? », « Êtes-vous plutôt jeux de plateau ou jeux vidéo ? », ou encore « Lorsque vous faites la vaisselle, nettoyez-vous tous les couverts un par un ou mettez-vous tout dans un bac rempli d’eau ? ».
♫ Hello ! Is it me you’re looking for ? ♫
De la même manière, il sera primordial de savoir dans quelle case vous rentrez, histoire de rendre le jeu encore plus cliché qu’il ne l’est déjà. Plutôt Hippie, Chic, Manuel, Sportif ou encore Hipster ? Vous avez votre destin entre les mains… Ou plutôt celui de votre avatar. Car tout ceci n’est en réalité qu’une minuscule mise en bouche, destinée à faire vivre l’aspect social du jeu. En effet, une fois votre alter ego créé, celui-ci sera « envoyé » online, sur les serveurs du jeu, et ce afin que les joueurs du monde entier (incluant vos amis PSN, donc) puissent partir en rendez-vous avec votre création. Nous avons donc fortement hâte de voir si nous aurons du succès auprès des célibataires de la région.
Sincèrement, qui aurait pu croire que se retenir de lâcher une caisse en public serait aussi dur ?
Une fois cette mise en jambe terminée, Kitty Powers vous expliquera tous les rudiments du jeu (ou presque) en quelques minutes, avant de vous laisser vous débrouiller tout seul comme un(e) grand(e). Concrètement, des clients poussent la porte de votre agence en espérant que vous les aiderez à trouver l’amour. Dès lors, à vous de tenter de répondre à leurs besoins. Il est à noter que tous les personnages du jeu sont générés aléatoirement, et on peut vous dire que cela représente un sacré paquet de personnes en manque de câlins ! Votre mission, si vous l’acceptez, sera de faire « matcher » le plus possible les célibataires entre eux. Cela peut paraître simple de prime abord, mais si vous pensez être ici face à un petit jeu simpliste, vous n’êtes clairement pas au bout de vos surprises.
Une fois la personne la plus adéquate choisie (selon vous), vous entamerez la partie la plus délicate, la plus drôle, et la plus prenante du jeu : le dîner au restaurant. S’engagera alors une partie de ping-pong social avec votre interlocuteur/trice, et ce pendant de longues minutes. Concrètement, il va falloir plaire à la personne que vous avez en face de vous, mais il va également, et évidemment, falloir que vous soyez attiré(e) vous-même par lui/elle. Si vous jouez correctement, il ne devrait pas y avoir de soucis (tout du moins au début du jeu), mais le repas peut rapidement devenir un cauchemar sans nom. Et si, au vu des screenshots, vous vous imaginiez faire face à un visual novel, sachez qu’il n’en est rien. Le gameplay de Kitty Powers’ Matchmaker a beau ne pas toujours faire appel à vos réflexes, il ne faudrait tout de même pas se croire en terrain conquis d’avance, messieurs dames, oh non !
L’aile ou tes cuisses ?
Durant le repas, les interactions seront nombreuses, et vous aurez tôt fait de ne plus savoir où donner de la tête. Par exemple, le jeu demandera parfois de choisir entre dire la vérité (et risquer de passer pour un salaud) ou mentir comme le font les gens civilisés. Un choix toujours utile dès lors qu’il s’agit de ne pas vexer monsieur (ou madame) sur sa moustache naissante (!). Ainsi, la roue de l’infortune fera son apparition à l’écran. Si le curseur finit dans le vert, c’est gagné, we did it ! Si, en revanche, il a le malheur de tomber dans le rouge… Aïe ! Ce genre d’interaction peut clairement changer le sens du vent, car au bout de 3 erreurs graves (matérialisées en haut à droite de l’écran par de grosses croix rouges façon Une Famille en Or), la personne qui partageait votre repas va finalement rentrer chez elle, vous laissant seul(e) sur place, un goût amer dans la bouche.
Notre mini-jeu préféré reste, pour notre part, celui du prout. Non, vous n’avez pas lu trop vite, soyez rassurés ! Il se peut que votre client ait des gaz durant le rendez-vous galant. Ainsi, il conviendra de réussir le mini-jeu qui suivra (trouver la bonne carte, concrètement), sous peine de subir la pire gêne de votre vie… Nous avons énormément ri lors de ces passages. Sincèrement, qui aurait pu croire que se retenir de lâcher une caisse en public serait aussi dur ? Nous aurions besoin d’un nombre incalculable de pages pour vous décrire tout ce qui peut arriver aux célibataires dans ce jeu, vraiment. Nous nous arrêterons donc ici et préférons vous laisser la surprise.
