Quand on joue aux jeux-vidéo, on veut surtout passer du bon temps, se détendre, oublier le stress du quotidien, s’évader… Oubliez tout ça. Ici, on va parler d’une série de Capcom qui est particulièrement connue pour la souffrance et le manque de pitié, Ghosts ‘n Goblins. Combinant action et plate-forme à l’ancienne, Ghosts ‘n Goblins Resurrection est un nouvel opus sortant sur Nintendo Switch et il a pour ambition de plaire à plusieurs types de joueurs. En effet, les aventures du roi Arthur à la sauce Capcom sont particulièrement difficiles. Mais en ce début d’année 2021, notre héros à l’armure étincelante a plus d’atouts dans sa manche pour espérer s’en sortir sans trop de casse. Sauf que la mort n’a pas dit son dernier mot.
Test réalisé sur Nintendo Switch grâce à un code numérique fourni par l’éditeur
« J’suis chef de guerre moi, j’suis pas là pour agiter des drapeaux et jouer d’la trompette… »
Après plusieurs années de silence, Ghosts ‘n Goblins revient sur le devant de la scène vidéoludique pour rappeler au monde ce qu’est un jeu ardu. Avec Ghosts ‘n Goblins Resurrection, qui sort exclusivement sur Nintendo Switch en ce début d’année, Capcom mélange nostalgie et innovation sans oublier le soupçon de sadisme qui fait le charme de la licence. Le scénario, toujours secondaire, reprend ceux des anciens opus, à quelques détails anodins près : le roi Arthur, vêtu d’un simple caleçon (il faut le comprendre, c’est plutôt agréable d’être simplement vêtu), profite du beau temps en compagnie de sa dulcinée. Tout allait bien jusqu’à l’arrivée des démons, répandant le chaos à travers le royaume et mettant à sec l’Arbre souverain, qui peut confier des pouvoirs spéciaux à Arthur. Comble du malheur, la compagne d’Arthur se fait enlever par le Seigneur-démon, ce qui ne plait guère à notre cher souverain. Il enfile alors son armure de toujours et part une fois encore affronter les plus horribles monstres imaginables au péril de sa fragile vie.
Vous l’aurez compris, ce n’est pas du côté de l’histoire que Ghosts ‘n Goblins Resurrection saura se démarquer. C’est du classique de chez classique et en plus, à part une petite cinématique assez sympathique en début de partie, la majorité du jeu se concentre sur l’action pure et dure. Si on aurait aimé quelques scènes supplémentaires, surtout que la licence a un aspect cartoon des plus attachants, le titre de Capcom n’était pas spécialement attendu de ce côté. Tout n’est que prétexte pour partir à l’aventure et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’une sacrée aventure vous tend les bras.
La douce étreinte de la mort
Si certains visuels de Ghosts ‘n Goblins Resurrection laissent penser à un remaster/remake, ne vous y trompez pas, on a affaire à un tout nouvel opus qui reprend cependant une bonne partie de ce qu’on a vu dans les précédents épisodes avec un nouvel enrobage. On a même le retour de Tokuro Fujiwara aux commandes, qui a donné naissance à la série, afin d’assurer que ce nouveau périple d’Arthur soit digne de la légende. On y retrouve la formule d’antan : on traverse plusieurs niveaux en 2D en évitant de nombreux pièges mortels et en tuant un nombre incalculable de monstres se dressant sur notre chemin. Sur le papier, cela peut sembler convenu, abordable mais tout comme ses ainés, Ghosts ‘n Goblins Resurrection profite d’un design brutal, limite infernal.
Explications : on contrôle donc Arthur qui garde ses mouvements emblématiques, de quoi vite retrouver ses marques. Le roi se déplace lentement, peut sauter, utiliser diverses armes – principalement à distance – et sorts. Si au départ, on peut trouver les déplacements d’Arthur un peu déroutants, on s’y fait assez vite et on aime contrôler ce petit barbu qui est prêt à tout pour sauver sa chère et tendre. Les contrôles se veulent simples, intuitifs et précis, on a aucun mal à diriger Arthur et à utiliser son arsenal. Pour les armes, on a les couteaux, lances et autres ainsi que des petites nouveautés comme un étrange rocher et des disques volants. Côté magie, on peut lancer des éclairs, transformer les monstres en grenouilles, créer un clone… Tout cela n’est pas de trop pour venir à bout des cruels niveaux imaginés par Capcom.
Si les anciens fans se demandaient ce que donnerait Ghost ‘n Goblins version 2021, pas d’inquiétude à avoir, le développeur japonais n’a clairement pas diminué le challenge. Ghosts ‘n Goblins Resurrection, c’est du pur Die and Retry comme on les aime : le level design se veut brillant, cruel mais sans être (trop) injuste. La variété des niveaux et des dangers ont de quoi faire tourner la tête grâce à des pièges placés pile où il faut, des passages de plate-forme qui se renouvellent quasiment sans cesse et mènent souvent à la chute, de nombreux ennemis qui demandent des réflexes et une précision d’enfer ainsi que des boss qui donnent bien du fil à retordre, surtout qu’ils ont à présent des mouvements et coups différents d’avant. Jouer à Ghosts ‘n Goblins Resurrection, c’est s’assurer de mourir des dizaines et des dizaines de fois à chaque stage mais le jeu ne dégoûte pratiquement jamais. On a sans cesse envie d’y revenir, de se relever et d’apprendre de nos erreurs, de venir à bout de chaque challenge après avoir sué sang et larmes. Est-ce toujours équitable ? Hélas non, on a tout de même trouvé que certains passages sont beaucoup trop exagérés et que c’est uniquement grâce à la chance qu’on a pu s’en sortir, de peu. Heureusement, cela reste rare et pour cet épisode, Capcom n’hésite pas à tendre la main au joueur.
