3D Realms. Pour les plus jeunes, ce nom ne vous évoque peut-être pas grand-chose, voire rien du tout. Mais pour les trentenaires, probablement les années 90, le Club Dorothée, le Hit Machine avec Charly et Lulu, mais surtout les FPS survoltés à papa avec du gros pixel qui tache. Parmi eux, un des titres les plus iconiques : Duke Nukem 3D. LA grosse production de 3D Realms avec Shadow Warrior – dont la licence connu un reboot en deux épisodes il y a quelques années. Aujourd’hui, 3D Realms et Voidpoint LLC nous reviennent avec Ion Fury (anciennement Ion Maiden), préquel à Bombshell, un jeu d’action isométrique sorti en 2016. Arrivé en 2019 sur PC, Ion Fury est disponible sur console depuis le 14 mai dernier. Est-il à la hauteur de son aîné ?
Test réalisé sur Playstation 4 grâce à un code numérique fourni par l’éditeur.
Hail to the Queen, baby !
Ion Fury vous met dans la peau de Shelly Harrison, héroïne du jeu Bombshell sorti en 2016 comme cité plus haut. Ici, pas de défense de la terre face à des hordes de vilains aliens mais un conflit face à un machiavélique scientifique répondant au nom de Jadus Heskel et ses créations cybernétiques dans le but de contrôler la ville de Neo D.C. – et pourquoi pas le monde au passage. Au programme : ultra violence, langage fleuri et des grosses armes qui dépotent dans un univers cyberpunk sale et peu hospitalier. Pour la petite anecdote, Shelly aurait dû être le sidekick de Duke Nukem dans un build antérieur au Duke Nukem Forever que nous connaissons aujourd’hui.
Old-School never dies
Même plus de 20 ans après, le Build Engine de 3D Realms a encore son charme. Ayant bénéficié d’améliorations pour sa sortie sur PC l’année dernière, le moteur boosté à la testostérone nous offre des niveaux bien plus grands et plus longs à parcourir que sur n’importe quel jeu développé dessus auparavant, le tout entrecoupé de sauvegardes automatiques. Si sur PC le tout suivait la cadence, c’est plus compliqué sur Playstation 4. En effet, Ion Fury souffre de nombreux ralentissements sur console lors de phases d’action un poil trop soutenues ou bien même de chutes de framerate soudaines en parcourant les niveaux. S’ils ne s’avèrent pas pénalisants pour l’expérience de jeu, il est tout de même surprenant de constater ce genre de soucis sur le hardware de la console de Sony sachant que le Build Engine était capable de tourner de manière très stable à l’époque d’un Windows 98 – voire Windows 95.
Si les chutes de FPS ne sont pas gênantes, on ne peut pas dire de même pour la difficulté globale du jeu. Déjà pointée du doigt sur PC, le challenge s’avère encore plus ardu sur console. Même en mode de difficulté normale, les dégâts subis sont considérables. Pour peu que la zone compte un nombre important d’ennemis, vous risquez de devoir relancer un même passage en boucle avant de crier victoire. Vient s’ajouter à cela une gestion hasardeuse de la visée automatique. Elle peine à faire mouche, ce qui peut rendre certains moments extrêmement frustrants. C’est triste à dire mais on passe le plus clair de son temps avec le colt de base en utilisant son tir secondaire : un hitscan permettant de cibler plusieurs ennemis tel le Dead Eye d’un Red Dead Redemption. C’est dommage car Ion Fury nous offre un petit panel d’armes sympathiques mais difficilement praticables quand l’action vous demande d’être en perpétuel mouvement pour éviter les tirs adverses fusant dans tous les sens.
Une ode à la pop culture
Le monde d’Ion Fury regorge de secrets disséminés un peu partout dans les niveaux. Du distributeur automatique qui vous crache de l’argent au visage en lâchant un petit « Shake it, baby ! », au poster reprenant une réplique culte du film The Room de Tommy Wiseau, au masque de Vega de Street Fighter sur le sol d’un cul-de-sac, les références à divers médias et licences connus ne manquent pas. Certaines sont extrêmement bien cachées, fort d’un level design plutôt soigné et maîtrisé offrant de multiples cachettes, d’autres plus subtiles et parleront vraiment à des aficionados bien ciblés. On regrettera peut-être un manque de folie et un côté parfois un peu trop « gentillet », si on le compare à Duke Nukem 3D qui ne se gênait pas de tourner les choses en dérision, souvent d’une manière assez trash.
La durée de vie du jeu n’est pas en reste avec une dizaine d’heures pour compléter la campagne. Bien sûr, le temps peut varier au regard de votre nombre de décès total pendant votre aventure. Vous pouvez pratiquement ajouter le double si vous souhaitez faire un 100% tant l’univers d’Ion Fury est bourré de petits à côté. De la patience vous sera demandée si vous voulez tout dénicher. Il n’est pas rare d’arriver en bout de parcours en pensant avoir fait le tour du niveau quand un message d’alerte vous prévient du nombre de secrets restant dans la zone avant de passer à la prochaine. Pour finir, un bref mot sur la bande son générale du titre. Elle n’est pour le coup pas vraiment transcendante. Les diverses répliques de Shelly sont amusantes mais tournent rapidement en rond et n’atteignent jamais vraiment le niveau de celles d’un bon vieux Duke ou même d’un Lo Wang de Shadow Warrior. La musique elle aussi n’est pas des plus marquantes. Orientée synthwave avec quelques connotations drum’n’bass, elles habillent l’esprit Cyberpunk d’Ion Fury mais une fois le jeu terminé, on les a déjà oubliées.
Verdict : 6/10
Qu’on soit clair : Ion Fury n’est pas un mauvais jeu. Il est même un excellent fast FPS rétro et bourrin pour les nostalgiques des années 90 et toute cette gamme de titres allant de DOOM à Duke Nukem, en passant par Blood ou encore Exhumed – cependant sans surpasser ces derniers. Malgré tout, ce portage sur console s’avère moins satisfaisant que sa version PC. Entre ses problèmes techniques et un gameplay bancal venant accroître la difficulté du jeu d’origine, on se retrouve plus souvent à pester qu’à éprouver un réel plaisir tout au long de cette aventure. Quitte à découvrir Ion Fury, préférez-lui sa version PC afin de profiter de l’expérience dans de meilleures conditions.
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