Série débutée dans les années 2000 et développée par IO Interactive, Hitman fait à ce jour partie des sagas cultes du jeu vidéo. Le studio danois est, jusqu’à ce jour, resté maître de son oeuvre malgré un rachat et une incorporation ainsi qu’un retour au statut d’indépendant durant ces vingt dernières années. Et cela vient à se ressentir sur ce Hitman 2, maîtrisant le sujet le studio reste dans ses clous. Une suite qui se veut en bonne et due forme, martelant la répétition en se risquant à garder des erreurs passées.
Test réalisé sur PC grâce à une clef Steam envoyée par l’éditeur
De Fargo à fardeau
Reprenant la suite directe du premier soft, la première mission embrayera directement sur le scénario de Hitman 2, tout en faisant jonction. Le duo Diana Burnwood et 47 est donc logiquement de retour, et 47 est envoyé sur une plage en Nouvelle-Zélande pour une mission de renseignement, dans la demeure d’Alma Raynard une ancienne terroriste politique, mais également amante de Sean Rose, l’une des cibles au Colorado dans l’opus précédent. Bien entendu les découvertes iront au-delà de ce que le duo pouvait imaginer, et de ces dernières découleront la péripétie principale du jeu. Si l’écriture n’a jamais été le fort de la licence, l’oeuvre dans sa globalité tient en haleine et reste cantonnée aux classiques de la série. Cependant, la conduite utilisée pour être comprise se montre plus perfectible. La faute au système économique épisodique du premier soft.
En effet Hitman 2 se propose à distiller ses sources d’informations en deux formes, la première par le biais de cinématiques et donc à donner sans contre partie des informations importantes, la deuxième directement par les missions mais au prix d’un sacrifice. Toutes vos cibles disposeront d’une ou de plusieurs intrigues. Ces dernières ont pour but de vous faire suivre un chemin logique menant à votre objectif, durant votre trajet vous trouverez des informations uniques à cette intrigue. Cependant une fois terminée, suite à la mort de votre cible, les autres intrigues viennent logiquement à disparaître, bloquant ainsi les sources d’informations. Ce système qui est compréhensible pour un jeu épisodique, vient perturber la continuer narrative de Hitman 2, proposant aux joueurs terminant un niveau, le dilemme suivant : continuer vers la prochaine mission sans certaines informations ? Ou recommencer le niveau pour l’approfondir ? Dilemme qui vient à servir le gameplay, mais qui malheureusement entache le scénario quitte à le faire passer pour anecdotique.
Crying Freeman
Sans se renouveler, Hitman 2 tend à montrer sa maîtrise du genre infiltration durant six missions qui vous conduiront aux quatre coins du monde. Vos objectifs restes inchangés, tuer vos cibles de la manière dont vous le souhaitez et dans l’ordre que vous voulez, du moment que vous restez discret. Chaque mission commencera par un briefing qui permet de se situer et comprendre les enjeux de la mission, suivi d’une phase de préparation où le joueur est libre de s’équiper à sa guise que cela soit de gadget, d’armes ou encore d’une tenue vestimentaire. Une fois l’équipement choisit le joueur se voit propulser à l’entrée de la mission, à lui de découvrir les différentes intrigues ou bien de se trouver son propre chemin pour éliminer ses cibles le plus judicieusement possible, une fois ces dernières hors jeu, 47 doit évacuer les lieux. À la fin de chaque mission, le joueur se voit attribuer des points qui viendront grossir son niveau d’agent. De plus chaque mission dispose d’un niveau de maîtrise, débloquant ainsi de nouvelles possibilités sur cette dernière, comme le fait de recommencer déjà déguisé en agent d’entretien dans un local poubelle, ou bien de cacher des armes/gadgets dans des précises. Par ailleurs, plus le joueur va s’investir dans un niveau plus les récompenses deviennent conséquentes en offrant armes et gadgets utilisables dans toutes autres missions. Un système qui a déjà fait ses preuves dans le premier et qui marche toujours aussi bien.
