Ayant fait parler de lui, avant son lancement officiel, à cause de la décision d’Ember Lab de n’envoyer que très peu de codes de jeu pour les rédactions spécialisées et influenceurs ainsi qu’à cause de l’annonce de sa sortie en version physique à seulement quelques heures de son déploiement numérique, Kena: Bridge of Spirits ne se résume pas à ces seuls éléments, ni à ces nombreux reports, rassurez-vous. En effet, depuis sa toute première annonce officielle, le titre d’Ember Lab avait su émerveiller les joueurs, petits et grands, grâce à ses visuels et son histoire qui semblait se déployer comme dans un bon Disney/Pixar. Votre fidèle servante en faisait bien évidemment partie, comme vous vous en doutez déjà. D’ailleurs, après avoir parcouru entièrement le titre, il est temps de savoir si Kena: Bridge of Spirits est bien à la hauteur de ce que nous attendions et espérions.
Test réalisé sur PS5 grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur
« I will guide you! »
Guider des esprits vers l’au-delà, c’est une affaire de famille, dans celle de Kena en tout cas. Dans l’aventure d’Ember Lab, nous incarnons donc la très jeune Kena, armée d’un bâton aux pouvoirs magiques issus d’un cristal, ayant pour objectif principal de se rendre sur une montagne enneigée et au loin. Pour cela, elle devra parcourir de nombreux kilomètres à travers ruines, forêts, villages. Moments durant lesquels elle se rendra compte que le monde environnant est rongé par un Mal important, dont l’origine nous est expliqué à la fin de l’histoire principale. Point narratif que nous ne vous révélerons pas ici afin de vous garder la surprise entière. En effet, bien que l’on pourrait croire que le monde de Kena soit aussi idyllique que dans un film d’animation de type Disney/Pixar (nous reviendrons sur ce point), il n’en est rien en réalité. Les oiseaux sont loin de gazouiller impunément et avec gaieté, l’herbe verte est rare, le soleil se montre très timide puisque la corruption est maître des lieux. Celle-ci est notamment matérialisée par des racines mortes, des fleurs couleur rouge sang rongeant bâtiments et structures et faisant ainsi plonger le monde dans un chaos apparent. Mais ce n’est pas tout. Ce Mal a malheureusement fait des dégâts sur les habitants.
Durant son périple, Kena fera la rencontre d’un bon nombre de personnages, dont Taro et ses frères, Rusu, Toshi, Adira et bien d’autres. Ces derniers pouvant être des alliés de taille comme des ennemis. Eux aussi ont été parasité par la corruption et leur esprit se retrouve donc rongé par le Mal. Certains d’entre eux sont ainsi tombés dans la violence, d’autres dans une tristesse et une aigreur avérées. Ainsi, par delà son objectif principal, Kena se mettra donc en tête d’aider ces derniers en les retrouvant et en purifiant leur état, dans le but de les faire passer dans l’au-delà en toute sécurité et avec leur(s) compagnon(s). Avec cette thématique de la corruption psychologique et environnementale, en plus de la question de la Mort et du passage vers l’au-delà, les développeurs de chez Ember Lab parviennent à nous accrocher tout du long, sans pour autant verser dans le mélodramatique. On a trouvé la narration assez bien équilibrée et plutôt intéressante à découvrir. D’ailleurs, les nombreuses cinématiques, bien qu’entre-coupant très souvent le jeu, et parfois un peu trop, se montrent d’une belle finesse d’écriture et permettent de contextualiser davantage le tout.
Beaucoup de rédactions et testeurs ont surtout remarqué une certaine répétitivité d’actions tout au long de l’aventure. Nous reviendrons bien évidemment sur ce point mais de notre côté, nous avons suffisamment apprécié les différentes histoires entourant les PNJ, dévoilées lors de cinématiques prenantes et à couper le souffle, pour qu’elles effacent l’apparente redondance d’actions. Par ailleurs, nous avons surtout noté que le gameplay, bien qu’il ne soit pas révolutionnaire, reste évolutif et bien dosé.