Ce que nous pouvons vous dire en revanche, c’est qu’à l’issue du repas, votre client aura la possibilité de choisir parmi 3 propositions. En effet, il pourra soit demander à son prétendant/sa prétendante de sortir avec lui/elle, soit proposer un deuxième rendez-vous, histoire de faire plus ample connaissance et éventuellement de se rassurer (ou non). À noter que si vous faites ce choix, le deuxième repas devra se dérouler dans un restaurant différent, et vous ne devrez pas non plus réutiliser les mêmes sujets de conversation qu’auparavant. Stressant, on vous dit ! Enfin, la troisième et dernière possibilité est tout simplement de mettre fin à toute éventuelle relation. Évidemment, si c’est la personne qui vous fait face qui n’a pas envie de vous revoir, vous serez là encore jeté(e) comme un(e) malpropre. Une situation qui peut d’ailleurs faire rire in-game, mais qui pourtant pourrait rapidement gâcher votre expérience de jeu.
Bienvenue aux restos du c…oeur !
Oui car, vous vous en doutez peut-être, chaque fois qu’un échec amoureux profile le bout de son nez, ce sont des points de malus que vous remporterez avec vous à l’agence, causant ainsi votre perte en tant qu’entremetteur/entremetteuse, et ce doucement mais sûrement ! Le but, vous l’aurez compris, sera d’engranger les bonnes notes, pour ainsi augmenter votre niveau de réputation, ouvrir de nouvelles parties de votre agence matrimoniale (toujours utile pour accueillir de plus en plus de clients en mal d’amour), et a fortiori faire des sous.
De l’argent qui vous sera fortement utile dans le jeu, que ce soit pour demander aux serveurs des précisions sur les plats servis, pour virer très aimablement à coup de pied les clients un peu lourdingues, mais aussi et surtout pour progresser dans le jeu. En effet, au début de votre progression vous n’aurez le choix qu’entre 3 restaurants (le britannique, le jamaïcain, et l’américain). À vous, donc, de rapidement faire recette, afin de débloquer les 12 autres endroits de la map (les restaurants français, australien, italien, chinois…). Vous aurez également le loisir de dépenser vos piécettes dans l’achat de salons de beauté. Pour faire simple, chaque salon vous permettra de réaliser une action en particulier, afin de correspondre un peu plus aux goûts de votre éventuel(le) futur(e) partenaire. Changement de couleur de cheveux, changement de vêtements, achat de cadeaux cheaps, puis de beaux et gros cadeaux… Tout un programme ! La durée de vie du jeu est donc excellente (31 trophées PSN, dont 1 Platine sont d’ailleurs à débloquer), d’autant que le bougre ne coûte pas plus d’une dizaine d’euros. Seule ombre au tableau : il n’est disponible qu’en anglais. Nous avons contacté Richard Franke qui nous a assuré qu’une traduction française pourrait éventuellement voir le jour s’il y a de la demande et/ou si le jeu se vend bien sur notre territoire. Vous savez ce qu’il vous reste à faire.
Verdict
Kitty Powers’ Matchmaker est un jeu pour le moins original. Loin des licences à gros budget que l’on connaît tous par coeur, il a au moins le mérite (à défaut d’être impressionnant de par son aspect visuel ou encore de sa bande-son), de nous faire rire. Évidemment, les joueurs qui n’oseront pas y toucher, que ce soit à cause de la langue ou du concept en lui-même, rateront une expérience sociale comme on en voit peu. Parfois redondant, parfois trop rose, Kitty Powers’ Matchmaker est loin d’être un jeu parfait. Mais il bénéficie pour autant d’une aura, et surtout d’un capital sympathie que l’on aimerait retrouver dans d’autres titres. Pour notre part nous sommes conquis. Et vous, vous faites quoi pour la St-Valentin ?
Test réalisé à partir d’une version PS4 envoyée par l’éditeur
Riku
11 février 2017 at 15 h 37 minOh ça me donne envie de tester ça pour la St Valentin XD
Mr_Toc
14 février 2017 at 17 h 11 minHaha y a moyen de se taper de bonnes barres, l’ami 🙂