Depuis quelques années, nombreux sont les jeux indépendants qui arborent une esthétique proche des jeux qui émergeaient dans les années 90. Et cela, au grand damn des joueurs qui pensent que la PS4 doit forcément bénéficier d’un catalogue rempli de titres aussi impressionnants, visuellement parlant, que les plus grosses productions des studios à la renommée internationale. Pourtant, cela donne naissance à de véritables perles qui n’auraient clairement pas eu la même aura s’ils étaient dénués de leur aspect old school. Hyper Light Drifter est l’un d’entre eux, et vous allez très vite comprendre en quoi cela lui donne un charme fou.
Turn on the Light
Lorsqu’Alex Preston dévoile en 2013 son projet de jeu sur Kickstarter, il ne s’attendait probablement pas à obtenir le succès rencontré. En effet, à l’époque, le jeune homme était seulement entouré d’un musicien ainsi que d’un programmateur et espérait simplement réunir 27.000$ afin de pouvoir mettre son projet sur pieds. Dès la première journée de lancement, la campagne de financement avait atteint son but, et 30 jours plus tard la somme totale de 645.158$ était amassée, ce qui a permis au créateur de revoir ses objectifs à la hausse, ajoutant ainsi des fonctionnalités et modes de jeux à Hyper Light Drifter. Cela a aussi permis de voir le jeu arriver sur PS4 et Xbox One, trois mois après sa sortie sur PC. Et si vous n’avez pas eu l’occasion de vous jeter sur Hyper Light Drifter dans sa version Steam lors de sa sortie, vous n’avez désormais plus d’excuses.
L’arrivée dans le monde de Drifter, notre protagoniste, se fera par le biais d’une courte cinématique qui posera les bases du scénario. Souffrant d’un mal inconnu, notre jeune héros se voit contraint d’aller explorer des ruines afin d’y trouver un remède. Mais sa quête n’aura rien d’une promenade de santé, aussi il devra faire face à un bestiaire aussi agressif que diversifié, le tout dans des environnements hostiles malgré leur pureté presque immaculée. Mêlant ambiance futuriste et couleurs pastel épurées, la direction artistique de haute volée offre tout au long de l’aventure de très jolis panoramas qui nous donneraient presque envie de poser la manette pour les contempler.
Faisant appel à une esthétique définitivement old-school mais terriblement flatteuse pour la rétine de tout joueur un tant soit peu sensible au pixel art, Hyper Light Drifter s’affranchit des codes des standards actuels pour aller piocher dans les plus grandes qualités de ses influences. En l’état, elles sont nombreuses et variées, mais de prime abord, impossible de ne pas évoquer The Legend of Zelda, et plus particulièrement l’excellent A Link to the Past, tant l’idée des 4 zones à explorer rappelle énormément celle des donjons du titre de Nintendo. Ceci étant dit, impossible de ne pas citer la terrible saga des Dark Souls lorsque l’on parle du jeu de Heart Machine. L’intransigeance des combats de boss et la narration épurée au possible ne sont pas sans rappeler les créations de Miyazaki, dont certains ne se sont jamais vraiment remis.
Dash 2 en 1
Prenant la forme d’un action-RPG, Hyper Light Drifter met en avant l’exploration dans toute sa splendeur. Les quatre zones (nord, sud, est et ouest) peuvent être considérées comme d’immenses donjons ouverts, dans lesquelles on commence par se perdre, pour se heurter à des portes closes et enfin y trouver nos repères. La map ne sera généralement pas d’une grande aide pour se localiser directement, mais permettra de mettre le doigt sur les clés à obtenir afin d’atteindre le boss et l’occire au court d’un combat épique. Mais foncer directement dans la gueule du loup, sans même prendre la peine de visiter les moindres recoins de chaque zone serait fort dommage. D’innombrables secrets, réserves de vie et gemmes dorées se cachent ici et là, rappelant le level design d’antan, où les feuillages d’un arbre pouvaient masquer un chemin dérobé, ou encore un passage invisible que le compagnon de voyage de Drifter se fera un plaisir de révéler.
D’autant qu’il vaut mieux être bien équipé si l’on veut sortir vainqueur des vagues de monstres qui tenteront de réduire notre héros en poussière. Car la composante RPG du titre nous pousse à améliorer les capacités de Drifter, que ce soit par le biais de réserves de vies supplémentaires, par l’upgrade du dash ou encore l’apprentissage de nouvelles techniques dévastatrices avec l’épée. Tout ceci s’échange contre des gemmes dorées dans le hub central du jeu, représenté par une petite bourgade en décalage totale avec les ruines hostiles qui l’entourent. Et n’espérez pas y discuter joyeusement avec les quelques habitants qui osent pointer le nez dehors, puisque vous ne participerez à aucun dialogue tout au long du jeu. La narration se fait uniquement par le biais de courtes scènes animées avec le moteur du jeu, ou via des illustrations. Cela en déstabilisera plus d’un au début, pourtant ceci lui apporte une pointe de charme mystique tout à fait délectable.
En parlant de charme, comment ne pas souligner en long, en large et en travers l’ingénieuse bande-son tout droit venue du génial Disasterpeace. On reconnait sans souci la patte de celui qui avait déjà prêté son talent à FEZ, et si l’atmosphère est relativement différente ici, il a grandement su capter le côte post-apocalyptique futuriste du jeu de Heart Machine. Tantôt planante, tantôt grave, elle sait rester en retrait tout en mettant en évidence les moments forts. Et même une fois le new game + arrivé, on apprécie tout autant les sonorités propres au compositeur, le temps d’approfondir notre exploration de ce monde dévasté mais ô combien attachant.
Mais, le plus appréciable dans Hyper Light Drifter reste probablement les combats. Intenses et rudes, ils exigent une certaine maîtrise pour ne pas enchaîner les morts. Armé de son épée et de son pistolet, Drifter peut également utiliser le dash, fonctionnalité bien pratique qui permet à la fois d’esquiver, mais également de prendre au dépourvu des ennemis qui choisiront très souvent d’attaquer en groupe. Certes, l’union fait la force, mais avec un tant soit peu de préparation et de tactique, on parvient à se défaire de nos opposants. Il faut bien comprendre les caractéristiques du gameplay – comme le fait que le personnage ne peut enchaîner plus de 3 dashs à la suite, ou encore qu’utiliser une réserve de vie immobilise le personnage un court instant – afin de l’assimiler et de ne pas créer d’ouvertures pour vos adversaires. Ce sont de petits détails qui rendent le jeu exigeant, mais ô combien jamais frustrant.
Et puisque les munitions de nos armes à feu ne se récupèrent qu’en slashant des ennemis ou en détruisant des éléments du décor avec l’épée, il faudra indubitablement alterner entre combat à distance et affrontement au corps à corps. Si l’on prend vite le pas contre le bestiaire basique, malgré une réelle diversité demandant d’analyser clairement quel genre d’ennemi nous fait face, ce sont surtout les boss qui requièrent une dynamique constante. À la façon d’un Dark Souls, ou plus récemment d’un Furi, chaque boss possède ses propres patterns et apprendre minutieusement leur façon de se mouvoir vous offrira la clé de la victoire. La clé seulement, car il ne tient qu’au joueur ensuite de saisir les opportunités pour sortir gagnant du combat… Et jouir de cette sensation de toute puissance, avant de se frotter au prochain boss.
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