L’année dernière, Sucker Punch Productions a sorti Ghost of Tsushima sur PS4. En 2021, le studio fait de même avec une version Director’s Cut qui est également disponible sur PS5. Outre diverses améliorations, il y a un ajout de taille, à savoir l’extension Île d’Iki qui, comme son nom l’indique, prend place sur une île inédite. Tsushima est un joli endroit à visiter et ne manque pas de grand chose pour réellement captiver les visiteurs, désormais, il est temps de voir si sa voisine possède de meilleurs attraits.
Test réalisé sur PlayStation 5 grâce à un code envoyé par l’éditeur
Pirates of Iki Island: The Curse of the Eagle
Pour ce test, on va surtout se concentrer sur les apports PS5 à Ghost of Tsushima via la version Director’s Cut ainsi que l’extension Île d’Iki mais point d’inquiétude, on ne va pas faire de spoilers pour le jeu de base donc ceux qui débutent tout n’ont rien à craindre. De toute façon, l’Île d’Iki ne fait pas suite à l’aventure principale de Jin Sakai : en effet, on peut y accéder dès la fin du premier chapitre. Il faut donc prendre l’extension comme un chapitre à part, bien qu’elle soit rattachée à ce que traverse Jin sur Tsushima. Pour plus de détails sur le contexte de Ghost of Tsushima, on vous laisse (re)lire le test paru l’année dernière.
Que se passe-t-il donc dans Ghost of Tsushima Director’s Cut et l’extension Île d’Iki ? Quelle motivation pousse Jin à quitter sa chère terre natale ? C’est simple : au cours de son périple, il tombe sur des guerriers Mongols légèrement différents qui l’interpellent. Ces derniers sont plus forts et agressifs, en outre, ils ont empoisonné certains villageois qui ont du mal à reprendre leurs esprits. Jin trouve cela inquiétant et il découvre qu’ils proviennent de l’Île d’Iki, qui se trouve à côté de Tsushima. Il décide sur le champ de faire le voyage afin d’affronter les Mongols dirigés par l’Aigle, une dirigeante puissante et calculatrice qui sait manier un poison pouvant mener à la folie. Heureusement, Jin n’est pas seul dans sa quête puisqu’il tombe sur des autochtones, la plupart pirates, qui veulent bien s’allier à lui malgré certaines circonstances que l’on va taire ici. L’Île d’Iki n’attend donc plus qu’on la libère de la menace mongole.
Naturellement, vu qu’on a affaire à une extension, Île d’Iki de Ghost of Tsushima Director’s Cut ne nous fait pas vivre un arc narratif majeur, pas de quoi être « obligatoire » pour la probable grande suite des péripéties de Jin. Malgré tout, la nouvelle histoire contée par Sucker Punch Productions est une fois de plus bien cousue et propose plusieurs passages étoffant comme il faut l’univers du jeu. Sans vous gâcher la surprise, on en apprend plus sur la relation entre Jin et son père, tout en ayant des petits bouts de comment il voyait les choses en compagnie de sa mère. Aussi, le fait que Jin soit victime d’hallucinations à cause du poison de l’Aigle – chose qui arrive assez rapidement en début de partie – est une tournure intéressante, le pauvre samouraï revivant alors certaines horreurs de son passé, ce qui influe parfois sur le présent d’une manière certes déjà vue 1001 fois ailleurs mais efficace, la mise en scène étant psychédélique. On aurait toutefois apprécié que les développeurs aillent encore plus loin de ce côté car en dehors de 2 ou 3 passages, cela reste somme toute convenu. Enfin, les nouveaux personnages sont attachants de par leur statut et leur appréhension envers les étrangers, le clan Sakai en particulier, apporte une dynamique un minimum exaltante. Après tout, ce n’est pas tous les jours qu’un samouraï traine avec des brigands des mers.
