31 ans ! C’est le laps de temps considérable qui sépare le King’s Quest nouveau du tout premier opus sorti en 1984. Reboot aux qualités certaines, il est clair que le bébé des américains de chez The Odd Gentlemen avait réussi à nous séduire à sa sortie, à l’été 2015. Et même s’il était annoncé dès le départ comme étant un jeu découpé au format épisodique, force est de constater que nous n’aurions jamais pu deviner la lenteur avec laquelle Activision distillerait chaque chapitre… Quoiqu’il en soit, nous sommes en novembre 2016, et le cinquième et dernier segment du jeu est disponible. Voici donc, en conséquence, notre ultime test concernant ce reboot.
Le discours (mou) d’un roi
C’est en effet 15 mois après avoir fait naître le premier chapitre de cette « nouvelle » aventure que la conclusion vient enfin pointer le bout de sa truffe. On notera tout de même que si d’ordinaire nous devions attendre entre 4 et 5 mois pour découvrir chaque nouvel épisode, l’éditeur a cette fois-ci décidé de se débarrasser littéralement de son mouflet ! En effet, à peine quelques jours après la mise en ligne du chapitre 4 que nous vous testions en octobre, voici que la dernière page du roman est disponible, sans pubs ni trailers, sans aucune communication à son propos… Drôle de procédé… Mais néanmoins prévisible. Depuis quelques temps, il nous avait en effet semblé qu’Activision ne croyait guère en son propre jeu. La faute à des chiffres de vente catastrophiques, on s’en doute. Sans parler du concept de chapitrage, lui-même terriblement frustrant et clairement inadapté à un tel jeu.
D’autant que, vous le savez si vous nous lisez régulièrement, le King’s Quest nouveau a toujours eu la fâcheuse tendance à proposer, de façon très étrange, un bon épisode sur deux seulement. Souvenez-vous à quel point les avis avaient été unanimes concernant le premier chapitre sorti à l’été 2015. Le jeu semblait pouvoir amener un vent de fraîcheur dans un milieu qui ne fait plus vraiment la part belle aux jeux d’aventure comme on les appréciait tant. La grande époque de Sierra (le studio à l’origine, notamment des premiers King’ Quest, mais également de Space Quest ou encore de Leisure Suit Larry) étant révolue, nous avions été très nombreux à être émerveillés par ce premier segment, plus que prometteur. Hélas, le sourire que nous affichions fut de courte durée, car le chapitre 2 ressemblant davantage à du remplissage « pour nous faire patienter en attendant la suite » qu’à une véritable continuité.
S’en était suivi un troisième segment des plus réussis, plein d’humour, de situations variées, et proposant un gameplay clairement aussi bien, voire mieux amené que dans le premier chapitre. Nous étions donc réconciliés avec ce reboot, et rassurés, qui plus est… Tout du moins jusqu’à l’arrivée du chapitre n°4, lui-même basé sur le même principe que l’épisode 2, à savoir un pan entier se déroulant à huis-clos, enchaînant les énigmes d’un goût douteux, et ce durant un peu plus de 2 heures. D’ailleurs, cet avant-dernier chapitre a tout de même eu l’audace de zapper purement et simplement toute la dimension scénaristique qui était censée nous être dévoilée à ce moment-là. Quoiqu’il en soit, si et seulement si tout se passait comme à l’habitude depuis 2015, il était évident que le cinquième et dernier épisode serait réussi, lui… Eh bien soyez rassurés, c’est (presque) le cas !
On prend les mêmes et on recommence
Comme par magie, ou plutôt comme si les programmeurs de chez The Odd Gentlemen avaient compris leurs erreurs, cette ultime aventure se déroule aux alentours du château de Daventry, tout comme dans l’épisode 1. On y incarne un roi Graham grabataire, pourvu d’une longue barbe blanche et d’une chevelure tout aussi impressionnante. Pour faire clair, on joue finalement notre bon vieux héros au temps présent, et non plus sa version jeune que l’on dirigeait par le biais de souvenirs racontés par le protagoniste. Nous ne dévoilerons strictement rien sur l’intrigue en elle-même, pour la simple et bonne raison que le moindre détail serait susceptible de vous gâcher l’expérience. Une expérience d’ailleurs bien courte au vu des précédentes durées auxquelles on avait eu le temps de s’habituer. Comptez en effet 90 minutes pour conclure à jamais ce reboot. À jamais ? Vraiment ?
