Prônant la décomplexion en tirant sur le stéréotype, tout en faisant exploser des États, la série Just Cause revient cette année avec un quatrième opus. Développé depuis ses débuts en 2006 par Avalanche Studios, Just Cause propose aux joueurs de renverser des pouvoirs à grands coups d’armes à feu et véhicules. Reposant sur la sacro-sainte superficie de 1024km², le tout en monde ouvert dans un style GTA-Like fou. La répétition n’a cependant pas que du bon, le troisième épisode de la saga a été à son époque épinglé à cause de ça. Trois années plus tard que vaut ce Just Cause 4 ? L’arrivée des cataclysmes naturels offre-t-elle vraiment un vent de fraîcheur à la série ?
Test réalisé sur PC grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur
Rico Rodriguez avec un Z
Prenant la suite directe du troisième opus, Just Cause 4 se place dans un contexte différent de ses aînés. Rodriguez contacté par une certaine Mira apprend que se trouve sur l’île de Solis une super arme portant le nom de « Projet Illapa », capable de modifier le climat à sa guise. Malheureusement, l’île de Solis est sous le contrôle de la Main Noire, une organisation militaire privée avec à sa tête une certaine Gabriela Morales, qui comme vous pouvez le supposer est loin d’avoir la main verte. Mais ce ne sont pas les seules raisons qui poussent Rico à joindre ses forces pour détruire l’arme et débarrasser l’Île de cette organisation. En effet il apprend également que son père Miguel Rodriguez n’est peut-être pas pour rien dans la création du Projet Illapa. Pour arriver à ses fins Rico devra utiliser une solution qu’il ne connait que trop bien : détruire pour conquérir et donc s’emparer des points clefs qui feront tomber la super arme.
Pour comprendre l’histoire de Just Cause 4, vous suivrez donc le point de vue de Rico Rodriguez, aucun narrateur omniscient ne viendra vous susurrer à l’oreille des mots de vérité. Un détail important, car ce quatrième épisode vient plomber le manichéisme des trois opus précédents, offrant donc un dialogue beaucoup plus nuancé. Pour procéder ainsi Avalanche Studios a dû faire un choix ambivalent qui risque de ne pas plaire à tout le monde. La narration suivant Rodriguez et son organisation rebelle en montée de puissance, les antagonistes se voient complètement effacés, vous n’aurez des informations d’eux qu’au début de votre aventure ainsi qu’à la fin. Un vide anecdotique pendant votre campagne, mais qui vous reviendra très violemment à la fin de l’aventure en offrant une incompréhension significative. Un choix qui peut-être compris par la volonté de mettre en avant l’histoire du père de Rico Rodriguez, mais malheureusement seules quelques rares lignes sont échangées à ce sujet entre les protagonistes durant les cinématiques.
« Ça vous dit de jouer avé le ballon ? »
Offerte la même année que la sortie de Just Cause premier du nom, cette référence risque de faire surgir de vieux souvenir, mais nous permet d’embrayer directement sur l’une des évolutions de cet épisode. Si dans les deux premiers épisodes Rico était un employé et que dans le troisième il a agi de son plein gré, ce Just Cause 4 fait passer le protagoniste de « Lanceur d’un mouvement révolutionnaire » à « Chef belligérant révolutionnaire ». Un changement qui vient impacter directement le gameplay du soft, avec le retour de jauge de destruction qui sera le nerf de votre guerre. Cette jauge se remplira en fonction de vos destructions sur les infrastructures logistiques de la Main Noire / une fois remplie cette dernière vous donnera un groupe de combat que vous devrez déployer pour étendre votre territoire. Tout le coeur de votre progression est donc signifié par la progression de votre ligne de front, que vous êtes obligés de faire avancer afin de pouvoir débloquer les missions clefs pour continuer l’histoire. Un système qui vient servir la forme de ce quatrième opus sans dénaturer le fond de la saga.
Ne lâchant pas son modèle originel, le TPS (Third Person Shooter) se trouve dans cet opus rendu beaucoup plus nerveux et moins brouillon. Pour se faire, le studio suédois s’est vu opérer quelques modifications. L’emblématique grappin de Rico à été revu à la hausse, en plus des capacités classiques présentes depuis les opus précédents, Rico peut maintenant l’équiper de deux nouveaux modes: la premier permet de fixer un ballon à n’importe quel objet pour faire s’envoler ce dernier, la deuxième modes quant-à lui fixe des fusées qui propulseront le dit véhicule/objet. Bien entendu il est possible de combiner les trois effets en même temps. Seul bémol, l’utilisation peut-être parfois confuse au début, demande un certain temps d’adaptation. Mais une fois passé, cela devient jouissif de faire vriller un hélicoptère de la Main Noire, ou mieux de se servir d’une voiture d’un habitant de Solis comme projectile incontrôlé. Dans un second temps, l’arrivée de la vue à la mire vient à faire profiter le joueur d’une visée à l’épaule permettant dans un premier temps un gain de précision, mais également de focaliser l’action sur la cible. Un ajout encore plus appréciable quand on sait que chaque arme du jeu vient avec un tir secondaire, à vous donc les joies du lance-grenade sous votre fusil d’assaut ou encore du fusil de précision avec munition standard et explosives. Pour rester dans le sujet des armes, Rico a refait le choix de voyager léger, vous ne pourrez emporter que deux armes et n’aurez plus accès à des explosifs. Cela est compensé par le fait que quasi toutes les armes ont un ajout lié à cet effet. À noter l’arrivée dans cet opus, plus tardivement dans votre progression, des armes à éléments. De foudre ou de vent, ces deux armes uniques offrent des possibilités inédites à Rico et des tranches de rigolade.
