Si l’espace a toujours fait rêver un bon nombre d’hommes et de femmes depuis des millénaires, il est possible d’explorer ce vaste monde tout près des étoiles grâce à différents médiums, dont le jeu vidéo. Thématique centrale dans de multiples jeux, comme par exemple dans No Man’s Sky ou Outer Wilds pour ne citer que ceux-ci, Typhoon Studio a également embarqué pour la Grande Aventure grâce à Journey to the Savage Planet, récemment sorti sur PC et consoles. Alors, est-ce que le voyage vers l’infini et l’au-delà est digne du périple rêvé ? Réponse drette là !
Test réalisé sur PlayStation 4 Pro grâce à une copie numérique envoyée directement par Kindred Aerospace
« All aboard ! »
Dans Journey to the Savage Planet, nous incarnons un membre de l’entreprise Kindred Aerospace dont la mission principale est d’explorer différentes planètes et galaxies. L’objectif de la firme, dirigée par l’extravagant Martin Tweed, est de récolter un maximum de données scientifiques quant à ces nouvelles terres inhabitées et étrangères à l’Humanité. Malheureusement ou heureusement (à votre guise), notre vaisseau est salement amoché durant le voyage interstellaire et se trouve contraint d’atterrir sur une planète inconnue. L’atterrissage s’avère difficile et endommage davantage notre vaisseau, nous clouant ainsi sur ce nouveau sol pendant un bon moment. En effet, la seule solution pour repartir est de trouver des ressources nécessaires à la réparation des pièces endommagées.
En foulant cette nouvelle terre, on se rend très vite compte qu’une énergie surpuissante et des plus étranges habite les lieux. Il n’en fallait pas plus pour porter la curiosité de Martin Tweed à son paroxysme. Ainsi, une nouvelle mission repose sur nos épaules, soit celle de découvrir la source de cette énergie, qui semble émaner d’une tour ancienne située au cœur de la planète. C’est tout ? Eh bien oui, car il n’en faut pas plus scénaristiquement parlant pour nous inviter à explorer cette nouvelle planète qui n’a pas fini de nous faire découvrir maintes et maintes choses plus ou moins intéressantes et anodines tout au long de l’aventure. Alors à bord tout le monde, et découvrons ce que Journey to the Savage Planet a à revendre !
L’exploration façon Metroidvania
Comme nous avons pu le dire précédemment, les jeux qui adoptent comme thématique centrale le voyage spatial couplé avec un gameplay typé exploration, ce n’est pas ce qui manque. Il suffit de regarder de plus près No Man’s Sky, Outer Wilds, Astroneer, Mass Effect et bien d’autres. Mais Typhoon Studio parvient à se démarquer de la concurrence principalement grâce au gameplay en lui-même et surtout aux mécanismes de jeu. Metroidvania-like, Journey to the Savage Planet déploie tout son potentiel et son lore au fur et à mesure des runs et découvertes des zones. Car, oui, tout n’est pas donné dès le début.
C’est en débloquant différents équipements que l’on parvient à atteindre des zones encore non explorées. Pour ce faire, il faut nécessairement accomplir des quêtes principales et secondaires ainsi que récolter des ressources plus ou moins importantes comme l’aluminium, le carbone, le silicone et des alliages extraterrestres. Une fois ces éléments récoltés, nous avons accès à de nouveaux items pour notre équipement, directement disponibles depuis un ordinateur dans notre vaisseau, tels que le grappin, le jetpack, propulseur et bien d’autres dont nous vous gardons la surprise. Par exemple, grâce au grappin, nous sommes amenés à explorer des zones en hauteur et même à atteindre des espaces restreints semblant inaccessibles jusque là. De ce fait, après avoir débloqué de nouveaux équipements, il est impératif de retourner dans les zones du début afin de récolter les éléments laissés faute de moyens : poisse-orange pour améliorer notre santé par exemple, ou divers secrets. Ces allers-retours ne sont pas rébarbatifs et ce grâce à cette impression de progression constante.