Malheureusement, l’histoire principale est plutôt courte et si l’Aigle sait s’imposer lors de sa première apparition, on ne la voit pas assez et son développement est alors clairement limité. On l’entend bien plus qu’on ne la voit, sa voix et ses paroles tentant de torturer Jin lors de ses moments de folie. Certes, c’est sans doute voulu et le fait que l’Aigle soit une menace aussi physique que psychique a de quoi provoquer chez le joueur un petit sentiment de malaise mais l’idée méritait d’être davantage creusée. Dans tous les cas, on passe de bonnes heures dans un cadre inédit qui permet de faire évoluer Jin sur le plan personnel, tout en vivant plusieurs moments dignes des meilleurs films mettant en avant des samouraïs. À noter que cette extension manque peut-être de passages dramatiques, là où le jeu de base sait faire serrer le cœur à de multiples reprises. Enfin, pour ce qui est des missions secondaires, elles restent scénarisées mais comme par le passé, la mise en scène est davantage en retrait et cela reste parfois majoritairement un prétexte pour obtenir un nouvel équipement (bien classe, au passage), même s’il y en a 1 ou 2 d’intérêt.
La DualSense affutée ?
Avec l’Île d’Iki de Ghost of Tsushima Director’s Cut, on prend les mêmes et on recommence. Ne vous attendez pas à des changements massifs, extension oblige mais il y a des petites subtilités pour étoffer davantage le gameplay. On a donc l’île d’Iki qui est un monde ouvert, comme Tsushima, offrant diverses activités, missions et découvertes à faire. Ceux qui ont fait le jeu de base seront en terrain connu, les missions principales reprenant les mêmes éléments. Il y a donc toujours des camps mongols à conquérir, de l’infiltration, des batailles plus ou moins grandes, des civils à sauver, quelques phases plus scriptées, des temples à explorer, des objets à retrouver et on en passe. Une formule qui a su faire ses preuves dans bon nombre de jeux similaires, à peine retouchée ici mais l’île d’Iki offre malgré tout un peu de neuf aux joueurs. Déjà, lors des missions principales et durant l’exploration, Jin peut avoir des hallucinations. Parfois, on ne s’y attend pas et cela peut donner un petit coup de pression, aussi, Sucker Punch Productions en a profité pour faire quelques niveaux plus originaux, même si on n’y fait pas grand chose. À côté, on relève des défis de tir à l’arc, un mini-jeu de flûte simple mais apaisant, des combats d’arène, des souvenirs à revivre et des niveaux de plates-formes un poil plus complexes. Rien de bien fou, vous le remarquerez mais dans le cadre d’une extension, cela reste suffisant, surtout que la boucle de gameplay de Ghost of Tsushima est un minimum captivante.
Cependant, le monde ouvert montre encore une fois rapidement ses limites et peut même se montrer frustrant à l’occasion à cause de choix de design. Par exemple, à un moment, on a vu un bateau échoué non loin d’une plage. Naturellement, en tant que bons explorateurs, on a décidé d’y aller faire un tour malgré les (petites) difficultés et une fois dedans, aucune récompense à la clé. En fait, il y en a une mais il faut d’abord activer une quête spécifique, ce n’est qu’à partir de là que l’armure inédite tant convoitée fait son apparition. Au lieu de féliciter le joueur de son initiative, il ne se passe rien alors qu’on a déjà vu dans d’autres productions qu’il aurait été possible de combler cela avec des scènes un peu différentes. L’exploration pure et dure, elle, reste aussi satisfaisante que décevante à cause de points d’escalades spécifiques, des murs invisibles, etc. On ne s’attendait pas à une correction dans cette extension mais à trop vouloir tenir le joueur par la main, Ghost of Tsushima peut l’handicaper et déplaire par la même occasion.