Eh bien oui et non. Car en effet, si vous n’étiez pas encore au courant, figurez-vous qu’un chapitre bonus devrait voir le jour d’ici à la fin de l’année. Attention toutefois, car ce dernier n’est nullement à considérer comme un sixième épisode. Autre précision des plus importantes, cet épilogue ne sera disponible que pour les possesseurs de la saison complète (le Season Pass vendu 39,99 € pour être précis). Les acheteurs des épisodes à l’unité ne semblent pas être concernés. Voilà un beau cadeau de la part de The Odd Gentlemen, donc, prévu pour récompenser en quelque sorte les joueurs ayant cru à ce King’s Quest dès le départ. Pour autant, force est de constater que la fin de ce chapitre 5 est convaincante, en plus d’être très bien amenée. Dans le même ordre d’idée, nous avons été très agréablement surpris par la mise en scène générale de ce dernier épisode. On ne se lasse pas une seule seconde, on est pris par l’histoire, et surtout, on veut à tout prix savoir comment tout cela va-t-il bien pouvoir se terminer.
Le trône d’enfer
Le doublage français semble avoir repris du poil de la bête, on le sent plus sûr, plus marquant, plus juste aussi. Toujours en ce qui concerne la partie sonore, rarement les musiques de ce reboot nous auront autant emporté ! Enfin, bien que le tout passe finalement assez vite (comme nous vous le disions plus haut), les développeurs états-uniens ont tout de même pris le temps d’incorporer à leur bébé trois easter eggs absolument géniaux. Comme une sorte de dernier hommage à la licence chère à Sierra. Pour être honnête, nous mourons d’envie de vous faire découvrir ces passages absolument géniaux en vidéo, mais ce serait surtout l’occasion de vous gâcher la surprise. Ainsi, nous vous laissons le plaisir de la découverte car nous sommes, nous aussi à notre façon, des gentlemen.
On notera en revanche, comme dans les quatre premiers chapitres, une difficulté inexistante (ou extrêmement peu présente, car même en cas de mauvaise réponse, n’importe quelle énigme peut être retentée à l’infini), sans parler des choix moraux qui n’ont finalement jamais eu quelque impact que ce soit. En effet, maintenant que nous avons terminé l’aventure entièrement, nous pouvons hélas vous le confirmer, vos décisions n’apportent strictement rien à l’aventure. Dommage, clairement, et nous espérons grandement que, si suite il y a, les gens de chez The Odd Gentlemen oseront plus de choses à l’avenir. En l’état, ce cinquième chapitre, et plus globalement ce King’s Quest dans son intégralité, diffuse un parfum mitigé. Au-delà du fait que seuls trois épisodes sur cinq valent la chandelle, il est clair que le tout paraît bien bancal en définitive. Fort heureusement, le tarif de la saison complète n’a rien de prohibitif, et la conclusion en est vraiment une, contrairement à bon nombre d’autres jeux. C’est déjà ça !
Verdict
Le reboot de King’s Quest, édité par Activision, développé par The Odd Gentlemen, et initié en 2015, est enfin terminé ! Enfin, oui, car le temps nous a paru bien long depuis la sortie du tout premier chapitre. Après un deuxième segment complètement loupé, un troisième cru excellent, puis un quatrième épisode décevant à nouveau, ce cinquième et dernier chapitre nous a paru fort réussi. Plus court qu’à l’accoutumée, ce pan a au moins le mérite de proposer une fin convaincante, une histoire bien mieux mise en avant, ainsi que des easter eggs tout bonnement excellents. Concernant l’expérience complète, toutefois, il est clair que c’est un sentiment mitigé qui aura tendance à se dégager. On aura alterné entre le bon, le moyen, et le mauvais durant ces 15 mois… Pour une saison vendue moins de 40 euros, on ne peut pas dire qu’il y ait eu péril en la demeure, mais disons que nous espérions un retour plus flamboyant de la part de cette licence, 17 ans après le dernier King’s Quest en date, et 31 ans après sa création. Pas sûr que l’on revoit notre ami Graham et sa famille de si tôt, hélas.
Test réalisé sur PS4 à partir d’une version éditeur
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