Il y a 31 ans, en 1984, naissait la saga King’s Quest. Son développeur, le studio Sierra, a bâti ses lettres de noblesse sur cette licence restée, depuis, intemporelle aux yeux des fans. Pourtant, force est de constater que, si huit jeux estampillés King’s Quest virent le jour après ça, on n’avait plus entendu parler des aventures du roi Graham depuis 1998. Quelle ne fut pas notre surprise lorsqu’en 2014 les pontes d’Activision annoncèrent son grand en retour. Un an plus tard, King’s Quest est donc disponible en téléchargement sur PlayStation 4, Xbox One, PC, Mac, PlayStation 3 et Xbox 360, rien que ça.
Trouvable uniquement en téléchargement, il est vrai que King’s Quest ne rencontrera peut-être pas le succès commercial qu’il mérite. Pire encore, il est impératif de noter l’aspect épisodique de l’ensemble. En clair, si le jeu vous intéresse, vous avez le choix entre vous procurer dès maintenant l’épisode 1 pour la modique somme de 9,99 €, ou bien de craquer immédiatement pour la saison complète à 39,99 € (fournie notamment avec plusieurs thèmes PlayStation 4 ainsi qu’un épilogue bonus). Bien évidemment, si vous achetez le premier chapitre et que vous voulez continuer l’aventure, un Season Pass est également disponible comprenant les épisodes 2 à 5. Dans tous les cas, et peu importe le choix que vous ferez, il est primordial de préciser que seul le premier pan de l’histoire est disponible pour le moment. Les quatre suivants (ainsi que l’épilogue) seront distillés au compte-gouttes jusqu’en 2016. Soyez assurés que nous vous proposerons un test de chacun des épisodes à venir, à commencer aujourd’hui par le début de l’histoire, sobrement intitulée « A Knight to Remember » (fans de Shalamar, bonsoir!).
Si vous n’avez pas connu les anciens jeux de la licence King’s Quest, sachez que dans ce reboot de la série vous incarnez un jeune Graham, vivant ses (més)aventures au rythme où le Graham actuel (grabataire et à l’article de la mort) raconte son tumultueux passé à sa petite-fille Gwendolyn. Concrètement, des cinématiques assez courtes viennent nous montrer à quoi ressemble le présent, tandis que tout le jeu n’est en fait composé que des souvenirs de notre héros. On remarque d’emblée un aspect narratif très poussé, donc. Il est d’ailleurs assez amusant de constater que les choix effectués durant le jeu sont justifiés par des pirouettes scénaristiques du plus bel effet. Dans les faits, imaginez que vous vous trompiez de levier à abaisser, ou encore que vous mouriez en tombant dans un lac, le vieux Graham actuel dira à Gwendolyn quelque chose comme « Je ne m’en souviens plus très bien, je crois que j’ai besoin de faire une pause ». Suite à quoi vous reprendrez votre périple au dernier checkpoint parcouru.
King’s Quest est ce que l’on appelle un jeu d’aventure. Si les plus jeunes seront sans aucun doute un peu déstabilisés au début, il faut bien avouer que l’expérience s’avère rafraîchissante, à plus forte raison lorsque les standards actuels font plutôt la part belle aux FPS et autres jeux de combats. Vous dirigez donc Graham avec votre stick gauche à travers des plans fixes en 3D. A la manière de White Night ou d’un The Wolf Among Us, seul le personnage est en mouvement et il faudra parfois subir une caméra un brin capricieuse afin d’avancer. Et puisque l’on fait allusion à un jeu Telltale Games, il faut bien avouer que ce King’s Quest développé par The Odd Gentlemen s’en inspire de manière à la fois positive… Et négative. En effet, si visuellement la direction artistique du titre fait des merveilles, on ne peut pas en dire autant en ce qui concerne son apparence purement technique. Tout comme les jeux Telltale, King’s Quest souffre de graphismes tout juste potables, composés principalement de textures très grossières et d’un aspect très PlayStation 3 dans l’âme. Si le cell-shading paraissait être une bonne idée sur le papier, notons que le tout manque clairement de finition. Tout ceci sans compter les micro-freezes, les ralentissements et l’aliasing un peu trop prononcé. Heureusement, l’ambiance sauve le navire du naufrage, et nous espérons que les décors, notamment, serons plus recherchés dans les épisodes suivants.
L’ambiance visuelle est un point important, certes, mais qu’en est-il de l’ambiance sonore ? De ce côté-là, vous pouvez être rassurés, les développeurs ont fait des merveilles. Si les excellentes musiques sont, hélas, bien trop discrètes (on en vient parfois à se demander si le son ne s’est pas coupé tout seul), il nous fallait absolument vous parler des doublages français. Jouable uniquement dans la langue de Molière (dans cette version européenne en tous les cas), King’s Quest propose des dialogues de qualité très bien mis en avant par les différents comédiens. Certains sont moins enjoués que d’autres, comme toujours, mais quel plaisir de retrouver les sempiternels Gilbert Lévy (Les Simpson, South Park…), Patrick Béthune (24 heures chrono…) ou encore Stephane Ronchewski (The Dark Knight, Ma famille d’abord…). Un vrai régal pour nos oreilles, d’autant que le jeu est extrêmement bavard. Il nous fallait donc impérativement jouir d’une véritable qualité professionnelle, et c’est ce que l’on a eu. Seule ombre au tableau, la synchronisation labiale est complètement loupée. Un souci technique de plus qui aura tendance à vite agacer. Voir des trolls bouger les lèvres alors même que leur phrase est terminée depuis plusieurs secondes, forcément ça fait tâche.