Bien entendu notre Complet Italien est loin de mener la Dolce Vita (vous l’avez ?). Durant les missions, il existe de nombreux moyens d’éliminer une cible de façon directe ou indirecte. Et tout le système de répétition qui vient à nuire au scénario offre finalement pour le gameplay toute son importance. En effet, c’est pendant les déploiements que 47 révèle de nouveau tout son potentiel de tueur à gages, grâce à une précision d’horloger de IO Interactive sur le gameplay ainsi que le level design. Les niveaux sont suffisamment vastes pour permettre toutes les créations aux joueurs, ou de suivre ceux dictés par le studio danois. L’Agent peut donc toujours se déguiser et cacher un corps pour endosser des rôles précis, tout en ouvrant des portions complètes du niveau. Vous pourrez ainsi bidouiller des objets électriques au nez et à la barbe des agents de sécurité pour court-circuiter la ronde de votre cible, ou bien endosser le rôle d’un garde du corps pour être au plus près de cette dernière, laissant au joueur le choix de son élimination. Il est possible également de suivre des intrigues qui viendront aider le joueur à s’approcher et à éliminer son objectif de façon plus magistrale et originale, procurant un certain plaisir et encourageant par l’occasion le joueur à retourner dans un niveau pour y faire toutes les intrigues.
Mais force est de constater que 47 n’a pas tant évolué, alors que l’IA s’est peaufinée. La seule réelle nouveauté pour l’Agent est le retour de la mallette qui permet de transporter un objet ou une arme massive comme un fusil de tireur d’élite, se montre dans son utilisation profonde et sympathique, pouvant être à la fois un objet de distraction ou un objet offensif, peut-être également lancée voir parfois transportée par l’IA du jeu, ce qui peut-être pratique. Malheureusement ce sont les rares nouveautés du gameplay, même si des nouveaux objets, comme le téléphone portable explosif ou encore des enregistrements sonores à déclencher à distance, ainsi que les grenades offensives font leurs apparitions nous restons sur notre faim, n’apportant rien de réellement nouveau. Tandis que l’intelligence artificielle s’est vue agréablement travaillée, les PNJ peuvent apercevoir le joueur dans les miroirs, si un garde ou une caméra repère le joueur dans une position non conforme va logiquement diffuser l’information graduellement. D’abord dans la zone où le joueur est repéré et ensuite si affirmé dans un cadre plus large pouvant aller jusqu’à l’intégralité d’une partie de la carte. Sans souffler un véritable vent de fraîcheur, cela a le mérite d’aiguiser les parties.
Full Time Killer
Tiré à quatre épingles, le monde de Hitman 2 se montre contrôlé jusqu’au bout, des environnements aux tons chauds jusqu’au cinématique rappelant la froideur de l’histoire. Chaque mission propose son univers, se déroulant majoritairement en journée. Le soft déploie des teintes chaudes et éclatantes à la rétine sans pour autant hésiter à l’amoindrir au besoin. De Miami à la Nouvelle-Zélande en passant par la Colombie et l’Inde, le soft se propose à offrir des niveaux uniques remarquables de réalisation. Une identité propre dans sa globalité, mais également au sein des niveaux, immergeant et en apprenant un peu plus sur les propriétaires locaux. Il n’est donc pas étonnant de passer d’un hall impeccable et lustré destiné à accueillir les visiteurs, à une pièce froide et bordélique tenue par les gardiens des lieux, ou bien de sortir d’un bidonville pour rentrer dans un wagon privatisé criant de luxe. Nous remarquons très tôt que tout n’est que figuratif, bon sens et appartenance aux véritables têtes pensantes qui vivent une double vie. Pour enfoncer le clou, IO s’est décidée à supprimer les cinématiques en 3D, pour préférer des images 2D en travelling. Un choix qui n’entrave pas la narration ou le rythme, mais qui accentue l’histoire sombre du soft, tranché par des couleurs froides de ces dernières. Sans surprise, le Glacier Engine 2 revient faire tourner ce Hitman 2, sans apporter des nouveautés majeures ce dernier se voit optimiser sur certains points. Les effets lumineux ainsi que les réverbérations lumineuses de surface qui sont l’un des points clefs de ce moteur ont été revus à la hausse et apportent un effet de sublimation général léger. De même les effets liés aux vêtements sur les PNJ qui se voient également accentués. Cela étant probant sur les robes qui flottent de façon plus organique. Sans être la foudre de l’année, Hitman 2 reste très agréable à l’œil dans son ensemble, seul finalement les animations un peu trop rigides viendront assombrir le tableau.
