L’existence du jeu KILL la KILL – IF est une énigme : adapter un anime qui ne figure pas parmi les plus gros succès commerciaux de l’Histoire, c’est déjà une chose mais l’adapter des années après sa parution, c’en est une autre. Eh oui, KILL la KILL – IF arrive 5 ans après la fin de la diffusion de l’anime, où la folie KILL la KILL était à son paroxysme. Ainsi, sortir un jeu vidéo en 2019 est un pari plutôt risqué mais Arc System Works et A+ Games, éditeur et développeur japonais de cette adaptation en jeu de combat, ont opté pour un scénario original afin de se différencier. Bonne ou mauvaise idée ? Enlevez vos vêtements et découvrons la réponse ensemble.
Test réalisé sur PlayStation 4 à partir d’une version numérique fournie par l’éditeur
La vie est drôle
Pour ceux qui ne connaissent pas trop KILL la KILL, une toute petite présentation s’impose : c’est à la base un anime du studio Trigger où Ryuoko Matoi, adolescente de 16-17 ans, cherche l’assassin de son père au sein d’une académie japonaise plus qu’étrange. Elle affronte ses ennemis équipés de vêtements spéciaux à l’aide d’une moitié de ciseaux géants et elle possède elle aussi un uniforme spécial du nom de Senketsu, uniforme qui se sent d’ailleurs obligé de la dénuder quelque peu lors de sa transformation afin de lui conférer plus de puissance. Vous l’aurez compris, KILL la KILL, c’est rocambolesque et fan service à souhait – il y a beaucoup, beaucoup de corps limite voire totalement nus et cet aspect reste bien présent dans le jeu – mais si l’anime est resté dans les annales, c’est pour la qualité de ses combats, son animation et un humour totalement exagéré. Cependant, ce n’est pas à mettre entre toutes les mains et il en est de même avec KILL la KILL – IF.
Comme son nom l’indique, KILL la KILL – IF a la particularité de proposer un scénario différent et mettant en avant l’une des antagonistes de Ryuko, à savoir Satsuki Kiryuin. Le jeu zappe une bonne partie du début de l’anime, en mettant de côté bon nombre de personnages et d’intrigues, pour se focaliser sur les pensées et l’objectif de Satsuki, en livrant ensuite une fin alternative moins épique que l’anime de base mais tout de même sympathique. KILL la KILL – IF offre un mode histoire fortement alléchant grâce à son histoire originale qui devrait plaire aux fans de l’anime (à ce sujet, il est fortement conseillé de l’avoir vu en premier, sous peine de ne pas trop comprendre certains points de l’aventure et, surtout, voir si on peut adhérer au style de l’univers) et sa mise en scène, avec des cinématiques qui sont toujours de grande qualité et respectent parfaitement le style d’animation de KILL la KILL. Une fois fini, il y a d’ailleurs une seconde histoire, avec le point de vue de Ryuko cette fois et offrant une fin quelque peu différente ainsi que de nouveaux extraits sympathiques totalement dans l’esprit KILL la KILL. Pour ce qui est de l’histoire et du respect de l’œuvre de base, il n’y a donc pratiquement rien à reprocher mais qu’en est-il du gameplay, point important dans un jeu de combat ?
Un jeu qui coupe
Pour ce qui est du gameplay, KILL la KILL – IF ressemble à bon nombre de jeux de combat adaptés d’animes mais il est plus profond qu’il n’y parait. On combat dans des arènes en 3D avec une vue et un système de jeu assez proche des jeux Naruto de CyberConnect2. Au départ, il y avait de quoi douter d’A+ Games, surtout après une adaptation de Little Witch Academia assez décevante mais Arc System Works n’est pas là pour rien. En plus d’éditer le jeu au Japon, certains développeurs ont collaboré avec A+ Games afin de livrer un système de jeu simple mais diablement efficace et flashy, où l’on ressent bien l’impact de chaque coup. Ainsi, nous avons à notre disposition plusieurs options d’attaque et de défense. Pour ce qui est de l’attaque, on a des coups rapprochés, à distance et des Break Attacks qui servent à briser la défense de l’adversaire. On enchaîne les combos avec des simples pressions de touches, combinaisons de coups et on peut également créer des attaques inédites en maintenant un bouton et le stick analogique vers telle ou telle direction. Il est possible aussi de se battre dans les airs, afin de prolonger les combos. On peut également se défendre et esquiver des coups avec un seul bouton. Ce qui fait la particularité de KILL la KILL – IF, c’est qu’on a un système de pierre-papier-ciseaux pour les attaques et la défense : chaque coup a un avantage sur un autre et un défaut. Ainsi, de nombreux contres sont possibles afin de renverser la tendance. Ce qui aurait pu être un énième système de combat basique gagne alors en profondeur, rendant les affrontements bien plus tendus et tactiques, un très bon point. Naturellement, il y a également une barre d’attaque spéciale qui se remplit au fil du temps et qui permet d’accéder à des coups plus ou moins ultimes en faisant simplement L1 + l’un des boutons d’attaque, joliment mises en scène au passage.
