Sorti il y a quatre ans au Japon, Gravity Rush (ou Gravity Daze en VO) est l’une des – anciennes – exclusivités marquantes de la PS Vita de par sa qualité, son originalité et surtout l’utilisation des fonctionnalités de la console. C’est donc sans réelle surprise, de la même manière que Tearaway Unfolded, que la création de Project Siren (Japan Studio) s’offre un lifting mérité par Bluepoint Games sur PS4. L’occasion de découvrir ou se replonger dans une aventure pour le moins dépaysante, en attendant la suite programmée pour cette année.
LA TÊTE À L’ENVERS
Gravity Rush relate l’histoire de Kat, une jeune fille se réveillant sans le moindre souvenir au beau milieu du quartier d’Auldnoir, de la ville flottante d’Hekseville. Désorientée et confuse, elle va tomber nez à nez avec un mystérieux chat noir lui octroyant le pouvoir de contrôler la gravité de son corps et des éléments qui l’entourent. Très vite, la « Gravitéenne » est alors amenée à sauver un enfant pris dans une tempête déclenchée par des monstres appelés « Névis ». C’est à ce moment-là qu’elle décide d’utiliser ses compétences pour le bien des citoyens, en les assistant dans plusieurs tâches tout en éliminant la menace de plus en plus grandissante de ces créatures anormales.
Qui est-elle réellement ? Pourquoi certaines personnes et parties de la ville ont disparu ? Comment se débarrasser des Névis ? Tout au long de son périple, Kat est amenée à rencontrer des personnages secondaires divers et variés qui l’aideront du mieux possible à trouver des réponses à ses questions. À ses côtés, elle peut compter par exemple sur le policier Syd, le créateur Gade ou la voyante Aki. Des conseils, la nouvelle héroïne en aura bien besoin. Car malheureusement, Kat a aussi quelques ennemis supplémentaires dans son viseur comme Alias, un homme masqué cherchant à s’approprier toutes les gemmes sacrées, et Raven, une autre Gravitéenne dont les intentions demeurent floues durant une partie de l’histoire.
Divisé en 21 chapitres, le scénario de Gravity Rush réussit à captiver grâce à une mise en scène dynamique et des missions assez rythmées (nous en reparlerons). Si l’écriture est loin d’être très recherchée, l’intrigue contée sous la forme de bandes-dessinées interactives (les cases bougent selon les mouvements de la manette) se révèle bien sympathique.
UNE BEAUTÉ KAT-ÉGORIQUE
Ce qui frappe en premier lieu dans Gravity Rush, c’est la richesse de sa direction artistique. Le titre de Japan Studio adopte une identité visuelle à mi-chemin entre les animes, comics et bandes-dessinées occidentales. Une inspiration que le directeur artistique n’hésite d’ailleurs pas à rappeler encore aujourd’hui lorsqu’il évoque la suite. Et le résultat est d’autant plus sublimé sur PlayStation 4, par rapport à la version originale de la PS Vita, grâce à des textures HD et la résolution de 1080p. Bien entendu, le Remastered n’est pas techniquement incroyable pour la dernière console de Sony. Mais la ville d’Hekseville fascine par la diversité de ses quatre principaux quartiers qui adoptent tous une architecture spécifique. Outre Auldnoir, nous y trouvons Plijeune et son côté branché, où se réunissent adultes et étudiants pour faire la fête. À cela s’ajoute la zone industrielle Endestria, marquée par les fumées des usines, et Vendecentre qui, comme son nom le suggère, est le centre-ville entouré de grands bâtiments. D’autres lieux surprenants, que nous préférons vous laisser découvrir par vous-même, sont également accessibles à des moments précis de la trame principale.
Le côté musical du jeu n’est pas en reste, grâce au compositeur Kohai Tanaka (avec un très imposant palmarès) qui signe une bande-son magistrale de près de deux heures. Comprenant entre autres des instruments de presque toutes les familles (piano, batterie, guitare, violon, clarinette et bien plus), les morceaux se marient à merveille aux lieux ou situations auxquels ils sont associés. Notons aussi, au-delà des bruitages et autres sonorités, que les doublages ont été enregistrés dans une langue inventée pour l’occasion.
LA FORCE DE LA GRAVITÉ
Intéressons-nous maintenant à ce qui fait le coeur de cet opus : la gravité. Ce système de gameplay est ce qui a fait de Gravity Rush un titre à part entière, notamment grâce à l’utilisation judicieuse de la détection de mouvements. Pour résumer, Kat a le don de voler (ou du moins de manipuler la gravité) dans toutes les directions possibles à l’aide de son chat Poussière. Une simple pression sur la touche R1 permet ainsi de mettre l’héroïne en lévitation, ce qui consommera une jauge de pouvoir, puis il ne restera plus qu’à diriger la DualShock 4 vers la destination souhaitée. Et il ne s’agit que des compétences de base de la jeune blonde qui peut, en plus d’esquiver et glisser, utiliser ses aptitudes pour affronter les ennemis à coups de pied, d’attaques spéciales ou de lancers d’objets. Les combats sont donc bourrés d’action, bien qu’une once de répétitivité se fait ressentir après plusieurs heures de jeu. Chaque Névi a une façon spécifique d’être détruit, certains étant même protégés par des boucliers.
