Kingdom Come: Deliverance II (KCD2) est la suite du premier titre éponyme qui s’était fortement démarqué sur le marché grâce à ses mécaniques réalistes, voire contraignantes, mais ludiques et immersives. Après sept années d’absence, Warhorse Studios fait son grand retour. Que vous soyez passionné de chevalerie ou amateur d’histoire médiévale, Kingdom Come Deliverance 2 réussira-t-il à assouvir votre faim et proposer une expérience plus agréable ? Il est temps de trancher cette question.
Test réalisé sur PS5 à l’aide d’une copie numérique envoyée par l’éditeur
On se remet en selle pour l’aventure !
L’histoire de Kingdom Come: Deliverance II est la suite directe du premier. Elle se situe au début du XVe siècle, au royaume de Bohême. Le roi légitime, Venceslas IV, est détrôné par son demi-frère, Sigismond de Luxembourg, roi de Hongrie et de Croatie. Ce dernier plonge le pays dans une guerre civile obligeant les nobles à choisir entre défendre le royaume de Venceslas, qui est connu pour sa mauvaise gestion et sa décadence, ou aider Sigismond qui pille la région avec l’aide de mercenaires étrangers.
Notre protagoniste est Henry de Skalice, ou Skalitz en anglais, rescapé d’un village brûlé et orphelin dont les parents ont été massacrés par des hommes de Sigismond. Il trouva refuge auprès d’un seigneur local, partisan du roi légitime, et entra à son service dans l’espoir de venger sa famille. Impressionné par les compétences d’Henry après plusieurs services rendus, ce seigneur lui confia la protection de son neveu, le jeune Hans Capon, qui est l’archétype même du noble arrogant et prétentieux. Après de nombreuses péripéties, des mésaventures communes et contre toute attente : Henry et Hans deviennent amis.
Ce deuxième opus reprend l’histoire principale au cours d’une expédition diplomatique, alors que les deux jeunes hommes doivent accomplir une mission cruciale : délivrer un important message pour un seigneur voisin partisan de Sigismond. Évidemment, rien ne se déroule comme prévu et nos compères se retrouvent livrés à eux-mêmes en terres inconnues, sans compagnons ni équipement.
Une toile vivante, saisissante de réalisme
Kingdome Come: Deliverance II est une amélioration saisissante de l’univers du premier. Après sept ans de travail, le studio délivre une représentation d’un monde médiéval bien plus bluffante que dans le premier titre. On se plaît à se balader de nouveau dans des environnements aux couleurs chatoyantes et à la lumière travaillée. La musique, parfaitement orchestrée à partir d’instruments traditionnels, ne vous marquera sûrement pas, mais elle vous plongera immanquablement dans l’ambiance. C’est le genre de mélodie qu’on oublie et qu’on est incapable de siffloter, mais qui ravive de nombreux souvenirs quand on la réécoute. Les souvenirs de nos aventures en tant qu’Henry de Skalice, aventurier, guerrier ou malandrin du royaume de Bohême.
L’univers est finement représenté et crédible dans son agencement. Warhorse Studios a pensé à de nombreux détails pour appuyer cette fameuse immersion. Les menus du jeu adoptent une direction artistique travaillée, avec des illustrations et des effets dignes d’une œuvre médiévale, comme s’il s’agissait de réalisations venues de cette époque. Les paysages sont remplis d’endroits variés : on trouve des ruines dans des milieux reculés, recouverts de plantes grimpantes, des villages dans lesquels chaque PNJ organise sa vie et des hameaux reculés, habités par des parias méfiants. On se plait à explorer la carte de la région, tellement immense qu’elle peut en donner le vertige avec ses secrets attendant d’être découverts par les plus curieux et attentifs. Kingdom Come: Deliverance II possède une faune ainsi qu’une flore riche et diversifiée. La nature occupe une place omniprésente dans l’univers du jeu. Il y a toujours un animal qui se balade quelque part, que ce soit un chien se reposant ou du gibier craintif qui se cache. Seuls les chats manquent à l’appel, dommage !