Notons en revanche que les personnages croisés sont tous hauts en couleur et, admettons-le, très originaux. Le jeu ne manque pas d’humour (ce ne sont pas les blagues foireuses de Graham qui nous diront le contraire) et il est toujours agréable de discuter de longues minutes avec, au choix, des marchands, des chevaliers, des gardes, ou encore des créatures de la forêt. Ces PNJ sont d’ailleurs très loin d’être inutiles car, comme dans tout jeu d’aventure qui se respecte, votre mission sera de trouver comment passer, grâce à eux, à tel ou tel endroit de la map. Pour ceux qui ne seraient pas familiers avec les jeux d’aventure, sachez que tout se base sur le système de troc créé il y a de cela des dizaines d’années. Concrètement, vous débutez avec un inventaire vide ou presque, et vous vous dirigez vers un premier endroit. A l’intérieur de ce dernier, il y a fort à parier que vous y trouverez des objets utiles, que ce soit des flèches, des pièces d’or ou encore une plante. Si certains de ces ustensiles vous permettront surtout de déverrouiller les mécanismes vous barrant le passage, 99% d’entre eux sont faits pour être donnés à des PNJ. Lesquels vous donneront accès à de nouveaux dialogues, de nouveaux objectifs, qui eux-mêmes vous mèneront à de nouveaux PNJ et ainsi de suite durant tout le jeu.
L’avantage de King’s Quest, c’est qu’il propose un inventaire extrêmement basique dans lequel chaque objet sert à accomplir une tâche précise. C’est d’ailleurs le reproche que certains joueurs seront tentés de faire quant à ce premier chapitre. Il ne propose pour ainsi dire aucun véritable challenge. Bien sûr, on restera parfois bloqué quelques minutes sur une « énigme » un peu plus tordue que les autres, et on passera malheureusement tout son temps à enchaîner les interminables allers-retours qui composent le jeu. Mais mis à part ça, il sera tout de même très difficile de sécher. Bien que le jeu ne nous prenne absolument pas par la main (aucune map ni aucun indice ne sont présents, pas même un journal de quêtes pour se tenir à jour), n’importe quel joueur un minimum habitué à ce genre de gameplay trouvera ses marques en très peu de temps. Pour autant, ne boudons pas notre plaisir car ce premier jet s’est vu terminer en environ 5 heures par l’auteur de ces lignes. Ce qui est, il faut bien le dire, un peu plus du double d’un épisode de chez Telltale Games (The Walking Dead, The Wolf Among Us, Game of Thrones…). Ainsi, si les chapitres suivants proposent la même durée de vie, il faudra bel et bien compter entre 20 et 30 heures pour faire le tour de la saison complète. Une bonne nouvelle que l’on n’attendait pas. Ajoutez à cela 17 trophées PSN à débloquer, rien que pour ce premier épisode, et vous comprendrez que l’on a affaire ici à une très bonne pioche. Finissons en évoquant les nombreuses phases de gameplay très originales disséminées ça et là durant notre périple. De la plate-forme en 2D au tir à l’arc, en passant par la course à pied en vue TPS ou encore aux combats façon QTE (re-bonjour Telltale!), King’s Quest sait, fort heureusement se montrer varié dans son approche. Cela a fait mouche chez nous et l’on espère que vous apprécierez tout autant la prise de risque engagée par les développeurs. Nous avons clairement hâte d’en voir plus, notamment en ce qui concerne les choix moraux effectués jusqu’ici. Il faut bien le dire, aucune conséquence réelle n’est venue interrompre notre aventure pour le moment. Espérons que l’on se sente un peu plus impliqué par la suite.
VERDICT : 7,5/10
Après un très sympathique Winterbottom sur le Xbox Live Arcade, les programmeurs de The Odd Gentlemen nous reviennent avec le très attendu King’s Quest. La pression sur les épaules du studio est énorme, tant les fans de la licence de Sierra étaient impatients de retrouver Graham. 17 ans après le dernier opus donc, la saga renaît de ses cendres par le biais d’un sympathique chapitre d’introduction. Peu convaincant visuellement mais fort d’une excellente bande-son et d’un gameplay aux petits oignons, nul doute que cette nouvelle mouture trouvera son public. Tout du moins pour l’instant, car si la variété des situations rencontrées, l’humour et la durée de vie sont jusqu’ici des atouts indéniables, il nous faudra patienter jusqu’à l’épisode 2 pour confirmer, ou non, cette très bonne première impression. Ce qui est sûr, c’est que l’on a vraiment hâte d’y être.
Hinata
2 août 2015 at 12 h 23 minUn jeu qui m’intéresse grandement. J’ai pas connu la série à l’époque, mais je compte bien y jouer à celui-ci^^
Par contre…jespere une version boîte quand tout les épisodes seront sortie.
Et j’ai vu que le jeu était en VF. Bonne nouvelle^^