Si l’immersion est moindre par rapport du gyroscope de la PS Vita, il faut admettre que la jouabilité à la manette a été bien retranscrite. Au contraire, il est plus agréable de contrôler le personnage sur la console de salon de Sony avec le stick directionnel qui facilite la visée. Le pavé tactile n’est utilisé qu’en substitut pour esquiver. Quelques petits défauts traînent tout de même avec le volet PS4, dont la caméra qui peut occasionnellement agacer ou donner la nausée (le prix à payer pour une telle prise en main sans doute). Les développeurs ont, heureusement, intégré la possibilité de recentrer l’écran en un instant avec la croix directionnelle. Petit regret également sur l’absence de verrouillage des adversaires, même si une visée automatique s’active en pleine attaque. Dans tous les cas, le pouvoir de Kat permet de profiter d’un belle vue sur Hekseville comme il s’agit d’un monde semi-ouvert. Il est possible en effet, si vous ne voulez pas utiliser les déplacements rapides, de voyager entre les quartiers en passant par le ciel. Le joueur n’est jamais contraint d’enchaîner le scénario et peut simplement se promener ou accomplir des quêtes annexes à tout moment.
DEVENIR REINE
Pour discuter du contenu à proprement parler, Gravity Rush vous occupera durant 10 à 15h pour les missions principales et quelques heures supplémentaires si vous souhaitez le platiner en terminant l’intégralité des quêtes annexes. Vous risquez de toute manière d’en accomplir plusieurs durant l’aventure car, au-delà du 100%, elles permettent d’améliorer la réputation de Kat et ainsi augmenter le niveau maximal de ses compétences. En refaisant fonctionner plusieurs lieux importants des quatre quartiers d’Hekseville (tels qu’une usine, des fontaines, des illuminations, des transports en commun), la demoiselle va pouvoir déverrouiller des défis qui, une fois réussis, offrent des gemmes sacrées. Ces dernières vous permettront de booster vos capacités, pour espérer obtenir au final le titre de « Reine de la Gravité ». C’est pourquoi il devient intéressant d’obtenir une médaille d’or à ces challenges qui varient globalement entre courses, lancer d’objets et confrontations. Et ils ne devraient pas vous poser problème car, au-delà de la maniabilité simplifiée sur PS4, Gravity Rush est loin d’être un titre très difficile. Une facilité qui gênera (ou non) selon vos goûts.
En plus du gameplay remanié, des textures HD et d’une résolution de 1080p, que contient finalement cette version Remastered ? Un framerate de 60fps (contre 30 sur Vita) qui ne peut que faire plaisir vu le niveau d’action, une galerie très complète remplie d’artworks et croquis ainsi que les 3 DLC qui ont pu sortir aux côtés de l’opus original. De quoi faire plaisir à ceux qui n’ont pas pu ou voulu les acquérir (et ils sont vraisemblablement nombreux). Ces packs comprennent tous deux défis supplémentaires et surtout deux missions exclusives, se déroulant durant et après les événements principaux, où Kat revêt une combinaison moulante d’espionne mais aussi une tenue de soubrette et de militaire. Des bonus complètement dispensables dans le fond mais qui attiseront la curiosité des fans de la franchise. Petite déception quant à l’absence d’un mode photo, pourtant assez courant, que nous aurions accueilli à bras ouverts.
VERDICT : 9/10
Pourtant issu à l’origine d’un titre sur console portable, Gravity Rush Remastered réussit sans peine à offrir une expérience renversante sur PS4 grâce à un gameplay parfaitement retranscrit à la DualShock 4, et surtout une excellente direction artistique sublimée par les textures HD, 1080p ainsi que les 60 fps. Beau pour les yeux et les oreilles, sans pour autant être fabuleux graphiquement, la création de Japan Studio se place comme un indispensable si vous n’y avez jamais touché, et saura donner le sourire à ceux qui avaient adhéré au classique de la PS Vita. Ces derniers pourront d’ailleurs profiter de cette version pour entamer les DLC, bien qu’ils ne soient pas essentiels, et d’une galerie exclusive d’artworks/concepts. Au final, Gravity Rush Remastered n’a « que » quatre principaux défauts selon nous : une caméra qui peut encore devenir frustrante, une certaine répétitivité des combats au bout d’un certain temps, l’absence d’un mode photo… et cette terrible envie d’avoir la suite dès maintenant !
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