Kingdom Hearts III, l’un des premiers jeux annoncés de la génération actuelle, vient tout juste de sortir. Après plus de 5 années de développement et d’attente fébrile de la part des fans, le nouveau bébé de Disney et de Square Enix se doit de mettre les points sur les i. Tetsuya Nomura, le créateur de la série, livre-t-il un jeu méritant de se baigner dans la lumière ou doit-t-on le laisser dans les ténèbres de l’oubli ? Réponse dans le test qui suit…
Test réalisé sur PlayStation 4 à partir d’une version numérique fournie par l’éditeur
C’est la fin, Xehanort
Troisième opus numéroté de la saga, Kingdom Hearts III conclut l’arc du Chercheur des ténèbres, à savoir Xehanort : si vous vous êtes contentés des principaux jeux de la série, ce nom ne vous dira sans doute pas grand chose mais sachez que c’est lui le méchant principal à qui l’on doit la majorité des événements depuis le tout premier jeu. L’une des forces mais aussi l’une des faiblesses de la franchise, c’est que chaque titre a son importance. Oui, si vous n’avez pas fait les nombreux jeux sortis sur les consoles portables et même le jeu mobile, vous risquez d’être largement perdu par ce qui arrive dans Kingdom Hearts III, tant chaque aventure apporte sa pierre à l’édifice. Même les détails les plus insignifiants se révèlent parfois essentiels, il est donc impératif d’être plus ou moins à jour afin de savourer comme il se doit ce nouveau chapitre de Kingdom Hearts. Heureusement, il existe deux compilations des anciens jeux sur PlayStation 4 et il y a de nombreuses vidéos expliquant tout ce qu’il faut savoir. Il y a même des archives et des vidéos dans le menu principal de Kingdom Hearts III, afin de se remettre dans le bain une dernière fois avant le combat final contre Xehanort.
Pour ceux qui sont montés dans le train depuis le début, sans rentrer dans les détails, bien évidemment, sachez que l’attente valait largement la peine. Bien qu’il reste des moments moins bien écrits que d’autres et qu’il y a toujours des interrogations après la fin (surtout celle qui est secrète), sans oublier l’habituelle niaiserie propre à la saga, Kingdom Hearts III conclut l’arc Xehanort en beauté et les heures finales ne devraient laisser personne indifférent tant on enchaîne les moments épiques, émouvants et mélancoliques. Aussi, l’implication de Disney se fait davantage ressentir dans cet opus, les mondes Disney et les personnages ayant plus d’importance que jamais, surtout en ce qui concerne Dingo et Donald mais on vous laisse découvrir pourquoi. On regrette que certains mondes soient tout de même vite expédiés au niveau de leurs histoires personnelles, notamment Pirates des Caraïbes qui n’a qu’un début et qu’une fin (mais quelle fin…) mais après, nous avons également des mondes avec des histoires originales qui restent dans la continuité des films, offrant de bons moments. Aussi, comment ne pas mentionner l’apparition de mondes Pixar pour la toute première fois, notamment avec l’arrivée de Toy Story ! Il n’y a pas de doute, nous sommes bien dans un opus numéroté de Kingdom Hearts et le scénario n’est que la cerise sur le gâteau.
Kingdom Fun
Si la série Kingdom Hearts est tant aimée à travers le monde, c’est en grande partie pour son gameplay et de ce côté, Kingdom Hearts III ne déçoit que très rarement. Il est tel une attraction de Disneyland : une montée en puissance qui finit par une explosion de joie et de sensations, même si on peut avoir mal à de rares occasions. Concrètement, c’est le gameplay de Kingdom Hearts II mélangé avec ceux des jeux portables tout en incluant quelques nouveautés bienvenues. Nous contrôlons donc Sora qui possède une fois de plus des attaques au corps-à-corps basiques activées via une simple touche, qu’on peut améliorer via les nombreuses compétences à apprendre au fil de l’aventure afin de prolonger les combos, tout en esquivant avec des roulades les nombreuses attaques ennemies. Nous avons aussi de nombreux sorts de magie qui évoluent jusqu’à devenir surpuissants. D’ailleurs, Kingdom Hearts III reprend de ce côté-là quelques éléments intéressants du petit prologue du troisième épisode où l’on contrôle Aqua puisque la magie peut également servir dans les déplacements, la glace permettant de glisser et le vent permettant de décoller en même temps que les ennemis afin de faire des attaques aériennes. Pour en rester aux déplacements, le jeu reprend en partie la fluidité de Kingdom Hearts: Dream Drop Distance, en plus simplifié et moins abusé : certains murs permettent de courir dessus, on peut glisser sur différents types de rails, tourner autour de certaines colonnes… Grâce à des animations et une fluidité exemplaires, tout cela se fait avec grand plaisir et on ne rencontre de problèmes que dans les rares endroits confinés, où la caméra peut alors avoir du mal à suivre l’action, rare mais tout de même gênant.
