Ah, Jump Force (notre preview), un cas spécial pour les fans des œuvres issues du Weekly Shonen Jump. Annoncé lors de l’E3 2018, ce nouveau crossover réunissant Dragon Ball, One Piece, Naruto et bien d’autres licences plus ou moins cultes a, sur le papier, de quoi faire saliver mais aussi inquiéter : des personnages iconiques, des combats explosifs, le tout dans une ambiance réaliste puisque les héros, leurs ennemis et différents éléments de leurs univers se voient intégrés à notre monde. Mission réussie pour la Jump Force ou ratage complet ? Découvrez la réponse dans les lignes qui suivent…
Test réalisé sur PlayStation 4 à partir d’une version numérique fournie par l’éditeur
Jump Force, rassemblement !
Avec Jump Force, Bandai Namco et Spike Chunsoft, respectivement éditeur et développeur du jeu, ont voulu mélanger notre réalité avec divers univers de l’écurie Jump. Ainsi, on assiste « de nos propres yeux » à l’arrivée de Freezer et Son Goku de Dragon Ball dans notre monde, le premier détruisant New York et le second tentant de l’en empêcher. Suite à un coup critique, Trunks et un robot dont on oublie facilement le nom nous permettent de rester en vie en créant un avatar avec diverses options permettant de créer le personnage Jump de nos rêves (ou presque mais cet aspect reste réussi, au vu des nombreux objets de personnalisation et attaques qu’on débloque au fil du temps). De quoi être admis à la base de la Jump Force, afin d’aider les nombreux personnages Jump à rétablir l’ordre sur Terre et renvoyer tout le monde dans les univers d’origine.
Ça fait rêver tout ça, hein ? Eh bien, le retour à la réalité est plutôt dur : si tout cela peut paraître excitant au premier abord, il faut faire face à un mode histoire qui, en plus d’être très classique dans le fond, est sérieusement bâclé. Les rares bonnes cinématiques, loin d’être optimales qui plus est, se comptent sur les doigts des mains et le reste du temps, il faut faire avec des dialogues souvent insipides – avec quelques rares éclats de qualité, notamment grâce au fan service – couplés à des scènes affreusement mises en scène. Sans exagérer, nous avons affaire à des personnages animés comme des robots, avec des lèvres qui bougent à peine voire pas du tout, des gestes dignes d’un travail d’amateur, le tout avec des musiques qui ne donnent nullement le ton d’assister à une aventure épique où de légendaires personnages de mangas Jump doivent s’entraider afin de sauver le monde d’un méchant inédit mais qu’on ne retiendra pas, tant il est ennuyeux et revu de chez revu. Heureusement qu’il y a des méchants tel que Barbe noire, Dio et d’autres dans le coin, même s’ils sont loin d’être aussi réussis que dans leurs œuvres de base. Mention spéciale à l’inclusion de Light et Ryuk de Death Note qui sont rarement utiles et un Ryuk qui… ne possède pas de voix, malgré des passages où il est censé parler. De nombreux premiers jeux du début de la 3D faisaient mieux côté mise en scène, c’est bien souvent aberrant. Bref, vous l’aurez compris, le mode histoire de Jump Force, bien que prometteur au départ, est un gâchis dont le gouffre est infini et si Bandai Namco a promis d’améliorer les cinématiques via des mises à jour, c’est dire leur niveau. Heureusement, le gameplay, lui, n’est pas à jeter.
Kamehame… ha ?
Jump Force est une suite spirituelle de J-Star Victory Vs, également produit par Spike Chunsoft il y a quelques années sauf que cette fois-ci, malgré des équipes de 3 contre 3, les combats se font majoritairement à 1 contre 1. En effet, les autres personnages ne sont là que pour créer des assists ou simplement afin de prendre la place du combattant précédent, permettant de varier le plaisir et quoi qu’on puisse dire sur l’histoire de Jump Force, les combats, eux, sont plaisants. Si les contrôles se veulent simples et dynamiques, à la manière d’un Naruto Shippuden: Ultimate Ninja Storm ou d’un One Piece: Burning Blood (lui aussi développé par Spike Chunsoft), il y a tout de même quelques subtilités qui font qu’on ne passe pas notre temps à marteler simplement 1 ou 2 boutons afin de gagner. Avec la touche L1, on peut soit accélérer à fond afin de se rapprocher d’un adversaire, soit s’en servir afin de se téléporter lors d’un combo ennemi, permettant de pouvoir renverser la tendance mais attention, la jauge à cet effet se vide d’un coup alors il vaut mieux utiliser cela avec parcimonie, amenant une stratégie bienvenue aux affrontements. De plus, avec la touche de garde, on peut également esquiver sur les côtés. Et en appuyant au bon moment, on peut même éviter un coup en se téléportant sans baisser la jauge d’endurance, de quoi surprendre son adversaire avec un poil de challenge dans l’exécution. Pour ce qui est des attaques, il y a une touche pour les coups faibles et une pour les coups forts, chaque touche pouvant effectuer des attaques différentes selon l’inclinaison du stick gauche. On peut également charger chaque coup afin d’en asséner certains surpuissants. Certains pouvant même occasionner un changement de stage tout en blessant l’adversaire, plutôt jouissif. Ensuite, nous avons les classiques techniques spéciales de chaque personnage, allant du légendaire Kamehameha à l’utilisation des Stands de JoJo, tout en passant par les techniques ninja de la clique à Naruto et on en passe, proposant des combats très variés.