Pour ce qui est de la jouabilité, Sucker Punch Productions se montre généreux via des modifications et des petits ajouts bienvenus, surtout que certains proviennent directement d’une mise à jour gratuite. Le plus important, en dehors d’options d’accessibilité supplémentaires pour la réassignation des touches de la manette, c’est le rajout d’un ciblage. Oui, un ciblage dans Ghost of Tsushima, enfin, ce qui rend les joutes légèrement moins brouillonnes (il reste quelques soucis de visibilité malgré tout). Il y a également quelques compétences supplémentaires – comme foncer à cheval sur les ennemis, aussi bourrin que rigolo – ainsi que des ennemis inédits. Mention spéciale pour le chamane, qui motive les troupes avec un chant afin de les rendre plus agressifs et résistants, même si l’IA reste imparfaite. Les combats de Ghost of Tsushima Director’s Cut sont du coup encore plus brutaux et engageants. Quant aux duels de boss inédits, ils en imposent toujours niveau style mais ils restent assez simples une fois qu’on a vu leurs mouvements.
Puisqu’on est sur la version PlayStation 5, parlons à présent de la DualSense, argument majeur pour les 10€ à rajouter pour ceux qui passent de la version PS4 à la version PS5. La fameuse manette de Sony sait apporter davantage d’immersion dans le monde de Ghost of Tsushima, même si les sensations ne sont pas optimales. Ne vous attendez pas à tout ressentir presque parfaitement comme dans Astro’s Playroom mais il y a de quoi se frotter un minimum les mains. On ressent bien les différents chocs d’épée, les sabots du cheval sur les nombreuses surfaces, la résistance de l’arc et du grappin lorsqu’on l’utilise pour tirer des trucs, le souffle du vent… Tout est pris en compte, gâchettes comme retour haptique et sons sortant de la manette. Il y a même un peu de gyroscopie lors du mini-jeu de flûte. Cependant, cela manque un tantinet de puissance, on aurait aimé que les vibrations et autres éléments de la DualSense soient encore meilleurs, surtout que pour certains, il y a un prix à mettre.
C’est là qu’on doit sortir un petit carton jaune : pour les personnes repassant à la caisse, les 10€ permettant de passer à la version PS5 de Ghost of Tsushima Director’s Cut ont de quoi faire lever des sourcils, surtout que le travail accompli est légèrement en deçà de d’autres titres qui proposent une mise à niveau gratuite (le comble). Parmi plusieurs exemples, malgré ses défauts, Marvel’s Avengers exploite mieux la DualSense que Ghost of Tsusima la plupart du temps. Alors oui, que Sucker Punch Productions ait revu sa copie, c’est honorable mais après l’apport gratuit des 60 FPS il y a quelques mois, faire (principalement) payer les spécificités de la DualSense, c’est décevant. En dehors de cela, on retient malgré tout une aventure assez convenable sur l’île d’Iki, surtout qu’il y a de quoi faire. Si l’histoire principale demande plus ou moins 10 heures, tout accomplir demandera un peu plus de 20h, surtout si on aime prendre son temps (comprenez par là prendre des dizaines et des dizaines de clichés avec le mode photo). Une durée de vie largement bonne, surtout pour une extension coûtant 20€.
Iki Miraj
Dans l’extension de Ghost of Tsushima Director’s Cut, on nous présente l’île d’Iki, un nouveau cadre qui a de quoi ravir les afficionados d’ambiance japonaise à l’ancienne. Située en dessous de Tsushima, la nouvelle île présente des décors un peu plus chaleureux et le fait de croiser principalement des pirates ainsi que des des reclus de la société amènent à des rencontres à part. Avec l’extension Île d’Iki, préparez-vous à voir des plages à perte des vue, des palmiers donnant envie de partir en vacances, des villages côtiers, plusieurs navires échoués, des forêts enchanteresses, une montagne à la forme rappelant vaguement un gorille, des hallucinations pouvant faire leur apparition à n’importe quel moment… Tout citer prendrait du temps mais le voyage en vaut clairement la chandelle. Iki est un peu plus petite que la partie sud de Tsushima mais la diversité et la grandeur restent au rendez-vous. La faune est également améliorée avec l’ajout d’animaux comme les singes et les chats qu’on peut d’ailleurs caresser. C’est inutile mais on adore ça. Le tout transpire de vie et de passion. Aussi, Sucker Punch Productions procure à nouveau des cinématiques qui régalent lors des passages les plus importants et dans certaines missions secondaires avec des dessins à l’encre animés magnifiques.
