Vous n’avez peut-être jamais entendu parler d’Hatsune Miku ou des jeux de rythmes musicaux éponymes, mais cela fait déjà un bail que ces derniers sillonnent nos consoles, l’arcade et même le PC. S’adressant à un public de niche en occident, ils sont de véritables succès au Japon et sont pour la plupart très bons, complets et proposent un challenge des plus ardus dans les difficultés les plus élevées. Parue pour la première fois sur PSP en 2009, la série des Project DIVA n’a eu de cesse d’expérimenter et d’essayer de parfaire sa formule au fil des années et des supports. Nous arrive donc aujourd’hui le premier épisode PlayStation 4 (aussi disponible sur PlayStation Vita) et avec lui tout un tas de changements et de nouveautés qui, bien qu’imparfaits, redonnent un souffle nouveau à la saga sans pour autant trahir ses origines.
MR ROBOT
Hatsune Miku est une idol et si vous ne connaissez pas la définition même de ce qu’est ce phénomène culturel japonais du divertissement apparu dans les années 60, nous ne pouvons que vous conseiller de faire quelques recherches pour parfaire votre culture. Elle est donc une idol, mais au contraire de nombreuses autres, elle est uniquement numérique et chante à l’aide d’un procédé que l’on appelle Vocaloid. Pour faire court, il s’agit là d’une méthode inventée par Yamaha et permettant de créer une chanson uniquement avec un synthétiseur en entrant directement les paroles sur les touches du clavier. Vous l’aurez compris, Hatsune Miku et consorts n’ont donc pas d’existence physique et toutes les chansons présentes en jeu sont créées via un procédé qui n’implique aucun vrai chanteur, tout n’est qu’illusion et cela fonctionne vraiment très bien. Bon, certains diront qu’il arrive parfois que l’on distingue le faux derrière le chant, surtout durant les chansons extrêmement rapides, mais dans l’ensemble c’est très réussi, surtout depuis l’arrivée de la deuxième génération de Vocaloids. Hatsune Miku et son florilège de compagnons sont donc des idols, mais aussi des Vocaloids, car existants et chantants uniquement grâce à des modèles numériques.
Pour ce Project DIVA X le casting ne change pas. On retrouve bien entendu Hatsune Miku, mais aussi Kaito, Meiko, Luka, ainsi que les jumeaux Rin et Len. On aurait aimé voir de nouvelles têtes avec pourquoi pas l’arrivée de Vocaloids de troisième et quatrième générations.
Diva’s Academy
Si Project DIVA F et Project DIVA F 2nd différaient peu l’un de l’autre, Sega et Visual Concept entendent bien changer la donne avec ce nouvel opus en introduisant pas mal de nouveautés. A commencer par une sorte de mode scénario qui vous invite à remplir des cristaux, représentant les différentes catégories thématiques des chansons, pour redonner leurs voix aux Vocaloids et apporter la lumière là où il n’y en a plus. Certes, c’est très convenu et dépourvu de tout intérêt, mais cela reste sympathique d’autant plus que cela implique des interactions plus poussées qu’auparavant avec les différents personnages. Là encore, il ne faut pas s’attendre à débattre sur des sujets d’actualités avec ces avatars numériques, mais juste suivre leurs différentes conversations, souvent assez niaises, leur donner des conseils ou encore leur offrir des cadeaux. L’interaction n’est pas franchement un des points forts du titre, mais apporte un petit côté visual novel assez sympathique, et si cela vous donne une migraine, il est toujours possible de passer ces séquences. Il ne faut par contre pas oublier qu’il y’a toujours une jauge d’affinité présente pour chaque Vocaloid et plus cette dernière est élevée, plus le nombre de points que rapporte une note validée en jeu augmente. Autre changement qui prête à conséquence, l’abandon des DIVA Room. Ces dernières permettaient aux joueurs de créer des chambres pour chacun des cinq Vocaloids avec à disposition de nombreux accessoires de décoration différents. Même si elles n’ont pas totalement disparu, chaque personnage partage désormais la même pièce et il n’est plus possible de disposer les objets comme on l’entend à l’intérieur. Il n’empêche que ce petit côté personnalisation, maintenant bridé, procure un léger manque et appelle aussi une certaine régression dans la série.