Ghost Dog, la voie du samurai
Si vous comptez seulement suivre la trame scénaristique, Hitman 2 vous proposera environ une petite dizaine d’heures. Mais il ne faut pas se méprendre, l’objectif du studio est bien de vous faire rejouer chaque niveau plusieurs fois pour découvrir ses multiples secrets. Pour vous engager à une rejouabilité, le soft propose différentes intrigues comme nous l’avons vu plus tôt, mais également de nombreux défis. Ces derniers viennent à se décliner sous plusieurs aspects, assassinat, découverte, défi ainsi que classique, si certains sont récurrents à chaque niveau, la plupart sont inédits. La seule condition reste au joueur à se prendre au jeu, si cela est le cas il faudra plusieurs dizaines d’heures pour espérer toucher le 100% à chaque niveau. Ajouté à cela quelques heures si vous souhaitez parcourir le mode Contrats qui permet aux joueurs créatifs de créer un contrat en proposant une ou plusieurs cibles, ainsi que la tenue à porter et l’arme à utiliser, tout en la partageant ensuite aux joueurs.
Mais ce n’est pas tout, le soft propose également deux modes multijoueurs nouveaux, Ghost et Sniper assassin. Le mode Ghost qui est un joueur contre joueur, propose un principe simple : deux assassins dans une même mission, mais sur deux sessions différentes (il est donc impossible d’interférer l’un envers l’autre) qui ont pour objectif de marquer cinq points. Pour marquer un point il faut tuer en premier la cible et que cette dernière ne soit pas découverte pendant dix secondes. Le mode Sniper Assassin est lui un mode coop’ ou deux tireurs d’élite ont pour but d’éliminer trois cibles ainsi qu’un nombre prédéterminé de garde-corps, la différence vient à se situer sur le fait que vous êtes un tireur d’élite à bonne distance de vos cibles. A vous donc de jouer avec la distance, ainsi que la physique pour tuer et cacher les corps. Bien que ces deux derniers soient des nouveautés incluses directement au jeu, elles sont trop timides à ce jour pour se montrer réellement pertinentes. À noter que si Hitman 2 n’oblige pas à avoir une connexion constante aux serveurs de IO, il est fortement recommandé de l’avoir active, un joueur sans connexion ne pourra pas jouir des défis et bien entendu du multi-joueur.
Verdict : 7/10
Peu d’évolution donc, mais une réalisation générale qui reste d’une excellente facture, qui séduira sans doute les fans et les nouveaux joueurs voulant découvrir la série. Il est toujours aussi agréable de parcourir les niveaux, de se surprendre à découvrir des nouvelles possibilités à chaque nouveau lancement de contrat. Les environnements sont vastes et travaillés, ouverts et ludiques pour les joueurs, « l’expérience Hitman » est bien là. Même si la timide arrivée du multi-joueur se montre peu convaincante. Sans retrouver un l’Agent 47 au top de sa forme, nous le retrouvons tout de même à son niveau constant. Hitman 2 est une suite, oui, mais n’apporte que trop peu de contenu nouveau. Reflétant l’actuel statut de IO Interactive, bien qu’édité par Warner Bros, Hitman 2 émane d’un studio nouvellement indépendant faisant le choix de la maîtrise plutôt que de la nouveauté, minimisant ainsi la prise de risque. Si cela peut s’accepter pour ce deuxième opus, il risque d’être difficile de pardonner ce choix si troisième épisode il y a.
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