Créé en 2012 et basé à Montreal, le studio québécois KO_OP a pour ambition de développer des jeux que l’on qualifiera de très originaux. Et si les programmeurs en question sont aussi à l’origine de Lara Croft GO: Mirror of Spirits, nul doute que ce sont surtout des jeux PC bien plus expérimentaux qui les ont fait connaître, tels que Skipping Stones par exemple. En cette première semaine de mai, voici que les canadiens reviennent cette fois-ci avec GNOG, un titre jouable avec ou sans casque VR, et dont le concept en étonnera plus d’un. En attendant sa sortie sur PC et iOS prochainement, nous avons retourné la version PS4 dans tous les sens avant d’écrire ce test. Voici notre verdict.
Test réalisé sur PS4 Pro à partir d’une version fournie par l’éditeur
GNOG. Derrière ces quatre lettres se cache l’abréviation de « noggin », soit « caboche » en anglais. Un nom qui prend tout son sens dès les premières secondes de jeu. En effet, dans GNOG, vous aurez le plaisir de parcourir 9 levels bien distincts, tous représentés par l’une de ces fameuses grosses têtes. Inspirées des jouets de notre enfance, ces monstruosités ne sont pas là par hasard. Non car, voyez-vous, GNOG n’est ni un platformer, ni un jeu de stratégie, et encore moins un jeu de course. GNOG est ce que l’on pourrait appeler un hybride entre un puzzle-game et un logiciel de création musicale. Vous vous souvenez sans doute de titres tels que Vib Ribbon, Loud on Planet X, ou encore Crypt of the Necrodancer. Ces jeux avaient tous un rapport très particulier à la musique, n’est-ce pas ? Eh bien le bébé de chez KO_OP est de ceux-là. En effet, dans ce soft si particulier, chaque niveau possède sa propre ambiance, sa propre caboche, sa propre musique, mais aussi et surtout son propre puzzle.
Ne fais pas ta mauvaise tête !!!
Concrètement, en lançant l’un des neuf levels de GNOG, vous vous retrouverez face à une tête énorme flottant dans les airs, et ne semblant pas extrêmement vivante au premier abord. Il vous incombera en effet de lui redonner sa vitalité en effectuant les actions qui conviennent. Cela peut aller du simple levier à tirer à la combinaison de touches à retenir, en passant par la réalisation d’une recette culinaire bien spécifique. Chaque tableau est très différent, et les diverses ambiances qui nous sont proposées sont tout bonnement inoubliables. En effet, le jeu s’en sort avec les honneurs que ce soit sur le plan musical, mais également sur tout ce qui touche au visuel. Avant d’attaquer la partie sonore, attardons-nous quelques minutes sur ce qui nous flatte la rétine, voulez-vous ?

Car si d’aucuns diront probablement que les graphismes de GNOG sont « basiques », voire « enfantins », il ne faut pas oublier deux choses essentielles. La première est que le tout est censé nous rappeler certains jouets des années 80-90. Fatalement, l’ambiance s’en ressent et l’atmosphère fleure bon le old-school à tous les niveaux, cela ne fait aucun doute. Mais plus important encore, on peut considérer que les choix visuels effectués par les développeurs sont tout bonnement d’ordre artistique. La DA de GNOG est à couper le souffle sur certains niveaux, et nous sommes clairement tombés sous son charme. L’espace, le centre-ville, la confiserie, ou encore la forêt (♫ La la, la la la ♫), le dépaysement est total à chaque fois que l’on ouvre un nouveau level. Il est à noter que GNOG a été réalisé sur le vieillissant moteur graphique Unity, et que le tout tourne à 60 images/seconde, que ce soit sur PS4 classique ou PS4 Pro. Un très bon point donc, d’autant que l’ensemble nous en met plein les mirettes, entre des couleurs souvent flashy et des potards qui ne manqueront pas de clignoter dans tous les sens selon vos actions… D’ailleurs, le jeu étant intégralement jouable au casque PSVR (rassurez-vous, c’est entièrement facultatif), nous ne saurions que trop vous conseiller de faire attention, surtout si vous êtes sujets à des soucis d’épilepsie.
Don’t Stop the Beat !
Pour autant, et bien que nous ayons été transportés par le soin apporté à la partie graphique de GNOG, c’est bien évidemment vers sa partie sonore, avant tout, que nous souhaitions nous diriger dans ce test. Car toutes les actions que vous effectuerez au sein du jeu vous donneront la délectable impression d’être devenu musicien à temps partiel. En effet, il faut savoir que le gameplay du jeu tient en 4 touches. Le stick gauche vous permet de bouger le curseur, le stick droit s’occupe de la caméra, n’importe quelle touche de la tranche (L1, L2, R1, R2, au choix) retourne la caboche afin de voir ce qu’il se passe de l’autre côté, et enfin la touche Croix est là pour valider n’importe quelle action (attraper, tourner, allumer, faire glisser, tapoter…). Chacun de ces mouvements amènera souvent un petit bruitage, donnant vie petit à petit au tableau sur lequel vous êtes en train de faire fonctionner votre matière grise. Dans le level VORT-X par exemple, vous devrez aider deux cosmonautes à réparer leur vaisseau. Partant de rien ou presque, l’écran va au gré de vos manipulations se remplir de divers effets, idem pour la partie sonore, qui débute toujours de manière très discrète, effacée même.