Il y a également des nouveautés inédites à cet épisode, à commencer par les transformations de Keyblade, l’arme fétiche de la série. Chaque Keyblade possède ses particularités et une transformation unique, en dehors de quelques exceptions. Cela permet d’accéder à de nouvelles attaques et parfois même de nouvelles façons de jouer, certaines transformations créant des animations et des attaques totalement inédites, permettant de constamment varier un gameplay qui offre déjà de base de nombreuses possibilités. Ainsi, on découvre sans cesse de nouvelles façons de jouer, permettant de varier le plaisir au maximum et ce jusque la fin du jeu. Si les animations de transformations et de finishs ultimes vous déplaisent, sachez que cela peut être désactivé, un très bon point pour ceux qui veulent des combats plus rapides et moins flashy. Autre nouveauté, les attractions inspirées de ce qu’on peut voir dans certains Disney. Lors de certaines commandes à effectuer, il est possible d’invoquer par exemple un bateau pirate, une bouée afin de créer un chemin d’eau puis foncer sur les ennemis, etc. Si elles apportent davantage de fun, elles sont aussi un poil trop abusées, rendant les combats plus faciles que d’habitude, après, au choix du joueur de les activer ou non.
La difficulté, parlons-en, tiens. Cet opus risque de décevoir les joueurs les plus chevronnés qui veulent du challenge car même en Expert, on ne rencontre la mort qu’à de rares reprises, à moins de limiter exprès le gain de niveaux. On espère donc l’arrivée du légendaire mode Critique via une MàJ ou DLC, après, il y a tout de même quelques boss coriaces et un certain défi après la fin du jeu risque de vous plaire, si vous recherchez l’adrénaline. Malgré tout, les combats restent constamment fun grâce aux nombreuses actions et magies à effectuer, sans oublier qu’il y a également les habituelles invocations et autres joyeusetés qu’on va tout de même garder secrètes, afin de ne pas gâcher les bonnes surprises de cet opus. Aussi, pour une fois, les alliés sont vraiment utiles. Donald soigne souvent lors des passages les plus corsés, si, si, on vous le jure !
Vous pensez qu’on a tout dit ? Que nenni. Kingdom Hearts III, ce n’est pas que du combat contre les Sans-coeurs, Similis et autres, il y a aussi le retour des phases Gummi, qui se la jouent même un petit peu monde ouvert avec plusieurs zones spatiales à explorer, permettant de récolter divers objets tout en affrontant des ennemis qu’on peut éviter si l’on ne veut pas trop s’attarder sur ce côté du jeu, tout de même moins fun que dans le II qui avait un côté shoot’em up bien véloce. En dehors de cela, il y a l’aspect RPG avec les différents équipements à améliorer et parfois à forger, de l’exploration bien plus poussée que par le passé… Mention spéciale d’ailleurs à l’univers de Pirates des Caraïbes, proposant un petit monde ouvert où l’on peut explorer de nombreuses îles à sa guise façon Sea of Thieves ou Assassin’s Creed IV: Black Flag, le tout avec avec un bateau qu’on peut piloter. Aussi, on peut désormais prendre des photos, chaque personnage peut y réagir à sa drôle de manière (surtout Donald, vraiment amusant dans cet épisode) et cela permet aussi de récolter des photos des emblèmes fétiches, têtes de Mickey disséminées à travers tous les mondes et apportant des objets. Ils sont parfois bien cachés, donc il faudra vraiment explorer tous les recoins ! Cela est même parfois pénible, même si les personnages précisent ici et là qu’il y en a, aidant un peu. Chaque monde propose une alternative de gameplay plus ou moins intéressante, surtout à travers des mini-jeux qui permettent de varier les plaisirs. De ce côté, c’est surtout le restaurant de Rémi de Ratatouille qui est intéressant, puisqu’on peut y cuisiner de nombreux plats pouvant apporter des bonus lors des combats. Non, vraiment, pour peu qu’on aime les combats des A-RPG, on ne peut s’ennuyer une seule seconde dans Kingdom Hearts III, tant il apporte d’expériences différentes et amusantes, bien que l’on puisse pester un peu sur la difficulté à revoir.
