L’année dernière, Square Enix et IO Interactive ont ravivé la flamme Hitman avec un format épisodique des plus efficaces. Maintenant que la première saison est disponible en intégralité dans le commerce, voyons ce que donne l’expérience globale à travers toutes les missions qui attendent le célèbre Agent 47. Entre infiltration, choix, et gameplay assez exigeant, c’est un véritable retour en force qu’effectue la franchise… à condition d’apprécier le genre.
Notre cher assassin chauve est donc de retour plus en forme que jamais. Après une sortie découpée en épisodes durant toute l’année 2016, Square Enix nous propose désormais l’ensemble des chapitres afin de vivre l’expérience sans interruption. Quoi de plus frustrant que de devoir attendre parfois plusieurs semaines avant de pouvoir découvrir la prochaine mission ? Tout commence 20 ans auparavant, lorsque notre héros est recruté par l’ICA en Europe. C’est son agent de liaison Diana Burnwood qui s’occupe de lui et vient évaluer ses compétences à travers plusieurs contrats simulés. Cette nouvelle aventure commence donc tranquillement et le joueur est tenu par la main durant les premières minutes avant de faire le grand saut. Ensuite, nous voilà lâché pour un vrai tour du monde meurtrier à la fois passionnant, frustrant et parfois exigeant.
Doucement mais sûrement
Dès le début, cette saison de Hitman donne le ton. Il faut être rusé, inventif mais surtout discret. La franchise renoue avec l’infiltration à l’ancienne, celle qui vient sanctionner le joueur au moindre faux pas. Inutile d’essayer de foncer dans le tas, c’est peine perdue. La patience et l’évaluation de la situation seront donc de mise et c’est dans notre belle capitale française que nous apprenons la dureté du « métier » d’assassin. Chaque niveau se présente sous forme d’une zone assez ouverte qu’il faut étudier et correctement appréhender afin d’éliminer la ou les cibles généralement bien protégées. Certes, notre protagoniste possède son célèbre pistolet avec silencieux ainsi que plusieurs objets, comme des pièces, pour détourner l’attention d’un garde, mais c’est avant tout via les opportunités qu’il faudra progresser. Dans le menu, il est possible de choisir une de ces opportunités qui débouchent sur l’assassinat tant convoité. Cette pluralité des marches à suivre est le véritable point fort du jeu et, surtout, cela pousse à faire et refaire tel ou tel chapitre afin de toutes les explorer en accomplissant les défis qui y sont rattachés. Ne croyez tout de même pas que suivre ces chemins (qui peuvent sembler tracés) est évident. La difficulté grimpe au fil des épisodes, ce qui pousse le joueur à être de plus en plus calculateur et habile durant certaines situations.
Malgré ces opportunités apportant un véritable plus, le cheminement reste le même pour toutes les missions. Il faut généralement rester bien à couvert, tout en neutralisant des PNJ pour se frayer un passage, dans l’objectif de récupérer leur costume et ainsi se fondre dans la masse. Cependant, notre cher Agent 47 n’en devient pas pour autant invisible puisque des personnages peuvent capter notre comportement, des caméras de surveillance peuvent nous surprendre, et beaucoup d’autres paramètres sont à prendre en compte. L’environnement recèle aussi beaucoup d’objets qui peuvent nous sortir d’une situation délicate. Une brique, une pièce de monnaie, ou déclencher une alarme peut être salvateur, d’autant que si un conflit ouvert éclate, c’est la fin de partie assurée. En effet, notre avatar n’est pas du tout résistant et quelques balles auront rapidement raison de sa barre de vie. Faire feu ouvertement est rarement une bonne solution et le système de combat au corps à corps (qui est uniquement jouable à base de QTE) est hélas bien dérisoire, surtout lorsqu’un autre soldat vient s’en mêler. Vous l’aurez compris, pour profiter pleinement cette première saison de Hitman, il faut apprécier, et c’est bien normal, les jeux d’infiltration. Les autres auront sans doute un peu de mal à trouver la patience de poursuivre, même si chaque action réussie a quelque chose de gratifiant.