Suite à l’ajout d’un scénario, il ne s’agit plus ici d’accomplir des parties random comme on le désire, mais avant tout de finir le mode Cloud Requests proposant cinq catégories de chansons distinctes divisées en autant de cristaux : Cool, Quirky, Classic, Elegant et Cute. Le passage par ce dernier est obligatoire pour débloquer de nouvelles pistes, car en début de jeu, seules quatre d’entre elles sont disponibles, et cela même en mode libre (free mode). Chose cruelle et inutile, car bridant véritablement la liberté offerte aux joueurs de se créer leur propre expérience de jeu et totalement à côté de la plaque vis-à-vis du postulat arcade du genre. Cela reste tout de même une petite révolution, ce mode propose une nouvelle barre de progression qui se remplit en augmentant son Voltage, ses points en clair. Le but est de débloquer de nouveaux cristaux en emmagasinant assez de Voltage et ainsi passer au prochain, car seul l’un d’entre eux est disponible lors du lancement d’une nouvelle partie. Chaque cristal rempli permet d’avoir accès à un medley réunissant d’anciennes gloires musicales des épisodes précédents et niveau mise en scène ou encore choix des morceaux et arrangements, un véritable travail a été effectué pour rendre la chose mélodieuse et terriblement efficace. Le fait est que même si cela est plutôt bien vu, un autre problème demeure, on ne peut pas avoir accès aux difficultés élevées sans avoir au préalable rempli au moins une fois tous les cristaux et accompli le festival qu’ils offrent. Autant dire que les habitués de la licence vont s’ennuyer voir bailler profondément pendant deux bonnes heures avant de pouvoir enfin rentrer dans le vif du sujet.
Hormis cela, on note surtout l’apparition du mode Event Requests qui propose d’accomplir différentes demandes faites par nos Vocaloids, comme valider une certaine chanson avec des pré-requis. C’est aussi ici que l’on peut accéder aux festivals permettant de coupler trois pistes musicales dans la même session et de choisir qui chantera et dans quel stage. Ce mode de jeu apporte une petite touche de nouveauté, mais est surtout un indispensable si l’on désire acquérir toutes les tenues, accessoires et autres objets, car offrant des récompenses uniques et/ou rares. Les modes photos et création sont toujours présents et laisseront parler votre imagination pour créer vos propres montages photos et clips jouables par la communauté.
Tout est dans le doigté
D’un point de vue gameplay on reste en terrain connu. On doit toujours suivre le rythme d’un morceau plus ou moins énergique en pressant la bonne touche au bon moment pour engranger un maximum de points et enchaîner les combos. Il faut parfois aussi laisser appuyer sur une touche donnée et relâcher, ou lorsque cela est indiqué par le mot « Rush », tapoter à répétition comme à la bonne époque de Track & Field. Les étoiles que l’on doit valider avec un coup de stick (ou de touchpad sur PlayStation 4) sont toujours de la partie, ainsi que les traditionnels Technical Zone et Chance Time. Par rapport à Project DIVA f 2nd, les développeurs ont eu la bonne idée de virer les étoiles liées, ainsi que les doubles, qui n’apportaient finalement pas grand-chose et qui ne manquent donc aucunement. Quatre modes de difficultés sont au rendez-vous et cela ne diffère pas des opus antérieurs sur ce point. Plus on monte en niveau, plus le nombre de touches à valider augmente, plus la difficulté de faire des combos se fait ressentir et surtout il devient alors de plus en plus dur de réussir une chanson. Hatsune Miku est un jeu technique, qu’on ne s’y trompe pas, à haut niveau il propose un challenge digne de l’arcade et jouer avec une manette devient dès lors un véritable handicap une fois le niveau extrême atteint. Néanmoins, la difficulté générale ayant été très clairement revue à la baisse, même le mode extrême est plus abordable, reste que les challenges, rajoutant divers handicaps, sont toujours aussi vicieux et bienvenus.
Les tenues, appelées ici modules, et les accessoires revêtent une grande importance dans ce nouvel opus et voient leur intérêt grandement rehaussé. On les utilise toujours de la même façon, en customisant son apparence avant d’entrer en scène en fonction de ce que l’on possède. Ils permettent d’augmenter notre pourcentage de Voltage dès le début d’une partie lorsque bien choisis et donc arborant le même thème que la chanson que l’on veut effectué. En effet, ils sont aussi catégorisés de la même manière et utiliser la bonne tenue avec les bons accessoires permet d’obtenir divers bonus, comme rendre le Chance Time plus facile à réussir ou encore la possibilité de gagner de nouveaux modules plus facilement. Oui, car maintenant tout s’obtient en chanson et il va vous falloir vraiment beaucoup de patience pour tout avoir.
