Si la mère du petit Bobby s’exclame : « Robin des Bois, vous avez risqué votre vie pour que nous gardions espoir » en s’adressant au renard affublé d’un chapeau vert sur la tête, elle pourrait dire la même chose à Robin, Marianne, Tooke et John dans Hood: Outlaws & Legends. S’inspirant de l’univers de Robin des Bois, le titre de Sumo Digital propose aux joueurs et aux joueuses de devenir des voleurs afin de récupérer un certain trésor fait de belles pièces d’or. Evidemment, tout n’est pas aussi simple que d’avoir Petit Jean ou Frère Tuck comme compagnons pour réussir puisque que dans Hood: Outlaws & Legends, il faudra aussi bien battre les ennemis PNJ et une autre équipe de joueurs venu pour les mêmes raisons que vous. Avec sa proposition en PvE et PvP ainsi que ses éléments de gameplay, le soft nous a suffisamment intrigué pour que l’on embrasse la carrière d’hors-la-loi pendant plusieurs heures.
Test réalisé sur PS5 grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur
« Cambrioler est mon métier »
Dans Hood: Outlaws & Legends, pas besoin de scénario comme ciment de l’aventure pour comprendre nos objectifs et le but du soft. Cambrioler est le maître mot. En effet, dans le titre développé par Sumo Digital, nous sommes amenés à récupérer un trésor, constitué de pièces d’or en nombre, caché derrière une porte verrouillée. Pour cela, il faut tout de même suivre quelques étapes primordiales : avant tout, dérober la clé de la porte au shérif. Celui-ci, fait d’une armure hyper robuste et d’une force incroyable, ne peut être tué. La discrétion étant donc de rigueur pour cette étape, comme pour l’ensemble de la run mais nous y reviendrons. Une fois, la clé en poche, il faudra trouver la porte verrouillée dans la vaste région proposée afin de récupérer le trésor. Finalement, il est primordial de rapporter le butin à un point d’extraction et activer les manivelles pour le sécuriser. S’ensuit ainsi un véritable contre-la-montre, durant lequel l’équipe adverse et l’IA ennemie mettront tout en oeuvre pour vous empêcher de mettre les mains sur les manivelles. Si dit comme cela, ça semble assez simple en soi, détrompez-vous.
Tout d’abord, la difficulté est présente par le fait que Hood: Outlaws & Legends est un jeu en PvE. C’est à dire que de nombreux ennemis, aux caractéristiques diverses (archers, infanterie, chevaliers, etc.) seront présents sur la carte. S’ils vous aperçoivent, ils feront sonner les alarmes et confineront la zone, vous empêchant alors de traverser les herses. D’où la nécessité de jouer l’infiltration et les assassinats discrets, du moins en début de partie. Evidemment, les ennemis vous attaqueront alors à vue et pourront réduire vos points de santé à un rang critique, voir jusqu’au K.O. Et si cela ne suffisait pas à entacher votre progression, une autre équipe de joueurs et de joueuses possèdent les mêmes objectifs que vous. Eux-aussi doivent récupérer le trésor et le sécuriser, afin de récupérer son contenu. Cela signifie qu’ils pourront récupérer la clé avant vous, transporter le coffre à un endroit de leur choix, tout en attirant des ennemis IA sur vos pas. Ainsi, couplant PvE et PvP, Hood: Outlaws & Legends parvient à distiller un peu de difficulté et permet à chaque run d’être unique.
Cambrioler est aussi bien le métier de Robin, que de Marianne, que de John et que de Tooke. Il s’agit des 4 personnages et classes jouables (notre vidéo de gameplay illustrant les capacités de chacun, à cette adresse). Comme dans un RPG classique, bien que Hood: Outlaws & Legends n’en reprenne que les codes de base en surface, ces personnages possèdent des atouts et compétences qui leur sont propres. Robin est un archer qui parviendra à jouer davantage sur la discrétion, tout comme Marianne qui est équipée d’une arbalète. Tooke représente le mystique du groupe et possède des facultés de guérison et une arme redoutable. A l’inverse, John fait figure de tank grâce à sa force incroyable et son marteau géant. Après plusieurs heures de jeu et après avoir débloqué des rangs pour le repaire (en augmentant les caisses du HUB central), il est d’ailleurs possible de débloquer des atouts boostant les statistiques de chacun, mais le choix reste assez léger tout de même. Notez qu’en supplément, vous pourrez tout aussi bien débloquer de nouveaux skins pour vos personnages et les armes, bien que les sélections de ces éléments soient assez restreintes en soi. Par ailleurs, il dispose chacun d’une capacité ultime, à l’image de John qui récupère de la santé et devient plus robuste suite à l’action sur la touche adéquate. C’est bien vu et cela permet de changer la donne, si la situation est un peu délicate pour les alliés.
