Si vous aviez une PS2, une Xbox ou encore un PC suffisamment puissant dans les années 2000, alors vous aurez très probablement déjà joué à, au moins, un de ces jeux proposés dans GTA: The Trilogy – The Definitive Edition. Mais c’est surtout sur la machine de Sony que la licence semble s’être réellement épanouie. Avant d’être les jeux Sandbox 3D que nous connaissons aujourd’hui, Grand Theft Auto était une série arborant une perspective isométrique – concept que l’on retrouvera bien plus tard dans GTA: Chinatown Wars. Malgré son ultra violence déjà bien présente, les titres n’avaient pas le retentissement d’aujourd’hui. C’est vraiment l’ère 128 bits qui révèlera la série, la hissant au rang de phénomène vidéoludique. Depuis quelques jours, GTA: The Trilogy – The Definitive Edition est disponible, nous proposant d’apprécier GTA III, Vice City et San Andreas sous un jour nouveau, en bénéficiant des améliorations techniques d’aujourd’hui. Contrat rempli ?
Test réalisé sur PS4 grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur
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Trois légendes, une collection
Trois jeux, trois ambiances. Vous le savez déjà très certainement, chaque épisode prend place et met en scène des personnages différents. Ainsi, vous serez amené à incarner Claude dans un pseudo New York City à la fin des années 1990. Tommy Vercetti dans un Miami-like au milieu des années 80 et enfin, Carl Johnson (CJ pour les intimes) dans un gloubi-boulga qui sent bon la côte ouest américaine avec des allusions évidentes à Los Angeles, San Francisco et Las Vegas. Chaque titre s’inspire également d’ambiances diverses. Si le sujet principal reste toujours tourné vers la pègre, les inspirations de Rockstar varient d’un épisode à l’autre. GTA III pioche ses idées dans des films tels que Les Sopranos, GTA Vice City et ses références à Scarface crèvent les yeux, quant à San Andreas, c’est surtout l’univers Gangsta Rap qui est mis en avant. Si avec le recul, GTA III fait plus office de grosse bêta pour les suites à venir, le chouchou des fans balance entre Vice City et San Andreas encore aujourd’hui. Vous vous dites surement, avec trois jeux aussi légendaires, qu’est-ce qui pourrait mal tourner ? Et bien plusieurs choses. Depuis leurs sorties respectives, chaque jeu s’est vu ressortir pour moult occasions. Que ce soit en format « Trilogy », en émulation ou en portage et jusque sur mobile, il y a aujourd’hui diverses façons de jouer à ces jeux emblématiques de Rockstar. Ces remasters auraient été l’opportunité parfaite de les sublimer.
Ah shit, here we go again
Le problème peut-être majeur de ce GTA : The Trilogy – The Definitve Edition est de ne pas avoir été développé par Rockstar justement. C’est Grove Street Games (anciennement War Drum Studios LLC) qui a été sélectionné pour s’en occuper. Si les travaux de ces développeurs ne vous sont pas familiers, sachez qu’ils ont déjà travaillé pour Rockstar, notamment sur les portages mobiles de ces trois mêmes jeux inclus dans le remaster. Bien que les portages mobiles soient tout à fait fonctionnels, ils embarquaient avec eux leurs lots de petits soucis déjà à l’époque, certains toujours non corrigés à ce jour. Malheureusement, c’est cette même base de travail qui a été réutilisée pour les remasters. Que ce soit pour GTA III, GTA Vice City ou pour San Andreas, on y retrouve les mêmes problèmes graphiques et physiques. Certains faisant déjà le tour du web pour amuser (ou faire pleurer) les fans.