Cependant, il faut bien mentionner la présence de rares bugs visuels. Il arrive que le moteur du jeu ait du mal à charger des textures, que des bâtiments au loin apparaissent d’un coup quand on s’en approche, ou que du clipping apparaisse en pleine séance d’alchimie. Heureusement, ce n’est pas aussi présent que dans le 1. Le studio prouve qu’il a évolué et utilise quelques astuces visuelles déjà employées par d’autres titres, comme l’utilisation de textures en 2D pour les fleurs ou des objets comme imprimés à même le décor. On peut par ailleurs déplorer un manque d’expression et de réalisme sur les visages, notamment quand on compare à d’autres titres plus récents, mais si vous arrivez à pardonner la faiblesse graphique du jeu, vous vous rendrez compte que Kingdom Come: Deliverance II a beaucoup de choses à raconter et à vous faire vivre.
Concernant le doublage, s’il est de qualité concernant les personnages principaux, comme Henry ou Hans, il manque cruellement de qualité pour les personnages secondaires, du moins c’était le cas lors de la rédaction de ce test. Heureusement, le studio a rapidement annoncé un réenregistrement des dialogues pour proposer une nouvelle version française de Kingdom Come: Deliverance II.
Toute action mérite réflexion
Warhorse Studios a conçu les jeux Kingdom Come: Deliverance comme des expériences quasi-réalistes de la vie d’une personne au Moyen Âge. Même si ce second titre est bien plus accessible sur de nombreux points, particulièrement sur les mécaniques de combat, il n’est pas à privilégier pour ceux qui débutent dans le milieu du jeu vidéo ou qui ne veulent pas un réalisme poussé. Les autres trouveront leur plaisir dans cette expérience aussi immersive qu’épanouissante. Kingdom Come: Deliverance II est une aventure réaliste qui impose d’oublier de nombreux codes du jeu vidéo. Ici, pas de sauvegarde facile, de ressources qui se ramassent toutes seules et d’objets qui se fabriquent instantanément. Chaque action de votre part possède toute une démarche qu’il faut prendre en compte. Par exemple, créer des potions ou une arme peut vous prendre 10 bonnes minutes, entre le fait d’aller récupérer les matériaux nécessaires à un endroit précis et la confection qui peut demander beaucoup d’attention. Sans compter que stocker trop d’objets finit par peser très lourd, et certains aliments peuvent vite pourrir dans l’inventaire.
Dans le même esprit de réflexion, le jeu propose un système de combat unique en son genre. Comme dit plus haut, Warhorse Studios est à l’écoute des joueurs et a considéré les remarques faites au premier volet. Les mécaniques de duel sont bien plus accessibles, mais toujours aussi exigeantes. Il vous faudra prendre en compte la posture de l’adversaire, son équipement et apprendre des techniques à réaliser vous-même avec un bon enchainement de touches. Les combats de Kingdom Come: Deliverance II demandent beaucoup d’endurance et de précision, la moindre erreur, la vôtre ou celle de votre adversaire, peut coûter cher. De plus, il faudra prendre soin de votre équipement pour qu’il ne se brise pas, de votre corps pour qu’Henry ne tombe pas malade et de votre apparence pour que les autres soient aimables avec vous. Kingdom Come: Deliverance II est rempli de microgestions à effectuer. Nous vous conseillons donc de ne pas vous concentrer sur un seul type de tâche, mais de diversifier vos activités au maximum pour profiter au mieux de l’expérience immersive.
Malgré tout, on sent que le titre est bien plus agréable à jouer sur un PC que sur une console de salon. Le déplacement dans les menus peut être redondant et la petite taille de nombreux textes d’explications et de descriptions nécessite de se rapprocher pour mieux lire. Il peut aussi être compliqué de faire attention à des détails sur un écran éloigné, comme certaines herbes à ramasser ou les petits objets à récupérer. Le reste des mécaniques, comme le combat ou l’équitation, ne souffre pas de ce problème de lisibilité, au contraire, l’usage de la manette est adéquat pour ces activités.
Un monde rempli de vie où les destins se heurtent et s’entremêlent
On l’a dit, le monde de Kingdom Come: Deliverance II est un monde ouvert doté d’une taille immense, où la faune, la flore et la civilisation s’épanouissent dans une routine réaliste. Les interactions et les activités varient en fonction des cycles jour/nuit et de la météo. Par exemple, les habitants ont tendance à rester chez eux en cas de pluie. Ils vont également moins vous entendre si vous vous introduisez chez eux par effraction quand l’orage gronde. Le monde réagit en fonction de votre réputation et de vos activités. La notion de choix est omniprésente dans Kingdom Come: Deliverance II. Vos actions ont des conséquences, que vous en soyez conscient ou non.