Du très bon déjà-vu
De ce fait, c’est durant une douzaine d’heures que nous avons plongé dans l’histoire de Kena, celle de Taro, Rusu, Toshi et Adira. Comptez quelques heures supplémentaires si vous explorez plus amplement les zones et éprouvez certaines difficultés face à des énigmes, des ennemis ou même des boss. En effet, le titre d’Ember Lab est loin d’être une promenade de santé, et ce même dans la difficulté Normale : les boss pourront vous donner du fil à retordre à mesure que vous progresserez dans le jeu. Loin de nous l’idée de vouloir vous révéler l’ensemble de l’aventure, sachez tout de même Kena: Bridge of Spirits propose un schéma somme toute linéaire : vous devrez aider telle personne, puis une deuxième et une troisième avant de partir aux monts enneigés. Dans les trois cas, il faudra libérer la zone de tout le Mal et vaincre les versions corrompues des PNJ, à chaque fois. Mais comme dit plus haut, le gameplay se veut suffisamment évolutif pour que nous n’ayons pas cette trop forte impression de faire et refaire la même chose.
Pour libérer les esprits des PNJ et purifier le monde, les joueurs devront se rendre dans différentes zones de la carte et résoudre les énigmes se présentant à eux. Notons tout de suite que la carte est relativement grande et permet d’avoir un monde semi-ouvert sous les yeux, ne demandant qu’à être exploré. D’ailleurs, on remarque que le titre propose quelques activités secondaires, telles que récupérer et ramener des lettres aux anciens habitants du village, des statues à retrouver, à repositionner et à réactiver ou même des coffres à ouvrir, afin de récolter diverses ressources et collectibles. C’est loin d’être original mais c’est efficace, accordant alors aux joueurs de petites heures supplémentaires d’exploration et de recherche s’ils désirent notamment le Platine du jeu. Mais revenons en à nos propos. Comment se déroule l’aventure Kena: Bridge of Spirits et comment aider les PNJ ? Par exemple, dans les premières heures, vous devrez notamment collecter le masque de Taro. Celui-ci vous permettra d’atteindre une zone bien définie et partir à la recherche du jeune homme, que ses frères ont perdu de vue. Durant votre exploration, vous devrez alors impérativement récupérer 3 reliques, faisant office de souvenirs représentant le porteur d’origine. Afin de trouver ces 3 reliques, il faudra bien évidemment purifier les espaces corrompus en résolvant quelques énigmes. Dans certains cas, il s’agira de battre des ennemis. À d’autres moments, il faudra purifier une série de bulbes rouges afin de libérer un passage. Sans oublier, des séquences de plateforme et des petits casse-têtes, tels que tirer sur des cristaux dans un ordre défini. Bien souvent, il y a ainsi plusieurs sanctuaires à débloquer. Ainsi, autant se le dire tout de suite, le level design n’est pas révolutionnaire ni original en soi. Il répond à des codes déjà perçus dans d’autres titres. En revanche, il fonctionne très bien et on a fortement apprécié l’ensemble.
Tout du long, vous ne serez pas seul, heureusement : en effet, Kena aura déjà fait la rencontre des Rots, des petites créatures très mignonnes, dotées elles aussi de pouvoirs magiques. En les trouvant dans le monde et en augmentant leur nombre, vous pourrez alors les utiliser pour purifier les fleurs rouges, les envoyer sur un ennemi pour le distraire, matérialiser une flèche de Rots, etc. D’ailleurs, cet aspect renforce l’idée de gameplay évolutif : plus vous posséderez de Rots en votre compagnie, plus ces derniers seront capables d’effectuer des actions diverses puisque vous gagnerez en niveau. Dans ce sens, Kena pourra, elle aussi, débloquer des améliorations, telles que posséder plus de flèches dans son carquois, attaquer rapidement après une esquive ou une parade, grâce à des ressources collectées ici et là et échangées dans le menu adéquat.