Pourtant, pour la partie graphique, on a pas de grand bon en avant malgré le passage à la PS5. Que l’on reste d’accord, Ghost of Tsushima Director’s Cut reste beau, autant grâce à sa direction artistique resplendissante qu’à sa technique bien rodée si l’on excepte quelques animations mal faites (autant durant le gameplay que dans les scènes où cela bouge trop peu). On a 60 images par seconde sans une seule baisse (ou alors on a eu de la chance), une résolution peaufinée et des temps de chargement éclairs. Déjà impressionnants sur PS4, ces derniers sont désormais quasiment absents, un bon point mais à côté, les graphismes n’ont à peine été retouchés en dehors de petits changements (particules et fumée surtout). On se retrouve alors avec un rendu similaire à celui de la version PS4, alors qu’on pouvait s’attendre à quelques améliorations à la manière d’autres jeux comme Marvel’s Spider-Man: Miles Morales ou au moins comme Final Fantasy VII Remake Intergrade. Surtout que, on le rappelle, il ne s’agit pas d’une simple mise à niveau gratuite. Davantage d’effets comme le ray tracing, des textures refaites et autres retouches n’auraient pas été de refus, même si on reste bouche bée devant certains panoramas.
Notons tout de même un bonus sympathique sur PlayStation 5, la synchronisation labiale japonaise, présente et dans l’extension, et dans le reste de Ghost of Tsushima Director’s Cut. Son manque se ressent sur PlayStation 4 (et il est dommage que malgré tout, cette dernière n’y ait pas droit) mais désormais, sur la nouvelle machine de Sony, nous avons enfin des voix correspondant aux mouvements des lèvres des différents personnages, ce qui ne brise plus l’immersion tant voulue par les développeurs. En parlant des voix et de l’ambiance sonore en général, ce qui est l’un des points forts du jeu de base le reste également avec l’extension Île d’Iki. Les nouvelles compositions se veulent magistrales et dans le ton de cette cette aventure inédite, tout en ayant les musiques qui ont su marquer les esprits des joueurs l’année dernière. Quant aux acteurs japonais, ils sont à nouveau parfaitement investis dans leurs rôles et livrent donc des prestations crédibles, pour peu, on s’y croirait. Pour ce qui est des sons d’ambiance, Sucker Punch Productions a su faire ses devoirs avec soin et l’audio 3D de la PS5 perfectionne le tout. Quel plaisir d’entendre les flèches arriver par derrière, le souffle des explosions, le bruits des lames qui s’entrechoquent, les gazouillis dans les arbres, les sauterelles au loin… Il n’y a pas à dire, le studio américain maitrise l’ambiance japonaise et le prouve une fois de plus avec Ghost of Tsushima Director’s Cut.
Verdict : 7/10
Île d’Iki de Ghost of Tsushima Director’s Cut est une extension généreuse, digne de la légende de Jin Sakai mais les défauts du jeu de base ainsi que certaines décisions vis-à-vis du passage à la PS5 font qu’il reste encore difficile de pleinement apprécier le tout. Bien que Sucker Punch Productions ait peaufiné plusieurs détails tout en améliorant l’immersion, il y a encore un peu de travail à faire pour faire de Ghost of Tsushima une licence grandiose. Néanmoins, les fans de la première heure ainsi que les nouveaux profiteront d’une aventure inédite qui a parfaitement sa place dans l’histoire de Jin et l’île d’Iki mérite qu’on lui rende visite, rien que pour ses panoramas qui valent largement le détour. On espère à présent que les développeurs profiteront de leur expérience pour livrer une suite digne de ce nom, les bases étant parfaitement posées.
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