Et si le côté Metroidvania est déjà réellement plaisant en soi, permettant de casser le sentiment de répétitivité, les développeurs poussent un peu plus loin cet aspect : bien que nous soyons toujours sur la même planète, les zones changent du tout au tout à chaque fois passant ainsi de petites plaines édulcorées, à des grottes volcaniques ou espaces marécageux pour notre plus grand plaisir et l’émerveillement des yeux. On vous arrête tout de suite, certes, tout cela n’a rien de bien original tant nous avons l’habitude de cette astuce utilisée dans de nombreux softs. Mais ici, dans Journey to the Savage Planet, ça fait véritablement le café car on a l’impression d’avoir changé de planète pour chaque nouvelle zone. On se prend au jeu dès les premières minutes d’exploration, et encore plus après plusieurs heures.
Au sujet de l’équipement, seul un pistolet à une main nous accompagne tout au long de l’aventure. Bien entendu, il est possible d’améliorer cette arme en augmentant sa puissance, sa vitesse de rechargement, etc. Si cela peut sembler assez restreint en soi, c’était sans compter sur les différents items offensifs et défensifs que la Nature nous apporte : grenades collantes, spray de nourriture pour attirer les bêtes à un endroit, mousse permettant d’utiliser le grappin, etc. Prenez bien en compte que les combats ne sont pas le nerf de la guerre dans Journey to the Savage Planet.
Bien que plusieurs créatures, aussi loufoques que passives dans la plupart des cas, peuplent cette terre, il n’y a pas besoin de taper du monstre constamment. D’ailleurs, les boss se comptent sur les doigts d’une seule main et ne sont pas si compliqués que cela à battre dès que l’on a compris leurs patterns et pris conscience de la marche à suivre pour les renvoyer à l’état de poussière. Par exemple, afin de débloquer un passage pour poursuivre notre mission principale, il a fallu nous battre contre une sorte de grosse limace aux yeux ronds collés à un arbre (image ci-dessous). Pour cela, il nous a suffi d’utiliser des bombes sur des crevasses jaunes positionnées sur son corps et d’utiliser notre pistolet pour les faire exploser ensuite. Et ceci selon trois phases successives, avec des créatures nous attaquant de part et d’autre. Cela peut demander quelque essais mais le soft n’est pas si punitif que cela car nous réapparaissons indéfiniment dans notre vaisseau après chaque mort et pouvons utiliser des téléporteurs pour rejoindre le dernier endroit visité. Et c’est bien heureux car cet aspect apporte une atmosphère très chill au jeu et permet de passer de nombreuses heures tranquillement, sans prise de tête ou arrachage du peu de cheveux qui nous restent.
[…] le jeu en vaut très clairement la chandelle, si tant est que vous soyez prêt à embarquer pour une aventure pas tout à fait comme les autres […]
Bien entendu, le but est également de dégainer très souvent son scanner afin de récolter des informations diverses sur la faune et la flore de cette planète. Chaque scan apporte une courte description bien souvent marrante et donnant quelques éléments quant à la composition des créatures, la façon de les battre ou l’utilité de telle ou telle plante. Les amateurs de platine et chasseurs de succès s’en donneront d’ailleurs à cœur joie pour obtenir les fameuses récompenses et remplir le codex à 100% (notre guide à ce sujet est disponible à cette adresse). Ainsi, nous avons toujours cette vive impression de parcourir le monde, tel un vrai touriste en sandales bon marché (mais dans une combinaison spatiale de qualité, oui), apprenant ainsi à vivre et survivre sur cette planète vivante et riche en découvertes. Du fun et encore du fun durant la bonne dizaine d’heures nécessaire pour boucler la mission principale.
On regrettera tout de même que la boussole soit matérialisée par un trait, positionné en haut de l’écran, plutôt que par une mini carte. Elle ne nous semble pas assez précise par moment, surtout quand l’objectif principal requiert de grimper dans les différentes strates de la planète. L’orientation est donc parfois assez confuse selon nous, même si ces quelques minutes perdues à explorer afin de trouver l’objectif sont toujours récompensées par différentes découvertes et secrets dévoilés. On aurait aimé mieux, oui. À l’inverse, nous avons tout de même bien apprécié ce jeu entre horizontalité et verticalité quant à la disposition des différentes zones de la planète visitée.