Parlons déjà de l’aspect visuel de manière globale. On dirait qu’un mod de retexture amateur, comme on peut en retrouver librement sur le net,aurait été appliqué sur chacun des jeux. Hormis quelques bonnes surprises, comme des voitures plus jolies et quelques éléments de nature plus convaincants à l’image de l’ajout d’herbe au lieu d’une banale texture verdâtre, le reste se révèle très souvent baveux ou grossier. Ce constat est surtout notable sur GTA III. Episode le plus pauvre des trois à l’origine, les équipes de Grove Street Games ne seront pas parvenues à embellir les rues de Liberty City malgré la tentative de retexturing. Le character design, lui aussi, nous laisse perplexe. A peine retouché, les quelques modifications appliquées donnent aux personnages une esthétique à mi-chemin entre le cartoon et la pâte à modeler. Certains aimeront probablement le style, mais nous pensons que GTA: The Trilogy – The Definitive Edition aurait mérité mieux. Surtout que le résultat sur les divers piétons est loin d’être à la hauteur. Bénéficiant du minimum syndical, les modèles sont très souvent disproportionnés comparés à ceux des protagonistes principaux. On aurait pu espérer un effort fait à ce niveau-là aussi. Pour les nostalgiques, vous pourrez également retrouver le bon vieux pop-in d’antan et ses éléments de décors, dont les voitures, qui apparaissent à 20 mètres de vous.
Avant sa sortie, les quelques bribes d’informations que l’on pouvait obtenir faisaient mention d’un gameplay repensé et adapté sur celui proposé dans GTA V. Quelle déception là aussi. Si on pourra noter une prise en main un peu plus fluide qu’auparavant et l’ajout d’une roue de sélection pour choisir ses armes, la comparaison s’arrêtera ici. Globalement, le gameplay pour chacun des trois titres reste foncièrement rigide. C’est surtout vrai en ce qu’il concerne le gunfight. Il conserve sa lourdeur que GTA IV aura finalement corrigé à partir de 2008. Système de visée peu agréable, se déplacer en tirant à l’arme de poing est catastrophique et le jeu ne bénéficie d’aucun système de couverture digne de ce nom, hormis le fait de s’accroupir à l’ancienne par une pression sur le joystick.
Finalement, rien à sauver ?
Malgré la pléiade de défauts présents dans les remaster, les jeux sont bel et bien jouables de A à Z. On retrouve toujours le fun parfois totalement barré de certaines missions. Il vous faudra bien une dizaine d’heures en ligne droite pour venir à bout de chaque opus. De plus, et si le jeu s’avère techniquement bancal, il nous offre au moins la possibilité d’apprécier la trilogie dans une résolution plus haute, du moins sur console. Si vous possédez la version dite « PS2 Classic », il s’agit d’une émulation conservant le ratio 4:3 ainsi que sa résolution en 240p. Autant dire que cela risque de piquer vos yeux. Pour cela, GTA: The Trilogy – The Definitive Edition offre un bien meilleur confort. L’éclairage a lui aussi été retraité, offrant quelques effets et reflets sympathiques, surtout de nuit dans les quartiers où luisent les néons de différentes enseignes.
Si certaines chansons n’ont pas réintégré les remasters, les jeux conservent la majorité de leurs OST. GTA, et notamment les opus 128 bits, sont connus pour offrir un large panel d’artistes de qualité, s’accordant brillamment avec les époques proposées. Petit bémol cependant, concernant les dialogues : les remasters conservent les audios d’origine. Si on peut comprendre que réunir les acteurs et leur demander de redoubler leur personnage n’est pas chose aisée, surtout après tant de temps, on aurait apprécié un traitement de l’audio plus flagrant. Pour finir sur une note positive, la présence de checkpoints permettant de recommencer une mission directement sans passer par la case prison ou hôpital est un ajout fort appréciable.
Verdict : 6/10
Aïe ! Ce qui aurait dû être un moment de fête aura finalement eu l’effet d’un pétard mouillé. Avec ce GTA: The Trilogy – The Definitive Edition, Rockstar nous livre des remasters bien en deçà de nos espérances. Si le fun éprouvé en parcourant chaque opus s’avère toujours présent, la technique laisse à désirer avec la présence de bugs en pagaille et un niveau de retouche fait à la va vite qui sent la flemmardise. Ayant les yeux plus gros que le ventre, Rockstar n’aura pas hésité à vendre ses remasters au prix fort malgré la qualité discutable. Rockstar et Grove Street Games sont déjà à l’œuvre et ont rendu disponible quelques patchs. A voir ce que les équipes pourront apporter pour rendre GTA: The Trilogy – The Definitive Edition plus attrayant qu’il ne l’est aujourd’hui.
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