Enfin, le système Bloody Valor est des plus intéressants : lorsque la barre spéciale est à moitié remplie, en appuyant sur L1 et R1 en même temps, on entre alors dans une autre phase pierre-papier-ciseaux mais cette fois, c’est dans tous les sens du terme. On a une petite cinématique qui s’enclenche, assez classe d’ailleurs, et on doit choisir une des 3 attaques possibles, à savoir Sarcasme, Provocation ou Moquerie. Oui, cela lance une série d’attaques où les combattants se font des joutes verbales, ce qui est amusant et correspond vraiment à l’ambiance délirante de KILL la KILL. Le Sarcasme provoque des dégâts et bat la Provocation, la Provocation permet de récupérer des SP et bat la Moquerie, enfin, la Moquerie soigne un peu et bat le Sarcasme. En réussissant 3 séries de Bloody Valor, chaque combattant a accès à un état ultime où les attaques et déplacements sont plus rapides, plus puissants et en ayant la barre spéciale à fond, on peut lancer une attaque ultime qui atomise l’adversaire tout en le dénudant (pas de doute, c’est bien un jeu KILL la KILL). Enfin, il faut souligner la réelle différence entre chaque personnage : dans les faits, ils se contrôlent tous de la même façon mais ils ont tous des déplacements, attaques et particularités différentes. Par exemple, Gamagori, l’adepte de la souffrance, peut se blesser volontairement pour gagner en taille et en puissance lors de ses attaques spéciales tandis qu’Inumuta, l’ado’ scientifique, peut analyser ses adversaires afin d’accéder à de nouvelles options d’attaque. KILL la KILL – IF propose donc des combats accessibles mais profonds et véritablement prenants, pratiquement sans défaut pour peu qu’on ne recherche pas un jeu de combat misant avant tout sur la technique et les combos complexes, ce qui n’est pas le cas ici.
Cependant, il faut souligner qu’en dehors du mode en ligne plutôt efficace (même si basique) et du mode solo, qui vous demandera entre 5 et 10 heures pour être bouclé, KILL la KILL – IF manque tout de même cruellement de contenu afin de s’amuser de différentes manières. Même s’il y a un mode permettant d’affronter de nombreux ennemis à la fois (c’est présent dans le mode histoire également et permet de varier quelque peu le plaisir, en plus d’un certain boss géant), un peu comme dans un jeu Musou, cela est cependant bien moins amusant que les combats en 1 contre 1, surtout que la caméra est loin d’être optimale à cause d’un ciblage plus ou moins aléatoire. Il y a bien sûr un mode Versus libre ainsi qu’un mode Défi dans lequel il faut survivre le plus longtemps possible. En dehors de cela, il n’y a pas d’autres modes de jeu pour les combats, surtout que les paramètres de personnalisation ne sont pas des meilleurs dans le mode Défi. Par exemple, on ne peut pas sélectionner les musiques, les arènes, etc. Il est dommage de ne pas voir de l’Arcade, du Contre-la-montre ou bien des modes de jeux originaux, comme dans un Mortal Kombat ou un Tekken. Même Guilty Gear et Dragon Ball FighterZ, qui ont été créés par Arc System Works, sont plus généreux de ce côté. Le mode Entraînement, lui est bien fichu et permet d’apprendre les bases comme il se doit. Malgré tout, grâce à son système de combat et ses personnages tous plus variés les uns que les autres, KILL la KILL – IF retient notre attention et ses autres qualités ne sont pas en reste.
Nudist Beach!