Project Diva X n’atteint pas forcément les sommets des jeux d’arcade rythmiques, comme son dernier épisode en date sur ce support, mais reste solidement ancré sur de bonnes bases de gameplay. Le plaisir est immédiat et suffisamment addictif pour qu’on y passe des heures sans s’en rendre compte. Cette nouvelle version corrige quelques erreurs commises sur Project DIVA f 2nd tout en bonifiant le gameplay et en lui apportant une fluidité exemplaire grâce aux 60FPS que propose la mouture PlayStation 4 (30 FPS sur Vita). On y retourne avec un plaisir coupable en essayant de s’améliorer toujours plus, mais gare à l’overdose.
Pimp my Vocaloid
Dans les épisodes précédents, accomplir une chanson permettait d’engranger des DIVA Points, sorte de monnaie du jeu, qui permettaient d’acheter tenues, accessoires et autres cadeaux à offrir à ses Vocaloids. Project DIVA X adopte une nouvelle approche pour l’obtention de tout ce bric-à-brac et chose rare, c’est à la fois une bonne et une mauvaise idée. Bonne idée parce que les achats ne sont plus aux menus et tout se gagne en accomplissant des prouesses artistiques sur le dance floor. Les modules sont livrés en réussissant le Chance Time et une fois ceci fait, votre Vocaloid se change en temps réel durant la chanson en cours grâce à un procédé appelé la transformation. Les accessoires s’obtiennent tout simplement en augmentant au-delà du premier palier sa barre de Voltage et plus vous en passez, plus vous recevez de récompenses, puisque les objets de décoration pour la DIVA Room ou les cadeaux à offrir se gagnent de la même façon.
Mauvaise idée aussi, parce qu’il y a environ 300 modules et une centaine d’accessoires et d’objets à débloquer. Et sachant que le drop est géré par une RNG, donc aléatoirement, de l’eau aura coulé sous les ponts d’ici à ce que l’on chope ne serait-ce que toutes les tenues. On aurait aimé alors une sorte de mix entre l’ancien et le nouveau système, puisque qu’en mode libre la tracklist est jouable en reprenant la bonne vieille méthode de gameplay, ce qui aurait pu nous rapporter quelques piécettes pour faire des emplettes. Sinon, il aurait fallu tout simplement un taux d’obtention plus souple ou bien de pouvoir gagner nos précieux objets en remplissant des critères, des challenges et non en jouant en boucle la playlist dans l’espoir de voir apparaître un item inédit. Il y a bien des tenues permettant d’augmenter le taux de drop de nouveaux modules ou accessoires, mais là encore on a toujours l’impression d’avoir une chance sur cinq de les choper. De même qu’on aurait aimé un compteur, ou quelque chose s’en approchant, servant à nous indiquer où on en est dans notre quête du 100%, parce que là on est continuellement dans le flou le plus complet.
Menu Best Bof
Niveau tracklist par contre, on ne peut pas dire que l’on est déçu, mais plus insatisfait qu’autre chose. Project DIVA X s’accompagne majoritairement de chansons inédites, ce qui est un point très positif, car les anciens épisodes sonnaient plutôt creux de ce point de vue là. On retrouve aussi de vieux hits dans des medleys à la mise en scène et aux enchaînements léchés et on ne peut alors que regretter de ne pouvoir jouer ces vieux joyaux indépendamment les uns des autres au moins en mode libre. Le jeu propose une trentaine de pistes et honnêtement c’est trop peu au vu du contenu objet, car il y a tellement de choses à débloquer qu’il nous faut faire et refaire la tracklist jusqu’à l’excès. Et même si c’est un problème inhérent aux Project DIVA, on aimerait enfin en avoir une constituée d’au moins une cinquantaine de chansons, surtout qu’un certain Project DIVA Future Tone est sorti au Japon et qu’il propose près de 200 chansons. Bien sûr, il est tiré d’une version arcade et n’est pas ce qu’on pourrait appeler un épisode canonique de la série, mais faire l’effort d’inclure une trentaine de tracks déjà existantes en plus ne serait pas du luxe. En espérant aussi ne pas voir la licence sombrer dans le DLC à outrance pour ce faire.
