Après plusieurs années d’un développement complexe et un budget faramineux engagé, la dernière superproduction des studios Ubisoft, Ghost Recon Wildlands est à présent disponible. Durant notre session de gameplay chez l’éditeur français, nous avions notamment décelé de nombreuses anomalies liées à l’IA, et ce, malgré un univers des plus alléchants. Retour en Bolivie, afin de déterminer si le Cartel est parvenu à apprendre de ses erreurs.
Test réalisé sur PS4 à partir d’une version éditeur
Hasta la victoria siempre
Bienvenue en Bolivie, pays d’Amérique du sud. Population : 10,67 millions. Superficie : 1 098 581 km2. Principale source d’exportation : la cocaïne. Un fléau contrôlé par le puissant Cartel de Santa Blanca, une organisation puissante dont l’influence a déstabilisé la région, et qui se propage à travers tout le continent. Une menace mondiale prise au sérieux par le gouvernement américain, qui a décidé de réagir de manière chirurgicale, en chargeant une unité d’opérations spéciales, les Ghosts, de faire le ménage, et sans tarder. Un scénario catastrophe, non sans nous rappeler celui de Narcos, mettant en scène le célèbre Pablo Escobar, leader du cartel de Medellín et roi de la cocaïne en Colombie.
En tant que chef de l’escouade Ghost, votre objectif consistera à mettre un terme à la montée en puissance de cette organisation, en démantelant chaque planque, entrepôt de fabrication, casino… à la botte de la Santa Blanca. Bien évidemment, la mission s’annonce ardue, le gouvernement corrompu et les troupes de l’Unilad tenteront d’ailleurs de vous mettre des batons dans les roues. Vous devrez ainsi tenter de sauver les populations locales en vous unissant aux rebels. Vous devrez ainsi sécuriser 21 provinces contrôlées par les narco-trafiquants, chacune ayant sa spécialité : Sécurité, Production, Influence et Contrebande. Une longue balade, pour laquelle vous devrez compter une trentaine d’heures environ, voire plus, si vous souhaitez vous aventurer aux quatre coins de la Bolivie.
Le scénario de Ghost Recon Wildlands parvient à nous intriguer, au début du moins, et semble illustrer de manière plus ou moins fidèle la situation dans laquelle se trouvait de nombreux pays d’Amérique du Sud dans les années 2000. Meurtres, mensonges, propagande, pression exercée sur la population, etc. Tout ceci coïncide de manière indirecte avec l’oeuvre de Chris Brancato, Carlo Bernard et Doug Miro.
En récupérant les informations réparties à travers chaque région, vous êtes en mesure de constituer un dossier qui vous permettra de mettre la main sur le leader de la province en question. Vous serez ainsi amené à fouiller -entre autres- des caches d’armes ou des entrepôts qui grouillent d’hommes armés. Une succession d’objectifs plus ou moins passionnants, qui vous conduisent indubitablement à votre cible. Malheureusement, on constate rapidement que le joueur poursuit inlassablement le même objectif, en suivant la même trame :
- Je pars à la chasse aux infos
- Je les compile
- Je retrouve la cible
- Je l’exécute
- Je passe à une autre zone
Etrangement, on ne peut s’empêcher de vouloir en apprendre davantage, comme si l’on regardait une série redondante, mais pourtant si prenante. Ghost Recon Wildlands fait finalement partie de ces titres au scénario simple et répétitif, auquel on s’attache comme un junky à son rail de coke. On l’apprécie pour son ambiance, les panoramas, mais on regrette le manque de charisme des Ghosts, mais aussi celui de tous les « acteurs » présents dans le casting.
Si tu supportes le diable, tu es aussi le diable
La Bolivie est un territoire gigantesque, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Ubisoft est parvenu à retranscrire toute la beauté de ce pays à travers un ensemble de panoramas divers et variés. Nous découvrons de sublimes montagnes enneigées – escarpées et parfois très glissantes – ainsi que de nombreuses plaines et vallées au climat tropical, abritant une sublime flore foisonnante. D’autres environnements sont à découvrir, à vous de vous évader !
Ghost Recon Wildlands est doté d’une excellente distance d’affichage, ce permet immédiatement de se projeter dans ce vaste monde. On peut y distinguer l’horizon, et y entrevoir les possibilités qui s’offrent à nous. Car cet open world est avant tout une invitation au voyage, un prétexte idéal pour le joueur de prendre le volant, ou simplement déambuler, sans même avancer dans le scénario développé par les équipes d’Ubisoft. Dommage que certaines textures, ainsi qu’un clipping incessant, ne viennent endiguer cette progression. Régulièrement, en conduisant, divers objets apparaissent par inadvertence, tels que des arbres, poteaux électrique… Un non sens, surtout lorsqu’on voit le travail amassé pour optimiser la profondeur de champ.
De jour, cet action-TPS nous éblouit, un peu trop d’ailleurs. Par moment, le jeu scintille, ce qui a tendance à détériorer l’expérience de jeu. Ce point est contre-balancé par un excellent jeu d’ombres et lumières, l’un des points fort d’Ubisoft, qui nous avait d’ores et déjà impressionné lors de la sortie de Tom Clancy’s: The Division. De nuit en revanche, le constat est plus mitigé, notamment lors de soirée orageuses. Les phares de votre véhicules et les autres lumières ambiantes parviendront à coïncider avec les ténèbres, ce qui est plutôt convaincant. En revanche, les scintillements reprennent de plus belle, et sont d’autant plus accentués lorsqu’il se met à pleuvoir. Dommage.