Evidemment, et vous l’aurez probablement compris, l’intérêt d’Hood: Outlaws & Legends est de monter une équipe avec ces quatre personnages pour avoir une pluralité d’actions et une meilleure efficacité dans l’infiltration, l’extraction et les affrontements. Il faut que l’équilibre soit présent pour assurer une bonne run. Malheureusement sur ce point, y ayant joué en Early Access (soit avant sa sortie officielle fixée au 10 mai), on ne peut pas dire que la communauté joue réellement le jeu : on s’est retrouvé parfois avec 3 Robin dans l’équipe. Il aurait alors fallu que les développeurs bloquent cette possibilité de multiplication du même personnage. On ne pourrait donc que vous recommander de profiter du titre avec des joueurs et joueuses amis. Dans ce sens, le jeu devient plus appréciable et les stratégies érigées entre vous paieront davantage.
Des approximations et légèretés
En plus du point concernant la diversité des personnages au sein d’une même équipe, on notera que le matchmaking ne nous a pas semblé réellement équilibré. Après deux-trois jours de mise en ligne en Early Access, certains joueurs étaient déjà niveau 45, voire plus. Alors qu’évidemment, dans notre équipe, nous avions des nouveaux venus. Ou inversement, évidemment. Si le fait d’avoir un niveau de joueur élevé n’impacte que peu les capacités des personnages, en dehors des atouts débloqués, il ne reste qu’avec plusieurs heures de jeu dans les mains ils avaient donc une meilleure maîtrise du jeu et des cartes. Un déséquilibre dans le matchmaking qui peut donc jouer sur l’issue de la run et c’est toujours dommage de voir cela sur des titres multijoueur de nos jours. On remarquera également que l’IA et la hitbox sont parfois assez approximatives. Pour la dernière, il est arrivé plusieurs fois que nous pensions toucher de notre flèche un ennemi IA ou bien un joueur alors que celle-ci ne fait pas mouche finalement. Pour le combat au corps-à-corps, là encore des petites irrégularités dans l’hitbox.
En revanche, le point fort du titre, soit l’infiltration, est rapidement effacé au sein d’une même partie. En effet, au début de la run, on se plaît à jouer la discrétion et effectuer des assassinats discrets. Chaque joueur peut d’ailleurs marquer un ennemi afin d’ériger une stratégie avec ses coéquipiers, ce qui est bien vu. Mais cette idée est très rapidement balayée alors que vous-mêmes ou l’équipe adverse de joueurs dispose de la clé ou bien du coffre. A partir de ce moment-là, une course démarre et se veut si compétitive que l’on en oublie de jouer la discrétion. On se retrouve alors peu à peu avec de nombreux ennemis IA aux trousses, sans même que l’on y fasse attention car l’intérêt est pleinement porté sur l’extraction du coffre. La dimension PvE se trouve alors rapidement effacée par le PvP alors qu’un meilleur équilibrage entre ces deux paramètres de jeu aurait été bienvenu et aurait apporté davantage de difficulté.
En dehors de plusieurs approximations dans le gameplay et le système du jeu, on ne peut que convenir, après quelques heures dessus, que le soft est un petit peu vide. Bien qu’ils propose deux types de matchmaking (soit en PVP soit en PVE, ce dernier faisant office davantage d’entrainement) et 5 cartes différentes, on a très vite l’impression d’avoir fait le tour d’Hood: Outlaws & Legends. D’autant plus que les personnages ne sont pas aussi nombreux que cela et que les éléments à débloquer ne sont pas présents en masse. Dans certains cas, notamment pour débloquer des vêtements ou des armes, cela demandera du temps car il est impératif d’augmenter le niveau du repaire, notre HUB central, grâce aux pièces d’or remportées lors des victoires. Là encore, le repaire est bien pensé mais devient anecdotique après plusieurs parties. Ce qui est réellement dommage car il profite d’une belle modélisation et pourrait s’avérer plus marquant avec des ajouts significatifs. Comme le système RPG qui semble assez léger et peu fourni. De la même manière, une autre idée implantée aurait mérité d’être plus approfondie : la mise à disposition à chacun de défis journaliers demandant d’effectuer certaines actions en jeu.