Grâce à la diversité de son roster, Jump Force offre des combats qui se jouent certes toujours plus ou moins de la même manière mais qui restent prenants, surtout grâce au punch bien présent dans le rendu de chaque attaque. Les combats sont véloces, explosifs et puissants, donc amusants, bien qu’ils ne soient pas aussi techniques que des jeux de combat comme Street Fighter V ou Tekken 7, voire même Dragon Ball FighterZ, l’exception récente dans les adaptations vidéoludiques de mangas/animes. Bien que l’ordinateur ne soit pas toujours évident à battre en difficulté maximale, le vrai défi prend place dans les matchs en ligne, assez rapidement proposés et qui ne laguent que rarement, un bon point de ce côté. Mais en dehors des combats plutôt fun, bien qu’un tantinet répétitifs sur la durée, on fait quoi, dans Jump Force ?
Eh bien, il faut avouer qu’une fois les combats finis, on s’ennuie un peu dans le jeu car à la manière d’un Dragon Ball Xenoverse, on peut explorer à sa guise une base remplie de joueurs et/ou de personnages créés aléatoirement. C’est là qu’on parle aux personnages phares de Jump, accède aux missions, boutiques et… c’est tout. S’il peut être amusant de temps à autre d’interagir avec les joueurs et de faire un tour dans les boutiques pour acheter différentes tenues, objets, attaques et compétences, la base est une fausse bonne idée car si Dragon Ball Xenoverse et sa suite proposaient des lieux intéressants à explorer et bien fichus, ici, c’est tout l’inverse. Tout d’abord, l’aspect est digne d’un banal MMORPG et la base est inutilement trop grande, puisqu’on ne peut rien y faire de spécial. De plus, en ligne, il y a de nombreux ralentissements gâchant immensément le plaisir, la musique, vous aurez envie de l’éteindre au bout de la 6ème ou 7ème fois et les chargements, eux… mais ça, on va y revenir dans un tout petit instant.
Jump in, qu’ils disaient
L’aspect et la technique de Jump Force sont des points inquiétants de nombreux joueurs depuis l’annonce du jeu. Avec son parti pris réaliste, cela avait en effet de quoi inquiéter et le résultat final est… mitigé. Mitigé car techniquement, en dehors de petits ralentissements ici et là ainsi que d’un motion blur un poil trop violent par moment, le jeu se veut très propre, fluide et les modélisations ainsi que les effets forcent le respect. Les attaques énergétiques sont tout bonnement délicieuses pour les pupilles, tant les particules et divers effets prennent tout l’écran, donnant un sentiment de puissance incommensurable et participant au plaisir des combats. Les arènes sont toutes jolies et originales, mélangeant à la fois décors réels avec des éléments de tel ou tel univers de manga. A Paris, il y a du Saint Seiya, à San Francisco, il y a du Naruto et ainsi de suite. Les personnages sont tous modélisés avec soin et leurs animations lors des combats (uniquement lors des combats, il faut le préciser…) sont fidèles, surtout lors des attaques ultimes joliment orchestrées et qui mettent les terrains en charpie mais hélas, ça ne suffit pas.
La direction artistique ne colle au final pas du tout. Non, il n’est pas appréciable de voir la majorité des personnages comme Luffy, Jotaro, Daï et compagnie dans un style qui ne leur correspond pas. Si certains passent malgré tout, pour d’autres, c’est tout simplement horrible. On pense notamment aux Saiyans qui, une fois transformés, ont de quoi dégoûter tant il y a d’effets illogiques et de détails superflus. Vraiment, le jeu aurait gagné à garder le concept d’invasion de la réalité tout en gardant un aspect visuel anime/manga. De plus, contrairement à J-Stars Victory Vs qui proposait des introductions et animations fidèles lors des débuts et fins de combats, ici, les personnages parlent en remuant à peine la bouche, rappelant les heures sombres du mode histoire. Enfin, parlons des temps de chargement, véritable plaie du jeu. Déjà que le mode histoire est bien trop long pour ce qu’il est, un peu plus de 10-12 heures, il faut compter sur des chargements atroces qui gâchent une grosse partie du plaisir, tant qu’ils ne sont pas mis à jour. Rien que pour accéder à la base, il faut attendre un petit moment et pour n’importe quelle action, même simplement voir les articles des boutiques, changer son avatar, accéder aux missions, etc. Il y a toujours un temps de chargement plus ou moins long, on passe ainsi beaucoup de temps à fixer cet écran de loading aseptisé. Car oui, en plus de la direction artistique, tout parait fade dans les menus, textes et écrans de Jump Force, en passant par les musiques qui veulent se la jouer épiques façon film de super héros américain mais qui peinent à convaincre en dehors du thème principal, à se demander si on est vraiment dans un jeu célébrant de nombreuses décennies d’un des piliers du manga japonais. C’est hélas le sentiment principal qui persiste durant tout le jeu.
Verdict : 5/10
Jump Force aurait pu être un grand jeu, un cross-over qu’on aurait retenu à travers les âges : avec son roster et ses combats explosifs, il lui fallait peu pour devenir un indispensable auprès des fans. En l’état, le jeu de Bandai Namco a encore beaucoup de chemin à faire afin de convaincre les joueurs. Censé célébrer les 50 ans du Weekly Shonen Jump, il y arrive pourtant moins bien que son prédécesseur, à savoir J-Stars Victory Vs, malgré des affrontements plus pêchus qui sauvent la mise de très peu. Si le fun est bien présent ici et là, il y a hélas beaucoup trop de défauts pour que Jump Force soit pleinement recommandé. Rendez-vous au prochain grand anniversaire pour un possible meilleur jeu.
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