Un jeu qui fait rire et sourire
À première vue, le bestiaire de Journey to the Savage Planet ne semble pas si développé que cela, certes. Il est composé d’une quinzaine de créatures plus ou moins différentes morphologiquement. Mais les développeurs parviennent à positionner chaque créature de façon stratégique puisque certaines se retrouvent facilement dans les zones ouvertes alors que d’autres se cachent dans les grottes et espaces plus étroits. Encore une astuce, simple dit comme cela, mais efficace. Tout comme pour les changements de zones et différents environnements, dont nous avons parlé précédemment. Rappelons à ce sujet que Journey to the Savage Planet n’a certainement pas bénéficié d’un budget à la Mass Effect ou No Man’s Sky, ce qui justifie en soi cet aspect AA. Or, encore une fois, les développeurs de chez Typhoon Studio parviennent avec beaucoup d’astuces et de génie à casser la répétitivité du soft en mettant en avant la progression constante lors de notre découverte et exploration de la planète.
Ce qui saute surtout aux yeux dès les premières minutes, et ce qui nous a attiré dès les premiers visuels, est la direction artistique du soft. Avec des couleurs hyper saturées et des environnements très flashy, faisant invariablement penser à ceux de No Man’s Sky, Journey to the Savage Planet est ce type de jeu qui nous en met plein les yeux. D’ailleurs, ils parviennent à dessiner une identité propre pour leur soft grâce à une atmosphère très loufoque, complètement déjanté, au bord du WTF.
Et ce n’est pas la bande originale ou la VF québécoise qui viendra contredire cet aspect. En effet, tout au long de l’aventure, une interlocutrice, membre de la firme Kindred Aerospace, nous donne diverses informations pour nous aider à progresser via un talkie-walkie. Et c’est en québécois ! Autant dire que ça fait sourire et surtout rire à de nombreuses reprises. L’humour transparaissant via l’intelligence artificielle qui nous accompagne mais aussi via les créatures aux bruits absurdes, les vidéos diffusées dans le vaisseau oscillant entre messages officiels de la firme et publicités détournées, ou encore le profil sélectionné au début de l’aventure. Pour la petite anecdote, nous avons choisi le chien. Ainsi, durant toute l’aventure, nous avons eu le droit à des aboiements canins surprenants la première fois et surtout à mourir de rire. Le tout fonctionne à merveille, si tant est que l’on soit un peu réceptif à ce genre d’humour plutôt gras. Les musiques sont, quant à elles, tout aussi loufoques et renforcent l’atmosphère déjanté du soft. Elles n’hésitent d’ailleurs pas à rythmer les différentes séquences de jeu : calmes lors des phases d’exploration et explosives lors des combats contre les boss ou zones à grands risques.
Verdict : 8/10
Journey to the Savage Planet est le tout premier galop d’essai pour Typhoon Studio et selon nous, l’essai est transformé en belle réussite. Bien qu’ils aient pris des risques, notamment avec un univers loufoque et un humour gras et tranché qui pourrait rebuter certains joueurs, tous ces éléments donnent une identité propre au soft lui permettant de se distinguer des jeux empruntant la thématique de l’exploration spatiale. L’aspect Metroidvania apporte une profondeur et une diversité à l’aventure, tout en proposant une progression constante qui nous tient en haleine pendant une bonne dizaine d’heures. Pour 29,99 euros, le jeu en vaut très clairement la chandelle, si tant est que vous soyez prêt à embarquer pour une aventure pas tout à fait comme les autres. Vous l’aurez compris, c’est un grand OUI pour nous !
vattic
16 février 2020 at 11 h 24 minJe valide entièrement ce test. Ce jeu est une grande bouffée d’air et j’y ai pris mon pied du début à la fin, un grand bravo à Typhoon Studio.