Il en faut peu, vraiment très peu pour être heureux
Après le gameplay et le scénario, ce que l’on retient aussi des Kingdom Hearts, c’est leur beauté à travers les graphismes et les musiques. Pour l’un comme pour l’autre, nous sommes devant un véritable film d’animation et un concert symphonique inoubliable. En ce qui concerne le rendu visuel, l’Unreal Engine 4 rend les personnages propres à la série proche du rendu des cinématiques en images de synthèse d’antan et que dire des personnages Disney, très fidèles tant par leurs modélisations que leurs animations, surtout que le jeu se permet de respecter chaque oeuvre au pixel près (rendu réaliste pour Pirates des Caraïbes, rendu dessin-animé pour Winnie l’Ourson, etc.). Les décors et les effets visuels ne sont pas en reste, tant chaque monde donne (quasiment) l’impression d’explorer les différents films comme si on y était, surtout que désormais, les mondes sont bien plus grands et ouverts qu’avant, le tout avec un taux d’images dépassant constamment les 30 FPS. Si l’on n’a pas du 60 FPS parfait, on note que rarement de grosses baisses et au vu du rendu de Kingdom Hearts III, avec le nombre de choses visibles à l’écran, on ne peut que s’incliner face au travail de Square Enix, malgré quelques ombres absentes lorsqu’on est un peu trop en hauteur et quelques touches d’aliasing plus ou moins visibles. Mention spéciale à certaines scènes et cinématiques plus travaillées que d’autres qui sont quasiment du même niveau que celles de certains films, un véritable plaisir pour les pupilles.
Pour ce qui est de la bande-son, si l’introduction peut agacer quelques uns avec l’association d’Utada Hikaru à Skrillex, le reste est globalement un sans-faute. Shimomura et tous ceux qui ont œuvré sur Kingdom Hearts III risquent de marquer les oreilles à jamais, tant les nombreuses musiques inédites (parfois plusieurs par monde !) s’associent à merveille à tout ce que l’on voit devant nos yeux et les remixs bien connus des fans sont grandioses. Passant du bucolique à l’épique, les musiques du jeu ont de quoi faire frissonner et ce du début jusqu’à la fin. Du côté des voix, une fois de plus, on ne peut que regretter l’absence des excellentes voix françaises depuis Kingdom Hearts II. Si l’on pouvait comprendre pour les opus portables, il est dommage de les voir absentes dans un épisode aussi important que celui-ci… Après, les voix anglaises sont tout de même appréciables, les nombreuses stars Disney reprenant souvent leurs rôles, avec plus ou moins de plaisir. Quelques personnages sont de même joués avec peu de conviction, rendant leurs dialogues pénibles. Les bruitages, eux, restent toujours aussi appréciables.
Enfin, qui dit Action-RPG dit également grosse durée de vie. Kingdom Hearts III respecte-t-il cela ? Oui et non. Oui car pour venir à bout de l’aventure principale et des nombreuses choses annexes à accomplir, on peut facilement dépasser la quarantaine voir la cinquantaine d’heures. Non car l’histoire principale du jeu peut se révéler courte si l’on fonce droit au but, plus que Kingdom Hearts II en tout cas qui proposait plus de mondes ainsi que des secondes visites à faire, là où ici, une seule est proposée. Ainsi, en 20 heures, on peut voir le bout. Est-ce un mal pour autant, sachant qu’il y a moins de dialogues inutiles et une exploration de meilleure qualité ? Chaque joueur jugera cela à sa manière mais ce qui est sûr, c’est que Kingdom Hearts III propose tout de même un gros contenu et le plus important, c’est que ce contenu est de grande qualité, ce qui est le principal.
Verdict : 9/10
Kingdom Hearts III est sans aucun doute l’un des jeux qui va définir l’année 2019. Bien qu’il reste des petits points à corriger, cette nouvelle production Square Enix est un véritable cadeau pour les fans et il a de quoi attirer de nouveaux joueurs, pour peu qu’ils prennent le peine de se mettre à jour sur le grand roman (parfois indigeste) qu’est la saga. Grand hommage aux films Disney de ces dernières décennies et aventure épique aux moments inoubliables, il devrait ravir de nombreuses personnes souhaitant un Action-RPG japonais de la plus haute qualité. Un coup de cœur, tout simplement.
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