Adriaan de Jongh est un jeune programmeur ayant deux points communs assez flagrants avec ceux du studio Guerilla. Le premier est qu’il vit à Amsterdam, aux Pays-Bas. Le second est qu’il est extrêmement talentueux. Le jeune homme réalise en effet seul ses jeux. Le premier, sorti sur iPad en 2012, se nomme Fingle et propose un concept… particulier ! Le second, sorti sur iOS et Android en 2014, se nomme Bounden et va encore plus loin… Fanatique d’expériences artistiques en tout genre donc, Adriaan fut émerveillé en 2016 par une exposition du dessinateur Sylvain Tegroeg, et commença à blaguer avec lui sur le fait de développer un jeu basé sur ses illustrations. Le résultat se nomme Hidden Folks, et c’est la petite perle dont nous nous apprêtons à vous parler.
♫ Où est Charlie, où ? ♫
Quiconque serait né dans les années 1980 ou 1990 (voire plus), se souvient forcément de « Où est Charlie ? ». Nommée « Where’s Waldo ? » sur le territoire nord-américain, ou encore « Where’s Wally ? » en Grande-Bretagne et en Australie, cette série de livres-jeux est mondialement connue pour le fun qu’elle procure aux petits, mais également aux plus grands. Adaptée en dessin animé, ainsi qu’en cassettes audio, la licence créée par Martin Handford a toujours été un succès (c’est Uncle Ben’s qui le dit, alors…). Dès lors, des tonnes de jeux vidéo s’en sont évidemment inspirés, et ce avec plus ou moins de réussite. On pense notamment à « Where’s my geek ? », hommage extrêmement réussi à Charlie, mêlant pixel art et culture pop dans un jeu smartphone disponible gratuitement. Hidden Folks, lui, reprend les codes du genre, mais y ajoute une identité tout bonnement incroyable. Explications.
Vous l’aurez compris, Hidden Folks est une espèce de jeu de cache-cache géant. Le concept est donc très simple ; au bas de l’écran se trouve une liste de personnages et autres animaux à trouver dans l’immense décor qui vous fait face. Vous pouvez évidemment zoomer et dézoomer à loisir. Ce ne sera pas du luxe au vu de la direction artistique opérée par le titre. En effet, si pour notre part nous sommes tombés amoureux de ce parti pris, il est évident que vos yeux pourront rapidement fatiguer si vous mettez du temps à chercher les personnages en question. Jouable uniquement en noir et blanc, Hidden Folks possède un design très contrasté. Ainsi, les noirs sont profonds, et les blancs éclatants (plus blancs que blancs, même !). Fort heureusement, Adriaan a tout prévu et il vous suffira de vous rendre dans le menu Options dudit jeu pour passer le tout en teinte sépia, ou encore en mode nuit.
La scène suivante sera entièrement bruitée à la bouche !
Le jeu étant disponible depuis le 15 février dernier sur iOS (pour 3,99€) et sur Steam (pour 6,99€), nous avons tenu à tester les deux versions (l’itération Android arrivera prochainement). Pour l’anecdote, il est drôle de constater que contrairement à la version PC qui utilisera toute la résolution de votre moniteur, la version iOS se joue en mode Portrait, soit verticalement si vous préférez. Cela nous a semblé assez peu pratique au début, mais nous nous y sommes finalement fait. C’est d’ailleurs la seule différence notable entre les deux versions d’Hidden Folks (hormis son tarif). Que vous choisissiez l’une ou l’autre, le soft est un rafraîchissement de tous les instants. Sa direction artistique est l’une de ses plus grandes qualités, vous l’avez vu, mais ce n’est pas tout. Non, car le jeune programmeur néerlandais maîtrise aussi bien le côté visuel (même si l’on rappelle que c’est Sylvain Tegroeg l’illustrateur)… que le côté sonore ! Et sur ce point, vous pouvez nous faire confiance, même sans aucune musique du début à la fin du jeu, Adriaan a fait fort.
Après tout, c’est vrai, pourquoi sortir un jeu en 2017 si c’est pour se fondre dans la masse en ne proposant qu’un concept usé jusqu’à la moelle ? Ce monsieur a tout compris, et tente de se démarquer grâce à son bébé, d’une manière ou d’une autre. Une démarche des plus légitimes, a fortiori lorsque l’on voit le nombre incalculable de jeux indépendants sortant sur iOS et Steam… Alors des graphismes dessinés à la main, ok. Mais si l’on vous dit que les bruitages sont entièrement réalisés à la bouche, que diriez-vous ? Tout d’abord, vous ne nous croiriez probablement pas, et on ne vous en voudrait pas. Puis, pour finir, vous joueriez au jeu, et dès lors, vous resteriez bouche bée (sans mauvais jeu de mot). Et même si le tout pourra paraître simpliste en comparaison de jeux au budget nettement supérieur, nous avons pour notre part décidé de saluer le travail de cette petite équipe de passionnés, tant l’effort est louable, en plus d’être réussi. Comprenez par là que vous aurez la possibilité d’entendre plus de 960 bruitages faits maison. Rien que ça !
Dessine-moi un sheep !
Concernant la durée de vie du titre, il faut savoir qu’Hidden Folks comporte une quinzaine de zones à « explorer ». Ce qui vous donnera l’occasion de chercher plus de 120 personnages tout au long de votre périple, créant ainsi plus de 200 interactions possibles. Petit bémol en revanche : on aurait aimé que les PNJ changent de place d’une partie à l’autre, car en l’état, l’indice de rejouabilité s’avère bien maigre pour peu que vous ayez une bonne mémoire visuelle. L’avantage, c’est que vous pourrez faire jouer votre conjoint(e), votre famille, ou même votre animal de compagnie. C’est toujours très amusant de voir quelqu’un mettre des heures à trouver un personnage que vous aviez trouvé en cinq minutes, n’est-ce pas ? D’ailleurs, pour les plus curieux, sachez que le jeu est faisable en français, mais également dans 13 autres langues. Adriaan n’ayant pas eu le budget nécessaire pour faire ça professionnellement, ce n’est autre que la communauté elle-même qui s’est chargée de la traduction. Bonne nouvelle, donc ! Enfin, et c’est sur ces bons mots que nous terminerons ce test, sachez que les possesseurs de la version smartphone bénéficient instantanément d’une centaine d’autocollants à insérer dans les iMessages. Inutiles, donc forcément indispensables !
Verdict
Hidden Folks est un jeu des plus rafraîchissants ! Simulateur de cache-cache géant, le bougre a l’audace de se démarquer totalement de la concurrence par le biais de deux features bien particulières. La première, sa direction artistique, fait mouche en une fraction de seconde, et voir tous ces bonshommes déambuler sous nos yeux est un enchantement. Dans le même ordre d’idée, sa bande-son est son deuxième plus gros point fort, puisque le jeu a l’originalité d’être entièrement bruité à la bouche ! Doté d’un capital sympathie absolu, Hidden Folks nous a tapé dans l’oeil, et c’est avec un sourire jusqu’aux oreilles que nous vous conseillons de l’acquérir si vous êtes férus du genre, ou tout simplement curieux. Enfin quoi ? Nous n’allons tout de même pas vous faire un dessin !
Test réalisé à partir d’une version PC fournie par l’éditeur
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