En effet, Ghosts ‘n Goblins Resurrection propose plusieurs difficultés et aides bien pensées. S’il y en a deux qui raviront les nostalgiques et ceux qui aiment souffrir, les autres sont là pour ceux qui comptent voir le bout de l’aventure sans trop pester. Il y a même le mode Laquais, qui est très facile puisqu’on y est immortel mais il ne contient pas tout à fait la même aventure que les autres, de quoi inciter à refaire le jeu avec des difficultés supérieures par la suite. Cependant, même le mode qui permet à Arthur de se prendre davantage de coups est fortement exigeant : s’il y a moins d’ennemis à l’écran, ils restent nombreux et cruels, garantissant plusieurs décès à Arthur. Un poil plus de travail n’aurait pas été de refus dans ce mode, afin d’avoir un meilleur équilibrage entre challenge et accessibilité mais là encore, Capcom offre une fleur. Déjà, à notre mort, on peut recommencer à un checkpoint (et même quitter le niveau pour revenir pile à cet endroit, plutôt gentil) et baisser un peu plus la difficulté si on veut (mais on gagne moins de points à la fin, logique). Ensuite, on a l’option métronome qui permet de ralentir le temps, ce qui facilite grandement les choses, surtout face à des boss qui ne laissent que très peu de temps pour agir comme il faut. Enfin, en collectant des créatures dans les niveaux, on peut améliorer Arthur et débloquer davantage de pouvoirs grâce à l’Arbre souverain. On apprécie grandement que Capcom ait laissé plusieurs options pour que tout le monde puisse y trouver son compte, sans toutefois rendre le jeu trop facile en dehors du mode spécial.
Pour ce qui est des niveaux, on n’en a pas non plus des dizaines mais vu le temps que l’on passe sur chacun d’eux, il y a de quoi s’amuser un moment sur Ghosts ‘n Goblins Resurrection. Et en plus, ils sont tous uniques. En outre, contrairement à avant, on peut les compléter dans l’ordre que l’on veut et les refaire une seconde fois avec un nouveau look, mettant en avant des pièges, éléments et ennemis qui ne sont pas placés comme ils le sont d’ordinaire. La rejouabilité est donc au rendez-vous, surtout qu’il y a le scoring propre à la série, davantage renforcé par la présence de quatre modes de difficulté. Enfin, on a l’introduction d’un mode coopération à deux joueurs assez plaisant, avec le second joueur qui peut incarner un ancêtre d’Arthur et créer une barrière, un pont, etc. Dommage, cela ne peut se faire en ligne, mais pour ceux qui aiment jouer à deux en local, cela crée une expérience attrayante. Bref, pour ce qui est du gameplay, c’est du Ghost ‘n Goblins pur et dur, très dur même mais jouissif et plus abordable qu’à l’accoutumée. De quoi plaire à quasiment tout le monde.
Un livre qui prend vie
À son annonce, on ne peut pas dire que Ghosts ‘n Goblins Resurrection ait fait l’unanimité avec son style graphique. Bien qu’il reprend le flamboyant moteur RE Engine des derniers Resident Evil, il adopte un style 2D avec des textures dessinées et des animations légèrement saccadées, avec chaque membre qui bouge comme si c’était une marionnette. Il faut reconnaître que cela ne fonctionne pas toujours parfaitement, avec quelques éléments de décor moins beaux que d’autres (la lave par exemple, avec une 3D plus qu’apparente par rapport au reste), des animations qui rappellent certains jeux flash et des plates-formes modélisées avec parfois trop de simplicité.
Néanmoins, Ghosts ‘n Goblins Resurrection dégage une aura unique et ne manque clairement pas de charme. Au bout du compte, on s’habitue à son style qui rappelle les illustrations de livres médiévaux, tout en ayant une allure davantage proche d’un dessin animé. La direction artistique est clairement au rendez-vous, on approuve le mélange entre horreur et comique. Il est amusant de voir des lieux et monstres sortant tout droit d’un film d’épouvante (cimetière, ville glacée, faucheuses, diablotins, etc.) avec un léger côté enfantin. Mention spéciale à Arthur qui, dès qu’il se fait toucher, perd un bout d’armure et finit… en caleçon, avant de finir en squelette lorsque sa vie touche à sa fin, garantissant toujours le sourire. Aussi, les nostalgiques seront ravis de voir des endroits et monstres emblématiques sous un nouvel angle, sans qu’on ait des reprises bêtes et simples. Quant au rendu purement technique, c’est fluide et la résolution est de qualité, autant en mode portable qu’en mode docké. Il y a quelques vibrations HD qui accentuent certains coups de manière efficace, même si on a vu largement mieux ailleurs. Au final, on se retrouve avec des graphismes qui mélangent assez habilement techniques modernes et old school.
Enfin, la bande-son, elle, reste discrète avec des bruitages rigolos et musique dans le pur style du genre, entre sonorités rétro et horrifiques, donnant un cachet particulier à Ghosts ‘n Goblins Resurrection et renforçant son ambiance délicieusement macabre. Une belle petite réussite, tout comme le reste du soft.
Verdict : 8/10
Tremblez, pauvres âmes innocentes, Ghosts ‘n Goblins Resurrection est là et ne fait clairement pas de cadeaux. Le jeu de Capcom rend un bel hommage à ses ancêtres en présentant un défi de taille qui a de quoi faire arracher des cheveux, un gameplay aux petits oignons et une direction artistique digne de la série. Sans être exempt de défauts, cet opus a de quoi convaincre les joueurs amateurs de sensations fortes et d’action à l’ancienne, surtout qu’il propose diverses options pour ceux qui veulent réduire un peu le challenge. Bon retour parmi nous, roi Arthur.
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