Et si, le schéma résumé ci-dessus semble assez linéaire, le gameplay permet de varier les plaisirs. Comme nous l’avons dit précédemment, que ce soit pour sauver Taro, Toshi ou même Adira, il vous sera toujours demandé de récupérer des reliques, libérer des passages et sanctuaires, afin de parvenir au boss final, soit la version corrompue du dit PNJ. Or, en progressant dans l’aventure, vous récupérez davantage d’équipements. Si dans la première partie, vous ne possédez que votre lance, plus tard, vous obtiendrez un arc. Celui-ci vous permettra alors de vous battre à distance, activer des cristaux sur des structures haut perchées et ainsi de suite. Dans la même idée, Kena obtiendra ensuite une bombe. En l’envoyant et en la faisant exploser sur des rochers en surbrillance bleue, nous débloquerons ainsi un nouveau passage fait de séquences de plateformes. À chaque fois et pour chaque nouvelle pièce d’équipement, les développeurs de chez Ember Lab octroient aux joueurs un petit temps d’adaptation avant de corser les choses et insuffler plus de rythme par la suite, que ce soit via les séquences d’énigmes et plateformes ou bien d’affrontements contre les ennemis. À ce sujet, notons également que le bestiaire de Kena: Bridge of Spirits est suffisamment varié puisque chaque ennemi dispose de son propre pattern d’attaques et de mouvements de défense. Il répond tout aussi bien à cette idée de difficulté progressive et respecte la notion de gameplay évolutif. Autant dire que le titre d’Ember Lab conviendra ainsi à un large public et réussira très probablement à émerveiller les petits et les grands joueurs.
Le jeu « feel good » de l’année
Il n’y a pas à dire, et le constat est le même pour tout le monde semblerait-il, Kena: Bridge of Spirits est somptueux à l’écran. On ne saurait nier ce fait tant nous avons été subjugué par le rendu visuel à plusieurs reprises. D’ailleurs, comme beaucoup, on ne pourrait passer outre un certain rapprochement avec les dernières productions Pixar par exemple : le titre d’Ember Lab profite d’une modélisation cartoonesque mais très soignée et réaliste, accompagnée d’une palette de couleurs resplendissante, lui donnant encore plus fière allure. Nous avons été agréablement surpris par la qualité et la diversité des personnages, des environnements visités et de certains ennemis. Évidemment, les Rots sont tout aussi bien réussis et s’avèrent aussi mignons que certains compagnons dans les films d’animation. Sur ce point, chapeau bas donc. Par ailleurs, on salue également la qualité de la bande sonore et originale qui s’avèrent justes toutes les deux. Les musiques varient entre séquences musicales douces et d’autres plus rythmées, accompagnant ainsi parfaitement ce qui se passe à l’écran.
Disponible aussi bien sur PC, PS4 que PS5, c’est sur la dernière console de chez Sony que nous avons pu parcourir Kena: Bridge of Spirits. Et là encore, toutes les promesses sur le papier sont tenues : les temps de chargement sont extrêmement rapides, que ce soit au lancement du jeu depuis le menu principal ou bien après une mort. C’est toujours aussi plaisant de pouvoir reprendre son aventure en une fraction de secondes. Dans la même optique, la DualSense profite du retour haptique pour les gâchettes servant à tirer, bander son arc ou même viser. Un point qui favorise donc le sentiment d’immersion. En revanche, on aurait bien aimé qu’Ember Lab sorte leur épingle du jeu en proposant des sons qui proviendraient directement de la manette par exemple, ce qui n’est pas le cas malheureusement mais on ne pourrait leur en tenir rigueur. Cela aurait été un petit plus non négligeable mais cette technologie semble encore peu adoptée par la majorité des studios de développement.
Verdict : 9/10
Si Kena: Bridge of Spirits était très attendu, et si la déception aurait pu pointer le bout de son nez au vu des attentes, le titre d’Ember Lab parvient à convaincre pleinement. Sa direction artistique et sa bande sonore/originale le rendent aussi somptueux pour les yeux que pour les oreilles, et on se plaît à découvrir l’aventure de Kena comme si l’on regardait une dernière production d’animation. Certes, son gameplay ne révolutionne en rien la formule mais il s’appuie sur des bases solides et rend l’expérience globale de jeu amplement satisfaisante. Pépite indépendante, c’est bien évidemment un coup de cœur pour votre fidèle servante. On ne peut donc que vous le recommander si vous cherchez un jeu « feel good » qui va vous accrocher pendant plusieurs heures, tout en vous faisant passer un agréable moment.
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