Côté bande son, l’ensemble apporte à l’ambiance un plus non négligeable. En effet, la stratégie de propagande de la Casa Blanca réside avant tout dans le fait de manipuler la population par l’intermédiaire de messages dans les radios du pays. Même les animateurs sont corrompus et mis à contribution, ce qui provoque un faux sentiment de sécurité. Les gens sont ainsi désorientés, et seront sans doute amenés à placer leur confiance dans ces individus. On apprécie ainsi tout particulièrement cet aspect de la direction artistique, qui vient considérablement améliorer notre expérience en tant que joueur. Les musiques sélectionnées par l’équipe de développement améliorent également ce côté muy caliente qu’offre la Bolivie, et accentue davantage encore notre envie de voyager, sans aucun véritable but.
Le but de la guerre est la paix
Votre aventure commence par une courte phase de création de votre avatar. Une étape obligatoire, et pas particulièrement passionnante. La customisation n’est pas suffisamment exploitée, les choix peu nombreux. Vêtements, morphologie faciale, tatouage… un attirail sympathique mais totalement futile, rendant cet exercice des plus banals.
Ghost Recon Wildlands est un TPS solo en open world, et jouable jusqu’à quatre en coopération. Et autant vous dire qu’il est fortement recommandé de ne jouer qu’en coopération. S’il vous est possible, lors de partie solo, de coordonner vos assauts avec votre escouade, force est de constater que l’IA est tout bonnement catastrophique. D’un côté, les membres de votre équipe semblent dénués de cerveau, tant et si bien que leurs seules actions sont : lancer une attaque, vous suivre et vous soigner. Car dans la majorité des cas, vous serez la cible des tirs ennemis. A croire que parmi cette escouade de quatre soldats surentrainés, vous êtes le seul dont la tête a été mise à prix.
De la même manière, si vous jouez seul, vous serez constamment amené à incarner les SAM, et donc à prendre le volant. N’espérez pas pouvoir prendre le contrôle d’une tourelle mobile, ou d’être un simple passager, vos frères d’arme n’ont pas le permis. Hélas. On ne saurait donc que vous conseiller de jouer à deux, au minimum. Puisqu’en coopération, le gameplay prend tout son sens, et devient terriblement plus fun. Les attaques peuvent être bien mieux coordonnées, et vous pourrez pratiquement passer votre temps à bord de votre véhicule, et à tirer comme un fou sur tout ce qui bouge. Un joyeux bordel en somme, et on adore ça.
Côté conduite d’ailleurs, Ghost Recon Wildlands propose une gamme relativement large de véhicules : motos, voitures blindées/armées ou non, hélicoptères, avions, bateaux, etc. Un choix intéressant, qui permet d’étoffer le gameplay selon la situation géographique dans laquelle nous nous trouvons. Bien évidemment, et comme souvent dans les titres Ubisoft, la maniabilité arcade est quelque peu bancale, mais on parvient finalement à apprécier ses défauts de physique, et même à en rire. Par exemple, oubliez toute notion du code de la route, et pensez à sortir des sentiers battus. Dévalez les collines sans vous soucier de l’état de votre voiture, vous arriverez sans aucun souci dans la vallée, et sans aucune égratignure. Et si en pleine nuit, il vous arrivait de détruire vos phares avant lors d’un choc, aucun problème, vous pourrez toujours les utiliser ! Mieux vaut en rire qu’en pleurer, n’est-ce pas.
Quoi qu’il en soit, nous vous recommandons de déterminer les spots d’hélicoptères, pour optimiser votre trajet. Sinon, vous pouvez gagner du temps en naviguant de base en base via déplacements rapides. Un procédé notamment utilisé sur Assassin’s Creed et Watch Dogs.
Ghost Recon Wildands offre deux approches de gameplay : l’une plutôt discrete, l’autre résolument plus nerveuse. En tentant de vous faufiler au nez et à la barbe de vos adversaires, vous éviterez à coup sûr d’attirer l’attention. Pour parvenir à vos fins, vous disposez d’un drone, d’une caméra et d’autres outils de repérage, utiles même la nuit grâce à la vision nocturne. La discrétion est une approche très intelligente, et bien construite, grâce notamment à la mise à disposition de tous les gadgets nécessaires. Nous recommandons son utilisation en solo, pour éviter de tomber nez à nez avec une horde de membres du cartel. A contrario, si vous optez pour l’attaque frontale, vous pourrez demander le soutien des rebelles en utilisant la roue de compétence associée, ou en utilisant vos mines, grenades à fragmentation… Une fois encore, Ubisoft a mis le paquet, et nous propose de nombreuses manières d’aborder une même mission. D’ailleurs, chaque objectif atteint vous permet d’amasser de l’expérience, ce qui vous confère de nouvelles habilités. Pour les obtenir, vous devrez vous efforcer de récupérer les packs d’intel, transmissions, nourritures disponibles sur la carte. Il en va de même pour les armes, qui peuvent être d’améliorées/modifiées selon la situation. Une manière intelligente de nous forcer à faire un crochet par une cache d’armes, afin baliser un kit à proximité.
Verdict
Ghost Recon Wildlands est un jeu fun, pour peu que l’on oublie ses nombreux défauts. Une excellente distance d’affichage, quelque peu gâchée par des textures cradingues et un clipping régulier, une IA abominable en solo, une conduite bancale… Mais malgré ses coquilles, le titre d’Ubisoft nous a fait voyager, et, d’une certaine manière, nous a permis de prendre part à une incroyable épopée à travers la Bolivie, à la recherche de quelques-uns des pires truants du pays. Parviendrez-vous à obtenir votre médaille d’honneur pour service rendu à la nation ? Prenez les armes soldats et battez-vous !
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