Un tour du monde flinguant
Un jeu vidéo, vous le savez bien, ce n’est pas que du gameplay. Car si Agent 47 a tout du parfait assassin, il est aussi nécessaire de s’arrêter un peu sur les environnements qu’il traverse. Que ce soit à Paris, au Maroc ou en Italie, notre grand chauve aurait tout ce qu’il faut pour passer de bonnes vacances s’il n’était pas forcé d’aller tuer. La modélisation de l’ensemble est très convaincante, avec une mention spéciale pour l’éclairage global qui est du plus bel effet. Même si certaines textures sont parfois un peu limites, le jeu demeure agréable à l’œil. Des zones bien précises sont même bondées de PNJ et il est agréable de constater que la fluidité du titre, calée à 60 images/secondes, reste constante à n’importe quel moment. Une telle réussite esthétique contraste un peu avec la bande-son très en retrait, qui n’est composée d’aucune musique vraiment mémorable. De plus, il est dommage qu’aucun travail de doublage autre qu’anglais n’ait été effectué, car le joueur français doit se contenter de sous-titres (généralement peu lisibles de par leur taille) pour suivre la trame narrative. Par ailleurs, cette dernière constitue également un vrai point négatif.
Malgré l’aspect épisodique qui se fait encore fortement ressentir en jouant les missions bout à bout, le fil rouge du jeu est hélas trop peu perceptible. À chaque fin de chapitre, une petite cinématique « récompense » le joueur en essayant de lui délivrer des éléments sur le scénario global du jeu. Cependant, les personnages s’enchaînent à l’écran sans jamais être assez charismatiques pour qu’on s’en préoccupe véritablement. Au final, nous restons avant tout centré sur les missions en elles-mêmes, sans prêter attention à ce scénario anecdotique qui n’arrive jamais à faire monter la pression. Ce Hitman est une expérience réussie en matière de gameplay mais délaisse, de ce fait, tout ce qui peut faire le charme d’un jeu d’aujourd’hui. Cela manque cruellement de protagonistes forts, alors même que les développeurs ont tenté de mettre en scène une situation grave qui se prend au sérieux. Mais ne nous méprenons pas, les fans de la licence en auront largement pour leur argent car la série n’a jamais vraiment brillé par son histoire. C’est effectivement plus un retour aux sources qui a été effectué par IO Interactive, et nous n’allons pas nous en plaindre.
Un autre mot représente bien cette saison passée avec Agent 47, c’est « personnalisation ». Au fur et à mesure que le joueur progresse, il débloquera des possibilités pour chaque mission. Ainsi, avant de se lancer, le jeu nous invite à choisir notre équipement et surtout notre point d’entrée. Si le premier run se fait toujours par l’entrée principal, il est possible de débloquer d’autres points pour débuter un épisode. Cela peut alors tout changer : la manière d’appréhender son environnement, ainsi que la façon d’atteindre sa cible. C’est un moyen habile de renouveler l’intérêt du jeu sur le long terme, avouons-le. Il semblerait donc que Square Enix et IO Interactive aient réussi à trouver comment relancer la franchise qui avait bien du mal à convaincre pleinement via ses derniers opus. Cela laisse augurer un futur prometteur pour l’assassin à la cravate rouge qui devrait revenir prochainement dans une seconde saison. Après ce retour aux sources qui ne manque pas de charme, nous espérons que la suite parviendra à mêler habilement histoire captivante et gameplay exigeant.
VERDICT
Cette première saison de Hitman opère un vrai tour de force et revigore une licence qui commençait à faire du surplace. Doté d’un gameplay exigeant, d’infiltration comme on n’en fait plus, d’opportunités multiples et de paysages de cartes postales, ce nouvel opus a tout pour plaire. On regrettera tout de même un scénario pas vraiment passionnant et à peine perceptible, ainsi qu’une bande-son clairement trop en retrait. Toutefois, le célèbre tueur chauve revient en forme et se replace parmi les licences fortes de cette génération. De quoi entrevoir un avenir radieux pour les fans de la série.
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