Au bout de 15 à 30 minutes en moyenne, vous serez arrivés à bout du level, et la tête se mettra à « chanter » à sa manière, laissant vos tympans émerveillés par les compositions de Marskye. Amateurs d’electro, et plus généralement de chill music, vous risquez fort d’être conquis par GNOG. Pour notre part, nous attendons avec impatience l’album contenant la bande-son officielle du jeu. D’ailleurs, pour l’anecdote, sachez qu’au début de son développement il y a 3 ans, le jeu était beaucoup plus sombre qu’actuellement. Pas dans son concept, non, mais les têtes que l’on jouait, ainsi que la musique que l’on y entendait n’avaient rien de la relative allégresse qui se dégage du produit fini.
Un dernier morceau et puis s’en va…
Hélas, vous l’aurez sans doute deviné, il faut bien que le bât blesse quelque part. Comme c’est malheureusement souvent le cas lorsque l’on parle d’un jeu indépendant vendu 14,99€, GNOG nous a paru trop court. Nous nous y attendions, il est vrai, car 9 niveaux c’est évidemment assez peu. Pourtant, et assez paradoxalement, certains levels incluent des puzzles beaucoup plus « corsés » que prévu. D’une manière générale le jeu est assez simple, ne vous y trompez pas, mais nous avons été surpris de parfois « bloquer » sur quelques passages. Tant mieux, cela dit ! Toujours est-il qu’il ne vous faudra pas plus de 3 heures pour venir à bout de cette aventure ô combien enchanteresse. Si cela peut paraître léger, force est de constater que c’est surtout son manque de rejouabilité qui le pénalise et qui lui coûte 1 point sur notre note finale. Car s’il sera toujours sympathique de faire tester GNOG à des amis pour voir comment ils s’en sortent, et s’ils se laissent autant emporter par l’ambiance que vous, on aura tout de même peu de raisons de rejouer au titre dans le futur (croisons les doigts pour d’éventuels ajouts de niveaux). Toutefois, il est à noter que 20 trophées PSN sont de la partie (sans Platine, hélas). Parmi eux, 9 sont cachés et vous demanderont d’effectuer des actions bien spécifiques, ce qui les rend très drôles à débloquer.

Verdict
Noter, juger, voire même expliquer GNOG est un défi de taille. Pourtant, après avoir terminé le jeu à 100%, l’auteur de ces lignes n’a eu qu’une seule envie : crier sur tous les toits à quel point ce titre est génial ! Paradoxalement, il est très difficile d’entrer dans les détails, tant le soft lui-même est abstrait et expérimental. Moins qu’Hohokum si cela peut vous rassurer, mais un peu tout de même. Retenez donc que GNOG est sublime, qu’il bénéficie d’une aura et d’une bande-son à couper le souffle, ainsi que de puzzles très bien pensés. Malheureusement, le tout ne vous demandera pas plus de 3 heures pour être fini, et la rejouabilité s’annonce des plus maigres. Un immense coup de coeur pour nous, dans tous les cas. À essayer, avec ou sans VR !