Ainsi, Hood: Outlaws & Legends a une proposition de gameplay assez intéressante, qui apporte un peu d’originalité dans notre paysage vidéoludique, mais ne parvient pas à convaincre entièrement, en l’état. Il conviendra probablement plus aux joueurs qui constitueront une équipe faite d’ami(e)s plutôt qu’aux solitaires. Nous avons effectivement testé ces deux configurations, et nous avons amplement préféré jouer avec un ami plutôt qu’un joueur non connu. Dans tous les cas, sachez qu’un chat vocal est disponible en jeu et permet d’interagir avec l’ensemble de l’équipe pour davantage d’efficacité stratégique.
Les Hors-la-loi ont de l’avenir ?
Loin de se la jouer à la No Man’s Sky, Hood: Outlaws & Legends est typiquement le genre de titre qui a une proposition de gameplay assez originale et pleine de potentiel mais dont le contenu global fait défaut. Il possède de nombreuses bonnes idées, comme le système RPG, le HUB central, les différents personnages jouables, etc., mais le tout semble assez faible en l’état. Par exemple, les 5 cartes disponibles à l’heure actuelle profitent d’une belle modélisation et d’une verticalité de niveaux assez plaisante mais elles ne sont pas nombreuses. On aurait apprécié avoir plus de choix à disposition et surtout des particularités pour chacune plus marquante afin de réellement changer la donne une fois en jeu. D’ailleurs, certains nous ont semblé plus pertinentes que d’autres grâce à leur configuration de bâtisses ou environnements.
Dans la même idée, le roster de classes jouables est assez prenant et fonctionne plutôt bien si tous les joueurs choisissent un personnage différent mais il est somme toute assez classique en soi. Ce qui est plutôt bien vu est le fait que, pour les personnages, les faiblesses de chacun peuvent tout de même être compensées par leurs forces à condition de les maîtriser. Par exemple, si comme cela, il semble impossible pour Marianne de tenir tête à John au corps-à-corps, elle dispose de forces qui peuvent l’aider à vaincre le tank en s’insinuant dans son dos ou en jouant avec la distance. En cela, Hood: Outlaws & Legends demande aux joueurs et aux joueuses de s’investir pleinement afin de comprendre les mécaniques de jeu de chacun des personnages. D’où l’idée de niveau pour chacun, grimpant plus ou moins après chaque partie. Si tant est que l’on aime le fait de « grind » un personnage, le titre de Sumo Digital fait la part belle à la maîtrise du gameplay. D’ailleurs, c’est dans cet aspect-là que l’on tire de plus en plus de plaisir. Au début de notre expérience, nous avons testé les différentes classes mais nous avons fortement aimé passer plusieurs heures aux côtés de John pour le maîtriser davantage au fil des runs, avant de retourner sur une autre classe.
D’un point de vue purement technique, le jeu tourne relativement bien sur PS5. Pas de clipping ou aliasing véritablement marquant. Les graphismes ne sont pas exceptionnels à l’écran mais restent assez plaisants à l’oeil. La BO reste tout de même assez anecdotique mais les bruitages et sons sont justes. Les moments de chargement sont assez courts, hormis ceux liés à l’entrée dans un matchmaking qui peuvent prendre plus ou moins de temps en fonction des serveurs et joueurs disponibles. Nous avons simplement eu un problème lors de l’Early Access : un écran noir alors que la partie venait de commencer, nous obligeant à la quitter et retourner au HUB central. Par contre, les fonctionnalités de la DualSense ne sont que peu mises en avant, à l’exception de la rudesse de la gâchette R2 en fonction de l’endurance restante pour le personnage. Ou par exemple lorsque Robin bande son arc. Ce qui est dommage en soi mais pardonnable. Avant de vous délivrer le verdict, rappelons finalement que le titre de Sumo Digital est disponible à 29,99 euros sur les plateformes de vente en ligne.
Verdict : 6/10
Hood: Outlaws & Legends laisse malheureusement un goût d’insatisfaction en bouche, à l’heure actuelle. Il propose une idée de gameplay plutôt originale et assez intéressante, avec des bases plus ou moins solides, mais il ne dispose pas d’assez de contenu pour nous tenir en haleine pendant plusieurs semaines. Si la diversité des classes jouables est relativement plaisante, elle n’est pas assez étendue pour pleinement satisfaire. À cette image, la configuration des cartes proposée est pertinente mais aurait mérité de changer davantage le gameplay au sein d’une même run. Technique et gameplay sont relativement bons, à l’exception de quelques approximations, et montrent que Hood: Outlaws & Legends a du potentiel… à condition que les développeurs de chez Sumo Digital fournissent à leur titre du contenus supplémentaire pour les mois à venir.
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