Les quêtes de Kingdom Come: Deliverance II possèdent de nombreux embranchements et il est possible de découvrir des itinéraires qui n’ont pas été mises en avant par le journal de quête, mais qui sont logiques et cohérentes. Par exemple, en allant voir un PNJ qui nous renseigne sur le chemin qu’a pris son ami, puis en revenant le voir plus tard pour l’informer de sa mort, on peut déclencher ainsi un dialogue avec des informations ou des récompenses supplémentaires. Chacune d’elles est souvent une bonne occasion pour découvrir des aspects du quotidien des gens du peuple, la façon qu’ils ont de voir la vie et les difficultés qu’ils traversent, avec simplicité et une certaine philosophie, qui exprime la richesse du scénario. Mais, ne pensez surtout pas qu’il s’agira d’effectuer de banals travaux de paysan ou de garde. Les quêtes possèdent souvent des retournements de situation et des conclusions inattendues ou surprenantes.
Afin de mieux vous immerger dans tous les contextes du jeu, ce dernier propose des codex expliquant en détail les nombreux lieux, objets et situations que le joueur découvre au fur et à mesure de son avancée. Il est tout à fait possible de s’en passer pour apprécier pleinement l’univers du jeu. Cependant, c’est un ajout fort agréable, qui peut servir à mieux comprendre l’univers de Kingdom Come: Deliverance II et à enrichir sa culture générale.
Il n’est pas obligatoire de jouer au premier titre pour comprendre toute l’histoire de la licence. Des détails sont amenés naturellement au travers des dialogues et de certains objets. Kingdom Come: Deliverance II peut être perçu comme une œuvre à part entière, un film historique avec une bonne mise en scène, notamment pour la quête principale, qui possède ses moments visuellement forts et poétiques.
En parlant de son passé, il faut savoir que notre protagoniste, Henry de Skalice, est un personnage avec son propre caractère, même si nos choix peuvent orienter son comportement et son évolution. Il ne faut pas oublier qu’il est un représentant des vilains, c’est-à-dire des gens du bas-peuple. C’est un jeune homme qui a vécu une tragédie et évolue maintenant dans un monde sans pitié, soumis à des lois et des croyances moyenâgeuses. Ainsi, certains choix de dialogues et de comportements peuvent nous surprendre, tellement ils le font passer pour un sale gosse qui réagit mal, un fourbe manipulateur ou un aspirant chevalier plein de rêves, sans que l’on s’attende à une telle disproportion dans sa réaction en lisant l’option sélectionnée. Ce qui peut faire penser à des résultats d’échecs ou des coups critiques lors d’un jeu de rôle.
Kingdom Come: Deliverance II est un jeu riche qui vous propose de vivre votre aventure comme vous le souhaitez, mais en faisant preuve de réflexion et d’une certaine maturité. Non pas que le jeu vous culpabilise quand vous commettez des larcins ou si vous vous saoulez dans les tavernes, bien au contraire. Il vous faudra simplement assumer vos actes. Que ce soit gagner de l’argent, accomplir des quêtes, se battre, fabriquer des objets ou commettre un cambriolage, il faudra bien vous préparer en amont, au risque de mal gérer les situations futures. Il est conseillé de recommencer plusieurs parties afin d’accomplir des choix différents et explorer la carte au rythme de vos aventures. Nous y avons joué plusieurs dizaines d’heures pour réaliser quelques quêtes secondaires en plus de la quête principale, et l’on sent qu’il y a encore énormément de contenu à découvrir.
Verdict : 8/10
Si vous cherchez une aventure qui vous pousse dans vos retranchements pour redécouvrir les codes du jeu vidéo, Kingdom Come: Deliverance II est fait pour vous. C’est un jeu de rôle qui peut paraître exigeant, voire frustrant, mais qui procure une immense satisfaction. Si l’on peut reprocher au titre un certain manque dans l’aspect technique, notamment au niveau des détails graphiques ou de petits bugs visuels, la qualité de l’immersion nous permet de facilement lui pardonner. En acceptant le contrat tacite que le jeu nous propose, celui de vivre le jeu comme une aventure médiévale réaliste, alors KCD2 devient une expérience riche et inoubliable.
Laisser un commentaire