Autre qualité indéniable de KILL la KILL – IF, son rendu. Que ce soit du côté des graphismes – quelques textures mises à part, notamment le ciel dans une ou deux arènes – ou de la direction artistique, nous avons un jeu très proche d’un véritable anime. A+ Games et Arc System Works font décidément partie des maîtres dans le domaine. Si les décors savent se montrer convaincants, ce sont surtout les animations et les modélisations des personnages qui forcent le respect. C’est simple, lors de certains passages de l’histoire et des attaques spéciales, on a véritablement l’impression d’assister à un anime et non de jouer à un jeu vidéo. Sur ce point, KILL la KILL – IF est quasiment irréprochable, surtout qu’il tourne à 60 images par seconde avec très peu de baisse de framerate. En outre, les mouvements sont quelque peu saccadés, cela peut dérouter au début mais c’est dans le but de parfaitement respecter le matériel d’origine. D’ailleurs, on a même la présence d’un mode Galerie qui permet d’apprécier les modèles de plus près (pas trop, tout de même) via une section Figurine digitale où l’on peut s’amuser à créer des scènes en modifiant la posture et l’expression des différents personnages, un petit bonus sympathique.
Le mode Galerie permet par ailleurs de regarder à nouveau les excellentes cinématiques du jeu, consulter le Glossaire permettant de se renseigner davantage sur l’univers de KILL la KILL (même si là encore, nous vous conseillons vraiment de regarder l’anime en premier) et d’écouter les musiques ainsi que les différentes voix du jeu, ce qui n’est pas pour déplaire. D’ailleurs, pour ce qui est des musiques et des voix, soyez soulagés, nous avons là un travail remarquable. Les acteurs anglais et japonais sont ceux de l’anime, ils fournissent tous une prestation de qualité et se lâchent à nouveau dans leurs rôles tous plus excentriques les uns que les autres. Quant aux musiques, vous serez ravis d’apprendre qu’en plus de quelques compositions inédites parfaitement dans le ton, nous avons beaucoup de musiques venant directement de l’anime, composées en majorité, si ce n’est en totalité, par Hiroyuki Sawano, l’un des artistes phares du Japon dans le domaine. Autant dire qu’on a une bande-son impeccable et respectant à merveille KILL la KILL.
On ne peut s’empêcher de chanter les louanges KILL la KILL – IF tant il respecte un anime plus ou moins culte de la décennie mais malheureusement, il est loin d’être parfait. Tout à l’heure, nous précisions qu’il manque quelque peu de modes de jeu, que les combats contre plusieurs ennemis ne sont pas des plus pertinents et qu’il possède quelques textures ternissant ce qui aurait pu être un véritable orfèvre graphique. En dehors de cela, il y a également un autre défaut de taille, à savoir la taille du roster et le nombre d’arènes. C’est simple, pour le moment, nous n’avons que 6 arènes sélectionnables et 8 personnages jouables. Alors oui, Ryuko et Satsuki possèdent une forme alternative où elles se jouent avec deux lames au lieu d’une, offrant une manière de jouer plus ou moins inédite mais cela reste très maigre. De plus, les personnages n’ont que 3 coloris différents. Heureusement, 2 personnages gratuits sont prévus au courant de l’été. Dans tous les cas, même si l’anime n’offre pas un large panel de lieux et de personnages de combat, c’est plutôt décevant, surtout pour un jeu qui est proposé au prix fort à sa sortie. Enfin, soulignons la difficulté du mode histoire, tout simplement mal calibré avec des adversaires devenant parfois trop fort dès qu’on met 1 étoile (il y en a 3), obligeant parfois à rejouer certaines scènes dans la difficulté la plus basse, à savoir sans étoile. Certes, votre fervent serviteur n’est pas le meilleur joueur du monde (même s’il se défend plutôt bien, il faut le reconnaître) mais lorsque certains ennemis atomisent la barre de vie en moins d’une dizaine de coups, il y a de quoi se poser des questions. Quel dommage car en dehors de ces défauts, KILL la KILL – IF aurait pu facilement s’imposer dans le genre.
Verdict : 7/10
KILL la KILL – IF est plus qu’une simple adaptation vidéoludique, il est une véritable lettre d’amour à tous les fans de KILL la Kill qui espéraient un bon jeu depuis de nombreuses années. Qu’ils soient rassurés, le jeu est bon, c’est indéniable. Malheureusement, ses plus gros défauts pèsent quelque peu sur la balance et empêchent au titre d’A+ Games d’accéder au rang des meilleures jeux de combat de la génération, de peu. Malgré tout, KILL la KILL – IF sait se montrer fun tout en étant fort appréciable à regarder et à écouter, de quoi offrir quelques joutes mémorables. En espérant que le contenu du jeu, son principal souci, soit davantage gonflé par la suite (ce qui pourrait facilement faire monter la note), sous peine que les fans lâchent vite l’affaire.
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