Ne vous attendez pas à vous extasier devant la qualité musicale des différents titres, c’est parfois mielleux et dégoulinant de niaiseries, ou encore énergique, très rock et accompagnée d’une rythmique endiablée, mais ce n’est en rien de la grande musique. On reste tout de même au niveau des Vocaloids et même si certaines mélodies sont entraînantes et poussent à remuer frénétiquement son popotin avec un sentiment de honte certain, il ne faut pas s’attendre à y trouver de nouveaux standards. Cela sent bon l’amitié, l’amour, la joie, la paix et les thèmes abordés restent, pour la plupart, assez superficiels. Malgré tout, la grande majorité des morceaux sont de grande qualité, et très vite on connait la rythmique de telle ou telle piste par cœur, et on se surprend aussi à fredonner l’air de l’un d’entre eux alors que l’on somnole dans le métro. En bref, les mélodies restent toujours aussi entêtantes et les différentes chansons un plaisir à jouer, mais aussi à écouter.
Project DIVA PS4
Qui dit PlayStation 4 dit forcément 1080p/60FPS pour ce nouvel épisode et le boulot est fait. Project DIVA X tourne extrêmement bien, est fluide comme un 100 mètres de Usain Bolt et la lisibilité à l’écran ne souffre d’aucun problème. Les bases techniques sont solides, le jeu affichant de très beaux effets, notamment lors des transformations, sans pour autant polluer l’écran. La petite gène vient parfois des mouvements de caméra trop brutaux et donnant la nausée, mais c’est un peu le cas depuis le premier épisode. Artistiquement, outre le style très manga kitch des Vocaloids, les tenues sont pour beaucoup connues et les nouvelles sont plutôt originales, il y en a pour tous les goûts en somme et cela implique aussi les accessoires. Parfois mignons, d’autres fois ridicules et forcément comme cela ne tue pas, foutre un petit requin sur la tête d’un mec en maillot de bain avec une moustache et une queue de lapin sur le fessier sur une chanson d’amour qui suinte la guimauve, ça n’a pas de prix.
Les différents stages soufflent quant à eux le chaud et le froid. Si certains environnements et à fortiori certains clips s’en sortent avec les honneurs du jury, d’autres sont plus anecdotiques et forcément moins enthousiasmants. Encore une fois, les medleys sont très réussis dans leur mise en scène et de manière générale les chorégraphies accomplies par nos personnages feraient pâlir un Kamel Ouali au meilleur de sa forme. Alors certes, Hatsune Miku: Project DIVA X ne va pas faire cracher ses tripes à votre PlayStation 4, mais est plutôt joli, d’une fluidité impeccable et tient son rang comme il se doit pour ce genre de jeu, alors que demande le peuple ?
L’interface a quant à elle été éclaircie pour notre plus grand bonheur. La navigation est plus intuitive et par simple pression du touchpad, on obtient un descriptif complet de tous les menus et autres modes de jeu. Encore une fois, le jeu reste entièrement en anglais, une habitude que l’on aimerait voir changer, même si cela semble peu probable. Enfin, on ne peut que vous conseiller de faire un tour par les options, les novices y trouveront un tutoriel jouable complet, et de manière générale un outil pour calibrer le temps de réponse de votre téléviseur par rapport au moment où vous appuyez sur une touche, chose très importante.
VERDICT
Hatsune Miku: Project DIVA X est une bonne suite, mais aussi un bon nouveau point de départ pour la licence qui avait clairement besoin de renouveau. En apportant quelques modifications à son système de jeu, Visual Concept réussi à relancer l’intérêt de tout un tas de choses qui n’avaient que valeur cosmétique par le passé. Complet et addictif, au gameplay aussi solide qu’un roc, Project DIVA X se voit entaché de certains défauts qui auraient pu facilement être évitables, mais sans jamais que cela ne nuise réellement au plaisir de jeu. Voici donc un épisode réussi qui annonce du bon pour la suite et que chaque fan se doit de posséder, d’autant plus que le 60FPS de la version PlayStation 4 est un régal.
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