Malheureusement nous sommes obligés de constater que les intempéries prévues ne sont pas réellement au rendez-vous. En effet cet opus vient casser le ciel clair pour donner lieu à des tornades, tempêtes ou encore tempêtes de sable et blizzards, pour offrir dans la finalité que deux intempéries conséquentes. Effectivement la tempête fera surgir des éclairs un peu partout obligeant le joueur à être en mouvement constant, la tempête de sable fera tomber la visibilité et le blizzard est un mix des deux. La tornade est la seule suscitant un véritable intérêt, faisant voler tout ce qui est dans son rayon de façon impressionnante. Cela permet de mettre en avant un point travaillé par Avalanche Studios : la force du vent est présente, c’est donc logiquement qu’un blindé lourd tiendra plus longtemps sur le sol qu’une moto. Un véritable travail sur la gestion poids/taille, l’inertie et comportement face au vent a été effectué. Il en ira de même pour votre parachute/wingsuit. Mais cela est trop rare, vous ne croiserez le blizzard ainsi que la tornade et tempête qu’à des zones clefs, ou à un instant T. Seule la tempête de sable peut arriver à tout moment. Un choix qui nous laisse mitigés, surtout que ces dernières sont dirigées par le projet que Rico doit détruire, alors pourquoi ne pas l’utiliser contre le protagoniste plus souvent ? Cependant pour sauver les meubles, il vous sera possible, une fois la zone où sont effectués les tests découverte, de déclencher à volonté la foudre ou le vent.
I’m a Mek. Dat meanz I solve da problemz
Des montagnes enneigées de Illiapa, au désert en passant par des forêts tropicales jusqu’aux pleines verdoyantes, Just Cause continue de montrer sa maîtrise à créer des mondes ouverts agréables à la rétine. Les différents biomes sont correctement affichés et prenants. Ces derniers proposant par la même occasion différentes palettes de couleurs et filtres ajustés correctement en fonction du lieu affiché, sans jamais trancher radicalement au passage d’un biome vers un autre. Les effets d’explosion se voient appuyer par un travail des particules de poussière probantes, les réflexions lumineuses ont également eu le droit à un petit coup de lifting non négligeable. Le jeu est esthétiquement agréable à la vue, mais pas sans défaut(s). Techniquement Just Cause 4 sur PC accuse un aliasing troublant, venant pixeliser les panoramas du soft. Ajoutons à cela une distance d’affichage élevée pour les décors, mais relativement faible pour les véhicules, offrant un cadre à la composition agréable à condition de ne pas trop porter l’oeil dessus. À noter l’utilisation d’un flou prononcé qui peut se montrer désagréable, ainsi qu’un temps de chargement des textures en jeu parfois long et grotesque. Ces désagréments ne sont pas le fruit du hasard : comparé à Just Cause 3, nous pouvons remarquer la volonté des développeurs de fluidifier le moteur du jeu pour permettre à un plus grand nombre d’utilisateurs de garder les 60 images par seconde.
Création et destruction.
Pour venir à bout de ce Just Cause 4, il faudra compter plus d’une vingtaine d’heures. Divers défis sont également de la partie, vous permettant d’augmenter la durée de vie si vous souhaitez les réaliser. Alors oui, nous parlons de faire le tour du soft, car il semble bon de rappeler que la saga Just Cause est un bac à sable en monde ouvert, l’aventure n’étant qu’un prétexte et cela particulièrement dans cet opus. Car oui, si vous vous laissez porter par le jeu du grappin vous risquez de passer de très nombreuses heures à jouer avec, accrochant tout à n’importe quoi, pour faire voler le n’importe quoi qui sera lui-même propulsé par le tout. C’est du grand n’importe quoi et cela est très drôle ainsi que prenant. Pas de multijoueur actuellement, mais si nous nous basons sur les deux derniers opus, il y a fort à parier que la possibilité de jouer avec un copain de grappin risque d’arriver prochainement.
Verdict 7/10
Plus solide que le troisième opus, mais loin d’être sans défauts, Just Cause 4 semble trouver sa voie dans le monde du GTA-Like. Plus déjanté que jamais, nous retrouvons un Rico en pleine forme. Sans être une révolution, il n’en est pas moins une évolution positive de la saga. Incluant, bien que timidement, les catastrophes météorologiques ce nouvel opus offre un avant-goût de ce que pourrait être le prochain soft. Il est souvent dit qu’il y eu un avant et après The Legend of Zelda: Breath of the Wild, Just Cause 4 semble être cet après, les possibilités sont nombreuses et les interdictions absentes. Mais nous ne pouvons pas passer sous silence l’aliasing omniprésent sur PC, ainsi qu’une utilisation du flou de caméra un brin abusive, sans oublier la distance d’affichage qui parfois semble être d’un autre temps. L’intrigue mériterait également un petit coup de crayon, l’absence des antagonistes en devient frustrante arrivé aux dernières minutes de jeu. Mais que voulez-vous, ça a un prix d’être si permissif.
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